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vendredi 19 avril 2019

Bolsonarisme (suite)

Une  maladie ronge le Brésil.
                                                  On y annonce la mort de la démocratie, même imparfaite.
      On oublie trop souvent l'expérience militaire chilienne, qui a imposé son modèle politique et  économique et sur laquelle une chape de plomb s'est abattue pour de longues années.
   
   L'expérience historique ne porte pas toujours ses fruits.
                    "...Il ne fait aucun doute qu’après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Salvador Allende, le Chili a servi de laboratoire aux politiques néolibérales promouvant le fondamentalisme du marché et détruisant la sphère publique. Ce qui a été testé sous la dictature chilienne a été exporté peu après aux Etats-Unis et en Angleterre.Là-bas, l’ignorance de ce qui se passait dans les pays éloignés de l’Amérique du Sud explique que la majorité de la population a été surprise par les mesures qui mettaient l’Etat au service des détenteurs du pouvoir économique au détriment de la plupart des citoyens.      Le silence actuel en France sur ce qui se passe en Amérique latine, en particulier sur ce qui se joue au Brésil depuis 2013, est préoccupant. Le processus à l’œuvre au Brésil pourrait détruire les acquis des civilisations à travers le monde, y compris en France. De même que le Chili de Pinochet était le laboratoire du néolibéralisme dans les années 70, le Brésil peut être perçu comme le principal laboratoire du néolibéralisme dans son modèle ultra-autoritaire, qui vise à supprimer les droits fondamentaux et à contrôler les indésirables, plus précisément les pauvres et les ennemis politiques du projet néolibéral...."
           Entre actions discutables et disciplinaires et dérapages verbaux, le régime de révèle tel qu'il s'était annoncé.      Va-t-il aller jusqu'à faire lui aussi l'éloge de la dictature argentine, installée au pouvoir pendant 21 ans? On peut s'attendre à tout avec Bolsonero, qui ignore la notion de limites.
                   Le mythe Bolsonaro s'est fabriqué méthodiquement dans le temps, avec le complicité de Steve Banon et la corruption, pourtant dénoncée pendant sa campagne.    
             « Bolsomito » n’est pas tombé du ciel. S’il n’a guère fait campagne, cloîtré dans sa chambre d’hôpital après l’attentat qui a failli lui coûter la vie, la machine à fake news a fait campagne à sa place, multipliant comme des petits pains les votes en sa faveur. Le « messie » (son deuxième prénom) n’a pas eu à s’époumoner dans des meetings, son message anti-corruption a été porté par le bouche à oreille de la messagerie WhatsApp et les communautés Facebook. « Bolsomito » a été sacré roi par les réseaux sociaux. Pour cela, il a bénéficié du soutien de Paulo Guedes, un néolibéral formé à l’école des « Chicago boys » devenu son super ministre de l’économie, et des conseils de Steve Bannon, l’ex-stratège de Donald Trump, passé maître en sorcellerie électorale, capable de transformer grâce aux fake news le plomb du big data en or, c’est-à-dire en votes.       Selon un article du quotidien Folha de São Paulo, un certain nombre d’entreprises ont financé pendant la campagne électorale l’envoi sur les réseaux sociaux de messages hostiles au Parti des travailleurs (PT). Le financement des campagnes électorales par des entreprises privées est illégal au Brésil, ce qui n’a pas empêché une fraude massive au cours de la semaine qui a précédé les deux tours du scrutin.      Des contrats allant jusqu’à 12 millions de reals (2,8 millions d’euros) ont permis d’envoyer par WhatsApp des centaines de millions de messages aux électeurs via des agences spécialisées, telles Quickmobile, Yacows, Croc Services ou SMS Market. Ils accusaient Fernando Haddad, le candidat du PT, de promouvoir l’homosexualité dans les écoles ou prévenaient ses sympathisants qu’ils pourraient perdre leur emploi ou leur carte d’électeur s’ils votaient pour le PT. Les enquêtes électorales ont mis en évidence une vague en faveur de Bolsonaro dans les derniers jours de la campagne, au cours desquels son score est passé de 40 % à 46 %.          L’essayiste et journaliste brésilienne Elaine Brum écrivait récemment dans sa chronique d’El País : « Si Donald Trump a inauguré la communication en ligne avec les électeurs dans le but d’éliminer la médiation d’une presse qui pose des questions inconfortables, son fan brésilien autoproclamé a franchi une étape supplémentaire […]. » Le Brésil est devenu le laboratoire d’une nouvelle forme d’autoritarisme, qu’elle qualifie de « bolomonarchie numérique ».
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