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mercredi 27 décembre 2017

Ce n'est pas Noël

Pour les migrants                    [Notes sur un problème complexe et évolutif, qui fait polémique.]
                            Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
          Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
     Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
     Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
    Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.
         L'accueil des  migrants en France est l'objet de bien des critiques. De nombreux exemples, depuis ceux, médiatisés, de Calais et de la Porte de la Chapelle, notoirement mal gérés, ont le don de rendre impopulaires des phénomènes mal cernés, où les amalgames sont nombreux. Jusqu'au rejet xénophobe parfois. Ce n'est pas inédit dans notre histoire.
    Beaucoup de migrants, même pour des raisons politiques, subissent actuellement un sort  pire que sous Sarkozy et Hortefeux. Pire que sous Hollande et Valls.
     Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.
        La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps.
  La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.
La Commissaire européenne Cécilia Malmström parlait en 2010 d’une nécessité pour assurer « la survie économique » de l’UE, Michel Barnier en 2011 a déclaré qu’il fallait des migrants pour garantir la survie des États-providences européens. On a, d’un côté, une politique sécuritaire anti-migration et, de l’autre, un discours utilitariste pro-migration.Aucune étude scientifique ne valide ces deux visions officielles. Les décideurs politiques font mine d’ignorer les travaux sur les ressorts complexes de l’immigration et ne considèrent pas les personnes concernées comme des acteurs de leur projet migratoire.
          Quand on considère l'immigration européenne avant 1914, puis jusqu'à 1974, on prend conscience de l'importance (relative) des mouvements de populations périodiques qui sont venues modifier le visage d'une France toujours changeante, parfois lentement, parfois rapidement..    Par exemple, en France, ..dans les années 1920, le premier pays d'immigration au monde, devant les États-Unis eux-mêmes ! Sur le siècle écoulé, l'ensemble des étrangers et des naturalisés équivaut au croît de la population, environ quatre millions de personnes.   En 1931, les étrangers sont 2,9 millions sur 41,8 millions d'habitants, parmi lesquels 808 000 Italiens, 508 000 Polonais, 352 000 Espagnols, 250 000 Belges, 100 000 Suisses... À quoi s'ajoutent quelques dizaines de milliers de Kabyles d'Algérie. Les Polonais et, dans une moindre mesure, les Italiens vivent dans des communautés repliées sur elles-mêmes, avec leurs organisations culturelles, sociales et religieuses pilotées par les gouvernements de Varsovie ou Rome...
           C'est toute une histoire, que celle de l'immigration en France. Mais pas qu'en France:
     La crise des réfugiés a remis les mouvements migratoires au cœur des obsessions européennes et, en particulier, allemandes. On le voit notamment à l’accueil qu’a reçu l’ouvrage de Philipp Ther, professeur à l’université de Vienne. Dans Die Zeit, Elisabeth von Thadden en salue l’ambition : retracer les flux migratoires qui ont agité l’Europe depuis 1492, date de l’expulsion d’Espagne d’un demi-million de Juifs et de musulmans. « La question qui l’intéresse est : tous ces émigrés ont-ils réussi à s’intégrer ? »     On sait, en général, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sept à huit millions de personnes ont été déplacées. Mais on ignore souvent, qu’une génération plus tôt, après la Première Guerre mondiale, ils étaient aussi des millions à être déracinés. Avant cela, il y eut bien entendu la révocation de l’édit de Nantes. Une bénédiction pour l’Allemagne, où les huguenots, qui comptaient beaucoup d’artisans fort qualifiés, se sont réfugiés en masse. Mais un sérieux défi aussi : Francfort, ville de 30 000 habitants, en accueillit pas moins de 100 000. On découvre des faits étonnants, comme l’intégration des Tatares musulmans à la république aristocratique de Pologne-Lituanie, au XVIe siècle, ou encore « la prouesse de l’Empire ottoman » qui accueillit, au XIXe siècle, à peu près deux millions de réfugiés musulmans chassés des Balkans.
    Le paradoxe est que l’Etat moderne démocratique ne favorise pas ce genre d’accueil en masse. « Parce que les démocraties votent en permanence, elles font preuve de moins de patience, explique von Thadden. Or, il faut des générations avant que les réfugiés s’intègrent vraiment. » A ce titre, les Etats prémodernes, où le souverain cherchait avant tout son intérêt sans se soucier de l’avis de ses sujets, disposait d’une latitude bien plus grande....
    Barrer la route aux migrants, et même aux ONG  n'est certainement pas la solution. Les grillages et les murs n'ont jamais rien résolu.
          De récents flottements annoncent peut-être d'autres orientations: 
...A couteaux tirés depuis des semaines avec le secteur associatif, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb fait cette première (et insuffisante) concession alors que les médias relaient le désarroi des migrants sur le territoire français, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estime que le projet de loi comporte des atteintes aux droits fondamentaux, et que plusieurs députés En Marche commencent à faire connaître leur désaccord… Après des mois de grand écart entre les discours humanistes du président Macron et la politique implacable de Gérard Collomb, cette première reculade donne un peu d’espoir – à condition que le rapport de force ne faiblisse pas. Et que ce ne soit pas le Parlement européen qui entérine cette notion de « pays tiers sûr » à laquelle le gouvernement français vient de renoncer...
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Réfugiés: d'un sommet à l'autre
 Entre émotion et raison
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lundi 8 novembre 2021

Une Europe citadelle?

Deux mots sur un problème complexe et multiforme

                      Sur lequel dominent le désaccord et la cacophonie, où l'UE montre sa faiblesse entre tolérance intéressée et rejet sans concession. C'est la grande dissonance: entre  l'accueil de Merkel il y a peu et les rejets sans nuances du bloc des pays plus à l'est, il y a conflit ouvert.  Malgré les appels des organisations  caritatives et humanitaires, les politiques d'accueil sa durcissent, comme en Grèce, parfois jusqu'à la fermeture systématique des passages possibles.                  C'est la politique du mur,  du grillage ou du barbelé. Certains gouvernants sont de plus en plus tentés, parfois sous la pression d'une opinion mal informée, par un grand renfermement, qui garantirait leur réélection. Sans égard pour une réalité migratoire complexe et multiforme.

            L'orbanisation gagne les esprits, jusqu'en France où elle devient un thème récurrent de la campagne, comme arme électorale.. Sans nuances. Etablir une forteresse à la Trump, c'est le grand fantasme pour certains, un cheval de bataille, l'instrumentalisation idéal du moment. Sans souci de nuances sur ce problème complexe.   La crise européenne de durcit, mettant à mal ses institutions, mettant à jour ses failles. Notamment l'impuissance face aux pressions de l'est. C'est souvent le retour aux vieilles recettes qui ne fonctionnent pas, un travail de Sisyphe. Les murs n'ont jamais rien réglé et n'ont jamais contribué à dissoudre les préjugés et les amalgames. Ils tendent plutôt à renforcer les violences:  "...Ils ont survolé la question, devenue, il est vrai, banale : les ministres européens de l’intérieur et chargés des migrations, réunis vendredi 8 octobre à Luxembourg, n’avaient pas envie de s’appesantir sur cette nouvelle affaire de pushbacks (refoulements illégaux) de migrants, révélée la veille par le consortium d’investigation Lighthouse Reports. Cette fois, celui-ci s’était appuyé sur des enregistrements prouvant les brutalités commises par des membres de forces de l’ordre, aux uniformes rendus anonymes, des « unités spéciales » à l’œuvre en Croatie, en Grèce et en Roumanie, et dont le financement pourrait venir de fonds européens...."

                        ____Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
          Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
     Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
     Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
    Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.  
 L'accueil des  migrants en France est l'objet de bien des critiques. De nombreux exemples, depuis ceux, médiatisés, de Calais et de la Porte de la Chapelle, notoirement mal gérés, ont le don de rendre impopulaires des phénomènes mal cernés, où les amalgames sont nombreux. Jusqu'au rejet xénophobe parfois. Ce n'est pas inédit dans notre histoire.     Beaucoup de migrants, même pour des raisons politiques, subissent actuellement un sort  pire que sous Sarkozy et Hortefeux. Pire que sous Hollande et Valls.      Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.  La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps     La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.   La Commissaire européenne Cécilia Malmström parlait en 2010 d’une nécessité pour assurer « la survie économique » de l’UE, Michel Barnier en 2011 a déclaré qu’il fallait des migrants pour garantir la survie des États-providences européens. On a, d’un côté, une politique sécuritaire anti-migration et, de l’autre, un discours utilitariste pro-migration. Aucune étude scientifique ne valide ces deux visions officielles. Les décideurs politiques font mine d’ignorer les travaux sur les ressorts complexes de l’immigration et ne considèrent pas les personnes concernées comme des acteurs de leur projet migratoire.    Quand on considère l'immigration européenne avant 1914, puis jusqu'à 1974, on prend conscience de l'importance (relative) des mouvements de populations périodiques qui sont venues modifier le visage d'une France toujours changeante, parfois lentement, parfois rapidement..    Par exemple, en France, ..dans les années 1920, le premier pays d'immigration au monde, devant les États-Unis eux-mêmes ! Sur le siècle écoulé, l'ensemble des étrangers et des naturalisés équivaut au croît de la population, environ quatre millions de personnes.   En 1931, les étrangers sont 2,9 millions sur 41,8 millions d'habitants, parmi lesquels 808 000 Italiens, 508 000 Polonais, 352 000 Espagnols, 250 000 Belges, 100 000 Suisses... À quoi s'ajoutent quelques dizaines de milliers de Kabyles d'Algérie. Les Polonais et, dans une moindre mesure, les Italiens vivent dans des communautés repliées sur elles-mêmes, avec leurs organisations culturelles, sociales et religieuses pilotées par les gouvernements de Varsovie ou Rome...                        ___________C'est toute une histoire, que celle de l'immigration en France. Mais pas qu'en France:La crise des réfugiés a remis les mouvements migratoires au cœur des obsessions européennes et, en particulier, allemandes. On le voit notamment à l’accueil qu’a reçu l’ouvrage de Philipp Ther, professeur à l’université de Vienne. Dans Die Zeit, Elisabeth von Thadden en salue l’ambition : retracer les flux migratoires qui ont agité l’Europe depuis 1492, date de l’expulsion d’Espagne d’un demi-million de Juifs et de musulmans. « La question qui l’intéresse est : tous ces émigrés ont-ils réussi à s’intégrer ? »     On sait, en général, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sept à huit millions de personnes ont été déplacées. Mais on ignore souvent, qu’une génération plus tôt, après la Première Guerre mondiale, ils étaient aussi des millions à être déracinés. Avant cela, il y eut bien entendu la révocation de l’édit de Nantes. Une bénédiction pour l’Allemagne, où les huguenots, qui comptaient beaucoup d’artisans fort qualifiés, se sont réfugiés en masse. Mais un sérieux défi aussi : Francfort, ville de 30 000 habitants, en accueillit pas moins de 100 000. On découvre des faits étonnants, comme l’intégration des Tatares musulmans à la république aristocratique de Pologne-Lituanie, au XVIe siècle, ou encore « la prouesse de l’Empire ottoman » qui accueillit, au XIXe siècle, à peu près deux millions de réfugiés musulmans chassés des Balkans.    Le paradoxe est que l’Etat moderne démocratique ne favorise pas ce genre d’accueil en masse. « Parce que les démocraties votent en permanence, elles font preuve de moins de patience, explique von Thadden. Or, il faut des générations avant que les réfugiés s’intègrent vraiment. » A ce titre, les Etats prémodernes, où le souverain cherchait avant tout son intérêt sans se soucier de l’avis de ses sujets, disposait d’une latitude bien plus grande....                                                                                                                         ___Barrer la route aux migrants, et même aux ONG  n'est certainement pas la solution. Les grillages et les murs n'ont jamais rien résolu.   De récents flottements annoncent peut-être d'autres orientations:   ...A couteaux tirés depuis des semaines avec le secteur associatif, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb fait cette première (et insuffisante) concession alors que les médias relaient le désarroi des migrants sur le territoire français, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estime que le projet de loi comporte des atteintes aux droits fondamentaux, et que plusieurs députés En Marche commencent à faire connaître leur désaccord… Après des mois de grand écart entre les discours humanistes du président Macron et la politique implacable de Gérard Collomb, cette première reculade donne un peu d’espoir – à condition que le rapport de force ne faiblisse pas. Et que ce ne soit pas le Parlement européen qui entérine cette notion de « pays tiers sûr » à laquelle le gouvernement français vient de renoncer...__

Réfugiés: d'un sommet à l'autre
 Entre émotion et raison           ____________________________

vendredi 16 août 2024

Fractures anglaises

 Colères sociales et manipulations

                      Un événement qui ne surprend pas trop les connaisseurs de la société anglaise, telle qu'elle est devenue, après les traitements de choc successifs subis depuis Maggie,  la politique sociale ultra-libérale qui l'a inspirée et de la précarité instaurée, au nom du marché qui devait effacer le rôle de l'Etat. Des actions qui n'ont rien de populaires, mais qui ne sont pas sans rapports avec la situation  dégradée d'une partie de la population. Les inégalités y sont particulièrement marquées et constituent un terreau favorable à des explosions sociales. La colère s'est déplacée sur le terrain social et ethnique. La pauvreté a été un des facteurs majeurs de la colère, récupérée par une extrême-droite violente. Certains films de Ken Loach illustrent assez bien la situation de désespérance qui caractérisent un grand nombre de catégories sociales. Ce n'est pas un hasard si c'est le nord de l'Angleterre qui a été touché.


      "... Le meilleur antidote  aux troubles néofascistes est de rétablir des services publics de qualité, d’investir dans des emplois locaux durables et de rejeter tout discours Les motivations nativistes, anti-migrants et islamophobes sont au cœur d’actions fomentées et perpétrées par l’extrême droite extra-parlementaire. Ce sont des groupes néofascistes ou néonazis qui ne sont pas répertoriés par la police, n’ont pas de membres officiels et sont donc quasiment incontrôlables avant qu’ils ne passent à l’acte. La English Defence League fondée en 2009 par Tommy Robinson (un individu plusieurs fois condamné pour actes de violence à caractère raciste), est aujourd’hui considérée comme auto-dissoute. Ce mouvement n’avait d’autre objectif que de provoquer des actions violentes contre les immigrés ou musulmans à divers endroits du pays.                                                          Le mode d’action de ces groupes est connu : un appel est lancé aux abonnés d’une liste de discussion sur les réseaux sociaux, l’information se propage et des individus se retrouvent à un endroit désigné pour semer le chaos. Les méthodes de cette nébuleuse sont de nature fascisante : il n’y a aucune volonté de débattre ou de convaincre. Ces individus viennent pour se battre, détruire le mobilier urbain et terroriser les immigrés et minorités ethniques. Ces émeutes sont également de nature terroriste. Le premier ministre Keir Starmer (un ancien procureur) et la police ont d’ailleurs affirmé que le niveau de violence et de menace représentées par ces violences s’apparente à des actes de terrorisme.                                                  Le lendemain des émeutes à Southport, des actes de violence similaires ont été commis à Londres, Manchester, Hartlepool (nord-est) et Aldershot (sud). Le weekend dernier, ces violences se sont propagées à Liverpool, Blackpool, Hull, Stoke-on-Trent, Leeds, Nottingham, Bristol ainsi qu’à Belfast en Irlande du Nord. Les actes de violence ont une nature indiscutablement criminelle. A Rotherham, dans le Yorkshire, un hôtel dans lequel sont hébergés des réfugiés a été incendié. À Tamworth (Stafforshire), une attaque similaire a eu lieu. Partout dans le pays, les émeutiers s’en prennent violemment aux policiers et aux mosquées. Plusieurs milliers d’individus ont pris part à ces émeutes. La police a arrêté près de 400 personnes la semaine dernière. Yvette Cooper, la ministre de l’Intérieur, a annoncé que la police identifiait les agresseurs à partir d’enregistrement vidéo. Keir Starmer a évoqué un « terrorisme d’extrême droite ». Sur les vidéos, on peut voir des hommes blancs, la trentaine ou quarantaine, le crâne rasé, le look hooligan de football. Mais dans les scènes de violence, on aperçoit également de jeunes hommes, certains mineurs, résidant dans la localité. Ceux-là sont issus de la classe ouvrière anglaise paupérisée et marginalisée par quatorze années de gouvernement conservateur. Ils viennent se battre contre la police et casser. Ils attaquent les commerces locaux pour les piller. Ces jeunes déclassés sont les victimes d’un système politique et économique qui a produit un sous-prolétariat sans éducation, sans emplois, parfois réduit à la soupe populaire pour survivre. Le film de Ken Loach, « I, Daniel Blake » (2016) met en scène ce phénomène social qui n’est pas une fiction, mais le fruit d’années de désinvestissement dans les services publics des gouvernements conservateurs.                                                                                                                   L’influenceur anglo-américain Andrew Tate a affirmé que le meurtrier était un « migrant illégal », et exhorté le public à « se réveiller ». Elon Musk a estimé sur X qu’une guerre civile au Royaume-Uni était « inévitable ». Tommy Robinson, depuis son lieu de vacances en Grèce, a assené que « quand des citoyens ordinaires sont méprisés, qu’ils sont qualifiés d’extrême droite, il n’est pas étonnant que des troubles surviennent ». Cet argument n’est pourtant pas l’apanage de l’extrême droite. Il est banal à droite : ces violences seraient l’expression d’une rébellion populaire légitime car le peuple est exaspéré par une « immigration incontrôlée », qui « submerge » les services publics, accroît l’insécurité physique et détruit les « valeurs britanniques ». La BBC a dans un premier temps parlé de « protestations » avant de se raviser. Ces arguments si bienveillants à l’égard d’une violence néofasciste ont un écho jusque dans certains médias français qui couvrent le sujet. Il suffirait donc d’un tour de vis anti-migrants pour apaiser la colère populaire ? Peine perdue : si ces néofascistes n’avaient pas en ligne de mire les migrants musulmans, ils s’en prendraient aux Noirs, aux Juifs, puis peut-être aux Polonais. Le propre de l’extrême droite est de chercher un ennemi et un bouc-émissaire.Or, cette politique anti-migrants qui vise à « apaiser » les classes populaires a été déjà mise en place au Royaume-Uni par les Conservateurs : le Brexit     censé régler les flux migratoires ; le projet ruineux, inefficace et moralement scandaleux d’expulsion des migrants vers le Rwanda, ainsi qu’une rhétorique hostile et raciste à l’encontre des migrants au sein du gouvernement et dans les médias. Ces politiques n’ont pas dissuadé les néofascistes de passer à l’action. On peut au contraire estimer qu’elles ont désinhibé l’extrême droite.                                                                                                                     En France, les lois confortant les principes de la République et sur l’immigration, assorties de déclarations islamophobes dans la classe politique et dans les médias, n’ont aucunement « apaisé » : elles ont renforcé le Rassemblement national, maintenant proche du pouvoir. Celles et ceux qui évoquent des « protestations légitimes » au lieu de dénoncer des émeutes criminelles jouent dangereusement avec le feu. Les actions violentes des néofascistes n’ont rien de spontané ou de populaire. Les populations locales se sont courageusement interposées pour empêcher de nouvelles tragédies humaines. Elles ont nettoyé les centres-villes dévastés après les attaques et les pillages. Ceux qui justifient aujourd’hui l’injustifiable refusent d’accepter une évidence : les immigrés ne sont pas responsables des inégalités sociales, de l’absence de services publics ou d’emplois. Ce sont les gouvernements qui portent la responsabilité de politiques publiques injustes et inefficaces, et qui renforcent l’extrême droite au Royaume-Uni comme en France.  Une chose est sûre : ces violences criminelles doivent être réprimées conformément à la loi. Mais une réponse pénale sera insuffisante. La tâche du nouveau gouvernement travailliste est de redonner un espoir aux populations les plus pauvres délaissées pendant 14 ans par les Conservateurs. Le meilleur antidote aux troubles néofascistes est de rétablir des services publics de qualité, d’investir dans des emplois locaux durables et de ne pas céder aux discours réactionnaires anti-migrants."   ____________________

lundi 27 avril 2015

Réfugiés: d'un sommet à l'autre

Mare nostrum ou mare mortale?
                                           L'urgence a mené de Mare Nostrum à Triton :
    Frontex constituait depuis dix ans une approche exclusivement sécuritaire et ...un échec
       Avec Frontex, l’Europe déploie (donc) des moyens disproportionnés pour combattre un ennemi qui n’en est pas un : le migrant. Une des caractéristiques principales de l’agence est le manque de transparence de ses activités. Peu de gens en ont d’ailleurs entendu parler… Quelles garanties l’agence présente-t-elle en termes de respect des droits des migrants lors de ses opérations ? Et qui est responsable en cas d’atteinte aux droits fondamentaux lors des opérations de Frontex: est-ce l’agence, l’État où se déroule l’opération, ou encore l’État dont relèvent les gardes-frontières impliqués ? Autant de questions fondamentales que soulève la campagne Frontexit.
            Bref, Frontex était plutôt un  tigre de papier
        Il fut un temps où un sommet n'était pas nécessaire pour une action humanitaire d'ampleur inégalée et où on ne rognait pas comme aujourd'hui sur l'aide au développement. Dans une autre contexte, certes. La France y a pris sa part.
   Fermer les frontières ne peut être qu'une illusion.  La fatalité  n'existe pas. Il n'y a pas de solution militaire au problème, réitère le Secrétaire de l'ONU.
     Le dernier sommet européen ne fait pas l'unanimité, loin de là. Triton  révèle ses limites.
Un stratégie tâtonnante et timorée, une inflation de termes "stratégiques", une attitude plus défensive que coopérative, une solidarité en berne.
Une presse parfois odieuse
    Si les gens qui meurent étaient blancs...
        Un sommet de détresse et un sommet de véllèités, d'aveuglement..Ce que reconnaît JC Junker.
           Finalement, ce fut  un sommet cache-misère (*)
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        (*) ...(Ces mesures, qui ), pour certaines constituent des avancées, ne sont-elles pas à la hauteur des événements et de l’émotion qu’ils ont suscitée ? Comme l’a rappelé son directeur général Fabrice Leggeri, Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières extérieures, n'a pas pour mission de sauver des vies. Sa fonction est de contrôler et de repérer les entrées irrégulières sur le territoire. Les vies sauvées lors de patrouilles en mer l’ont été uniquement en application du droit de la mer qui impose de porter secours aux embarcations en péril. En s’abstenant de changer son mandat et son périmètre, les États membres empêchent toute évolution déterminante.
______Les « efforts » financiers consentis sont minimaux : le budget actuellement alloué à l’opération Triton intervenant au large de l’Italie est de 2,9 millions d’euros par mois. Il a d'abord été question de le porter à 5,8 millions d'euros par mois. En raison de l'insistance de Jean-Claude Juncker, il a été fixé à 9 millions d’euros par mois, ce qui correspond à peu près à ce que l’Italie seule consacrait à Mare Nostrum, l’opération humanitaro-humanitaire qui pendant une année, d’octobre 2013 à octobre 2014, a permis de sauver plusieurs dizaines de milliers de vies.
_____Au regard de la multiplication des décès, cette enveloppe, divisée en 28 alors que l'Italie la supportait seule, paraît limitée : 9 millions d’euros par mois, c’est moins d’un dixième du budget 2014 de Frontex. C’est une goutte d’eau en comparaison du budget 2015 de l’UE s’élevant à 161,8 milliards d’euros. Si la proposition d’accroître les équipements va dans le bon sens (chaque dirigeant a listé l'arsenal que son pays met au pot commun), l’expérience a montré que la question du nombre n’est pas seule en jeu. La taille des bateaux est également primordiale. Lors d’un naufrage intervenu début février, des rescapés sont décédés à bord d’un navire garde-côte trop petit pour tenir au chaud tous les migrants. Avec Mare Nostrum, des bâtiments militaires de grand gabarit venaient au secours des migrants en détresse, permettant d’abriter et de nourrir la totalité des survivants.
____Autre problème : la zone d’intervention de Triton se limite aux eaux territoriales des pays de l’UE, alors que Mare Nostrum était autorisée à déployer ses navires en haute mer jusqu’à la limite des eaux libyennes et tunisiennes. Les naufrages survenant tous ou presque dans la même zone, les bateaux de Mare Nostrum, plus gros et plus nombreux, arrivaient aussi beaucoup plus rapidement sur place, permettant de gagner des heures précieuses. Rien ne change à ce propos.
______« L'engagement de plusieurs pays européens à fournir des ressources, des navires et des avions pour les opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée est bienvenu sur le papier, mais le refus d’étendre la zone opérationnelle de Triton ruine totalement ces intentions », estime Amnesty International. « Avoir des navires en Méditerranée n’a d’intérêt que s’ils sont au bon endroit. L’opération Triton ne couvre pas les zones où ont lieu la plupart des naufrages. De nombreuses vies ont été perdues à cause de cela. Si les navires n’opèrent pas plus loin, les migrants et réfugiés continueront à se noyer », ajoute Jean-François Dubost, responsable du programme Personnes déracinées de l'ONG.
___Alors que l’urgence est de sauver des vies, les États membres profitent de l’occasion pour développer leurs outils répressifs. Piocher dans les caisses de l’aide au développement pour financer les retours forcés de sans-papiers par avion est à cet égard le comble du cynisme. Par « réadmission », il faut comprendre que les pays de l’UE entendent demander aux pays tiers de ré-accueillir sur leur territoire les étrangers qui seraient passés sur leur sol avant de rejoindre l'Europe.
___Par exemple, des Maliens ou des Camerounais arrivés en Italie (en ayant survécu au Sahara et à la Méditerranée) après avoir traversé le Niger se verraient renvoyés vers ce dernier pays. L’objectif de « prévenir les flux de migrations irrégulières » est tout aussi problématique. La Déclaration universelle des droits de l’homme autorise quiconque à quitter son pays et à chercher refuge ailleurs. Barrer la route à une personne susceptible de demander l’asile en Europe est juridiquement interdit par le droit international. Pour discuter de tout cela, un sommet UE-Afrique a été programmé à Malte dans les prochaines semaines.
___La chasse aux trafiquants part d’une intention louable, au regard des atrocités que les filières mafieuses font subir aux migrants, notamment en Libye. Mais agir dans cette direction suppose tout d’abord d’en avoir la volonté, ce qui paraît douteux. L’Italie, favorable à une intervention militaire générale en Libye, fait pression sur les autres États membres pour obtenir un mandat aussi large que possible pour détruire les bateaux des trafiquants. 
___Plusieurs pays, dont la France, mettent en garde contre les difficultés légales. Un mandat de l’ONU est indispensable. Sera-t-il obtenu ? Par ailleurs, agir dans ce sens n’est pas sans danger. La vie des migrants risquerait d’être mise en péril par des frappes mal calibrées. Enfin une telle opération serait-elle utile ? Les réseaux de passeurs savent s’adapter à la plupart des obstacles mis sur leur chemin par les dirigeants européens. Ils sont d’ailleurs là pour ça. Le coût de la traversée en dépend. Plus la route est longue et périlleuse, plus les tarifs sont élevés. Aussi, en cas de destruction des bateaux de pêche, les trafiquants se rabattraient vraisemblablement sur les Zodiacs, faciles à acheminer et à cacher, et plus difficiles à viser (étant donné leur petite taille). 
___L’existence des réseaux est directement liée au manque de possibilités d’accès légal dans l’UE, comme l’a rappelé François Crépeau, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains des migrants, dans un entretien au Guardian. « L’inaction de l’Europe est en réalité ce qui crée le marché des trafiquants », insiste-t-il. 
___La « solidarité » enfin. Accueillir quelques milliers de Syriens, à Vingt-Huit, alors que le nombre de réfugiés atteint 4 millions, est indécent. Certains pays comme l’Allemagne ou la Suède participent de manière significative (respectivement 41 000 Syriens accueillis en 2014 et 32 000). Ce n’est pas le cas de la France (3 500). S’il est judicieux de renforcer les moyens mis à la disposition des pays ayant une façade méditerranéenne pour examiner les demandes d’asile, l’absence de remise en cause du dispositif de Dublin, qui fait du premier pays d’accueil l’État responsable de la procédure, est le signe de la persistance d'égoïsmes nationaux de la part d'États moins concernés. Des programmes de réinstallation à grande échelle, impliquant non seulement les pays de l’UE mais aussi les pays de l’OCDE, plus riches que les autres, sont indispensables. Il suffirait de prendre exemple sur ce qui a été fait il y a trente ans pour les boat people vietnamiens. Rien de tel n’est proposé. 
____Rien non plus sur les visas humanitaires, que les États, dans le cadre de relations bilatérales, peuvent délivrer dans leurs ambassades afin de permettre aux réfugiés de se rendre légalement (et donc en sécurité) dans le pays pour y demander l’asile. À l’échelon européen, le régime de la protection temporaire institué par la directive du 20 juillet 2001 n’est pas évoqué. Pourtant, ce dispositif, créé dans le sillage du conflit en ex-Yougoslavie et de la crise du Kosovo, avait permis d’offrir une protection immédiate et temporaire aux centaines de milliers de personnes déplacées et d’organiser le partage de l’accueil entre les États membres. Susceptible d'encadrer la situation actuelle, il serait aujourd’hui d’une grande utilité.
___Si certaines personnes fuient la guerre, d’autres fuient la misère. Pour elles, rien n’est prévu non plus, si ce n’est d'essayer de les arrêter le plus en amont possible de leur parcours migratoire. Malgré les appels de longue date de plusieurs ONG, et la requête de Jean-Claude Juncker, l'assouplissement des politiques des visas n'est pas envisagé. 
_____Ces quelques annonces reflètent, outre la difficulté d'obtenir un consensus à Vingt-Huit, la tétanie des dirigeants des États membres face à des opinions publiques jugées réfractaires sur les questions d'asile et d'immigration et face à la montée de l'extrême droite et des discours populistes un peu partout sur le continent. Les eurodéputés, y compris les membres du groupe populaire européen (PPE), ont exprimé quant à eux des positions moins conservatrices. Le PPE a ainsi préconisé la mise en place d'un dispositif de solidarité « contraignant » avec des quotas pour répartir les réfugiés entre les pays. Les Verts ont appelé à créer « plus de possibilités d'arriver légalement et en toute sécurité en Europe [pour les] personnes nécessitant une protection internationale », tandis que les socialistes, démocrates-chrétiens et libéraux (S&D, EPP et ALDE) ont préconisé d'aller bien au-delà en matière de sauvetage, de faciliter la délivrance de visas humanitaires et d'appliquer le régime de la protection temporaire." (Mediapart) 
___ ____________________Ne pas manquer l'émission: Ce soir où jamais.
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mardi 15 février 2022

Que font-ils chez nous?

   La grande hypocrisie

                          La question de l'immigration revient au coeur des débats préélectoraux. De la pire des manières. Avec ses approximations habituelles, ses amalgames fréquents, ses préjugés tenaces, ses passions exacerbées, son instrumentalisation jouant sur les peurs et parfois des fantasmes ancestraux..               La vieille question du travail clandestin dans différents secteurs d'activité, en France comme ailleurs est souvent encore passée sous silence. Les politiques migratoires varient au gré des circonstances et des idéologies, selon les perceptions d'une opinion publique marquée par l'air du temps et une connaissance du problème conditionnée par des préjugés variables, des connaissances de l'histoire aléatoires.                                                                                                __________"...Ils sont artisans, boulangers, restaurateurs, bouchers, soignants. Et toujours un peu plus nombreux à se mobiliser pour empêcher l’expulsion d’un employé immigré sur lequel ils savent compter. Ils sont aussi étrangers mais diplômés en France, parfois chercheurs dans des laboratoires prestigieux, sans pour autant parvenir à renouveler leur titre de séjour condition sine qua non pour pouvoir travailler.    A quelques semaines de l’élection présidentielle, quand les questions identitaires et sécuritaires se mélangent et hystérisent les débats sur l’immigration, ces récits disent une autre histoire : celle de la pénurie de main-d’œuvre, des freins administratifs kafkaïens et de la contribution des immigrés – qu’ils soient diplômés ou pas – à l’économie. Ils racontent leur présence essentielle, comme ces aides-soignantes en « première ligne » applaudies au début de la pandémie. Ils montrent, en creux, à l’autre bout du spectre, la faible affluence des étrangers plus qualifiés. « Ainsi la France, 6puissance économique mondiale, n’est que 19e au classement mondial “compétitivité et talents” élaboré par [l’école privée de management] l’Insead, qui mesure la capacité d’un pays à attirer, produire et retenir des talents », constatent des économistes dans une note du Conseil d’analyse économique de novembre 2021.   L’immigration a toujours rempli un rôle de compensation là où il y avait un vide, où les besoins n’étaient pas satisfaits par la population locale. A la fois sur les métiers pour lesquels la demande s’accroît brusquement et sur ceux qui sont en déclin comme l’artisanat en voie d’être mécanisé ou délocalisé. Certes, depuis l’époque des ouvriers spécialisés (OS) de Renault à Boulogne-Billancourt décrits par le sociologue Abdelmalek Sayad en 1986, le profil des immigrés de travail s’est diversifié. De plus en plus exercent une profession qualifiée, à l’instar des 11,5 % de médecins formés à l’étranger, ou des nombreux ingénieurs informatiques tunisiens...."   ___Que serait l'hôpital sans les nombreux médecins et chirurgiens étrangers...mal payés!

         Les migrations font partie de l'histoire des hommes. Un problème complexe et multiforme, sur lequel dominent le désaccord et la cacophonie, où l'UE montre sa faiblesse entre tolérance intéressée et rejet sans concession. C'est la grande dissonance: entre  l'accueil de Merkel il y a peu et les rejets sans nuances du bloc des pays plus à l'est, il y a conflit ouvert.  Malgré les appels des organisations  caritatives et humanitaires, les politiques d'accueil sa durcissent, comme en Grèce, parfois jusqu'à la fermeture systématique des passages possibles.                  C'est la politique du mur,  du grillage ou du barbelé. Certains gouvernants sont de plus en plus tentés, parfois sous la pression d'une opinion mal informée, par un grand renfermement, qui garantirait leur réélection. Sans égard pour une réalité migratoire complexe et multiforme.

            L'orbanisation gagne les esprits, jusqu'en France où elle devient un thème récurrent de la campagne, comme arme électorale.. Sans nuances. Etablir une forteresse à la Trump, c'est le grand fantasme pour certains, un cheval de bataille, l'instrumentalisation idéal du moment. Sans souci de nuances sur ce problème complexe.   La crise européenne de durcit, mettant à mal ses institutions, mettant à jour ses failles. Notamment l'impuissance face aux pressions de l'est. C'est souvent le retour aux vieilles recettes qui ne fonctionnent pas, un travail de Sisyphe. Les murs n'ont jamais rien réglé et n'ont jamais contribué à dissoudre les préjugés et les amalgames. Ils tendent plutôt à renforcer les violences:  "...Ils ont survolé la question, devenue, il est vrai, banale : les ministres européens de l’intérieur et chargés des migrations, réunis vendredi 8 octobre à Luxembourg, n’avaient pas envie de s’appesantir sur cette nouvelle affaire de pushbacks (refoulements illégaux) de migrants, révélée la veille par le consortium d’investigation Lighthouse Reports. Cette fois, celui-ci s’était appuyé sur des enregistrements prouvant les brutalités commises par des membres de forces de l’ordre, aux uniformes rendus anonymes, des « unités spéciales » à l’œuvre en Croatie, en Grèce et en Roumanie, et dont le financement pourrait venir de fonds européens...."

                        ____Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
          Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
     Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
     Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
    Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.   L'accueil des  migrants en France est l'objet de bien des critiques. De nombreux exemples, depuis ceux, médiatisés, de Calais et de la Porte de la Chapelle, notoirement mal gérés, ont le don de rendre impopulaires des phénomènes mal cernés, où les amalgames sont nombreux. Jusqu'au rejet xénophobe parfois. Ce n'est pas inédit dans notre histoire.     Beaucoup de migrants, même pour des raisons politiques, subissent actuellement un sort  pire que sous Sarkozy et Hortefeux. Pire que sous Hollande et Valls.      Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.  La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps     La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.   La Commissaire européenne Cécilia Malmström parlait en 2010 d’une nécessité pour assurer « la survie économique » de l’UE, Michel Barnier en 2011 a déclaré qu’il fallait des migrants pour garantir la survie des États-providences européens. On a, d’un côté, une politique sécuritaire anti-migration et, de l’autre, un discours utilitariste pro-migration. Aucune étude scientifique ne valide ces deux visions officielles. Les décideurs politiques font mine d’ignorer les travaux sur les ressorts complexes de l’immigration et ne considèrent pas les personnes concernées comme des acteurs de leur projet migratoire.    Quand on considère l'immigration européenne avant 1914, puis jusqu'à 1974, on prend conscience de l'importance (relative) des mouvements de populations périodiques qui sont venues modifier le visage d'une France toujours changeante, parfois lentement, parfois rapidement..    Par exemple, en France, ..dans les années 1920, le premier pays d'immigration au monde, devant les États-Unis eux-mêmes ! Sur le siècle écoulé, l'ensemble des étrangers et des naturalisés équivaut au croît de la population, environ quatre millions de personnes.   En 1931, les étrangers sont 2,9 millions sur 41,8 millions d'habitants, parmi lesquels 808 000 Italiens, 508 000 Polonais, 352 000 Espagnols, 250 000 Belges, 100 000 Suisses... À quoi s'ajoutent quelques dizaines de milliers de Kabyles d'Algérie. Les Polonais et, dans une moindre mesure, les Italiens vivent dans des communautés repliées sur elles-mêmes, avec leurs organisations culturelles, sociales et religieuses pilotées par les gouvernements de Varsovie ou Rome...                        ___________C'est toute une histoire, que celle de l'immigration en France. Mais pas qu'en France:La crise des réfugiés a remis les mouvements migratoires au cœur des obsessions européennes et, en particulier, allemandes. On le voit notamment à l’accueil qu’a reçu l’ouvrage de Philipp Ther, professeur à l’université de Vienne. Dans Die Zeit, Elisabeth von Thadden en salue l’ambition : retracer les flux migratoires qui ont agité l’Europe depuis 1492, date de l’expulsion d’Espagne d’un demi-million de Juifs et de musulmans. « La question qui l’intéresse est : tous ces émigrés ont-ils réussi à s’intégrer ? »     On sait, en général, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sept à huit millions de personnes ont été déplacées. Mais on ignore souvent, qu’une génération plus tôt, après la Première Guerre mondiale, ils étaient aussi des millions à être déracinés. Avant cela, il y eut bien entendu la révocation de l’édit de Nantes. Une bénédiction pour l’Allemagne, où les huguenots, qui comptaient beaucoup d’artisans fort qualifiés, se sont réfugiés en masse. Mais un sérieux défi aussi : Francfort, ville de 30 000 habitants, en accueillit pas moins de 100 000. On découvre des faits étonnants, comme l’intégration des Tatares musulmans à la république aristocratique de Pologne-Lituanie, au XVIe siècle, ou encore « la prouesse de l’Empire ottoman » qui accueillit, au XIXe siècle, à peu près deux millions de réfugiés musulmans chassés des Balkans.    Le paradoxe est que l’Etat moderne démocratique ne favorise pas ce genre d’accueil en masse. « Parce que les démocraties votent en permanence, elles font preuve de moins de patience, explique von Thadden. Or, il faut des générations avant que les réfugiés s’intègrent vraiment. » A ce titre, les Etats prémodernes, où le souverain cherchait avant tout son intérêt sans se soucier de l’avis de ses sujets, disposait d’une latitude bien plus grande....                                                                                                                         ___Barrer la route aux migrants, et même aux ONG  n'est certainement pas la solution. Les grillages et les murs n'ont jamais rien résolu.   De récents flottements annoncent peut-être d'autres orientations:   ...A couteaux tirés depuis des semaines avec le secteur associatif, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb fait cette première (et insuffisante) concession alors que les médias relaient le désarroi des migrants sur le territoire français, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estime que le projet de loi comporte des atteintes aux droits fondamentaux, et que plusieurs députés En Marche commencent à faire connaître leur désaccord… Après des mois de grand écart entre les discours humanistes du président Macron et la politique implacable de Gérard Collomb, cette première reculade donne un peu d’espoir – à condition que le rapport de force ne faiblisse pas. Et que ce ne soit pas le Parlement européen qui entérine cette notion de « pays tiers sûr » à laquelle le gouvernement français vient de renoncer...__

Réfugiés: d'un sommet à l'autre
 Entre émotion et raison 
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