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lundi 22 décembre 2014

La faute à Poutine

 Pas gentil, Poutine, mais pas gentil du tout!
                            Y fait rien que d'nous embêter!
            Comme dit ironiquement un certain Contrarien, Poutine est vilain, Poutine est un méchant mangeur d’enfants, Poutine ci, Poutine çà… 
  Oui mais, poursuit-il, lorsque l’on se penche sur les chiffres de l’économie russe, il y a de quoi être agréablement surpris par la gestion en bon père de famille de Vladimir Poutine, et les statistiques russes feraient pâlir d’envie n’importe quel économiste du monde libre (nous, les gentils quoi).
Je n’oserais pas dire que Poutine gère à la « De Gaulle », on pourrait me taxer de « poutinophilie » alors que vous avez bien compris qu’il faut être « poutinophobe »… Sinon vous êtes un vilain affreux collabo des forces du mal obscur, ou quelque chose comme ça.
      Pourtant, Poutine fait comme de Gaulle en son temps. Pas de dette, l’accumulation de réserves d’or et évidemment une politique d’indépendance… Bon, autant dire que Poutine comme De Gaulle ont su faire suer les Américains au plus haut point, ce qui se termine généralement assez mal. En France, mai 68 n’est pas tout à fait un hasard… Et ce qu’il s’était passé à cette époque s’appellerait aujourd’hui une « révolution orange »… C’est beau une révolution orange, c’est un concept marketing financé par la CIA et c’est d’ailleurs l’un des objectifs recherchés par les États-Unis… Renverser Poutine en affamant le peuple parce que objectivement, l’attaque contre la monnaie russe ne repose sur aucun des fondamentaux économiques permettant de faire la force ou la faiblesse d’une monnaie. Le rouble ne devrait pas baisser dans ces proportions compte tenu de la typologie de l’économie russe.
              Haaaa, la dette… Alors que notre pays a un ratio dette sur PIB de 95 %, que les USA sont endettés à hauteur de plus de 105 % de leur PIB, la Russie, elle, n’a presque pas de dette… Un pauvre petit et minusculement ridicule 15,7 % de dettes sur PIB pour l’année 2014… Autant dire rien. Objectivement, la Russie est nettement plus solvable que la France…
  Haaaaaaaaaaaa la balance commerciale… Alors que la France, la 2e économie de la zone euro tout de même, importe pour des centaines de milliards de chinoiseries diverses et avariées (sans oublier un grand paquet de gaz russe et de pétrole), ce qui nous fait tout de même une balance commerciale déficitaire d’environ 101 milliards d’euros, soit un paquet de sous tout de même qui quitte chaque année notre pays pour aller enrichir les autres (et accessoirement faire monter leur monnaie respective).
  Le solde commercial de la Russie est, lui, de 179 milliards de dollars… Ce qui le rapproche de façon très dangereuse de l’Allemagne, grand exportateur devant l’éternel et dont pourtant personne ne cherche à contester la puissance.

  Le déficit russe est de zéro… Là où nous nous débattons depuis plus de 40 ans pour obtenir un budget équilibré, sans succès évidemment, et nos déficits s’enchaînent inexorablement en nous menant vers une ruine collective.
Nous sommes 65 millions d’habitants et les Russes plus de 145 millions.
  Alors que nos mamamouchis se demandent quand ils seront en mesure d’inverser de façon positive la courbe sans espoir du chômage de masse, en Russie, sous Poutine, le chômage plafonne à 5,6 %… De quoi laisser rêveur plus d’un mamamouchi français.
  Le PIB russe est d’un peu plus de 2 057 milliards de dollars US, là ou le PIB de la France est de 2 902 milliards de dollars. C’est donc un avantage enfin pour nous petits Français. Nous sommes certes plus riches mais nettement moins bien gérés… Nous sommes donc, au final, nettement plus pauvres si l’on raisonne en « net de dette »…
  La pression fiscale ne souffre également d’aucune comparaison… En effet, en Russie, les recettes fiscales ne sont que de 15,1 % du PIB là ou, en France, elles sont de 47 % (chiffre 2012) et les recettes publiques (au sens large de la taxation en France) de 53,5 % du PIB… Vous comprenez donc mieux pourquoi notre acteur national, le grand Gégé, est allé se faire tondre par Poutine plutôt que par Hollande….
  Vous voyez également pourquoi la Russie a potentiellement la possibilité d’augmenter encore la pression fiscale pour s’en sortir, elle a de la marge avant d’atteindre une pression fiscale à la française… Et quelle marge !!

           En dépit de la propagande à laquelle nous sommes soumis ici sur la faiblesse de la Russie, ce pays est en réalité beaucoup plus robuste que l’image que l’on nous en donne. La Russie est pays économiquement solide, aux fondamentaux excellents. C’est un pays qui exporte plus qu’il n’importe et c’est l’un des rares dans le monde dans ce cas. C’est donc un pays dont la devise devrait structurellement s’apprécier et non pas l’inverse. C’est également une économie qui peut parfaitement introduire l’or en étalon monétaire contrairement à tous les pays déficitaires sur leur balance commerciale. Ainsi, un pays déficitaire comme la France verrait finalement ses réserves d’or partir à l’étranger en quelques mois afin de payer ses achats… ses importations ! Ce n’est pas le cas de la Russie. Et vous voyez que tous les pays commercialement déficitaires éprouveraient les plus grandes difficultés avec un étalon-or… À commencer par les Américains, grands déficitaires devant l’éternel.
   Il ne faut donc pas enterrer la Russie, l’ours russe que nous venons bien imprudemment de réveiller.
La Russie est une grande nation, son peuple est courageux et capable d’endurer des efforts qui nous semblent tout simplement impossibles. L’âme russe a brisé aussi bien les armées de Napoléon que celles d’Hitler… Ce n’est pas celles d’Obama et encore moins d’Hollande qui feront mieux.
Nous ferions mieux, bien mieux, de revenir à des sentiments nettement plus constructifs à l’égard de la Russie qui fait partie de la grande Europe comme la définissait le Général de Gaulle, « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural »…  Car il ne faut pas imaginer que l’attaque économique dont la Russie vient de faire les frais restera impunie… En Russie, plus qu’ailleurs, la vengeance est un plat qui se mange froid....
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                                Même si le Contrarien me contrarie en poussant le bouchon un peu loin et idéalise un tantinet, il est nécessaire de relativiser la russophobie à la mode dans nos medias, qui font dans le suivisme washingtonien sans nuance et de mettre le problème en perspective géostratégique, en voyant l'avenir..
   Poutine est ce qu'il est...
La situation politique de la Russie est ce qu'elle est ...après le choc du démantèlement de l'empire, bien orchestré par la banque mondiale, comme le déplorait Stiglitz.
    La crise qui la frappe actuellement l'affaiblit, c'est sûr. Mais c'est l'effet d'une volonté extérieure.. Un jeu dangereux...
    La Russie reste un chantier en reconstruction, la presse est sous contrôle, les prisons sont un problème, etc....Bref, ce n'est pas un modèle de démocratie. Mais les nôtres fonctionnent-elles si bien que nous soyons en mesure de donner des leçons? La patience historique fait défaut.
        L’anti-poutinisme de principe, qui en est encore aux fantasmes de la Guerre froide, est absurde.
C'est Henry Kissinger, qui n'est pas un enfant de choeur, qui le dit, comme d'autres Américains un peu lucides: il a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois que « l’anti-Poutinisme » hystérique des Etats-Unis et de la presse américaine, ne constituait nullement une politique mais était en réalité une réponse à l’absence de politique. Il n’y a rien de plus exact. Il le dit dans une interview qu’il a donnée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le 13 novembre[1]. Le niveau de délire de la presse américaine a été bien analysé par Robert Parry, l’un des plus grands journalistes indépendants des Etats-Unis. Il est aujourd’hui tragique de voir que ce discours, qui est une véritable propagande de guerre, envahit les médias en France et en Grande-Bretagne.
 Ron Paul y va aussi de sa critique
      Or, la Guerre froire est fi-nie!  Comme le Rideau de fer
Une invasion russe est pure chimère, comme le reconnaissent d'anciens membre du renseignement US.
  Voir la menace d'une nouvelle Guerre froide, diaboliser Poutine est plus qu'un fantasme, c'est une erreur, c'est une faute, qui pourrait nous coûter cher, comme le dit aujourd'hui le très  prudent Gorbatchev.
 On a tout à perdre à provoquer l'Ours  On l'a plus que chatouillé en Ukraine...
Les silences de Poutine sont plus éloquents que ses déclarations à usage interne.
   L'Europe, mais aussi les USA, qui soumettent à ses intérêts le vieux continent via l'Otan, ont intérêt à conserver restaurer des rapports équilibrés avec l'immense Russie, que De Gaulle voyait comme une partenaire future, très liée économiquement aujourd'hui à l'Allemagne...
       Rien ne se passe comme la presse ordinaire le présente...
Tout est beaucoup plus compliqué et moins manichéen.
    Le malentendu est ancien, comme le dit JP Chevénement.
Les enjeux économiques aujourd'hui sautent aux yeux.
    La  dialectique de Poutine doit être d'abord bien comprise.
            Jouer à la roulette russe est toujours risqué.
                 La Russie nous surprendra toujours.   
                                Arrêtons donc la dangereuse schizophrénie géopolitique, la fabrication de l'ennemi. Revenons à un peu plus de raison...
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Pourquoi la Russie ne va pas s’enfoncer dans la crise
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