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lundi 29 août 2022

Les invisibles

 On les ignore souvent ou on fait mine...

                                         Malgré les dénégations et les aveuglements, les "pauvres" existent bien. Une notion relative, historique, mais bien réelle. Parfois difficilement chiffrable. On peut travailler en France et s'inscrire dans cette catégorie, caractérisée par un niveau de vie des plus bas et une précarité permanente.             Il y a ceux "d'en bas" et ceux "d'en haut", dont on perçoit mal d'emblée le nombre  et le poids économique, les héritiers, les véritables "assistés" du système, souvent "hors sol". Quelques échos par ci par là, quelques lignes dans des revues sur papier glacé, mais une perception très vague de leurs poids économique et indirectement politique. Le sujet n'est pas nouveau, mais il vaut mieux savoir que les écarts se creusent encore entre les deux extrêmes, pas seulement au niveau mondial et qu'il n'y a là rien d'inéluctable.   


                                                                                                                                 Comme le remarque un député pugnace de terrain, qui n'est pourtant pas un égalitariste utopique, constatant que rien n'a changé: "...Le CAC 40 enregistre des bénéfices records : 160 milliards de bénéfices pour 2021 ! C’est supérieur de 60 % à son précédent record [NDLR : en 2007]. Ces chiffres, scandaleux, devraient être martelés à la télévision chaque soir. La question, pour nous, c’est comment on met ça en scène ? Comment on le donne à voir ? Avec mes électeurs, j’essaie ça : en sport, lorsqu’on bat un record, c’est d’un centimètre, ou d’un centième de secondes. Pour le CAC 40, c’est une augmentation de 60 % par rapport au précédent record ! Le patrimoine des cinq premières fortunes françaises, sous Macron, a été multiplié par trois : aux gens que je croise, je demande « et vos salaires, ils ont été multipliés par trois ? Vos retraites, vos allocations ? » C’est un contre-argument efficace lorsque quelqu’un me parle des assistés ou des immigrés. Ou alors, on fait un jeu, « comptez avec moi jusque trois… Un… deux… trois… » Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, vient de gagner 10 000 € ! Autant que ma suppléante, Hayat, en un an : elle est accompagnante d’enfants en situation de handicap.  Mon combat, c’est de faire ressentir cette injustice sociale, que les gens ne voient pas, ou rarement. Comme ils éprouvent tout de même un sentiment d’injustice, celui-ci est canalisé dans d’autres directions : les étrangers, les réfugiés, les assistés. Autrement dit : les plus pauvres qu’euxC’était déjà ma bagarre il y a cinq ans, mais c’est encore davantage conscient aujourd’hui : il y a deux catégories d’invisibles que je cherche à mettre en lumière. Ceux du bas, bien sûr : les auxiliaires de vie sociale, les agents d’entretien, les ouvriers, etc., qui figurent dans mes films. Mais il y a d’autres invisibles à mettre en lumière : ceux du haut..."                                                                                                                                                        Avec la crise, les écarts se sont creusés en France
Les inégalités sont croissantes. Les chiffres de l'Insee sont "bien en dessous" de la réalité Les patrimoines, eux, se sont envolés (les revenus du patrimoine progressent actuellement à un rythme de 11% l'an). Dur, dur, de participer!... D'ailleurs, taxer les riches serait " idiot et nul ! " .Pauvres exilés fiscaux!On peut dire que les pauvres financent les plus riches. Miracle de l'économie néo-libérale!...

___On remarquera que la "gauche" (?) est particulièrement muette ou timide sur le sujet.
Même un modéré comme Pierre Rosanvallon remarque qu'elle manque d'une «utopie sociale»
que l'idée d'égalité est en train de devenir une coquille vide.
"En France, les 1% les plus riches possèdent 24% de la richesse du pays tandis que les 50% les moins bien lotis n’en possèdent que 6%. Mais il ne suffit pas de rappeler ces chiffres pour prendre la mesure de la crise historique de l’égalité dont Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France (voir sa biographie ici), fait la description et la genèse dans son dernier ouvrage, La Société des égaux (Seuil).____ Parce qu'«on n’a jamais autant parlé de ces inégalités et, en même temps, aussi peu agi pour les réduire», constate l’historien. Et car cette crise n’est pas seulement arithmétique et économique, mais aussi sociale et démocratique, puisqu’elle sape les fondements d’une vie commune. En remontant à l’origine révolutionnaire de l’idée d’égalité, Pierre Rosanvallon exige de la gauche une autre révolution pour construire une société des égaux, qui passe par le dépassement des cautères sociaux que sont l’égalité des chances, l’équité, la justice distributive ou la méritocratie..."
Construire une société des égaux, cela veut donc dire reconsidérer très sérieusement les questions d’héritage, les conditions de constitution du patrimoine. Quand Thatcher est arrivée au pouvoir, la taxation des plus-values financières était de 80% ! Ce sont des chiffres dont on n’a plus idée aujourd’hui, ils ne datent pourtant pas d’il y a trois siècles ! Il faut donc bâtir, en France, une politique du patrimoine et non seulement une politique des revenus..."

_____Observatoire des inégalités  _______________________

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