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mercredi 11 janvier 2017

Sale temps pour les économistes

L'économie au tournant
                                   Les débats sont plus vifs qu'ils n'ont jamais été au sujet de la compréhension de la connaissance économique et de ses présupposés.
     Les effets de la crise, qui a pris (presque) tout le monde au dépourvu,, y compris l'ancien directeur de la Fed, Alan Greebspan, y sont pour qielque chose.
     Certains découvrent enfin naïvement que l'économie n'est ni une science neutre, ni une science dure, ni une connaissance de type scientifique classique, mais qu'elle participe des sciences humaines, malgré certains de ses aspects économétriques, auxquels elle ne peut se ramener. La quantophrénie a régné trop longtemps, au détriment de la prise en compte de l'aspect qualitatif des phénomènes observés et de la critique des présupposés du moment.
     Les dogmes de l'économie néo-classique, à dominante mathématique, a amené ses adeptes à se fourvoyer, comme la crise l'a mis en évidence. (*)
    Sa capacité d'anticipation a été prise de cours et son optimisme de base sur l'exubérance des marchés a été mise en défaut. Mais ne c'était pas la première fois. La capacité d'oublier, le manque de prudence méthodologique lié à l'appât du gain financier se sont  une nouvelle fois manifestés.
    L'économie néo-classique s'est fourvoyée, en suivant des présupposés et des dogmes qui subissent aujourd'hui des démentis cinglants, notamment les croyances à l'existence d' individus rationnels et du marché spontanément autorégulé.
     La pensée de Hayek et de Friedman, imposée comme indépassable,,vulgarisée et appliquée par M. Thatcher et R.Reagan sont à l'origine du tournant néolibéral des années 70, de la financiarisation tous azimuts de l'économie devenue mondialisée, au détriment des pouvoirs régulateurs étatiques.
   Le capitalisme actionnarial, c'est-à-dire le primat de la rentabilité financière, n'est pas seulement injuste et inefficace. Il engendre la souffrance au travail, il tue des gens et détruit notre écosystème. L'analyse économique dominante n'est pas simplement discutable, elle est souvent absurde. Et les politiques anticrises aggravent les crises ! Tout cela est à la fois stupéfiant, incroyable, stupide...
   Il n'est donc pas étonnant que l'on parle de la faillite des économistes, que l'on évoque une.crise de la science économique et de son enseignement.
      Comme si le débat critique et la confrontation des idées ne devaient pas être la norme en ce domaine, qui touche de si près aux choix politiques majeurs, comme Keynes et la politique économique de Roosevelt l'ont si bien démontré en son temps.
      Les économistes classiques sont à la peine et beaucoup le reconnaissent, come Krugman et Stiglitz,, surtout depuis la déroute de 2008. Mais certains, accrochés aux dogmes pourtant déconsidérés, peinent à le reconnaître encore
     Les dits pris Nobel ne changent rien...
        L'économie est l'affaire de tout homme cultivé, qui peut en comprendre l'essentiel.
 :Une certaine imposture économique n'a pas fini de vouloir s'imposer 
     Les modèles mathématiques ,si en vogue, ne sauveront pas une discipline déconsidérée par ses pratiques récentes.qui étaient tout, sauf neutres.
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(*)  ... Thomas Philippon, auteur du Capitalisme d'héritiers (Ed. du Seuil, 2007), pointe du doigt la «trop forte segmentation de la recherche académique». Faute d'«économistes généralistes», personne, ou presque, n'a pu observer la propagation de la crise, surgie d'un coin obscur du droit immobilier américain (le contrat subprime) pour se propager à l'économie réelle, passant par les dernières innovations de la finance (les mécanismes de «titrisation» et de crédit dérivés). «Il aurait fallu plusieurs cerveaux dans la même tête pour voir venir les choses», résume Philippon.
   Gilles Raveaud, professeur d'économie à l'Institut d'études européennes de l'université Paris-8, reprend l'argument, pour le pousser un peu plus loin: «Depuis des années, on a assisté à un morcellement du savoir économique terrifiant, avec l'apparition de spécialistes très pointus, ici sur le travail, là sur le commerce international... On se retrouve à l'université avec des thésards très calés sur leur sujet, mais dénués de toute culture générale en économie!»
____Et Raveaud, qui connaît bien la recherche américaine pour avoir enseigné deux ans à Harvard, de s'inquiéter de ces manquements: «Un économiste peut traiter du chômage, sans rien connaître aux marchés boursiers ou aux banques... C'est conforme à la théorie de l'équilibre général, selon laquelle on peut analyser le fonctionnement d'un seul marché pris séparément, celui du travail par exemple, puisqu'on suppose que les autres sont naturellement à l'équilibre. Mais cela ne tient pas!»
___En fait, la macroéconomie des dix dernières années a subi de lourdes transformations. Vexés de ne pas pouvoir prétendre au statut de scientifiques purs et durs, la plupart des économistes ont versé dans un formalisme mathématique effréné, sur les conseils de Milton Friedman et ses collègues monétaristes. Profusion de courbes, modèles et équations, qui ont éloigné les chercheurs du monde «réel». Les maths sont devenues une fin en soi.
___Aveu de Thomas Philippon: «Nous étions devenus des enfants gâtés, puisque nous n'avions pas connu de vraie crise depuis longtemps. Sous la présidence Clinton, la politique monétaire était devenue répétitive. Notre intérêt pour le réel s'est donc logiquement atténué.»
___Une enquête étonnante, réalisée auprès des doctorants en économie des grandes facs américaines (téléchargeable ici), confirme ces propos. Plus de la moitié des personnes interrogées (51%) estiment que «connaître l'économie de façon approfondie» est «sans importance»... Et à peine 9% des thésards se disent convaincus du contraire («connaître le réel est très important») !...
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