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mardi 3 juin 2025

Un "je ne sais quoi "...

                  Il dégageait effectivement un charme particulier, celui qui fut à la Sorbonne un de mes professeurs, dans les années 1970. On l'appelait Janké entre nous. Parlant sans notes, il se distinguait par une voix singulière, ondoyante et continue, parfois  à la limite de l'apnée, il semblait témoigner, se confier même plus que professer. Très  proche de l'expérience  vécue, il semblait méditer à haute voix sur la vie, la mort, le temps, la finitude en général, donnant à penser sa propre intériorité, universellement transposable, sans jamais en référer  aux malheurs passés de sa propre existence en tant que juif pendant la guerre.  Une voix fascinante, toute en méandres et en nuances, qui surprenait au premier coup, semblant côtoyer plus le langage poétique que la rigueur d'un Spinoza ou d'un Hegel. Une philosophie aux limites de l'expérience humaine, livrant ses intuitions les plus profondes, comme Bergson, sur la nature énigmatique du temps. A la limite de l'indicible. Bref, il donnait à penser les limites de la réflexion purement rationnelle, paradoxalement à travers un flux presque ininterrompu de paroles qui se reprenaient sans cesse pour se relancer plus loin, en cercles concentriques. 


                                                                                                                                                               Un presque rien, qui faisait la différence et finissait par produire ses effets pour qui se laissait emporter par le fleuve de son discours. Un charme particulier, non classique, se dégageait de ses dires, de sa gestuelle, un je-ne-sais-quoi qui faisait la différence et finissait par infuser, comme une musique étrange et séductrice. Son discours côtoyait l'ineffable. Pas étonnant que, bon pianiste autodidacte, il ait eu un tel attrait pour les impressionnistes, comme Debussy, dont les oeuvres, toute en nuances et en finesse, détonnaient tant, par rapport à l'univers des oeuvres dites classiques. Il admirait la peinture de Vermeer, qui avait pour lui un je ne sais quoi de troublant, de fascinant. Un plus qui s'énonce difficilement.


                                                                                                                        Vladimir, parti il y a 40 ans, revient en mémoire. Surtout pour ceux qui l'ont côtoyé, dont les souvenirs estudiantins s'estompent peu à peu, qui gardent encore en eux la petite musique du je-ne sais-quoi et du presque-rien, essayant de donner à penser les mystères de l'existence humaine...
   

  



Musique et temporalité

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