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vendredi 10 novembre 2017

Il y a cent ans:

...La déclaration Balfour 
                                    Jeu équivoque du Royaume Uni.    [Notes de lectures]
                       Souvent évoqué,  mais assez mal connu, cet engagement britannique au MO eut  des incidences qui furent déterminantes dans l'histoire de la constitution d'Israël et du destin des populations palestiniennes.
    Un acte qui ne fut pas exempt d'arrière-pensées, dans le contexte européen de l'époque et dans le cadre des projets géopolitiques de l'Empire au MO, dans le cadre du "Grand Jeu", comme disait Kipling, en cours dans une zône économique et stratégique-clé de Londres, qui assistait au déclin de l'empire ottoman et de ses conséquences possibles pour ses futures ambitions.
       Aux origines de la question palestinienne, le 2 novembre 1917, Lord Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères, annonce que son gouvernement soutient l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine. Par cette déclaration de 67 mots, publiée dans le Times, la Grande-Bretagne pose la première pierre de la construction d’Israël. Mais c’est également le début de la question palestinienne.
     La Déclaration Balfour intervient en pleine Première guerre mondiale et illustre les ambigités de la diplomatie du Royanme-Uni¨. Grâce à elle, Londres souhaite obtenir le soutien de la population juive dans l'effort du guerre. Ces derniers sont non-seulement nombreux sur son territoire, mais aussi aux Etats-Unis, fraichement engagés dans le conflit, et chez l’allié russe, en pleine révolution. Dans un contexte où l’antisémitisme prévaut en Europe, le sionisme est une idée très implantée parmi les élites juives occidentales, notamment en Grande-Bretagne avec Chaïm Weizmann et Lionel Walter Rothschild.
Cependant, la déclaration Balfour va à l’encontre de deux promesses déjà formulées par la Grande-Bretagne en 1916. La première, faite au chérif Hussein de La Mecque, est la création d’un Etat arabe au Proche-Orient en échange de son aide contre l’Empire Ottoman qui occupe ce territoire. La seconde est contenue dans les accords Sykes-Picot, scellés en secret par Londres et Paris, qui prévoient le partage de la région entre la France et le Royaume-Uni à l’issue de la guerre.
La victoire de la Triple-Entente en 1918 provoque le démantèlement de l’Empire Ottoman deux ans plus tard. La Palestine passe alors sous mandat britannique, aux termes des accords Sykes-Picot. Les autorités coloniales y encouragent alors l’immigration massive de juifs qu’ils soutiennent matériellement, se basant ainsi sur la déclaration Balfour. La promesse faite aux leaders arabes n’est, en grande partie, pas respectée. Surtout, personne ne demande leur avis aux populations arabes de Palestine qui protestent à l’occasion de plusieurs révoltes, notamment entre 1936 et 1939. Le mandat britannique prend fin en 1948, à la veille de la création de l’Etat israélien"
    La face du monde en fut changée durablement,  au coeur des rivalités entre les principales grandes puissances et des futures luttes d'influences et d'avidités pétrolières.
         La Couronne visait à maîtriser les zones riches en pétrole et protéger l'accès aux Indes..La campagne de Mésopotamie (1914-15) par les forces britanniques et indiennes cible les gisements de pétrole du Koweït et de Bassorah. Les accords Sykes-Picot, confirmés par le traité de Sèvres, confirment le tropisme pétrolier.  Le don aux Juifs de la Palestine ferait partie d'un plan plus large de contrôle des routes commerciales dans le cadre de ce Grand Jeu. Si l'Irak est proche du golfe Persique, et donc de l'Inde, la Palestine est proche du canal de Suez en Égypte.
     Cet épisode ouvrait la voie à la création future d'Israël  " le Royaume-Uni..se voit attribuer le contrôle direct des ports d'Haïfa et de Saint-Jean d'Acre. Il cherche à canaliser à son profit les aspirations sionistes et considère que la reconnaissance d'un "foyer national juif" pourrait servir à assurer ses intérêts au Proche-Orient...."
       La Déclaration Balfour stipulait une promesse passée presque inaperçue:: "Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays."
"Le 2 novembre 1917, en pleine guerre mondiale, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, publie une lettre où il indique que son gouvernement est disposé à créer en Palestine un « foyer national juif ».  Cette lettre ouverte n'a pour les Anglais d'autre intérêt que de rassurer les juifs américains, plus portés à soutenir les Puissances centrales qu'une alliance où figure la Russie au passé lourdement antisémite. Mais elle va légitimer trente ans plus tard la création de l'État d'Israël. Adressée au baron de Rothschild, la lettre a été en fait rédigée en étroite concertation avec ce dernier qui préside l'antenne anglaise du mouvement sioniste."
       On sait ce qu'il en advint....Un cauchemar pour les Palestinens que de nombreux Juifs lucides anticipèrent en refusant le projet sioniste revu par Jabotinsky.
      A l'époque, la proposition britannique fut combattue par la majorité des Juifs européens qui craignaient qu'elle ne provoque un regain d'antisémitisme alors qu'ils étaient pour la plupart « assimilés et citoyens à part entière des pays où ils vivaient ».
        Un thème sur lequel est revenue Rahub Abdelhadi, professeure à l'Université de Los Angeles. Elle insiste sur le fait que « la déclaration ne s'adressait qu'aux sionistes » et établit un parallèle avec la façon dont aujourd'hui « Israël prétend parler au nom de tous les juifs du monde, ce qui est faux : il y a des opposants juifs à sa politique aux Etats-Unis et partout dans le monde, y compris en Israël, même s'ils y sont peu nombreux » Elle appelle à « militer pour que les Palestiniens obtiennent non seulement des excuses, mais des compensations» soulignant « la responsabilité de la Grande Bretagne mais aussi de la France qui était impliquée dans le partage du Moyen Orient »
   L'historien israélien Illan Pappé, qui enseigne à Exeter depuis qu'il a été chassé de l'Université d'Haïfa pour son livre sur « Le nettoyage ethnique de la Palestine », précise que « ce nettoyage a commencé dès 1918 par l'achat massif de terres et le soutien total - politique et matériel - aux premiers colons alors qu'il n'y avait que 10% de Juifs en Palestine ». Soutien devenu international qui se poursuit aujourd'hui par l'immunité dont bénéficie l'Etat d'Israël....
   Le mouvement sioniste fut vite divisé, beaucoup de Juifs ne l'acceptant pas encore aujourd'hui.
      Des drames s'annonçaient. Comme le disait à sa manière l’écrivain sioniste Arthur Koestler, “une nation a offert à une autre nation le territoire d’une troisième
            Un centenaire bien symbolique et instrumentalisé..
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