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mercredi 8 novembre 2017

L'"ordre du jour"

Ou un désordre planifié.
                                   C'est un petit livre qui se lit très bien, qu'on n'a pas envie de lâcher.
       Pas un chef d'oeuvre, mais un honnête Goncourt.
   Un récit dense, écrit d'une plume alerte et acérée, parfois inventive et souvent acerbe. Un "roman" particulier, adossé à l'histoire, qui nous confronte froidement au tragique.
   Peut-être un clin d'oeil à l'essai de H.Kissinger, qui brossa un tableau du désordre de notre époque.
     Pour une somme modique, il serait dommage de passer à côté.
  Une rencontre avec une période historique mal connue mais où se joua le début d'un des plus grands des désordres: l'aveuglement intéressé des industriels et hommes d'attaires allemands qui pactisèrent par pur intérêt avec le diable. Des somnambules avides d'affaires sous des dehors bien comme il faut. Des noms qui émergent encore dans le paysage économique d'Outre-Rhin: Krupp, AEG, Opel,etc...
  Une occasion de replonger dans cette période trouble et décisive, souvent déniée, où fut mis en oeuvre le bras financier de la montée en force du nazisme. Donnant donnant.
       Est-ce un récit historique ou une fiction sur une période de l'histoire? L'un et l'autre, l'histoire servant de matière première à une fiction informée.
   Le roman historique n'est pas un doublon du travail historique, mais une prise de distance originale, qui apporte sa part de fiction, sans trahir l'essentiel.
           ___Éric Vuillard semble avoir réussi à rendre sensible une période-clé de notre histoire récente, qui a présidé à l'avènement possible du III° Reich, le financement par les principaux acteurs de l'industrie allemande d'une campagne électorale, dont on connaît la suite...Sont évoquées aussi les ruses machiavéliques pour annexer l'Autriche au Reich.
   La littérature sur le nazisme ne cesse de s' amplifier, parfois au plus proche des événements, parfois dans la fantaisie uchronique, jouant sur les aléas possibles du pire.
     Hitler, le 30 janvier,  prend le pouvoir et le 1er février déclare:  « Donnez-moi quatre ans et vous ne reconnaîtrez plus l'Allemagne ». Effectivement, ce fut un champ de ruines..
.  Dés1923, le patron sidérurgiste Stinnes, un des tous premiers convaincus, disait à l’ambassadeur américain : « Il faut trouver un dictateur qui aurait le pouvoir de faire tout ce qui est nécessaire. Un tel homme doit parler la langue du peuple et être lui-même un civil ; nous avons un tel homme  . » 
        Malgré les nuances d'usage, ce fut un marché diabolique et la mémoire d'après-guerre fut largement refoulée ou repoussée. l'exemple de la famille Quandt  fut exemplaire. C'est seulement récemment que Hugo Boss et quelques autres brisèrent un trop long silence. Pas seulement en Allemagne.
Krupp était devenu selon Hitler les forges du Reich.
  [ En ce qui concerne l'Autrichel'absence de dénazification ont des conséquences jusqu'aujourd'hui.]
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