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vendredi 3 octobre 2014

Contrôle bancaire: une blague!

Rien n'est réglé.
                         Officiellement, tout va bien, du moins pour la BCE: le contrôle qu'elle exercerait serait une chance historique pour l'Europe, s'il faut en croire Danièle Nouy, présidente du conseil de surveillance prudentielle du mécanisme de surveillance unique (MSU).
       On verra... 
  A une échelle plus large, depuis le début de la déroute financière, on a vu combien de promesses de régulation sont restée sans effet ou n'ont eu que des impacts marginaux, symboliques ou n'ont été que des leurres. Pour les plus grands groupes, il s'agit de gagner du temps...
            Trop peu a été fait, trop tard aussi... Rien n'est vraiment réglé. Un amuse-gueule...Le brouillard s'épaissit.  
La dérégulation domine.
    L'activité bancaire est une activité trop sérieuse pour être laissée aux seuls banquiers. C'est dans les périodes de crises que cela s'impose le plus, comme l'avait très bien compris Roosevelt en son temps, notamment en séparant leurs activités et en les mettant quasiment sous tutelle.
   Comme le dit à sa manière l'impertinent polémiste Contrarien, "...Au cœur de la crise que nous traversons se pose un sujet à la fois complexe et épineux et certainement jamais assez abordé et développé. Celui des contre-pouvoirs et je préfère ce terme et ce concept de contre-pouvoir à celui de « régulation ». La règle, le règlement, la régulation, tout cela n’a en soi aucun sens si aucun moyen cohérent et coercitif existe pour faire appliquer ces lois, règles et règlement. Pire, une loi, une règle ou règlement devrait être intelligible par tous et ne pas nécessiter 150 000 pages de texte. La véritable question est bien celle des contre-pouvoirs.
De façon générale et quel que soit le sujet, si vous donnez à quelqu’un tous les pouvoirs, il finira par les utiliser de façon malsaine et à son propre avantage. Si les policiers se tiennent convenablement c’est parce qu’il y a une « police des polices ». Il faut donc des contrôles et de la surveillance. Mais pour cela il faut une volonté politique forte allant à l’encontre du « big business » et de l’argent roi... Seul compte désormais l’argent, le pognon, le fric, le flouze, le blé, plus, toujours plus, encore plus. Pour quoi faire ? Pour rien, juste pour l’accumulation jouissive de l’argent et accessoirement du pouvoir que ce dernier procure, pouvoir rarement utilisé à des fins humanistes. (1)
Alors il est évident que cette collusion est devenue incontrôlable. Il est évident que les lois passées, les traités négociés de façon générale le sont à l’encontre des intérêts de tous les peuples. Ils le sont à vocation exclusivement de ces grandes multinationales. Nous sommes rentrés officiellement dans l’ère du totalitarisme marchand..."
      Il est notamment impératif et urgent de séparer les banques, de dissocier leurs activités (dépôts et affaires), d'instaurer une certaine tutelle,  pour éviter les dérives que l'on connaît, qui ont été à l'origine de la crise et qui a révélé les pratiques d'un système souvent criminogène.
     Le lobbying bancaire continue son travail, à Bruxelles et jusqu'au coeur de la Maison Blanche
               Le cas de Goldman Sachs  n’est qu’une partie de notre problème, comme le suggère Le Contrarien, "D’abord parce qu’il existe d’autres banques, comme la Deutsch Bank en Allemagne dont la taille est telle et l’exposition en produits dérivés tellement hallucinante qu’elle peut à elle seule faire sauter le monde (51 000 milliards de dollars de produits dérivés plus ou moins toxiques à son actif), mais aussi parce qu’il ne faut pas oublier, dans ce sombre tableau, le poids de grandes multinationales particulièrement nocives comme des entreprises du doux nom d’Halliburton (dont le fonds de commerce est la guerre privée) ou Monsanto (dont le fonds de commerce est de tuer ce qui survit aux guerres du premier et de laminer la biodiversité).
L’ensemble de ce système je l’appelle le « big business ». Cet ensemble forme le « totalitarisme marchand », et le totalitarisme marchand, comme tout totalitarisme, est une dictature en soi. Une dictature qui avance masquée sous l’étendard de la liberté… de consommer, mais uniquement de consommer...
          Face à un système financier de plus en plus complexe, les régulateurs doivent se le faire expliquer par les financiers qui ont crée ce même système ultra-complexe avec pour résultat une pratique délétère et de plus en plus fréquente chez les régulateurs de quitter leur emploi du gouvernement pour un emploi beaucoup mieux rémunéré dans les banques mêmes qu’ils étaient autrefois destinés à réglementer et contrôler.
Les régulateurs de Wall Street sont des gens qui sont payés par Wall Street, à accepter les explications de Wall Street, et qui ont peu de moyens pour se défendre et pour faire respecter les règlements et les lois en vigueur.
Notre système de réglementation financière est évidemment dysfonctionnel. Mais parce que le sujet est si pénible, et les détails si compliqués, le public ne lui accorde pas beaucoup d’attention ni d’importance.
                      Il y a cependant quelques grains de sable...
   Par exemple, le  vendredi 26 septembre – le programme de radio  » This American Life « a diffusé une histoire à couper le souffle sur la régulation de Wall Street, et le public n’aura aucune difficulté à comprendre .
Le journaliste, Jake Bernstein  a obtenu 46 heures de bandes magnétiques, faites en secret par une employée de la Réserve fédérale.
46 heures de conversations au sein de la FED, et entre la FED et Goldman Sachs. (2)
C’est un document extraordinaire. Le but n’est pas ici d’instruire un procès, mais la conclusion essentielle à retenir est la suivante : la FED n’a pas réussi à réglementer les banques, car elle n’a pas encouragé ses employés à poser des questions, à exprimer leurs opinions ou à signaler des problèmes.
C’est même tout le contraire : la FED encourage ses employés à garder la tête baissée, à obéir à leurs dirigeants et à apaiser les banques.
Si les régulateurs bancaires n’ont pas réussi à faire correctement leur travail ce n’est pas parce qu’ils n’avaient pas les outils pour le faire, mais parce qu’ils ont été dissuadés de les utiliser.
Le rapport cite les employés de la FED disant des choses comme, « vous ne pouvez pas penser quelque chose comme ça » ou encore « personne ne se sent individuellement responsable des erreurs de la crise financière parce que les décisions sont prises par consensus ».
En plus d’un échec financier, nous sommes face à un échec culturel.
À la fin de 2011, les régulateurs ont été dotés de pouvoirs réglementaires plus larges par la loi Dodd-Frank, ils ont embauché un tas de nouvelles personnes et l’une d’elle était une femme de forte volonté à l’esprit indépendant nommé Carmen Segarra...
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(1) Comme l'analyse en détail l'économiste J.Stiglitz, notamment dans Le triomphe de la cupidité
(2) La réputation de Goldman Sachs s’autodétruit lentement.
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