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lundi 13 mai 2019

Cathédrales: analogie et vérité

Il y a celle qu' on a vu brûler.
                                         Non sans stupeur. Qui suscite toujours interrogations et perplexité.
                  Il y a celle qui brûle aussi à petit feu, silencieusement, sans qu'on y prête attention
    Et, comme disait Chirac nous regardons ailleurs....

  Celle qui brûle à petit feu et à bas bruit.
          Il n'y a pas que les cathédrales physiques, érigées par les hommes, parfois sur plus d'un siècle.
   Il y a l'immense et ultra-complexe "architecture" naturelle, jamais terminée, qui est l'aboutissement d'une histoire beaucoup plus longue et encore souvent méconnue.
  Bien sûr, nous sommes dans le domaine de la métaphore. suggérée par les images utilisées, notamment en littérature, en poésie: la forêt fait penser à la complexité de l'architecture des puissants édifices érigées depuis le 12° siècle, et les cathédrales évoquent, par l'envolée de leurs piliers et les complexes ramifications de leurs voûtes, souvent pour l'imaginaire, la structure de la forêt.
          La nature est un temple où de vivants piliers....
   Bien sûr, nous sommes en pleine analogie. Mais le symbole donne à penser et certaines analogies aident à mieux saisir le réel par certains de ses aspects.
     La nature n'est pas de même nature qu'un édifice construit, même si les hommes n'ont cessé de l'aménager et elle est d'une autre importance, pas ses fondamentaux, que les lieux de culte d'une civilisation donnée, à une époque donnée. Nous en sommes un produit et un élément. La relation n'est pas seulement esthétique.
      Notre avenir dépend de l'attention que nous lui portons, collectivement. La conscience s'en fait plus aiguë aujourd'hui et l'urgence apparaît de jour en jour plus grande.
     L'analogie cathédrale/forêt, chère à Chateaubriand, est pourvoyeuse de sens esthétique, mais le rapport s'arrête là. Il y a plus important qu'une cathédrale qui brûle...qu'on peut toujours réparer ou reconstruire. 
    Reboiser un jour une Amazonie qui meurt à petit feu sous la poussée des producteurs de soja et des éleveurs brésiliens est une tâche impossible.
             Reconstruire, disent-ils....:
                                        On ne va pas attendre cent sept ans ! L’incendie de Notre-Dame nous aura appris l’origine de l’expression populaire : cent sept ans, c’est la durée qu’il a fallu à des générations de bâtisseurs, tailleurs de pierres, charpentiers, sculpteurs… pour construire la cathédrale dévastée dans la nuit du 15 avril dernier. Mais les pierres étaient à peine refroidies qu’Emmanuel Macron décrétait la restauration de Notre-Dame en cinq ans. Pour réconforter vite fait la population traumatisée ? Ou recoller les morceaux du calendrier politique soudain bouleversé ? L’échéance des jeux Olympiques est assumée. Un tel chantier ne peut pas être mené tambour battant, ont eu beau expliquer les mille cent soixante-dix signataires — tous spécialistes du patrimoine –, rien n’y a fait ! Pour boucler le dossier en cinquante neuf mois — le compteur tourne—, un général des armées a été nommé à la tête de l’opération et une loi d’exception est en passe d’être votée. Les débats à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, viennent de commencer. Outre un dispositif fiscal spécifique (abattement de 75 %) et autres aménagements courants, le projet repose principalement sur un principe de dérogation aux lois existantes. Tout ce qui constitue le socle des règles patrimoniales est mis de côté. Pour aller plus vite, on saute les étapes des autorisations fastidieuses (c’est pourtant le ministère de la Culture qui les délivre), des règles d’urbanisme, d’environnement, des appels d’offres ou de l’obligation d’archélogie préventive. Exactement le contraire de ce qui pourrait être fait : un chantier exemplaire mettant en valeur tous nos savoir-faire acquis avec… le temps.
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