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vendredi 31 octobre 2008

Fonds de pension : alerte !

Une bombe à retardement...

- " Lidée très en vogue jusqu'ici de financer les retraites uniquement par capitalisation est remise en question" (Philippon)______________________

-La finance veut transférer tous les risques vers les salariés-
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-"Albert Ewards, stratégiste monde de la SG qui prédit dans Les Echos du 23 septembre un risque de baisse sur les grands indices de plus de 50% d'ici quelques semestres. Pas de "bol" pour les baby-boomers qui voulaient prendre leur retraite dans les 5 ans. Plus largement la crise financière pose aussi la question du financement des retraites."_________

-Fonds de pension, piège à cons ? - : "Le travail de Frédéric Lordon examine les fondements sociaux, le fonctionnement et les fragilités de ce que nous sommes maintenant plusieurs à qualifier de « régime d’accumulation à dominante financière », de « régime d’accumulation financiarisé », ou encore de « régime de croissance patrimonial »"______________

Le krach boursier menace les retraites dans de nombreux pays:

"Avec la crise, c'est tout le système de retraites par capitalisation qui vacille. Aux Etats-Unis, la Sécurité sociale permet de toucher une pension mais le montant octroyé, correspondant en moyenne à 40 % du salaire, est souvent insuffisant et tous les Américains n'y ont pas droit. La quasi-totalité d'entre eux cotisent donc dans des fonds de pension. Soit dans des plans à "bénéfices garantis", où le salarié verse une cotisation à son entreprise qui s'engage à lui verser une retraite pour un montant fixé à l'avance (si l'entreprise ne peut le faire, le Pension Benefit Guaranty Corporation, un organisme d'Etat, prend le relais). Soit il décide de placer son capital à sa guise dans un fonds non garanti mais plus souple et souvent abondé par l'entreprise, comme les fameux "401-k", et reçoit à sa retraite le capital qu'il aura fait fructifier."Aujourd'hui la tempête financière dévoile les failles de tout le système", conclut l'économiste Thomas Philippon, professeur à l'université de New York. Les plans garantis "mettent en difficultés les entreprises. General Motors en souffre dramatiquement aujourd'hui", indique-t-il, car ce sont les sociétés qui doivent financer ces retraites alors que la crise met à mal leurs revenus. Tandis que les plans non garantis pénalisent les salariés. "Plus globalement, l'idée très en vogue jusqu'ici de financer les retraites uniquement par capitalisation est remise en question", estime M. Philippon.De fait, les Etats-Unis ne sont pas seuls dans la tourmente. Tous les pays qui ont opté pour un système équivalent, censé résoudre le casse-tête du financement des retraites par répartition menacé par le vieillissement de la population, sont concernés. Au Chili, où le système a été privatisé dans les années 1980, les fonds de pension auraient perdu 20 % de leur valeur. En Argentine, face à la déconfiture des fonds privés, l'Etat a même décidé de nationaliser le système et d'utiliser les 26 milliards de dollars gérés jusqu'ici par les fonds pour créer un régime public...

En Europe, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède ou la Finlande sont aussi touchés. Mais c'est en Pologne, en Hongrie et en République tchèque que les difficultés sont les plus sérieuses. Là-bas, les systèmes ont été privatisés plus récemment, pour désendetter les Etats et suivre les recommandations des grandes organisations internationales (Fonds monétaire international, Organisation de coopération et de développement économiques). Et contrairement à ceux des pays nordiques ou anglo-saxons, ces fonds n'ont pas accumulé assez de capitaux pour résister à une crise aiguë et longue."Lorsque la Bourse montait, on a porté trop d'attention aux systèmes par capitalisation, les systèmes de retraites ont été individualisés. Aujourd'hui, c'est chacun pour soi et les salariés risquent de se retrouver avec des retraites minables", alerte Pierre Habbard, de la TUAC, la commission syndicale consultative de l'OCDE.

Les retraités trahis par les fonds de pension:
"Pour beaucoup, non seulement les rêves de faire fortune en Bourse se sont évanouis, mais les espoirs d’une retraite paisible également. M. Maurice Jones, citoyen britannique et salarié modèle, peut en témoigner. Ayant commencé à travailler à 16 ans, il a gravi à la force du poignet tous les échelons de la hiérarchie, au point de devenir directeur de la division filature du groupe textile Lister & Co. Il a cotisé toute sa vie au fonds de pension maison. Pourtant, à 64 ans, il ne songe même plus à la retraite : il doit, comme il le dit, continuer à « travailler pour joindre les deux bouts ». Son entreprise a fait faillite, emportant au passage le fonds de pension qui y était rattaché ; l’argent qu’il y a versé pendant plus de trente ans s’est évaporé. Il n’a plus rien...
Le plus souvent, en effet, il existe une retraite publique pour limiter (un peu) les dégâts. Si la pension de base ne représente que 20 % environ du salaire d’activité en Grande-Bretagne, elle atteint 35 % aux Etats-Unis, et elle varie de 40 %, pour un couple disposant du salaire moyen, à 70 %, pour une personne ayant le salaire minimum, aux Pays-Bas. Il reste que, pour la plupart des salariés de ces pays, leurs futures retraites s’effondrent en même temps que les marchés financiers.
La glissade atteint déjà des proportions gigantesques : selon le cabinet d’audit américain Watson Wyatt, la valeur des fonds de pension a régressé de quelque 2 800 milliards de dollars, au niveau mondial, entre 1999 et 2002. Plus de dix fois le budget de la France. L’économiste Christian E. Weller fixe la perte moyenne pour un ménage américain disposant de fonds de pension à 43 % (. Et ce n’est pas fini.En fait, les salariés ne sont pas tous logés à la même enseigne, car ces fonds ne fonctionnent pas toujours selon les mêmes mécanismes. Pour simplifier, on peut dire qu’il en existe deux catégories : les fonds de pension à contribution définie et les fonds à cotisations définies. Les premiers assurent au cotisant une rente dont le montant est garanti par l’employeur (souvent 70 % ou 75 % du salaire d’activité). Pour l’épargnant, le résultat est assez proche du système par répartition, à cette différence près que l’argent récolté est placé en Bourse, et parfois en actions de l’entreprise. Lorsque celle-ci s’effondre, la catastrophe est au rendez-vous. C’est ce qui s’est passé chez Enron.Avec les fonds de pension à cotisations définies, le cotisant n’est plus assuré de rien. Ce qu’il touchera en fin de course dépend entièrement du niveau des taux d’intérêt et des actions au moment de son départ. C’est donc le salarié qui prend tous les risques...

Ces systèmes favorisent également l’insécurité sociale : on sait ce que l’on verse, mais pas ce que l’on va toucher. Les gestionnaires des fonds concernés brandissent les études montrant que, sur une longue période, les actions rapportent toujours. En réalité, tout dépend du moment du départ en retraite. S’il se situe en pleine hausse boursière, le calcul de la rente ou du capital versé sera au zénith. En période de débâcle, il sera au plus bas. L’économiste américain Christian E. Weller a calculé qu’en ayant économisé la même somme pendant quarante ans un retraité parti en 1966 avait doublé sa mise. Dix ans plus tard, un retraité partant dans les mêmes conditions ne touchait plus que 40 % de ce qu’il avait versé .

Responsable à la direction des fonds de pension de la Caisse des dépôts et consignations, M. Xavier Pétrolen le reconnaît : « Même sur des durées de portage très longues de vingt à trente ans, on peut avoir des rendements négatifs à la Bourse. » C’est la grande différence entre le régime par capitalisation et le régime par répartition : parce qu’il est lié à la volatilité des marchés, le premier ne peut pas apporter la sécurité, alors que le second, garanti par l’Etat et par l’ensemble des actifs, le peut...

Enfin, ces systèmes privés coûtent cher à l’Etat et aux régimes sociaux. En 2002, les exonérations de charges fiscales et de cotisations dont ont bénéficié les fonds d’épargne salariale représentent à elles seules la moitié du déficit de la sécurité sociale (4,5 milliards d’euros). Comme le fait remarquer M. Pierre-Yves Chanu, spécialiste des fonds de pension, conseiller de la Confédération générale du travail (CGT), « cela cannibalise le système », qui voit ses ressources, et donc sa capacité à répondre aux besoins, se réduire. ..La retraite par capitalisation n’est pas seulement économiquement absurde, socialement dangereuse et moralement injuste. A terme, son extension peut conduire à une implosion de la retraite par répartition, pourtant plus sûre et plus efficace." (Martine Bulard)

-Ségolène Royal ou les fonds de pension en douce
- Contre les fonds de pension(1)
-Contre les fonds de pension (2)
-Dix arguments contre les fonds de pension
-DEROUTE DES FONDS DE PENSION


jeudi 30 octobre 2008

CRISE :  not under control...

Sous-estimation de la crise financière en Europe ?

"Quels sont les volumes de crédits « infectés », si l'on peut dire, par la crise ? Le problème, c'est qu'on ne le sait pas vraiment, car ce système financier, fondé sur l'autorégulation, faisait tout pour cacher la réalité des choses"


-"The situation is manifestly not coming under control."(Krugman)_________

-Daniel Lebègue, ancien patron de la Caisse des dépôts et consignations, qui dirige aujourd'hui un organisme de lutte contre la corruption : « Les hedge funds sont le trou noir de la finance mondiale. » ____________

-"Liquidant leurs actifs en vitesse, tant qu'ils le peuvent, pour rembourser l'argent emprunté, les "hedge funds", ou fonds spéculatifs, tentent de sauver leur peau en fuyant les marchés, ce qui alimente une chute aveugle des bourses mondiales" (AFP)____________


L’Europe au bord de la crise monétaire:
"Les mouvements massifs de capitaux qui fuient le risque provoquent une crise gravissime sur le front des devises, en une réédition de celle qui avait éprouvé l’Asie en 1996. Mais cette fois, le monde entier est concerné, de l’Amérique Latine à l’Europe de l’Est sans oublier l’Asie. A tel point que Krugman, reprenant l’expression forgée par feu Saddam Hussein, la qualifie aujourd’hui de « mère de toute les crises. » Dans cette nouvelle tourmente, contrairement à la première vague qui avait frappé le crédit, c’est l’Europe - et ses banques - qui sont en première ligne, avec une exposition aux pays émergents qui se chiffre en trillions de dollars. Au risque de voir exploser l’Union Monétaire ? ...
Stephen Jen, responsable du secteur des devises chez Morgan Stanley, affirme que le crash des marchés émergents est un risque largement sous-estimé. Il menace de devenir « le deuxième épicentre de la crise financière mondiale », qui concernerait cette fois-ci l’Europe et non plus les USA.L’exposition des banques autrichiennes sur les marchés émergents est égale à 85% du PIB - avec une forte concentration en Hongrie, en Ukraine et en Serbie - qui tous, avec la Biélorussie, se pressent à la porte du FMI pour obtenir des prêts pour leur sauvetage.Le montant de cette exposition au risque représente 50% du PIB en Suisse, 25% en Suède, 24% au Royaume-Uni, et 23% en Espagne. Aux États-Unis elle n’est que de 4%. L’Amérique restera spectatrice durant ce nouvel épisode.Les banques espagnoles ont prêté 316 milliards de dollars à l’Amérique latine, près de deux fois le montant accordé par l’ensemble des banques américaines ( 172 milliards) à ce qui était autrefois le pré carré des États-Unis. D’où les doutes croissants qui s’expriment sur la santé du système financier espagnol - déjà en situation de stress en raison de la crise de l’immobilier - au moment où l’Argentine se rapproche d’un nouveau défaut de paiement, et où la devise, les obligations et les actions Brésiliennes sont en chute libre...

-Krugman : A la dérive:
Après la crise du crédit qui a mis à genoux les banques, puis la liquidation des hedges funds qui plombe les bourses, voici qu’un troisième cavalier fait son entrée : les pays émergents sont à leur tour déstabilisés, et leur fort endettement présage de nouvelles épreuves. « La situation n’est toujours pas sous contrôle » s’inquiète Krugman, « elle continue à se dégrader. »

-Le mystère de l'étendue réelle de la crise:
"Quels sont les volumes de crédits « infectés », si l'on peut dire, par la crise ? Le problème, c'est qu'on ne le sait pas vraiment, car ce système financier, fondé sur l'autorégulation, faisait tout pour cacher la réalité des choses. On cachait les mauvais crédits en les mélangeant avec les bons, on dissimulait les mauvais résultats dans des structures hors-bilan, on sous-traitait des opérations à des hedge funds (mot à mot : des fonds de couverture). Ces hedge funds qui travaillent à découvert, sans capitaux propres, sont en vérité des petites banques d'affaires. Quel est leur état de santé ? Mystère. On se souvient de LTCM, sauvé il y a dix ans par des banques. Pourquoi sauvé ? Parce qu'on ne savait quels étaient les engagements de LTCM et que LTCM lui-même ne le savait sans doute pas.
Qui contrôle les hedge funds ? Personne. Personne ne contrôlait non plus les banques d'affaires, qui viennent de passer avec le plan de sauvetage d'Henry Paulson sous le contrôle de la Fed, mais les hedge funds, eux, ont la particularité d'être situés, presque tous, dans des paradis fiscaux. Pourquoi dans des paradis fiscaux ? Pour échapper au droit, à l'État, bien entendu et faire profiter les clients de l'absence de contrôle, notamment fiscal. Que représentent-t-il ces hedge funds ? 2500 milliards de dollars. C'est beaucoup. Ils n'ont pas de prêteur en dernier ressort, de banque fédérale pour les sauver, ils n'ont qu'une possibilité, en cas de coup dur : la faillite...."

-Une défaillance des Hedge Funds est à craindre :
"... Il y a une catégorie d’acteurs qui occupe une place importante dans le système financier mondial et qui opère depuis des centres offshore : ce sont les Hedge Funds. Les derniers chiffres dont on disposait fin juillet montraient qu’il y avait environ 2.000 Hedge Funds qui géraient à peu près 2.000 milliards de dollars d’actifs. Soit l’équivalent des subprimes. Ce sont des montants considérables. Dans cette crise financière, il y a un risque systémique qui n’a pas été discuté : c’est l’univers des Hedge Funds. L’an dernier, la chancelière allemande Angela Merkel avait demandé une régulation des Hedge Funds. Elle n’a pas été écoutée.
...
Il y a un risque systémique sérieux du fait du manque de transparence, du fait d’une absence de règles et de contrôle. Pour les banques, il y a un prêteur en dernier ressort et un garant qui est l’Etat. Pour les Hedge Funds, il n’y a ni prêteur en dernier ressort, ni garant. Or, un tiers des actifs des Hedge Funds sont détenus par des particuliers, un tiers par des investisseurs institutionnels et un tiers par des fonds de fonds qui via des OPCVM ont investi dans des Hedge Funds pour “booster” leur rentabilité. Une défaillance en chaîne des Hedge Funds peut avoir des conséquences extrêmement graves....Le risque est très réel qu’une défaillance en chaîne des Hedge Funds ouvre une nouvelle faille dans le système financier. D’autant qu’il règne un climat de défiance généralisé. Toute défaillance se traduit par une perte finale pour les investisseurs. La transmission des pertes se fait de façon directe. Les fonds de pension vont subir des pertes et cela pèsera sur les retraites versées à leurs adhérents. Les détenteurs d’OPCVM ayant une composante Hedge Fund risquent de perdre gros aussi...."____________

(JPG)

Troisième vague

Après le marché du crédit, la bourse, la tempête sur le marché des devises rend encore plus périlleuse une situation déjà extrêmement difficile.Le processus de deleveraging, de liquidation généralisée, en gagnant les marchés émergents a eu pour effet de distordre à l’extrême le canal par lequel circulent au niveau mondial les flux de capitaux : le marché des devises. Le rapatriement massif et généralisé des capitaux internationaux provoque simultanément une hausse du dollar et une chute libre de la plupart des monnaies à l’exception du yen qui bénéficie de la liquidation du carry trade.Avec des variations proche de 20% en l’espace d’une semaine, c’est la possibilité même du commerce mondial qui est remise en cause.Aucune entreprise ne peut supporter une telle volatilité, aucun contrat ne peut être signé ni exécuté dans un tel environnement.Mais cette bourrasque qui gagne les pays émergents porte en elle une autre conséquence. Les banques des pays développés y ont des créances pour un montant de 4 700 milliards. Voilà donc fragilisée une nouvelle classe d’actif du système financier international, avec de nouvelles pertes et dépréciations à l’horizon, largement supérieures à celles dues à l’immobilier américain.De fracture en fracture, des pans entiers du système sont en train de sombrer. Si aucun coup d’arrêt n’est donné rapidement à cette spirale dépressive, une chose est sûre : ce processus de destruction fort peu créatrice à l’oeuvre va laisser derrière lui un champ de ruine.Si rien n’est fait, les Etats, les économies, seront en faillite dans les mois qui viennent, tant les sommes en jeu dépassent de jour en jour les capacités de refinancement, sauf à laisser sortir, comme le suggère Jacques Sapir, le vieux démon de sa boite : l’inflation.

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-« On a poussé les classes moyennes et les pauvres à s’endetter »
-Michel Aglietta : les salaires se sont déconnectés de la productivité
-Bourse : raison ou déraison ?
-Mondialisation implosive ?

mercredi 29 octobre 2008

Obamadeception : déjà...


Au-delà du mythe...
Qu'attendre vraiment d'Obama ?

Des progressistes américains s'inquiètent:

"Ces dernières semaines, le candidat démocrate est revenu sur plusieurs de ses promesses pour mieux se rapprocher du centre. Une dérive alarmante", estime The New York Times.

Bien sûr, avec McCain, ce serait pire, mais cela interdit-il de s'interroger ?
N'est-ce pas le système électoral qui est surtout en cause ?
La démocratie américaine n'est-elle pas mal en point?
Certains parlent de mirage démocratique...
Pourquoi ne parle-t-on pas des nombreux "petits candidats"?______________

"A gauche, les défenseurs d'Obama se rassurent à l'idée qu'il "fallait qu'il dise ça pour être élu". C'est faux. Après huit ans de Bush, les Américains sont prêts à réévaluer le rôle impérial de leur pays. Obama préfère ignorer cette occasion"(A.C.)________________

-"Obama : colombe ou faucon ?Comme l'écrit joliment le journaliste Nicholas Lemann, dans le New Yorker, après avoir interrogé les principaux acteurs de l'entourage de politique étrangère du candidat démocrate: «Sa campagne est comme un orchestre symphonique: les cordes jouent la partition de la coopération internationale, les cuivres celle de l'action agressive. Les deux sections jouent toujours ensemble mais, selon les moments, il y en a une qui joue plus fort que l'autre.» Difficile, donc, de prévoir qui jouera le plus fort et quand, si Obama arrive au pouvoir"(MP)_______________________

ÉTATS-UNIS • Barack Obama, ce réactionnaire:

Le coup de gueule d'Alexander Cockburn, l'un des chroniqueurs vedettes de la presse progressiste américaine...
Puisse-t-il faire une erreur d'analyse !

_________"En tant qu'homme de gauche, on pourrait s'attendre à ce que je soutienne Barack Obama. D'ailleurs, ces derniers jours, j'ai raclé les fonds de tiroirs en quête d'une seule bonne raison capable de m'inciter à voter pour lui.
Obama appelle au changement. Pourtant, jamais la lourde main du passé n'a si solidement tenu un candidat "réformateur" par le cou. Est-il possible de faire face aux problèmes de l'Amérique sans parler du budget de l'armement ? Le Pentagone dépense aujourd'hui plus qu'à n'importe quel moment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En "dollars réels", les 635 milliards de dollars [508 milliards d'euros] alloués à l'exercice 2007 sont supérieurs de 5 % au record précédent, en 1952. Or, Obama veut accroître les effectifs des forces armées de 90 000 hommes. Il jure qu'il va pousser à une escalade dans les opérations militaires américaines en Afghanistan, qu'il attaquera le territoire pakistanais si Islamabad empêche toute opération américaine unilatérale visant à tuer Oussama Ben Laden, et qu'il mènera la guerre contre le terrorisme dans une centaine de pays, qu'il créera une nouvelle infrastructure internationale de renseignement et police afin d'éliminer les réseaux terroristes...
La conséquence la plus immédiate à l'étranger d'une victoire du démocrate sera sans doute une brutale réaffirmation de l'empire. Déjà, Joe Biden [le colistier d'Obama], porte-étendard usé de l'intransigeance israélienne et de l'hystérie propre à l'époque de la Guerre froide, pousse des aboiements stridents sur le fait que le "courage" du nouveau gouvernement sera mis à l'épreuve au cours de ses six premiers mois d'existence par les Russes et leurs sbires. Concernant l'Iran, Obama est beaucoup plus va-t'en guerre que McCain.
Après huit ans d'assaut sans relâche contre les libertés constitutionnelles orchestré par Bush et Cheney, l'enthousiasme de l'opinion et de la justice pour la tyrannie s'est dissipé. Mais Obama a préféré appuyer Bush et Cheney. En février, quand il s'efforçait d'adopter un profil de gauche durant les primaires, il s'était opposé aux écoutes sans mandat. Son engagement en faveur de la liberté n'a pas duré bien longtemps. Cinq mois plus tard, il votait pour, et déclarait que "la capacité à surveiller et suivre la trace d'individus qui veulent attaquer les Etats-Unis est un outil vital de la lutte anti terroriste".
Bon ou méchant, tout politicien est un opportuniste ambitieux. Mais sous cette couche superficielle, ceux qui apposent leur marque constructive sur l'histoire restent fidèles à une idée centrale. Dans le cas d'Obama, cette "idée", c'est la distillation ultime de la politique identitaire : l'idée de sa couleur noire. Ceux qui prétendent qu'il cavalcaderait sans effort jusqu'à la Maison-Blanche s'il était blanc ne comprennent pas que sans sa caractéristique physique la plus saillante, il ne serait considéré que comme un sénateur de second rang au parcours peu impressionnant.
La campagne d'Obama a été la négation de presque tous les principes de la gauche, sans même un bêlement de protestation des progressistes qui pourraient lui demander des comptes. Les Michael Moore de ce monde se taisent. Obama a fait allégeance aux banquiers et à Wall Street, aux compagnies pétrolières, à l'industrie du charbon, au lobby du nucléaire, aux grands groupes agroalimentaires. Il n'a pas craint d'offenser la gauche et s'est montré constant dans sa volonté d'apaiser les puissants...."
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-OBAMA :déception annoncée ?..

-OBAMA m' inquiète déjà

-Le miracle n’aura pas lieu | AgoraVox:
"...Depuis la fin des primaires démocrates, les milliers de supporters de Barack Obama assistent abasourdis à sa volte-face sur des sujets qui l’ont rendu populaire auprès de l’électorat de gauche et même au-delà. « Serait-il plus conservateur qu’il ne l’a laissé paraître ? Assurément. », enfonce l’une des analystes politiques de CNN, tant la remise en cause de certains de ses engagements étonnent les « légions » de jeunes qui l’ont transformé en véritable phénomène politique. Mais ce revirement de Barack Obama ne semble guère surprendre les stratèges républicains. « Il n’avait pas le choix ». « Barack Obama à l’épreuve du cynisme politique », voilà résumé en une expression le nouveau discours de celui que l’on présentait encore il y a quelques semaines comme le John Kennedy noir. En un rien de temps, le candidat démocrate est passé maître dans l’art du flip-flopping. ...
Dans la bataille pour le centre, Barack Obama est entrain de perdre son âme, surtout ses convictions qui ont fortement convaincu des millions d’américains. Il voulait changer la politique, la transformer, il joue désormais selon les règles traditionnelles. Il ne marche plus sur les eaux, Barack Obama, il commence à boire « la tasse ». L’Irak, qui lui a apporté tellement de sympathie, est en train de devenir son « bourbier ». Les certitudes ont fait place à l’indécision..."

-Pêche aux évangélistes
-Ce que les médias français ne vous disent pas sur Obama
-La méthode Obama : faire payer les entreprises

- Elections USA : jeu de dupes ?
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-Obama est aussi le produit d’une démocratie à bout de souffle
S’il pouvait lire son compatriote R.M.Arthur...
« Une caste américaine, les élections aux Etats-Unis expliquées aux Français »
John R. MacArthur.
"Dans « Une caste américaine, les élections aux Etats-Unis expliquées aux Français » (Les Arènes),John R.MacArthur , directeur du « Harper’s magazine », dépèce méthodiquement le cadavre de la démocratie américaine. L’auteur du livre explique en quoi la démocratie états-unienne est une illusion, soigneusement entretenue par les médias. Pour ceux qui en douteraient encore, aux États-Unis, illustre patrie des libertés, la souveraineté populaire sombre doucement dans les eaux troubles du néolibéralisme et de la grande consommation. Tel est le message qu’adresse MacArthur au lecteur effaré par la longue revue de détails d’une démocratie en perdition. Tout passe sous le scalpel de l’écrivain-journaliste averti: l’impasse concertée du duel démocrate-républicain, les tricheries électorales, l’argent puissant des lobbyistes, les amours vénales entre politiques et grands industriels, l’hyperconsommation, et la mollesse servile des médias. .." [ Propos du directeur du Chicago Tribune, James Warren: « Je ne suis pas le rédacteur en chef d’un journal ; je suis le patron d’une entreprise de contenu »]
-
Démocratie US : mirage ?> Un bon show
- Rick Shenkman: "L’Amérique est une démocratie mal en point"
- Journalistes à tout faire de la presse américaine

mardi 28 octobre 2008

Rebatir la gauche ?


Que reste-t-il du P.S. ?
Qu'est devenue la "société des socialistes", l'espace nouveau promis du "vivre ensemble"?

La guerre des chapelles est d'autant plus vive que le débat d'idées fait défaut...
Comment en est-on arrivé là ?

-"En matière de privatisations, la gauche plurielle a réalisé en trois ans un programme plus important que n'importe quel autre gouvernement français" (Revue Socialiste 07/2000)

C’est la gauche du Vieux Monde qui ressemble de plus en plus à la gauche américaine », ( Lipset)

-« Le projet historique de la social-démocratie est définitivement achevé », ( Pierre Rosanvallon )

- Jean-Pierre Le Goff remarque les efforts pathétiques de la gauche pour « maintenir ensemble les morceaux d’une identité éclatée », oscillant sans cesse entre ses conceptions traditionnelles et « une fuite en avant moderniste » censée lui attirer les bonnes grâces des couches sociales montantes_______________________

"Sortir la gauche du coma":

"Et si le socialisme disparaissait de la surface de l’Europe ? En ce début de millénaire, son avenir n’est aucunement assuré. Cette question troublante vient à l’esprit à la lecture du livre des politologues américains Seymour Martin Lipset et Gary Marks qui explique « pourquoi le socialisme a échoué aux Etats-Unis » (1). « Les Etats-Unis sont la seule démocratie occidentale dominée par un système de deux partis favorables au capitalisme libéral », affirment-ils. S’il a toujours existé, ayant même pu gagner des positions de pouvoir locales ou syndicales, le « Parti socialiste » n’y est jamais sorti de sa marginalité. Les auteurs distinguent plusieurs facteurs explicatifs de cette impuissance. Le premier tient à la « culture américaine » caractérisée par un anti-étatisme et un individualisme générateurs d’hostilité à l’encontre de l’idéologie socialiste. D’autant plus que – second facteur – les socialistes américains n’ont pas fait preuve d’une grande souplesse politique, contrairement à leurs homologues dans plusieurs pays de tradition anglo-saxonne. Ils se sont dramatiquement coupés des organisations syndicales. La sociologie particulière de la classe ouvrière américaine ajoute une troisième explication majeure de leur faillite : « Les clivages ethniques, religieux et raciaux furent des sources d’identité politique plus fortes pour la plupart des travailleurs américains que leur communauté en tant que classe ». Le caractère très contraignant du système électoral favorisant le bipartisme n’était pas, en lui-même, un obstacle insurmontable. Si le socialisme américain avait suffisamment gagné en influence, il aurait pu devenir ou pénétrer un des deux grands partis en compétition pour le pouvoir.
Les causes structurelles dégagées par Lipset et Marks pour rendre compte de l’absence du socialisme américain rappellent étrangement les évolutions idéologiques et sociologiques qui remodèlent l’Europe dans la phase actuelle. L’individualisme et l’anti-étatisme ont fait des pas de géant sur le Vieux Continent. Les gauches social-démocrates se sont éloignées des organisations syndicales. L’ancienne « classe ouvrière » a laissé la place à une galaxie hétérogène de « salariés d’exécution » de plus en plus séparés par des clivages professionnels, de mode de vie, ou même ethniques – avec la constitution d’un fort prolétariat immigré ou d’origine étrangère. Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, le socialisme disparaîtra en Europe pour les raisons précises qui lui ont interdit d’émerger aux Etats-Unis. C’est un constat banal que l’Europe s’américanise – dans ses manières de vivre comme de penser. Pourquoi sa spécificité social-démocrate échapperait-elle à ce mouvement général ? « C’est la gauche du Vieux Monde qui ressemble de plus en plus à la gauche américaine », observe Lipset . Comme si l’Europe, se dépouillant de son héritage féodal dont les classes sociales étaient issues, épousait désormais totalement le capitalisme. ..

-L’américanisation de la gauche européenne:
"Dans un livre publié en 1998, un brillant sociologue affirmait : « il n’y a plus aucune alternative au capitalisme. Le débat ne porte plus que sur la question de savoir jusqu’où et par quels moyens on doit régir et réguler le capitalisme. » Ces paroles sont tout particulièrement remarquables parce que l’homme qui les a écrites, Anthony Giddens, était aussi célèbre pour être le gourou intellectuel du Premier Ministre britannique et chef du Parti travailliste, Tony Blair. En se convertissant à la troisième voie (The Third Way, titre du livre de Giddens), qu’il faut clairement comprendre comme la voie médiane évitant à la fois l’anticapitalisme de gauche et le conservatisme de droite, Blair a contribué à mettre fin à une période d’un siècle pendant laquelle la gauche européenne a été dominée par les socialistes. En agissant ainsi, lui et ses homologues du continent ont également facilité un processus qui a eu pour effet de rapprocher davantage les divisions entre les partis politiques européens de celles existant aux États-Unis où le socialisme n’a jamais vraiment pris pied..."

-La crise durable de la gauche : la mondialisation :
"...La crise de la gauche tient à un épuisement idéologique sans précédent et probablement sans remède. Faute de voir encore un avenir au parti socialiste, ses figures les plus marquantes le quittent. ...
Cette globalisation suscite, qu'on le veuille ou non, un effet de vases communiquant, entraînant entre les grandes zones du monde une contagion des inégalités et parfois de la précarité. Qui ne voit que la tendance naturelle du libéralisme mondialisé est l'alignement par le haut des inégalités mondiales ? La globalisation du marché de l'immobilier en est un signe parmi d'autres. La course au moins disant fiscal ou au moins disant social entrave les régulations de l'Etat providence, dont les partis sociaux démocrates, même s'ils n'en avaient pas l'exclusivité, avaient fait leur fonds de commerce.
Encore cette globalisation n'aurait-elle pas eu tant d'effets si les grands partis de gauche avaient pu y faire obstacle. Or non seulement ils ne l'ont pas fait mais ils ont au contraire encouragé cette évolution, parti socialiste en tête. Ils l'ont fait d'abord parce que la gauche n'a jamais surmonté sa contradiction fondamentale : elle se veut à la fois le parti de la justice sociale et celui de l'universalisme, pour ne pas dire de l'internationalisme. C'est en raison de sa propension originelle à l'universalité qu'elle n'a pu s'opposer à un progrès des échanges de toutes sortes qui prenait le visage de l'ouverture au monde et du dépassement des frontières, sans mesurer que cette ouverture à un monde qui n'est pas encore, ni près, socialiste ne pouvait que compromettre son autre objectif, celui de la justice sociale..."

-Une gauche désintégrée par la tourmente financière:
"...La crise capitaliste actuelle ne laisse pas indemne le projet au nom duquel le social-libéralisme se voulait adaptation au défi de la modernité. Depuis une vingtaine d’années, l’ensemble de la social-démocratie s’accordait sur l’idée que le capitalisme était sorti vainqueur des affres du XX° siècle, que la mondialisation rendait inévitable l’acceptation de la doxa néolibérale, qu’il ne restait plus qu’à accompagner cette évolution en cherchant à en atténuer les effets les plus erratiques. Avant de devenir un penseur du sarkozysme gouvernemental, voilà des années que Jacques Attali théorise cette mutation des sociaux-démocrates en sociaux-libéraux. Il est vrai qu’il y contribua fortement en inspirant le « tournant de la rigueur » que la gauche gouvernante décréta en 1983, sous l’égide de François Mitterrand...
cette gauche sans ressorts laisse le terrain totalement libre à Nicolas Sarkozy. Celui-ci peut sans risque user d’une rhétorique qui se serait écroulée à peine formulée s’il existait une opposition digne de ce nom. Il lui est même loisible de paraître occuper simultanément l’espace de la droite et celui de la gauche. Promettre d’intensifier la révolution néoconservatrice dont il a fait son projet, et se revendiquer du volontarisme en politique. La rue de Solferino en reste muette…"
-La gauche est morte, vive la gauche !

-Le désarroi des socialistes d’en bas
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HORIZONS ET COUPS DE COEUR : Crise de la gauche

lundi 27 octobre 2008

Israël : crises

Héritages et nouveaux défis

Paradoxes, fractures, crises et blocages politiques
Une société traversée par des contradictions












- Ehoud Barak : «Je suppose que si j'avais été palestinien quand j'étais jeune, j'aurais fait partie d'un mouvement terroriste»?________

-Tzipi Livni : la colonisation ne «nuit pas au processus de paix».___

-Représentation à la Knesset:
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En Israël, l’échec de Tzipi Livni sanctionne la faillite politique de l'Etat | Mediapart:

"...Trois ans après sa création par Ariel Sharon, le parti centriste est largement discrédité par les affaires de corruption qui ont entaché le mandat du premier ministre démissionnaire, Ehoud Olmert. Pourtant, après avoir violemment critiqué Olmert et affiché ses ambitions dès le printemps 2007, Tzipi Livni peine à insuffler une dynamique nouvelle.Ce qui ne surpend pas le sociologue israélien Uri Ram, professeur émérite à l'université Ben Gourion et auteur en 2007 de l'ouvrage The Globalization of Israel: Mcworld in Tel-Aviv, Jihad in Jerusalem. «La nouvelle génération, dont Tzipi Livni devait être un des fers de lance, n'est qu'un mythe, juge-t-il. En Israël, depuis la fin des années quatre-vingt, les talents vont au monde universitaire, de la culture, des affaires. Faire carrière en politique, un monde synonyme de compromission, de corruption, est aujourd'hui perçu de manière très négative.» Autre déception : le discours de «Zipi» Livni sur les Palestiniens et la colonisation de la Cisjordanie se révèle être un copié-collé des positions les plus dures d'Ehoud Olmert, version début de mandat. Rétive plutôt que pragmatique, elle ne pas soutient pas le plan de retrait de 98,5 % de la Cisjordanie, que le premier ministre a présenté à Mahmoud Abbas à la fin de l'été 2008....

La «feuille de route» parrainée par Washington n'est plus qu'un lointain souvenir. Annoncée comme une étape décisive, la conférence d'Annapolis organisée fin novembre 2007 n'a débouché sur aucune conclusion. Aucun nouveau rendez-vous n'a été pris. Nommé émissaire spécial du Quartet au mois de juin 2007, Tony Blair achève de dilapider son prestige politique à mesure que le gouvernement israélien continue de piétiner ses déclarations d'intentions....
Pourtant, selon l'historien israélien Shlomo Sand, toute la classe politique sait désormais que pour assurer son existence et s'éviter une troisième Intifada, dont le Hamas et le Djihad islamique ont récemment réitéré la menace, Israël doit quitter des territoires occupés dont il ne tire plus aucun profit, économique ou politique...
Éditorialiste au quotidien Haaretz, Aluf Benn ne dit pas autre chose. Dans un article paru dans l'édition du 10 octobre, il dénonce «cette schizophrénie de l'Etat», alimentée selon lui par le premier ministre Ehoud Olmert, «qui a déclaré son soutien à l'évacuation des colonies situées au-delà de la clôture. Mais dans les faits, après la démolition des maisons d'Amona, il a lâché la bride aux colons. Le ministre de la défense, Ehoud Barak, a refusé d'entrer en conflit avec les colons au nom du gouvernement et a cherché les voies d'un dialogue avec eux, en affirmant ne pas être prêt à résoudre seuls les problèmes créés par ses prédécesseurs 40 ans durant. Il s'appuie sur les réticences de l'armée et de la police à affecter des hommes à l'évacuation forcée d'avant-postes. C'est ainsi qu'a été créée une espèce de statu quo. Le gouvernement s'est résigné à l'existence des avant-postes et a fermé les yeux sur la multiplication des constructions dans les colonies au-delà de la clôture. Les colons se sont efforcés de s'abstenir de provocations, de protestations ou de perturber la vie de ce côté-ci de la clôture.»...
«Dans les analyses faites en Occident, estime Marius Schattner, on néglige trop souvent les conflits internes à la société israélienne, qui pourraient conduire à la destruction de l'Etat. Il faut examiner par exemple le sort des colons, qui ne sont plus un groupe d'avant-garde. Ce courant est aujourd'hui en retrait par rapport à ce qu'il était dans les années soixante-dix. Mais il a réussi, entre temps, à créer des faits accomplis. De manière générale, le mouvement traditionaliste religieux est en recul, et c'est qui explique sa violence. La population israélienne ne croit plus au mythe du Grand Israël, de la Méditerranée au Jourdain. C'est fini. L'enthousiasme expansionniste est mort, mais il n'y a plus non plus de foi dans la paix. Les blocages ne proviennent donc pas uniquement d'un système politique déficient.» ...

«Tant que l’on ne modifiera pas notre système d’élection à la proportionnelle, on aura ces problèmes de coalitions instables», estime la chercheuse Tsilla Hershco, du Begin-Sadat Center for Strategic studies.Depuis sa création, Israël a poussé à l’extrême le concept de régime parlementaire en adoptant la proportionnelle intégrale. Or, en soixante années d’existence, la population israélienne a été multipliée par 10 – Israël compte 7 millions d’habitants en 2008 –, le sionisme socialiste fondateur a largement perdu de son influence et le contexte régional a largement évolué.Mais pas le système politique. «Le paradoxe est impressionnant : pays jeune, pays neuf, Israël est réputé pour sa capacité d'innovation dans tous les domaines, hormis son système politique qui est demeuré à peu près identique», écrivait Denis Charbit, maître de conférences en sciences politiques à l'Open University d'Israël, dans un article publié l’an passé dans la revue Questions internationales, pour les soixante ans d’Israël....

"Le système politique traverse une grave crise, c’est indéniable. Mais le problème vient davantage des partis, qui ont subi un long processus de communautarisation, à l’image du Likoud, et ne paraissent plus capables de représenter des intérêts civils. Les partis "dominants" sont aujourd’hui des machines électorales, des outils de communications créés pour porter au sommet de l’Etat des personnages factices. Ce sont des coquilles vides de cadres et de programmes politiques
Israël ne bénéficie aujourd’hui que d’une série de lois fondamentales(constitution), qui posent Israël comme étant «l’Etat des juifs», ce qui exclut un cinquième de sa population, les Arabes israéliens.
Problématique d'une actualité brûlante, comme le démontrent encore cette semaine les émeutes de Saint-Jean-d’Acre, cette question constitutionnelle est totalement délaissée par les principaux partis représentés à la Knesset, qui se bornent, à l'image d’Ehoud Olmert, à répéter de vagues lieux communs sur la nécessité d’apprendre à «mieux vivre ensemble».Or cette absence de volonté politique de la part des courants historiques de la politique israélienne confère une large place à l’expression des positions les plus extrêmes. Le gouvernement israélien a ainsi approuvé, le 7 septembre 2008, la proposition du ministre de la justice, Daniel Friedmann, visant à amender la loi fondamentale sur le système judiciaire dans le but de restreindre le pouvoir de la Cour suprême. Dans les faits, la Cour suprême n’est désormais plus en capacité d’annuler une loi qui ne violerait pas directement une des lois fondamentales. Et lorsqu’une de ces lois serait violée, une majorité simple au Parlement permettrait de passer outre à la décision de la Cour.En clair, une majorité simple de députés suffit donc, aujourd'hui en Israël, pour interdire par un vote aux Arabes israéliens de se rendre sur les mêmes plages que leurs compatriotes juifs, ou de s’asseoir à côté d’eux dans le bus, comme des députés de la droite nationaliste l’avaient suggéré quand Israël subissait des attentats suicide répétés.Fort de son succès, le ministre de la justice, pour lequel «Zipi» a pris le risque de faire échouer l'accord avec un parti travailliste qui lui est hostile, entend désormais s’attaquerau système de nomination des juges de la Cour suprême, le seul fait de les savoir indépendants du pouvoir politique lui étant insupportable…Au-delà de l’activisme forcené de Daniel Friedmann, ce problème constitutionnel «démontre, pour Uri Ram, l’incapacité d’Israël à sortir de l’idée d’un "Etat juif démocratique". Dans le paradigme politique dominant, il est en effet plus aisé d’user de cette notion contradictoire, plutôt que d’affirmer clairement qu’elle implique une supériorité des citoyens juifs dans cet Etat. Examiner ce concept permettrait de briser ce tabou et de résoudre les contradictions de notre Etat, condition essentielle de sa pérennité. Malheureusement, nous n’en prenons pas le chemin».
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-Laïcs/religieux en Israël: un livre pour comprendre l'autre conflit:

"L'auteur de Israël, l'autre conflit reconnait qu'il ne prétend pas à la neutralité, en rêvant d'un autre judaïsme, voire même d'un autre Israël. Mais il a aussi fait un travail rigoureux, une plongée dans l'histoire du mouvement sioniste, remontant jusqu'à ses racines européennes au XIXe siècle, pour retracer cette fracture ancienne et durable entre les mondes laïc et religieux.L'actualité de cette étude est évidente, avec le rôle de deux partis religieux dans la tenue d'élections anticipées en Israël (lire ci-dessous). Passés maîtres dans le chantage politico-financier, ces partis sont au coeur de cette problématique qui pèse sur la vie politique israélienne, mais aussi sur l'évolution de cette société dans laquelle la cohabitation entre laïcs et religieux n'est pas toujours simple, même si elle est moins connue à l'extérieur que l'enjeu plus classique israélo-palestinien....
Marius Schattner
apporte plusieurs clés de compréhension de ce conflit, en particulier la distinction entre d'un côté un sionisme religieux qui a accompagné depuis longtemps la construction de l'Etat juif et qui a connu un grand essor après l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza à partir de 1967 et avec le mouvement de colonisation, et de l'autre un ultranationalisme au nom de la Torah, qu'il juge autrement plus dangereux.Entre dans cette dernière catégorie: l'assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, et sans doute les auteurs de la tentative d'attentat contre l'universitaire pacifiste Zeev Sternhelltout récemment. Pour Marius Schattner, ces actes révèlent:"Le potentiel dévastateur du mélange de nationalisme et de religion, quand brader la moindre parcelle d'Eretz Israël est considéré comme pire qu'une trahison: un sacrilège."
Et dans ce contexte, alors que chacun sait en Israël qu'une paix réelle ne se fera qu'au prix de concessions importantes, y compris dans la ville sacrée de Jérusalem, la montée en puissance de ce nationalisme religieux porte en elle les germes des crises à venir:

On peut imaginer ce qui risque de se passer quand il faudra évacuer non point 8000 colons de la bande de Gaza, mais au moins vingt fois plus de Judée Samarie (Cisjordanie), territoire avec lequel le lien religieux et historique est beaucoup plus fort, émaillé qu'il est de lieux saints traditionnels comme le Caveau des patriarches à Hébron, ou redécouverts depuis 1967, sans compter le Lieu saint par excellence, le mont du Temple à Jérusalem, site de l'Esplanade des mosquées.Par delà l'attache à des lieux aussi sacrés, la question se pose de savoir pourquoi la religion juive, dans sa version dominante en Israël, se prête à une telle alliance avec le nationalisme le plus extrême.

Marius Schattner rappelle justement qu'une telle alliance n'est pas inhérente au fait religieux, et cite le regretté professeur Yeshayahou Leibowitz (1903-1993), figure intellectuelle et religieuse majeure, resté célèbre pour avoir pronostiqué dès 1967 qu'Israël commettait une erreur capitale en décidant de profiter de sa victoire militaire pour occuper durablement les territoires palestiniens.Une partie des clés se trouvent effectivement dans l'histoire. Mais aussi dans les compromis historiques noués à la naissance de l'Etat juif en 1948, et qui expliquent pourquoi, jusqu'à ce jour, il n'existe toujours pas de constitution en Israël.

"Le mouvement de « retour » au judaïsme orthodoxe « s'accorde avec la montée de l'individualisme, avec la déperdition des idéologies collectives et la fragmentation de la société: toutes les caractéristiques de la modernité qui s'appliquent à Israël.Fait remarquable, au cours des dernières années, ce sont les mouvements religieux les moins politiques comme le courant Braslav du hassidisme, qui attirent les plus jeunes, sans compter la vogue pour la Cabale, version Madonna, et autres mysticismes façon New Age, à l'extrême limite du judaïsme."

Cette réalité pèse sur la capacité d'Israël à faire des choix pour régler l' »autre conflit, celui qui l'oppose à ses voisins arabes, à commencer par les Palestiniens. Il y a peu, Ehud Olmert, le Premier ministre démissionnaire mais toujours en fonction, se prononçait pour des concessions audacieuses pour parvenir à la paix, y compris la division de Jérusalem, tabou suprême. Cruelle ironie, c'est seulement lorsqu'il n'a plus les moyens politiques de les mettre en oeuvre, que Olmert avance ces idées...Alors qu'Israël va affronter de nouvelles élections générales, cette fracture laïcs-religieux ne risque pas de se réduire, restant l'un des obstacles -ce n'est pas le seul...- sur le chemin de la paix."

-Laïcs/religieux en Israël : un livre pour comprendre l'autre conflit

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-A War to Start All Wars - Shlomo Ben-Ami:

>> 1948 : la mère de toutes les guerres - Shlomo Ben-Ami:
"...Refusant d’admettre que le noble rêve juif d’un Etat ait été entaché par les méfaits commis lors de la naissance d’Israël, et voulant à tout prix nier la centralité du problème palestinien dans le conflit élargi du Moyen-Orient, les Israéliens ont préféré s’en tenir à leur lutte pour l’indépendance contre des armées arabes d’invasion censées être supérieures. Or, c’est sans doute la guerre entre la population palestinienne « indigène » et le Yishouv (communauté juive organisée de Palestine) qui a constitué la phase la plus virulente de ce conflit. Ce fut pendant cette période, entre le 30 novembre 1947 et le 15 mai 1948, que le sort de l’Etat juif encore à naître a semblé ne tenir qu’à un fil. Et pourtant, la pensée, répandue et cultivée depuis, a refoulé le souvenir de cette bataille pour se focaliser sur la résistance héroïque d’un Yishouv minuscule face aux armées arabes d’invasion, lors de la deuxième phase du conflit, soit entre le 15 mai 1948 et le printemps 1949. Une fois la guerre terminée, le problème palestinien a pratiquement disparu du débat public en Israël, ou alors, il était qualifié de termes commodes comme un problème de "réfugiés" ou d’"infiltrés". C’était comme s’il n’y avait jamais eu de conflit israélo-palestinien ou de peuple palestinien. Comme l’avait dit Golda Meir dans sa fameuse phrase, "ils n’existaient pas"....
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"Les jeunes soldats juifs religieux représentent aujourd’hui la moitié des effectifs dans les cours formant les futurs officiers, et 20% des combattants des unités des sous-marins sont des Juifs pratiquants. Aujourd’hui, il n’existe pas de cours destiné aux officiers qui n’ait un chapitre sur les valeurs du judaïsme. Est-ce que Tsahal évolue ? Est-ce qu’il y aura des missions que l’on ne pourra pas lui demander d’effectuer ?Ce n’est un secret pour personne que, ces dernières années, les jeunes qui portent la kippa (calotte) prennent dans Tsahal la place qui fut tenue pendant longtemps par les jeunes des kibboutz et des villages collectifs. Le phénomène ne fait que s’accélérer.Dans les cours de Tsahal destinés aux officiers, presque la moitié des participants sont des jeunes d’origine du milieu sioniste-religieux. Ainsi, quatre sur six des officiers de l’unité Golani portent la kippa. Dans le commando marin, quatre des officiers supérieurs viennent de ce milieu et, dans l’escadrille des sous-marins, 20% des combattants sont également religieux.Résultat : aujourd’hui les cours destinés aux officiers incluent un enseignement sur les valeurs du judaïsme, chose qui n’existait pas auparavant...(SBA)
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Selon les sondages, Meretz serait crédité de 5 à 6 mandats lors des prochaines élections.
Meretz prône la fin de l’occupation des territoires palestiniens, le retrait d’Israël sur les frontières de 1967, la reprise des pourparlers avec l’Autorité Palestinienne, l’arrêt complet de la construction des implantations et leur démantèlement. L’Etat d’Israël doit être la patrie du peuple juif, mais il doit garantir l’égalité des droits à tous ses citoyens, y compris aux Arabes israéliens. Meretz milite pour l’égalité des droits des homosexuels, et pour la promotion du statut de la femme dans la société israélienne. Il prône la séparation entre la religion et les institutions de l’Etat, la mise en place du mariage civil, et il insiste sur la nécessité de la création d’une constitution pour le pays.
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-Olmert : regrets tardifs
- Vu de Tel-Aviv
-Israël : entre mythe et histoire
-Palestine : simple " problème démographique" ?
-Israël face à son histoire (E. Rouleau)

dimanche 26 octobre 2008

De tout un peu




1-Pourquoi on ne ferme pas les Bourses:
"...Au vu de leurs plongeons, le plus sage ne serait-il pas de suspendre quelques jours les cotations, afin que les investisseurs puissent, comme les y avait exhortés le président de la Banque ­centrale, Jean-Claude Trichet, il y a deux semaines, « reprendre leurs esprits » ? En gelant provisoirement les cours des actions, on enrayerait la spirale infernale dans laquelle la baisse entraîne la baisse, puisque certaines institutions financières et fonds de placement sont contraints de reconstituer leurs réserves, et donc de vendre, à mesure que la valeur de leurs placements diminue. Le gouvernement russe s'y est essayé à plusieurs reprises, et a d'ailleurs à nouveau pris la décision vendredi de fermer le marché jusqu'à mardi. Mais il est manifeste avec son exemple qu'arrêter les Bourses revient à casser le thermomètre, sans traiter la maladie..."

2-Crise financière : les riches sont trop riches ! | AgoraVox:
..."Dix millions de personnes (soit 0,15% de la population de la planète) possèdent vingt cinq pour cent de la richesse mondiale et 5% de la richesse mondiale est détenue par 100.000 personnes, soit 0,00015%""Ces chiffres ne parlent pas, mais tout bon arithméticien peut les faire parler. Ainsi: 10 millions se personnes sont 220 fois plus riches que la moyenne mondiale, 100 000 sont 35000 fois plus riches.Et ce processus va en s’aggravant: La part des salaires dans le produit intérieur brut français a baissé de 9,3% entre 1983 et 2006. "Ce qui veut dire que pendant que la part des salaires passait de 70 à 60.7% du PIB, celle du capital passait 30% à 39.3%.En d’autres termes, les dividendes augmentaient de 33% pendant que les salaires baissaient de 15%.Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel disent-ils, sans trop y croire. La courbe des inégalités non plus: ce qui signifie qu’à force de l’étirer vers le haut d’un coté, elle va craquer. De fait, il se produit une rupture dans l’harmonie naturelle de la courbe de répartition des pouvoirs d’achat, et qui correspond à la disparition des classes moyennes...." (JL)

3- Encore un effort, nationalisons vraiment les banques:
"...une solution s'impose à un nombre croissant d'économistes : la prise de contrôle par l'Etat du secteur bancaire dans son ensemble ou du moins des principales banques afin de les amener à s'entre-prêter et à prêter aux particuliers et aux entreprises. Ce dernier point est essentiel car il faut à tout prix bloquer la contagion (rapide) à l'économie réelle. Il ne sera pas nécessaire de faire pression sur les banques pour qu'elles se prêtent puisque, à l'instant de la nationalisation, chacune prêtera à toutes, sachant que les autres font confiance à chacune. L'Etat pourra lui-même contrôler la situation réelle de ses banques et ouvrir les prêts aux besoins de financement des acteurs économiques. Et il faut aller vite car demain, comme lors des grandes crises précédentes, c'est l'économie réelle effondrée qui asséchera les demandes de crédit !...

4- Michel Rocard : les idées de Friedman ont laissé toute l’avidité, la voracité humaine s’exprimer librement.:
"« Il faudra ... condamner l’espoir d’une rentabilité à 15 %, alors que le PIB croît de 2 % par an. Cet objectif de 15 % est un objectif de guerre civile. Or, il a été formulé par les professionnels de l’épargne et personne n’a rien dit. Aujourd’hui, si on ne trouve pas d’inflexion, on est dans le mur. Le déclin du Bas-Empire romain a commencé comme ça... »....

5-Les Hedges Funds "la bombe"
"...C'est une véritable "bombe" que la bulle des hedges funds, qui sera la prochaine "tonne de briques" à tomber sur le système.Les hedges funds gèrent quelques 2 000 milliards de dollars soit deux fois le montant des subprimes.

Or bien que les hedges funds se nourrissent de la crise (et l'amplifient) en spéculant à la baisse des valeurs, ces sympathiques outils financiers abritent aussi des actifs à haut risque.

Un banquier new-yorkais confie que " de plus en plus de clients de ces fonds - pour 1/3 des banques et assurances, pour 1/3 des particuliers très fortunés, pour 1/3 des organismes de placement - en mal d'argent frais cherchent aujourd'hui à récupérer leurs billes".

"Les demandes enrégistrées" indique-t-il "atteignent 30 à 40% des actifs, soit 600 à 800 millions de dollars..""Certaines banques françaises auront des problèmes majeurs, car si ces mouvements de retrait s'amplifient, certains risquent de ne pas revoir la couleur de leur argent..!"

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- Les risques obligés d’Obama
-Pierre Rabhi: «Le développement durable est une mystification»
-MALAWI • Un modèle agricole pour l'Afrique

samedi 25 octobre 2008

Mondialisation implosive ?

En 2006 , Roubini avait prévu la crise

Un point de vue inédit sur la crise actuelle , qui nous met face à la puissance de l'imprévisible...__________

Tous les livres sur la mondialisation parlent de son efficacité, et ainsi de suite. Ils ratent le principal. L’effet réseau, qui fait qu’un choc peut avoir des conséquences bien plus grandes. »(NNT)______

-"Les gens se demandent si cette crise était ou non prévisible. Si elle était prévisible, pourquoi n’a-t-on rien fait avant ? Si elle était imprévisible, n’est-ce pas la preuve que plus personne ne contrôle un système financier lancé dans une folle course en avant ?"(A de B)___________

-"Plus la finance est mathématisée, plus c'est du baratin"-

Selon Nassim Nicholas Taleb :

"La mondialisation, ce n’est pas seulement un concept, mais un réseau, une gigantesque et complexe toile d’araignée reliant des dizaines de milliers d’acteurs, entreprises, banques, bourses, Hedges Funds, Etats et autres paradis fiscaux, banques centrales, institutions internationales, etc.. sur laquelle circulent des flux physiques bien sûr, les marchandises, mais aussi d’énormes flux financiers et de capitaux.Ce réseau s’est construit sans architecte, par prolifération, chaque acteur ajoutant un lien ici, une boite noire là, dans le désordre le plus complet. L’image d’Internet peut venir à l’esprit, mais il existe une différence fondamentale. Dans la toile, les interfaces, les rôles, les protocoles d’échanges sont normalisés, prédéfinis, et la couche physique s’est appuyée sur la longue expérience des opérateurs téléphoniques qui mettent en œuvre les règles de bases de la redondance, de la répartition de charge, et s’assurent de la qualité du signal. Dans la mondialisation, rien de tel.

Au contraire, les noeuds du réseau ont consacré toute leur énergie à contourner les quelques règles existantes, ou à les interpréter de façon pour le moins extensive avec la bienveillance complice d’autorités de régulation qui observaient avec attendrissement la capacité d’invention de ces garnements de la finance, y voyant sans doute une promesse de succès à venir.

Aujourd’hui, dans la panique du sauve qui peut, chaque acteur agit pour son propre compte, et les décisions prises localement se transmettent d’un bout à l’autre du système à la vitesse des échanges numériques, en ondes de choc mettant sous stress les nœuds interconnectés, et qui provoquent des boucles de rétroaction dont les oscillations désordonnées et de grande amplitude font « tomber » l’un après l’autre les éléments du réseau incapables de supporter la charge.

Ce qui hier était une force se révèle une faiblesse. Plus nombreuses étaient les interconnections, plus intenses les flux circulants, et plus les nœuds subissent aujourd’hui de plein fouet le déchaînement de forces globales, démesurées à l’aune du local, qui les submergent et les détruisent. Le mot est usé. Mais l’analogie du Tsunami reprise hier par Greenspan s’impose effectivement.Ce à quoi nous assistons, c’est à un « bank run, » à une vague de retrait panique, à l’échelle de la mondialisation. La perte de confiance de chaque contrepartie, de chaque acteur, envers tous les autres provoque un rapatriement désordonné de tous les investissements, de tous les capitaux, de tous les dépôts, provoquant un mouvement de liquidation généralisé à l’échelle de la planète qui écrase tout sur son passage.

Chacun veut à tout prix disposer immédiatement et sous forme liquide de ses placements. Nous avons décrit hier comment ce mouvement de retrait généralisé était par nature impossible et ruineux. Mais il prend désormais des proportions incontrôlables. Ce sont maintenant les économies des pays émergents - et par voie de conséquence les Etats eux-mêmes - que la surcharge subite de flux risque de faire exploser. Les canaux de transmissions - i.e. le cours des devises - sont partis en vrille.La Livre Britannique a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar depuis juillet. En une semaine, le Zloty Polonais a abandonné 16%, le Florin Hongrois 14%, le Rand Sud Africain 17%.Ce qui signifie que les dettes souscrites en dollars deviennent chaque jour plus impossibles à rembourser. Mais aussi que nombre de pays ne pourront bientôt plus acquérir l’énergie, les matières premières et dans certains cas la nourriture dont ils ont besoin. Le spectre du défaut de paiement des Etats - et de la ruine des économies - est à nouveau à nos portes.

Mais les désordres ne sont pas uniquement financiers. Les échanges physiques de marchandises, cheville ouvrière de la mondialisation, commencent eux aussi à s’interrompre.L’indice Baltique du Fret Sec, qui reflète le coût du transport maritime, poursuit sa chute vertigineuse. Pour certaines compagnies le prix proposé pour l’affrètement est maintenant inférieur au coût d’exploitation du navire. A ceci s’ajoute la méfiance généralisée dans les lettres de créances émises par les banques présentées par les acheteurs, qui fait que les vendeurs refusent parfois de laisser partir les chargements.

Dans l’entretien que nous avons reproduit hier, Nassim Nicholas Taleb se montre très inquiet. La capacité du système monde qui s’est bâti ces dernières années à amplifier les chocs est complètement sous estimée, juge-t-il.Au train où vont les choses, elle ne le sera pas longtemps. Tant qu’aucun accident systémique n’a eu lieu, les hommes sont incapables de comprendre les potentialités des machines qu’ils construisent. C’est la loi du genre. Le problème étant cette fois ci que le système en question c’est ni plus ni moins le monde. Comme dans le cas du changement climatique soit dit en passant. La courbe d’apprentissage s’annonce donc abrupte et pénible. Pour tout le monde.(Contre-info)

-Entretien : Nassim Nicholas Taleb & Benoit Mandelbrot
-Nassim Nicholas Taleb : "Plus la finance est mathématisée, plus c'est du baratin"
-La puissance de l'imprévisible par Nassim Nicholas Taleb
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- La crise financière mondiale de l’automne 2008:
"...La transmission brutale de la crise hypothécaire américaine aux marchés européens est le fruit direct d’une mondialisation conçue et réalisée par les apprentis sorciers de la finance. Au-delà de sa cause immédiate, elle constitue l’aboutissement de 40 ans de déréglementation voulue par un modèle économique globalisé selon les recettes libérales. C’est en effet l’idéologie de la dérégulation qui a rendu possible le surendettement américain, tout comme elle avait déjà été à l’origine des crises mexicaine (1995), asiatique (1997), russe (1998), argentine (2001), etc. D’autre part, c’est aussi la globalisation qui a créé une situation dans laquelle les crises majeures se propagent désormais presque instantanément, de façon « virale » aurait dit Jean Baudrillard, à l’ensemble de la planète. C’est pourquoi la crise américaine a touché aussi vite les marchés financiers européens, à commencer par les marchés du crédit, avec toutes les conséquences que peut avoir une pareille onde de choc à un moment où l’économie américaine comme celle de l’Europe sont au bord de la récession, sinon de la dépression...."

-Crise financière, Etats-Unis, mondialisation
-La crise financière reflète la mondialisation

Justice injustement traitée...







Malaise dans la Magistrature...


>>-BUDGET DE LA JUSTICE : LA FRANCE DESCEND AU 35 ° RANG EUROPEEN<<

-Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature, a souligné les incohérences d'une politique "contraire aux buts qu'elle affiche". "Si dans ce pays, il s'agit véritablement de lutter contre la récidive et contre toutes les formes de délinquance, on s'y prend à l'envers car la politique qui est menée, c'est une politique d'exclusion, de systématisation de l'enfermement"_______________

Des juges en colère témoignent du quotidien d'une justice déglinguée | Mediapart:

"Un Journal des magistrats en colère a été ouvert sur le blog d'un avocat parisien, Maître Eolas. Une soixantaine d'entre eux y ont livré des témoignages circonstanciés sur une justice qui va mal. Ils pilonnent la politique gouvernementale conduite par Rachida Dati, à l'occasion de la journée de mobilisation organisée le 23 octobre dans la magistrature. «C'est l'extraordinaire maladresse confinant à l'incompétence de l'actuelle garde des Sceaux qui a conduit à ce projet un peu fou, note Maître Eolas, sur son site. Qu'elle en soit remerciée. Donner envie aux magistrats de s'exprimer ainsi, ce qui va tant contre leur culture, restera sa plus grande réussite.»D'ordinaire peu prolixes, les juges parlent des réalités de cette justice qu'ils rendent «au nom du peuple français». Entre lassitude et révolte, ils dénoncent les ravages de la justice-spectacle et de la communication politique, qui rebondissent sur chaque nouveau fait divers. Les magistrats en ont assez des réformes successives et contradictoires, des prisons surpeuplées qu'il faut, à la fois, remplir et vider au gré des injonctions gouvernementales. Bref, les magistrats en ont ras-le-bol de jouer le rôle de bouc émissaire...
«Mépriser, se défausser sur les autres de ses responsabilités, ne sont pas acceptables, écrit un juge de cour d'appel. Jouer le conflit entre l'opinion et les juges comme le fait la ministre, emboîtant en cela le pas du président de la République, est une stratégie certes, mais aussi une réelle atteinte à l'indépendance. Car il n'y a pas d'indépendance de la justice possible si celle-ci ne s'appuie pas sur un consensus suffisant, une confiance suffisante dans le fait que la décision du juge, fût-elle frustrante pour l'un ou l'autre, a une légitimité et une nécessité sociale.»...
«On lui demande aujourd'hui tout le contraire : décider de plus en plus vite, si possible avant le journal de 20 heures, communiquer, montrer de la compassion à l'égard des victimes, rendre toujours la décision attendue par l'opinion publique, et préparer sa défense en vue de la menace de dénonciation publique. La garde des Sceaux et la plupart de ses collègues ministres ont pour ligne de conduite de se montrer réactifs au moindre mouvement d'opinion, de donner l'illusion qu'ils ont pouvoir sur tout, de lancer tous les matins une nouvelle réforme, d'utiliser les médias pour "communiquer", c'est-à-dire pour se forger une image plutôt que de convaincre du bien-fondé d'une politique. Elle souhaiterait que nous suivions cet exemple et que nous sachions, comme elle, communiquer et être réactif...
«La ministre fait voter les peines plancher : pas besoin d'être un génie pour se douter qu'il faut prévoir des prisons pour mettre les futurs condamnés. Mais pour construire une prison, il faut des années. Pas le temps pour la ministre, il faut que tout soit fait tout de suite.
Bilan : aujourd'hui, la ministre qui ordonne aux procureurs généraux d'avoir des résultats en matière de peines plancher, les prisons qui débordent, et la même ministre qui, en même temps, prépare une loi pénitentiaire où il est prévu d'aménager (= de ne pas incarcérer) les délinquants qui ont une peine inférieure ou égale à 2 ans.»
Vu par JB, juge d'instruction : «Que penser de ces lois d'apparat, toujours plus répressives et de ces circulaires qui suivent et qui nous "invitent" à privilégier autant que possible les aménagements de peine (pour être plus clair, la sortie de détention) ? Et s'il survient un drame, à qui la faute ? Que penser de toutes ces réformes qui viennent s'accumuler aux précédentes tous les ans, qui ne sont pas préparées et qui créent un sentiment d'insécurité juridique pour les magistrats ? Que penser de cette nouvelle commission à peine installée pour la réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale, alors même que les réformes de procédure pénale sont de l'ordre de plusieurs par an ?»...
«Il n'est pas ici question de sensiblerie. Ce qui se joue est tout autre, c'est une inversion des principes fondateurs du droit, au nom de la lutte contre la récidive : automaticité des peines en lieu et place de l'individualisation, systématisation de la détention, abandon de la motivation des décisions. Comment, en modifiant les outils avec lesquels on rend une décision pénale, on en conditionne le résultat dans le sens de la détention immédiate. Comment on lie les mains, mais aussi l'esprit, des juges....
Un jeune parquetier raconte sa «confrontation avec une justice bricolée»: «Accepter, pour écluser les stocks, de juger 30 dossiers dans l'après-midi, faire attendre, auteurs et victimes de 14 à 23 heures pour voir examiner leur affaire, diriger 30 enquêtes en même temps par téléphone en ayant à peine la possibilité de s'assurer que les règles élémentaires de procédure pénale sont respectées, juger en comparution immédiate des dossiers de violences graves alors que la victime, encore sous le choc, n'est pas en état de se déplacer à l'audience, maintenir à vie dans des centre fermés, des personnes qui ont purgé leur peine et dont la société n'a pas su s'occuper pendant 20 ans, prendre des réquisitions ou décisions de maintien en détention provisoire entre deux couloirs, deux décisions, 15 garde-à-vue, sans avoir pu prendre le temps d'examiner le dossier etc etc...."

-En réponse à Dati, le cahier de doléances des magistrats
- Dati et les magistrats : une affaire d'indépendance
-Le torchon brûle entre Dati et les magistrats
-Les magistrats mobilisés contre la politique de Rachida Dati
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-Budget de la justice : la France descend au 35e rang européen!
"...La part consacrée à la protection judiciaire de la jeunesse et à l'accès au droit est en recul dans le budget 2009 du gouvernement. Ces deux budgets affichent un recul respectif de 2,5 % et de 4,5 %.En termes de nombre de magistrats, la France reste dans le bas du tableau, avec 11,9 juges pour 100 000 habitants, même si ce chiffre traduit un progrès par rapport à 2004. Le nombre de procureurs pour 100 000 habitants est l'un des plus faibles d'Europe : 2,9 pour 100 000 habitants..."
-Comment est organisée la Justice en France ?