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jeudi 18 décembre 2014

Taxe Tobin: enterrée?

       Ce fut d'abord une belle idée
                                                        Un projet justifié. Qui devint urgent avec le développement anarchique de la finance-casino devenue folle et destructrice de valeurs. Un projet difficile à mettre en place, mais pas irréalisable, déjà envisagée autrefois par Keynes, souhaitée dès 2002 par J Stiglitz pour mieux stabiliser les marchés financiers et leurs processus erratiques et déstabilisantes pour les monnaies et les économies réelles.
     Proposée en 1978 par l’économiste et Prix Nobel américain James Tobin, cette modeste taxe vise à imposer les transactions monétaires (opérations de change d’une monnaie à une autre) à un taux très faible, de 0,1 % à 0,25 %. Cela de manière à ne pas pénaliser les activités de l’économie réelle (importations, exportations, investissements), mais à mettre un « grain de sable » dans les rouages de la spéculation.
     En 2009, la taxe Tobin, jugée jusque là irréalisable, commence à connaître, la crise aidant, un début de crédibilité dans le monde politique, du moins européen, la peur étant le commencement de la sagesse.
     La question a été débattue en 2011 à Wroclaw en Pologne, lors d’une réunion des Ministres des Finances européens. Plusieurs pays souhaitaient mettre en place une taxe sur les transactions financières.
 Mais Timothy Geithner avait déjà répondu : « You can’t ! » Circulez, ya rien à voir... !
           En 2012, N. Sarkozy, dans sa période blin-bling-réformiste, décide d'accélérer le processus de sa mise en oeuvre. Il lance une déclaration de guerre : 
                   Nicolas Sarkozy s'est déchaîné contre le monde de la finance. Face à la crise, «on ne règlera rien, si on ne règle pas d'abord la question du capitalisme financier qui impose à l'économie et à la société son propre système et ses propres normes», a affirmé le Président, selon lequel «les réunions du G20 à Washington et à Londres resteront dans l'histoire comme des étapes décisives, à condition que les engagements qui y ont été pris soient tenus»
      Mais Nicolas Sarkozy estime que «dans beaucoup de domaines, il faudra aller beaucoup plus loin pour reconstruire un système financier qui finance davantage les entrepreneurs que les spéculateurs».
     «Il faut tout revoir», a-t-il martelé, énumérant «la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedges funds, les règles comptables, les modes de rémunération. La crise nous rend de nouveau libres d'imaginer. C'est le moment d'aller le plus loin possible...»

                      Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes de la finance à reconstruire.
   Mais l'imagination a fait faux bond, le discours s'est ramolli, la volonté a fait flop.. Le réalisme politique (= la soumission aux grands groupes bancaires) a fini par imposer ses règles et ses habitudes.
    On attendait un rebond du projet sous la nouvelle législature et la fameuse annonce (mon adversaire, c'est la finance) semblait annoncer un passage à l'acte.
            Patatras! voilà qu'aujourd'hui, alors que trés peu de choses ont changé dans les pratiques financières, la taxe va être mise en lambeaux  ...
     On verra en 2016...quand les poules auront des dents? quand un nouveau krach aura fait des dégâts plus destructeurs encore?
       Aujourd'hui, la réforme sent le Sapin.
              C'est la France maintenant qui fait barrage.. 
                                      Mais est-ce vraiment étonnant?  (*)  -Les lobbies veillent... 
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(*) - L'un des principaux porte-parole des positions françaises, dans les dossiers économiques et financiers à Bruxelles, vient de rejoindre le secteur bancaire privé. Alors que les ministres des finances réunis lundi à Bruxelles n'ont pas réussi à s'entendre sur les contours d'une future « taxe Tobin » européenne, ce changement de casquette relance le débat sur la mainmise de l'industrie financière sur l'élite politique de la France. 
    Benoît de La Chapelle était, depuis 2010, responsable des « affaires financières et monétaires » au sein de la représentation permanente française auprès des institutions européennes. Un poste influent à Bruxelles, qu'il a occupé en pleine tempête économique. Il l'a quitté pour rejoindre, le 3 novembre 2014, la Fédération bancaire française (FBF). À 44 ans, La Chapelle est désormais directeur délégué de la FBF, lobby de l'industrie bancaire française, et l'un des plus fervents adversaires à l'actuelle taxe sur les transactions financières. « Il est chargé d'assister la directrice générale dans l'ensemble de ses missions, y compris à l'international », précise une porte-parole de la FBF, jointe par Mediapart.  
   La compétence de ce conseiller, qui fut aussi directeur de cabinet adjoint de Jean-Pierre Jouyet, lorsque ce dernier était secrétaire d'État aux affaires européennes, n'est pas directement en cause. Mais ce mouvement est un nouveau cas flagrant de « portes tournantes » (« revolving doors »), ces allers-retours entre public et privé, que dénoncent à longueur de journée certaines ONG et d'autres observateurs, aux effets ravageurs sur l'avancée des politiques publiques.  
    Dans un essai récent (La Capture, La Découverte, 2014), Christian Chavagneux et Thierry Philipponnat décrivent avec précision ce phénomène de « capture » d'une partie du politique par la finance, particulièrement vif, estiment-ils, dans l'Hexagone. « En France, la capture est largement sociologique du fait du système organisé de pantouflage et de la consanguinité bien connue des élites financières. Cette situation, combinée avec l'extrême concentration du système bancaire français, explique la volonté, non avouée mais bien réelle, de Paris de ne pas réformer la structure des banques », écrivent les deux spécialistes. On pourrait ajouter : cette situation explique aussi, en partie, le manque d'ambition de l'exécutif français dans le dossier de la future « taxe Tobin » européenne. 
        En novembre, Michel Sapin avait proposé une taxe réduite aux actions et à certains CDS (des contrats d'assurance contre le défaut de paiement d'une obligation), reportant la taxation des dérivés à plus tard – aux calendes grecques, avaient alors jugé les sceptiques. Aux yeux du ministre des finances français, la priorité n'est plus de lever des recettes importantes grâce à la TTF, mais tout au plus, dans un premier temps, de mettre en place un mécanisme qui fonctionne, fût-il au rabais. Dans un entretien aux Échos, début décembre, le même ministre avait eu cette formule qui a le mérite d'être claire : « La France a beaucoup agi de conserve avec l'Allemagne et nous progressons avec l'Italie dans des conditions qui ne mettent pas en danger la place de Paris. »....
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Taxe Tobin : Hollande, l'ami de la finance
Comment la France a fait échouer la taxe sur les transactions financières
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