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lundi 27 octobre 2008

Israël : crises

Héritages et nouveaux défis

Paradoxes, fractures, crises et blocages politiques
Une société traversée par des contradictions












- Ehoud Barak : «Je suppose que si j'avais été palestinien quand j'étais jeune, j'aurais fait partie d'un mouvement terroriste»?________

-Tzipi Livni : la colonisation ne «nuit pas au processus de paix».___

-Représentation à la Knesset:
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En Israël, l’échec de Tzipi Livni sanctionne la faillite politique de l'Etat | Mediapart:

"...Trois ans après sa création par Ariel Sharon, le parti centriste est largement discrédité par les affaires de corruption qui ont entaché le mandat du premier ministre démissionnaire, Ehoud Olmert. Pourtant, après avoir violemment critiqué Olmert et affiché ses ambitions dès le printemps 2007, Tzipi Livni peine à insuffler une dynamique nouvelle.Ce qui ne surpend pas le sociologue israélien Uri Ram, professeur émérite à l'université Ben Gourion et auteur en 2007 de l'ouvrage The Globalization of Israel: Mcworld in Tel-Aviv, Jihad in Jerusalem. «La nouvelle génération, dont Tzipi Livni devait être un des fers de lance, n'est qu'un mythe, juge-t-il. En Israël, depuis la fin des années quatre-vingt, les talents vont au monde universitaire, de la culture, des affaires. Faire carrière en politique, un monde synonyme de compromission, de corruption, est aujourd'hui perçu de manière très négative.» Autre déception : le discours de «Zipi» Livni sur les Palestiniens et la colonisation de la Cisjordanie se révèle être un copié-collé des positions les plus dures d'Ehoud Olmert, version début de mandat. Rétive plutôt que pragmatique, elle ne pas soutient pas le plan de retrait de 98,5 % de la Cisjordanie, que le premier ministre a présenté à Mahmoud Abbas à la fin de l'été 2008....

La «feuille de route» parrainée par Washington n'est plus qu'un lointain souvenir. Annoncée comme une étape décisive, la conférence d'Annapolis organisée fin novembre 2007 n'a débouché sur aucune conclusion. Aucun nouveau rendez-vous n'a été pris. Nommé émissaire spécial du Quartet au mois de juin 2007, Tony Blair achève de dilapider son prestige politique à mesure que le gouvernement israélien continue de piétiner ses déclarations d'intentions....
Pourtant, selon l'historien israélien Shlomo Sand, toute la classe politique sait désormais que pour assurer son existence et s'éviter une troisième Intifada, dont le Hamas et le Djihad islamique ont récemment réitéré la menace, Israël doit quitter des territoires occupés dont il ne tire plus aucun profit, économique ou politique...
Éditorialiste au quotidien Haaretz, Aluf Benn ne dit pas autre chose. Dans un article paru dans l'édition du 10 octobre, il dénonce «cette schizophrénie de l'Etat», alimentée selon lui par le premier ministre Ehoud Olmert, «qui a déclaré son soutien à l'évacuation des colonies situées au-delà de la clôture. Mais dans les faits, après la démolition des maisons d'Amona, il a lâché la bride aux colons. Le ministre de la défense, Ehoud Barak, a refusé d'entrer en conflit avec les colons au nom du gouvernement et a cherché les voies d'un dialogue avec eux, en affirmant ne pas être prêt à résoudre seuls les problèmes créés par ses prédécesseurs 40 ans durant. Il s'appuie sur les réticences de l'armée et de la police à affecter des hommes à l'évacuation forcée d'avant-postes. C'est ainsi qu'a été créée une espèce de statu quo. Le gouvernement s'est résigné à l'existence des avant-postes et a fermé les yeux sur la multiplication des constructions dans les colonies au-delà de la clôture. Les colons se sont efforcés de s'abstenir de provocations, de protestations ou de perturber la vie de ce côté-ci de la clôture.»...
«Dans les analyses faites en Occident, estime Marius Schattner, on néglige trop souvent les conflits internes à la société israélienne, qui pourraient conduire à la destruction de l'Etat. Il faut examiner par exemple le sort des colons, qui ne sont plus un groupe d'avant-garde. Ce courant est aujourd'hui en retrait par rapport à ce qu'il était dans les années soixante-dix. Mais il a réussi, entre temps, à créer des faits accomplis. De manière générale, le mouvement traditionaliste religieux est en recul, et c'est qui explique sa violence. La population israélienne ne croit plus au mythe du Grand Israël, de la Méditerranée au Jourdain. C'est fini. L'enthousiasme expansionniste est mort, mais il n'y a plus non plus de foi dans la paix. Les blocages ne proviennent donc pas uniquement d'un système politique déficient.» ...

«Tant que l’on ne modifiera pas notre système d’élection à la proportionnelle, on aura ces problèmes de coalitions instables», estime la chercheuse Tsilla Hershco, du Begin-Sadat Center for Strategic studies.Depuis sa création, Israël a poussé à l’extrême le concept de régime parlementaire en adoptant la proportionnelle intégrale. Or, en soixante années d’existence, la population israélienne a été multipliée par 10 – Israël compte 7 millions d’habitants en 2008 –, le sionisme socialiste fondateur a largement perdu de son influence et le contexte régional a largement évolué.Mais pas le système politique. «Le paradoxe est impressionnant : pays jeune, pays neuf, Israël est réputé pour sa capacité d'innovation dans tous les domaines, hormis son système politique qui est demeuré à peu près identique», écrivait Denis Charbit, maître de conférences en sciences politiques à l'Open University d'Israël, dans un article publié l’an passé dans la revue Questions internationales, pour les soixante ans d’Israël....

"Le système politique traverse une grave crise, c’est indéniable. Mais le problème vient davantage des partis, qui ont subi un long processus de communautarisation, à l’image du Likoud, et ne paraissent plus capables de représenter des intérêts civils. Les partis "dominants" sont aujourd’hui des machines électorales, des outils de communications créés pour porter au sommet de l’Etat des personnages factices. Ce sont des coquilles vides de cadres et de programmes politiques
Israël ne bénéficie aujourd’hui que d’une série de lois fondamentales(constitution), qui posent Israël comme étant «l’Etat des juifs», ce qui exclut un cinquième de sa population, les Arabes israéliens.
Problématique d'une actualité brûlante, comme le démontrent encore cette semaine les émeutes de Saint-Jean-d’Acre, cette question constitutionnelle est totalement délaissée par les principaux partis représentés à la Knesset, qui se bornent, à l'image d’Ehoud Olmert, à répéter de vagues lieux communs sur la nécessité d’apprendre à «mieux vivre ensemble».Or cette absence de volonté politique de la part des courants historiques de la politique israélienne confère une large place à l’expression des positions les plus extrêmes. Le gouvernement israélien a ainsi approuvé, le 7 septembre 2008, la proposition du ministre de la justice, Daniel Friedmann, visant à amender la loi fondamentale sur le système judiciaire dans le but de restreindre le pouvoir de la Cour suprême. Dans les faits, la Cour suprême n’est désormais plus en capacité d’annuler une loi qui ne violerait pas directement une des lois fondamentales. Et lorsqu’une de ces lois serait violée, une majorité simple au Parlement permettrait de passer outre à la décision de la Cour.En clair, une majorité simple de députés suffit donc, aujourd'hui en Israël, pour interdire par un vote aux Arabes israéliens de se rendre sur les mêmes plages que leurs compatriotes juifs, ou de s’asseoir à côté d’eux dans le bus, comme des députés de la droite nationaliste l’avaient suggéré quand Israël subissait des attentats suicide répétés.Fort de son succès, le ministre de la justice, pour lequel «Zipi» a pris le risque de faire échouer l'accord avec un parti travailliste qui lui est hostile, entend désormais s’attaquerau système de nomination des juges de la Cour suprême, le seul fait de les savoir indépendants du pouvoir politique lui étant insupportable…Au-delà de l’activisme forcené de Daniel Friedmann, ce problème constitutionnel «démontre, pour Uri Ram, l’incapacité d’Israël à sortir de l’idée d’un "Etat juif démocratique". Dans le paradigme politique dominant, il est en effet plus aisé d’user de cette notion contradictoire, plutôt que d’affirmer clairement qu’elle implique une supériorité des citoyens juifs dans cet Etat. Examiner ce concept permettrait de briser ce tabou et de résoudre les contradictions de notre Etat, condition essentielle de sa pérennité. Malheureusement, nous n’en prenons pas le chemin».
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-Laïcs/religieux en Israël: un livre pour comprendre l'autre conflit:

"L'auteur de Israël, l'autre conflit reconnait qu'il ne prétend pas à la neutralité, en rêvant d'un autre judaïsme, voire même d'un autre Israël. Mais il a aussi fait un travail rigoureux, une plongée dans l'histoire du mouvement sioniste, remontant jusqu'à ses racines européennes au XIXe siècle, pour retracer cette fracture ancienne et durable entre les mondes laïc et religieux.L'actualité de cette étude est évidente, avec le rôle de deux partis religieux dans la tenue d'élections anticipées en Israël (lire ci-dessous). Passés maîtres dans le chantage politico-financier, ces partis sont au coeur de cette problématique qui pèse sur la vie politique israélienne, mais aussi sur l'évolution de cette société dans laquelle la cohabitation entre laïcs et religieux n'est pas toujours simple, même si elle est moins connue à l'extérieur que l'enjeu plus classique israélo-palestinien....
Marius Schattner
apporte plusieurs clés de compréhension de ce conflit, en particulier la distinction entre d'un côté un sionisme religieux qui a accompagné depuis longtemps la construction de l'Etat juif et qui a connu un grand essor après l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza à partir de 1967 et avec le mouvement de colonisation, et de l'autre un ultranationalisme au nom de la Torah, qu'il juge autrement plus dangereux.Entre dans cette dernière catégorie: l'assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, et sans doute les auteurs de la tentative d'attentat contre l'universitaire pacifiste Zeev Sternhelltout récemment. Pour Marius Schattner, ces actes révèlent:"Le potentiel dévastateur du mélange de nationalisme et de religion, quand brader la moindre parcelle d'Eretz Israël est considéré comme pire qu'une trahison: un sacrilège."
Et dans ce contexte, alors que chacun sait en Israël qu'une paix réelle ne se fera qu'au prix de concessions importantes, y compris dans la ville sacrée de Jérusalem, la montée en puissance de ce nationalisme religieux porte en elle les germes des crises à venir:

On peut imaginer ce qui risque de se passer quand il faudra évacuer non point 8000 colons de la bande de Gaza, mais au moins vingt fois plus de Judée Samarie (Cisjordanie), territoire avec lequel le lien religieux et historique est beaucoup plus fort, émaillé qu'il est de lieux saints traditionnels comme le Caveau des patriarches à Hébron, ou redécouverts depuis 1967, sans compter le Lieu saint par excellence, le mont du Temple à Jérusalem, site de l'Esplanade des mosquées.Par delà l'attache à des lieux aussi sacrés, la question se pose de savoir pourquoi la religion juive, dans sa version dominante en Israël, se prête à une telle alliance avec le nationalisme le plus extrême.

Marius Schattner rappelle justement qu'une telle alliance n'est pas inhérente au fait religieux, et cite le regretté professeur Yeshayahou Leibowitz (1903-1993), figure intellectuelle et religieuse majeure, resté célèbre pour avoir pronostiqué dès 1967 qu'Israël commettait une erreur capitale en décidant de profiter de sa victoire militaire pour occuper durablement les territoires palestiniens.Une partie des clés se trouvent effectivement dans l'histoire. Mais aussi dans les compromis historiques noués à la naissance de l'Etat juif en 1948, et qui expliquent pourquoi, jusqu'à ce jour, il n'existe toujours pas de constitution en Israël.

"Le mouvement de « retour » au judaïsme orthodoxe « s'accorde avec la montée de l'individualisme, avec la déperdition des idéologies collectives et la fragmentation de la société: toutes les caractéristiques de la modernité qui s'appliquent à Israël.Fait remarquable, au cours des dernières années, ce sont les mouvements religieux les moins politiques comme le courant Braslav du hassidisme, qui attirent les plus jeunes, sans compter la vogue pour la Cabale, version Madonna, et autres mysticismes façon New Age, à l'extrême limite du judaïsme."

Cette réalité pèse sur la capacité d'Israël à faire des choix pour régler l' »autre conflit, celui qui l'oppose à ses voisins arabes, à commencer par les Palestiniens. Il y a peu, Ehud Olmert, le Premier ministre démissionnaire mais toujours en fonction, se prononçait pour des concessions audacieuses pour parvenir à la paix, y compris la division de Jérusalem, tabou suprême. Cruelle ironie, c'est seulement lorsqu'il n'a plus les moyens politiques de les mettre en oeuvre, que Olmert avance ces idées...Alors qu'Israël va affronter de nouvelles élections générales, cette fracture laïcs-religieux ne risque pas de se réduire, restant l'un des obstacles -ce n'est pas le seul...- sur le chemin de la paix."

-Laïcs/religieux en Israël : un livre pour comprendre l'autre conflit

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-A War to Start All Wars - Shlomo Ben-Ami:

>> 1948 : la mère de toutes les guerres - Shlomo Ben-Ami:
"...Refusant d’admettre que le noble rêve juif d’un Etat ait été entaché par les méfaits commis lors de la naissance d’Israël, et voulant à tout prix nier la centralité du problème palestinien dans le conflit élargi du Moyen-Orient, les Israéliens ont préféré s’en tenir à leur lutte pour l’indépendance contre des armées arabes d’invasion censées être supérieures. Or, c’est sans doute la guerre entre la population palestinienne « indigène » et le Yishouv (communauté juive organisée de Palestine) qui a constitué la phase la plus virulente de ce conflit. Ce fut pendant cette période, entre le 30 novembre 1947 et le 15 mai 1948, que le sort de l’Etat juif encore à naître a semblé ne tenir qu’à un fil. Et pourtant, la pensée, répandue et cultivée depuis, a refoulé le souvenir de cette bataille pour se focaliser sur la résistance héroïque d’un Yishouv minuscule face aux armées arabes d’invasion, lors de la deuxième phase du conflit, soit entre le 15 mai 1948 et le printemps 1949. Une fois la guerre terminée, le problème palestinien a pratiquement disparu du débat public en Israël, ou alors, il était qualifié de termes commodes comme un problème de "réfugiés" ou d’"infiltrés". C’était comme s’il n’y avait jamais eu de conflit israélo-palestinien ou de peuple palestinien. Comme l’avait dit Golda Meir dans sa fameuse phrase, "ils n’existaient pas"....
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"Les jeunes soldats juifs religieux représentent aujourd’hui la moitié des effectifs dans les cours formant les futurs officiers, et 20% des combattants des unités des sous-marins sont des Juifs pratiquants. Aujourd’hui, il n’existe pas de cours destiné aux officiers qui n’ait un chapitre sur les valeurs du judaïsme. Est-ce que Tsahal évolue ? Est-ce qu’il y aura des missions que l’on ne pourra pas lui demander d’effectuer ?Ce n’est un secret pour personne que, ces dernières années, les jeunes qui portent la kippa (calotte) prennent dans Tsahal la place qui fut tenue pendant longtemps par les jeunes des kibboutz et des villages collectifs. Le phénomène ne fait que s’accélérer.Dans les cours de Tsahal destinés aux officiers, presque la moitié des participants sont des jeunes d’origine du milieu sioniste-religieux. Ainsi, quatre sur six des officiers de l’unité Golani portent la kippa. Dans le commando marin, quatre des officiers supérieurs viennent de ce milieu et, dans l’escadrille des sous-marins, 20% des combattants sont également religieux.Résultat : aujourd’hui les cours destinés aux officiers incluent un enseignement sur les valeurs du judaïsme, chose qui n’existait pas auparavant...(SBA)
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Selon les sondages, Meretz serait crédité de 5 à 6 mandats lors des prochaines élections.
Meretz prône la fin de l’occupation des territoires palestiniens, le retrait d’Israël sur les frontières de 1967, la reprise des pourparlers avec l’Autorité Palestinienne, l’arrêt complet de la construction des implantations et leur démantèlement. L’Etat d’Israël doit être la patrie du peuple juif, mais il doit garantir l’égalité des droits à tous ses citoyens, y compris aux Arabes israéliens. Meretz milite pour l’égalité des droits des homosexuels, et pour la promotion du statut de la femme dans la société israélienne. Il prône la séparation entre la religion et les institutions de l’Etat, la mise en place du mariage civil, et il insiste sur la nécessité de la création d’une constitution pour le pays.
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-Olmert : regrets tardifs
- Vu de Tel-Aviv
-Israël : entre mythe et histoire
-Palestine : simple " problème démographique" ?
-Israël face à son histoire (E. Rouleau)

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