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samedi 8 août 2020

Hiroshima, mon horreur

Et non pas "mon amour."..
                                         C'était il y a 75 ans.  Un point final et le début d'une nouvelle ère.
   Une tragédie qui met fin à un conflit meurtrier et place le monde face à une radicale nouveauté et un péril inédit. L'histoire a tranché: ce fut la prolifération qui s'imposa, jusqu'à la démesure.
     Même si le bombardement de Tokyo provoqua à peu près autant de victimes, ce fut par des armes conventionnelles. Tandis qu'à Hiroshima et Nagasaki, une seule et nouvelle arme d'un nouveau genre fut utilisée, née de la collaboration des experts physiciens les plus éminents, malgré des réticences diverses.
    On connaît les faits, malgré les secrets longtemps gardés et les justifications, les légendes et la propagande qui suivirent. Bien des points restent encore à éclaircir sur le choix américain.
      Les débats continuent, même si beaucoup de mythes ont disparu petit à petit.
    L'Enfer fut décidé et froidement programmé, alors que certains stratèges US entrevoyaient un fin proche ou son accélération par un dernier blocus auquel n'aurait pas résisté longtemps l'empire nippon exsangue.
                                 Le 6 août 1945, à 8h15 heure locale, un bombardier B-29 américain baptisé « Enola Gay » larguait sur Hiroshima la bombe atomique « Little Boy »...
                 Le Japon commémore la tragédie inédite, bientôt suivie d'une autre. Recueillement et interrogations.
      La question se pose toujours à de nombreux Japonais et à d'autres, historiens compris:  POURQUOI?
             Un drame évitable, décidé par Truman en dernière instance, malgré les craintes de Niels Bohr et de certains scientifiques du projet Manhattan, les réticences de certains conseillers et chefs militaires, faisant valoir des arguments contre cette première dans l'histoire humaine.
           Par exemple, "le secrétaire d'Etat James Byrnes - qui, au Sénat, avait été le mentor de Truman avant que ce dernier n'accède à la présidence après la mort de Roosevelt le 12 avril 1945 - ne le cachait d'ailleurs pas. Leo Szilard, qui l'avait rencontré le 28 mai rapporte ainsi que "Byrnes ne prétendait pas qu'il était nécessaire d'utiliser la bombe contre les villes japonaises pour gagner la guerre. Son idée était que la possession et l'usage de la bombe rendraient la Russie plus contrôlable". Le mot-clé n'est ni "compromis" ni "négociation" mais "contrôlable". Ce que Truman confirma lui-même : "Byrnes m'avait déjà dit [en avril 1945] qu'à son avis la bombe nous permettrait de dicter nos conditions à la fin de la guerre."
           La [destruction] d'Hiroshima et de Nagasaki servit donc de prélude et de prétexte à un déploiement mondial de la puissance économique et diplomatique américaine. Après 
l'explosion, couronnée de succès, de la première bombe atomique, le 16 juillet 1945, dans les 
sables du désert du Nouveau-Mexique, Truman avait décidé d'exclure l'URSS de tout rôle significatif dans l'occupation et le contrôle du Japon. Le même personnage, alors sénateur, répondant à Roosevelt qui plaidait pour un prêt-bail à une URSS en proie aux pires difficultés, s'était exclamé : "Si nous voyons que l'Allemagne est en train de gagner la guerre, il faudrait que nous aidions la Russie, et si la Russie est sur le point de l'emporter, il faudrait que nous aidions l'Allemagne, pour qu'ils s'entretuent le plus possible." L'arme [de destruction] massive ne fit pas l'unanimité au sein du petit noyau des décideurs..."

   __Plus tard  "Dans ses mémoires, l'amiraLeahy, chef d'état-major particulier des présidents Roosevelt puis Truman, expliquait :
       "Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. (...) L'utilisation à Hiroshima et à Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre. (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique des barbares."
       Quant au général Eisenhower, qui dénonça plus tard les dangers du complexe militaro-industriel, il écrivait lui aussi dans ses Mémoires : "À ce moment précis [août 1945], le Japon cherchait le moyen de capituler en sauvant un peu la face. (...) Il n'était pas nécessaire de frapper avec cette chose horrible."

                            _ 6 août 1945 - Une bombe atomique sur Hiroshima
           "... L'opinion publique ne prit guère la mesure des événements qui venaient de se produire ces 6 et 9 août 1945. Ainsi le quotidien français Le Monde titra-t-il le 8 août 1945, comme s'il s'agissait d'un exploit scientifique quelconque : « Une révolution scientifique. Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le Japon ».
Parmi les rares esprits lucides figure le jeune romancier et philosophe Albert Camus, qui écrit dans Combat, le même jour, un article non signé : « Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles ».
     Document d'Arte
        Le premier témoignage de John Hersey. - Le constat. - Nous avons vu trois avions...
           Débat toujours en cours sur les véritables raisons de la destruction d'Hiroshima.
                Une autre interprétation...et ici, et là.
                        Diplomatie et ambigüité
                               De Hiroshima à Fukushima.

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Le jugement de l'histoire:...
La décision de détruire Hiroshima et Nagasaki fut une décision politique et non militaire. Les objectifs ne furent pas militaires, les effets ne furent pas militaires. Les attaques furent menées contre la volonté de tous les grands chefs militaires. L’Amiral William Leahy, chef d’État-major interarmées à l’époque, écrit dans ses mémoires que « l’utilisation de cette arme barbare à Hiroshima et Nagasaki n’était d’aucune aide matérielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre … » Le général Eisenhower, le général MacArthur, et même le général Hap Arnold, commandant de la Force aérienne, se sont opposés à l’usage de cette arme. Le Japon était déjà dévasté par des bombes incendiaires, faisait face à une famine généralisée à cause du blocus naval des États-Unis, se retrouvait démoralisé par la reddition de son allié allemand, et craignait une attaque russe imminente. En réalité, la guerre était terminée. Tous les hauts dirigeants américains savaient que le Japon était vaincu et cherchait à se rendre...________________________________


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