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samedi 22 août 2020

Le monde d'après

Optimisme ou pessimisme?
                                       Ni l'un ni l'autre. Vis à vis de l'histoire, les positions ne peuvent être simples. Les évènements ne suivent pas nos humeurs ou même nos désirs les plus légitimes.
     Demain viendront des jours heureux. Ce mythe entretenu en période de confinement  a la peau dure.
   Certes, il y aura un monde nouveau, mais sans doute pas celui que nous avons pu imaginer, fait de changements radicaux, de remises en question fondamentales, de virages décisifs sur le plan de nos orientations économiques, de nos choix politiques fondamentaux, de nos habitudes et de nos tropismes.
   Bref, une sorte d'utopie semblait devoir émerger, un monde nouveau se levait où nous pourrions sortir des ornières dans lesquelles nous nous sommes embourbés, des impasses où nous sommes fourvoyés.
    Un monde nouveau semblait de lever, fait de sagesse consommatrice, de modération sur tous les plans, de radical changement dans les pratiques politiques.
  Mais si dans l'histoire, des changement importants ont souvent lieu par le fait d'événements inattendus, on n'observe jamais de remise à zéro aux compteurs, même après une guerre, même après un crise de grande ampleur, comme celle qui a affecté les USA dans les années 30. Des inflexions, certes, mais jamais une révolution majeure.
   Il faut s'y faire, le déterminisme historique a son poids et le changement ne se fait que lentement et dans un temps plutôt long. Les ruptures radicales n'existent pas, sauf catastrophe majeure.
Notre propension à trop rêver dans certaines circonstances jugées exceptionnelles est mise à mal. Ce qui n'exclut pas de nouvelles perspectives et de nouveaux modes d'action.
    Nous en sommes là. La rupture attendue n'aura pas lieu. Houellebecq avait raison. En partie.
    "...La crise sanitaire n’est pas encore finie, mais déjà les illusions s’effacent. On aurait tant voulu y croire, pourtant, à cette promesse d’un monde nouveau. Un monde plus humain, plus juste, plus respectueux de l’environnement, moins financier, moins consumériste… plus désirable, enfin. On rêvait de circuits courts, de relocalisation, de consommation responsable. Demain, les bullshit jobs allaient disparaître, et les professions sous-payées être enfin reconnues à leur juste valeur. Combien de tribunes de chercheurs, d’experts, de sociologues pour célébrer l’avènement de cet avenir radieux, tandis que Nicolas Hulot proposait 100 principes pétris de bonnes intentions pour en poser les premières pierres… Il y était question de « transformer la peur en espoir », de « réanimer notre humanité », de « redonner du sens au progrès », de se « réapproprier le bonheur »
    Déjà British Airway envisage des salaires réduits de moins 40%, la vente de voitures s'envolent...Les grandes fortunes retrouvent une prospérité. renforcée..
  On n'a pas fini de lutter contre les forces qui veulent faire perdurer et même renforcer les tendances les plus discutables du "monde d'avant", voire contre les risques qui nous attendent peut-être.
     "...Comme dit un analyste, dans une approche très ambivalente:  
          ".... Pour que ce monde d’après advienne, il faudrait une modification substantielle des fondamentaux de notre mode de vie et de notre modèle de développement économique. Et, disons-le tout de go : ces dimensions ont peu de chance d’évoluer en profondeur.
Non seulement parce que nos sociétés ont une inclination naturelle à l’inertie, mais aussi parce que notre système économique mondialisé est en quelque sorte devenu… « too big to fail » (trop gros pour échouer).   Cette expression, employée à l’origine pour les banques, traduit l’idée que la chute d’une organisation aura de telles répercussions que les pouvoirs publics ne peuvent plus se permettre de la laisser disparaître, quelles que soient ses difficultés.    Osons une rapide analyse articulée autour des principales catégories d’agents et de quelques exemples emblématiques qui semblent indiquer que c’est désormais l’ensemble du système économique mondial, qui n’a jamais été aussi interdépendant, auquel on peut dorénavant accoler l’étiquette « too big to fail ».   Résultante logique de plusieurs décennies d’accélération sur le front de la mondialisation économique et de la libéralisation des échanges commerciaux et financiers, jamais dans l’histoire nos économies n’ont été aussi interconnectées. Les chaînes de valeur sont fragmentées à l’échelle de la planète, les dettes publiques et privées sont toujours plus largement détenues par des intérêts étrangers, le prix des matières premières se détermine sur des marchés financiers globalisés, et les grandes entreprises visent un marché d’emblée mondial, et ne réalisent plus qu’une faible part de leurs activités dans leurs pays d’origine.   Ce niveau d’intrication inédit a rendu les grandes économies mondiales plus interdépendantes que jamais. Ainsi, la crise sanitaire de la Covid-19 nous a privés de nombreux biens de consommation dont une part substantielle du processus de production se trouve délocalisée à l’autre bout de la planète.    Réjouissons-nous toutefois. C’est parce que nos économies sont interdépendantes et que la crise sanitaire n’a épargné aucune d’entre elles que nous ne devrions pas connaître, même au plus fort de la crise économique qui se profile, une récession aussi forte qu’elle n’aurait pu l’être.    En effet, l’ensemble des États et des banques centrales ont décidé, dans des temps record, des injections massives de liquidités pour soutenir l’économie, en s’affranchissant d’ailleurs de tous les dogmes de maîtrise des déficits publics qui ont guidé leurs politiques ces dernières années.    Certes, des asymétries existeront, et certains États étant plus durement touchés que d’autres manipuleront le levier budgétaire avec moins de parcimonie. Mais dans l’ensemble, à la sortie de la crise sanitaire, les grandes économies de ce monde se seront davantage endettées… auprès d’elles-mêmes, de leurs populations, et d’investisseurs étrangers. Et le bilan de la plupart des banques centrales
sera hypertrophié....      Bien naturellement, cette analyse pourra être interprétée selon le prisme du réalisme par certains, de la dystopie pour d’autres. Comme toute vision prospective un rien provocatrice, elle n’a pour autre objectif que d’ouvrir le champ des possibles, de heurter nos imaginaires et d’inviter à l’introspection et la réflexivité.    Il n’y a pas de fatalité à ce que nos sociétés, que nous avons présentées comme profondément enclines à l’inertie, reproduisent à l’identique les schémas du passé.    Mais, c’est précisément parce que les forces de rappel sont multiples et puissantes, qu’aucun changement structurel majeur ne pourra advenir sans un élan volontariste partagé entre les sphères politique, entrepreneuriale, et citoyenne. Le « monde d’après » sera ce que nous déciderons d’en faire, collectivement. Pour le pire, mais peut-être bien, pour le meilleur....."________________________

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