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vendredi 21 août 2020

Trump: moi (et) ou le chaos

Une plus grande folie peut-elle perdurer?
                                 Shakespeare aurait-il pu l'imaginer?
    Cette situation qui dure depuis quelques années, ubuesque au point qu'on aurait eu du mal à l'envisager. Cette fin chaotique ou un Président-histrion tente par tous les moyens de reconquérir un pouvoir menacé, du fait de ses excentricités narcissiques et de ses incompétences manifestes, de ses décisions aberrantes et zigzagantes, sur le plan national comme international. Pour ne citer que ses volte-face vis à vis de la Corée du Nord, sa politique iranienne qui a contribué à durcir le régime, donnant ainsi des raisons de renforcer ses mesures répressives.
  Une politique infantile de gribouille, où il a pu exercer ses talents de bateleur habile mais sans génie et d'animateur de grand show télévisé, comme le notait Obama dans un discours récent.
   L'homme n'est plus contrôlable et fait feu de  tous bois pour perpétuer son siège. Même Dieu est invoqué dans ses délires.
    Dans un pays au bord du chaos, largement dû à ses décisions, à ses indécisions, à ses virages et ses lubies. Un promoteur businessman reconverti en animateur de super-show, de grande série qui risque de se terminer très mal.
      "Si je peux aider à sauver le monde, moi ça me va", dit-il "modestement". Le grand mégalomane prend le chemin inverse en reversant ses jouets, en déstabilisant de fragiles équilibres mondiaux. Seule sa fermeté vis à vis de la politique commerciale de la Chine pourrait trouver grâce aux yeux de certains, mais il fut y fut poussé par des intérêts puissants dans son pays.
    Certains semblent s'étonner, mais on voyait venir cette fin de règne chaotique où la Maison Blanche brouille les cartes, en s'appuyant sur les thèses des plus extrêmes, les plus identitaires. épousant les pires thèses de groupes conspirationnistes, des théories de complot, au gré de ses humeurs et des circonstances.
    Les élections qui approchent risquent d'être pleines de risques et de provocations.
 Il joue sur la violence qu'il a lui même contribué à faire naître ou à susciter.
     Le Président du désordre? L'expression convient. A plusieurs niveaux. Souvent sans retenue.
  Le grand "embrouilleur" ne semble pas vouloir céder et c'est là le drame.
          Le problème est celui de l'accès à la législature suprême d'un tel figurant. Il ne tombe pas du ciel. C'est le niveau de la culture politique qui est surtout en cause, autant que la nature des institutions qui fait problème, dans une ploutocratie qui ne dit pas so nom..
 Comme le dit crûment l'analyste John McArthur, la démocratie aux USA est encore à construire et le système électoral, un jeu de dupes. Quant à l'éducation...
                           Aux USA, on n'aime pas trop l'esprit cultivé et  les" intellos".
   Seule est valorisée la connaissance utilitaire, dans un empirisme à courte vue de tradition typiquement anglo-saxonne, que nous partageons aussi souvent. 
      L'irrationnel a pignon sur rue, la théorie de l'évolution est objet de foi et,
comme l'a bien montré Richard Hofstadter, l'anti-intellectualisme s'est développé sur un terrain où la religion a pris une place importante et où les études ont le plus souvent été vues comme le moyen de réussir et de gagner de l'argent.
   Le succès de S.Palin le montre, l'anti-intellectualisme fait bon ménage avec certaines formes de populisme
          Dans certaines universités, le succès de D. Trump inquiète quand même.
     De même, heureusement, certains écrivains et journalistes sont sidérés, comme de rares médias.
                       Le nouveau président des américains ne cessait de le dire et de l’écrire : il déteste la réflexion et la complexité. C’est même le fondement du discours politique simpliste qu’il distille avec succès dans un pays où le niveau d’études et d’éducation fléchit dangereusement.
"J’aime à penser que j’ai de l’instinct. C’est pour cela que je n’emploie pas beaucoup de comptables pour empiler les données. Je n’ai pas confiance dans les analyses à la mode du marketing sophistiqué. Je fais mes propres analyses et j’en tire seul mes propres conclusions."
    Le livre The Art of the Deal s’est vendu à des centaines de milliers d’exemplaires. La revendication de la primauté de l’instinct et de l’anti-intellectualisme rencontre un profond écho parmi les soutiens de Donald Trump. Ce dernier a déclaré haut et fort : "J’aime les gens sans éducation." Il a raison. D’un point de vue électoral, ces "gens sans éducation" sont un réservoir de voix qui ne cesse de grossir. Car le système éducatif des États-Unis est dans un état déplorable.
     On avait compris qu'il était plus facile d'influencer des esprits démunis d'esprit critique.
              La question hantera sans doute longtemps encore la société américaine :... comment un homme aussi brutal, inculte, incompétent et vulgaire que Donald Trump a-t-il pu parvenir à ce niveau de la vie politique ? Le phénomène est cependant moins étonnant qu’il y paraît.
    Trump est, à bien des égards, le produit de cette idéologie qui a accompagné la construction du pays : l’anti-intellectualisme. En 1963 déjà, l’historien Richard Hofstadter alertait sur cette face obscure de la démocratie américaine dans Anti-Intellectualism in American Life. L’hostilité envers les intellectuels, la méfiance pour tout ce qui relève de l'esprit critique et de la réflexion théorique apparaît en effet très tôt. « II est ironique, constate d’ailleurs Hofstadter, que les États-Unis aient été fondés par des intellectuels. Car tout au long de notre histoire politique, ou presque, on a traité cette figure en marginal (outsider), en serviteur ou en bouc émissaire. »L’historien l’explique notamment par la montée en puissance des sectes évangéliques au début du XIXe siècle, mouvements qui reposent (contrairement au puritanisme des origines) sur la confiance en l’intuition de l'homme du commun plus qu’en la doctrine et le savoir. Parallèlement, les Etats-Unis glorifient l’homme d’action (aventurier ou homme d’affaires). Les conditions de vie des pionniers conduisent à valoriser les connaissances pratiques, l'ingéniosité, la compétence technique. Et le système scolaire est façonné à l’avenant, pour obéir à un impératif d’utilité : l'anti-intellectualisme a toujours été présent dans l'enseignement américain, insiste Hofstadter. Selon lui, le secondaire « forme » des individus qui ne sauront rien et n'auront guère les moyens de s'en apercevoir – d'autant moins qu'ils seront ensuite soumis à un véritable matraquage publicitaire par les moyens de communication de masse aux mains des entreprises privées. Et c’est bien là le nœud du problème pour Susan Jacoby. Dans The Age of American Unreason, elle souligne que la question n’est pas seulement l’ampleur de l’ignorance des citoyens, attestée par nombre d’études qu’elle cite (un Américain sur cinq, par exemple, pense que le soleil tourne autour de la Terre). Le pire, c’est qu’ils sont persuadés que davantage de savoir ne leur servirait à rien....  
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