Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

vendredi 24 octobre 2008

La bulle est aussi sociale





L'inégalité des revenus est la cause principale de la bulle spéculative, mais les conséquences de celle-ci vont la renforcer

La bulle sociale:

" Si elle est indispensable au fonctionnement du système économique et financier, à sa fiabilité comme à sa fluidité, il faut bien admettre que la confiance constitue aussi le fondement de nos sociétés, confiance qui n’est pas donnée et peut se perdre entre populations même après une longue cohabitation, on l’a vu encore récemment. On ne peut absolument pas se reposer sur la stabilité d’un ordre social qui peut assez facilement se disloquer et retourner à la barbarie, de même qu’il ne faut pas trop se fier à l’apparente soumission ou résignation des classes populaires. Là aussi, un peu trop de confiance dans la stabilité sociale amène à négliger assez le risque systémique pour s’engager dans une surenchère d’arrogance et d’étalage des richesses qui sombre dans le bling-bling pendant que la précarité et les inégalités explosent. On a fait des révolutions pour moins que ça ! Rien ne laisse présager encore le retour de mobilisations sociales, bien trop faibles pour l’instant, mais ce n’est pas seulement le système financier qu’il faudra refonder, le pacte républicain aussi, qu’on le veuille ou non ! et, pour cela, il faudra crever tout autant les bulles écologiques et sociales.Ce qui permet aux bulles spéculatives de gonfler pendant des années, semblant démentir toute analyse rationnelle, tient à la certitude que tout continuera comme avant. Pourtant, on sait bien que les temps changent et que les civilisations sont mortelles. Les causes de l’effondrement peuvent être externes (guerre, épidémie) ou internes (écologiques ou sociales) de simplement passer la mesure par défaut de régulation. On constate historiquement qu’un peu d’inégalités dynamise une société, signe de toute civilisation, mais tout autant que trop d’inégalités peuvent provoquer son effondrement. On a vu aussi, avec les analyses de la crise de 1929 par Eccles, Galbraith, Livingston, que trop d’inégalités et un partage capital/travail trop favorable au capital menaçaient l’économie elle-même en nourrissant la spéculation financière. C’est sans doute la leçon qu’il faut retenir de la crise actuelle, leçon qui avait été oubliée depuis quelque temps déjà...

-Une mise à l'épreuve brutale du système par capitalisation:
"...Même à court terme, "les fonds de pension sont aujourd'hui touchés par la crise car ils doivent assurer des liquidités jour après jour, au fil des départs à la retraite de leurs adhérents. Or les actifs qu'ils détiennent et qui sont évalués, comme les normes comptables actuelles l'exigent, trimestre par trimestre, ont perdu de leur valeur avec la chute des marchés", ajoute Anne Lavigne, professeur de sciences économiques à l'université d'Orléans.Dans les pays qui ont opté principalement pour la retraite par capitalisation, les salariés disposent de deux types de dispositifs : soit des fonds de pension publics, d'entreprise ou de branche dits "à prestations définies", qui offrent des retraites selon un mode de calcul prévu à l'avance ; soit des plans de retraite dits "à cotisations définies" qui prévoient seulement le montant des cotisations de l'entreprise et du salarié. La pension dépendra in fine de la façon dont l'épargne a fructifié. Aujourd'hui, le sort des uns comme des autres n'est guère enviable. "Il n'y a pas de mystère. Pour les fonds de pension à prestations définies, les cotisations devront augmenter. Pour ceux dits à cotisations définies, les prestations vont baisser", prévient Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii). "Les retraités et les épargnants perdent fortement avec la crise financière", ajoute-t-elle...."

-Face au séisme financier, l'onde de choc sociale est redoutée:
"L'impact social en France de la crise financière suscite perplexité et inquiétude chez les économistes et les syndicalistes : s'il est certain que le chômage et la précarité augmenteront, il est encore difficile de savoir dans quel délai et avec quelle ampleur.Les responsables syndicaux ont déjà tiré la sonnette d'alarme, à l'image de l'économiste de la CGT Jean-Christophe Le Duigou, qui craint "à assez court terme une remontée du chômage de plusieurs centaines de milliers de chômeurs".Vendredi, la CGPME, qui siège à l'Unedic, a fait état de données "préoccupantes" venant des Assedic sur une remontée "brutale" du chômage..."

-Où va la crise ?:
"..Tout se passe aujourd’hui comme si la crise était une sorte de cataclysme naturel qui frappait tout le monde de la même manière, et Fillon, le Premier ministre français n’a pas manqué de faire appel à l’unité nationale. Le climat de panique est mis à profit pour que chacun se mette dans la peau d’un spéculateur. Les faillites bancaires sont présentées comme une menace qui pèse aussi sur les plus modestes déposants. Tout ceci n’est évidemment pas de l’ordre du complot, mais contribue à occulter les enjeux sociaux que l’on peut résumer en posant la vraie question : qui va payer les pots cassés ?
Dans l’esprit des possédants, il faut que ce soit les travailleurs qui sont d’ores et déjà en première ligne, non pas tant comme épargnants que comme salariés ou retraités. La crise a déjà ruiné des millions de ménages aux Etats-Unis mais elle est lourde de conséquences très graves, d’abord pour les retraités des pays où les fonds de pension sont plus développés, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Dans ces deux pays, le système était déjà au bord de la faillite et la valeur réelle des pensions va évidemment s’effondrer avec la chute boursière. C’est une leçon à tirer : décidément, c’est une très mauvaise idée de jouer sa retraite à la Bourse et tout plan de sauvegarde devrait prendre en compte cet aspect des choses qui est bien sûr absent du plan Paulson.Les salariés sont doublement dans le collimateur : directement, parce que les entreprises vont tenter de compenser leurs pertes financières par un blocage des salaires encore plus strict, en prenant pour argument les risques d’inflation, le prix du pétrole et en profitant du climat général d’incertitude. Ils vont subir aussi les effets indirects de la crise financière sur l’économie réelle qui va entraîner son lot de faillites et de licenciements. Les destructions d’emploi ont déjà commencé aux Etats-Unis ou en France. Ils seront également les premières victimes de la réduction des dépenses sociales destinée à compenser la charge des plans de sauvegarde..."

-Michel Aglietta : les salaires se sont déconnectés de la productivité
-LA CRISE SOCIALE N'EST PAS LOIN
-Les conséquences de la crise financière sur les collectivités territoriales
-Crise des subprimes - Wikipédia

1 commentaire:

Etienne Celmar a dit…

Bonjour
Assez en accord avec votre analyse
La prétendue "refondation" n'est qu'une bouée de sauvetage qui ne produira que des effets provisoires.

Le problème est celui des moyens. Les gauches en Europe sont anesthésiées et la majorité des gens sont dans un état de sidération ou d'ignorance . Comment fédérer les personnes conscientes et motivées ?