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mardi 29 décembre 2015

Aveuglement

Le grand cafouillage
                                   On savait l'état d'urgence,nécessaire, à condition d'être contrôlé et provisoire.
     Mais on est tombé dans le piège tendu, dénoncé par Badinter.
Une erreur, pire, une faute
  Une mesure qui ne servira à rien pour les personnes visées, qui ne cherchent que la mort, qui sort de la norme républicaine,malgré sa popularité prétendue.. 
      Ce n'est pas seulement que la gauche, comme une partie de la presse internationale, en est toute chamboulée,
 « C’est tout simplement inacceptable comme réforme », confiait au Monde Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et porte-parole du PS. 
   « C’est une mesure inefficace contre le terrorisme, ça n’a donc qu’une valeur symbolique et le symbole qui est derrière, c’est la remise en cause du droit du sol », ajoutait François Lamy, député de l’Essonne et conseiller de Martine Aubry, qui votera contre.           L’ancien leader écologiste Daniel Cohn-Bendit n’a pas hésité à parler d’« une erreur morale, une faute terrible ».
            Le pouvoir finit par valider  une des  thèses de l’extrême droite.
     Philippot applaudit. 
              Tactique préélectorrale, pour piéger la droite, malgré les contradictions?
     Devant la presse, Manuel Valls a reconnu le « caractère hautement symbolique » de cette mesure. « Ça ne concerne qu’une poignée d’individus », a-t-il admis. Mais pour l’exécutif, l’essentiel n’était pas là. « Ce qui compte, c’est l’unité, la cohérence et la cohésion, a dit Manuel Valls. Le président de la République s’est exprimé devant le Congrès, il a pris des engagements. » Il était donc, à l’entendre, impossible de se déjuger. 
      Pourtant, incohérence suprême, au lendemain des régionales, Manuel Valls lui-même n’avait pas caché ses doutes à plusieurs journalistes reçus à Matignon. « La déchéance de nationalité n'est pas une arme contre le terrorisme, leur avait-il dit. On l'a prise parce que c'était une proposition de la droite. (…) Je ne suis pas gêné par cette proposition même si j'en vois les limites. C'est le président de la République qui a mis cela dans son discours. »
      Selon Me Henri Leclerc, c’est un alignement sur une vieille idée d’extrême droite, qui a été reprise par Nicolas Sarkozy en 2010 dans son discours de Grenoble, et qui avait alors été combattue par toute la gauche...Je crains cette réforme constitutionnelle, fondée plus sur des raisons de tactique politique que sur une efficacité contestable contre le terrorisme...
     Pour  Pierre Rosanvallon, outre les usages qui pourraient en être faits plus tard, cela n’aura évidemment aucun effet dissuasif pour les terroristes (voire même le contraire). Ce serait d’ailleurs la même chose pour le rétablissement de la peine d’indignité nationale dont certains ont parlé. Celle-ci n’aurait en effet de sens que pour des personnes bien intégrées pour lesquelles la bonne réputation est un capital social. Elle serait par exemple adaptée pour un Jérôme Cahuzac qui a trahi la confiance publique et s’est déshonoré en commettant l’équivalent d’un crime de « lèse-démocratie », pas pour ceux qui s’enorgueillissent de leur position de rupture radicale.
     Une raison symbolique ensuite. Ces terroristes sont français. Il faut le répéter au contraire. C’est le problème qu’il faut regarder en face . Il s’agit de considérer en tant que telle, pour la combattre, y compris intellectuellement, la rhétorique de guerre civile qu’ils expriment. La déchéance-exorcisme donne ainsi un mauvais signal symbolique...
       On dira que beaucoup de gens sont favorables à cette mesure. Mais une majorité l'était aussi pour la peine de mort à une époque pas si lointaine. Suivre le cours de l'opinion à un moment donné, sans faire oeuvre de pédagogie, ce n'est pas de la politique, surtout de la part de celui qui se réclamait de certaines valeurs.
      Aveuglement d'un régime qui semble avoir perdu le contrôle du navire...et qui ne songe qu'à sa survie.
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- Le point de vue de Pierre Joxe
- Un texte semble avoir été oublié: (Sur le site de l’Assemblée)
« ... pour des personnes nées françaises, les lois républicaines n’ont jamais retenu la possibilité d’une déchéance de nationalité... Il en a d’abord été ainsi de la Loi du 7 avril 1915 puis avec la Loi du 10 août 1927 ainsi qu’avec le Décret-loi du 12 novembre 1938... Ainsi toutes les caractéristiques dégagées par le Conseil constitutionnel dans sa jurisprudence sont réunies pour qu’il existe un principe fondamental reconnu par les lois de la République relatif à l’absence de possibilité de déchéance de nationalité pour une personne née française même si elle possède une autre nationalité » (Ass. Nat. : projet n° 3381, exposé des motifs).
 
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