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lundi 2 novembre 2015

Perturbateurs endocriniens

Notes sur une bombe sanitaire
                                                 Il y a une chose qui perturbe: c'est le quasi-silence officiel et l'inaction remarquables des divers responsables sur une menace pourtant dénoncée depuis des lustres.
  Si les problèmes climatiques nous préoccupent beaucoup, les menaces hormonales et neurologiques progressent à bas bruit, dans la quasi indifférence d'un grand public laissé dans l'ignorance et des médecins généralistes, souvent pas ou peu préparés à un vrai travail d'information et de prévention, ou simplement à de vrais questionnements.
   Certes des alertes ont déjà été lancées au sujet des effets nocifs des métaux lourds, notamment du plomb, de l'aluminium, du mercure, des solvants et des multiples produits chimiques qui constituent notre environnement souvent quotidien. Marie Robin a fait un formidable travail sur la toxicité des produits phytosanitaires en agriculture et a bien souligné la force des groupes de pression qui s'exercent en faveur de leur développement.
 Les nanoparticules sont aujourd'hui aussi sur la sellette.
___Les perturbateurs endocriniens sont à l'origine d'anomalies, de dysfonctionnements, dont les causes sont parfois certaines ou parfois fortement soupçonnées. 
   Un problème majeur, dont on ne soupçonne guère l'ampleur et la portée, qui mériterait une plus grande mobilisation, avec prudence mais rigueur.
Les enjeux industriels et financiers sont considérables. Le lobbying et la contre-information s'exercent à tous les niveaux.
  Les rapports d'experts sont nombreux. La France est en retard dans la prise de conscience et les applications urgentes, malgré les connaissances acquises en la matière....
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(*)  Dans une enquête édifiante, "Intoxication", la journaliste Stéphane Horel raconte comment, en 2009, le Parlement de Strasbourg a chargé la Commission européenne de définir juridiquement ce que sont les perturbateurs. Car aucun pays ne peut interdire, ni même limiter, l’usage de choses qui n’existent pas dans les textes. Rien de plus simple sur le papier… Sauf que, rapporte la journaliste, les industries chimiques et les fabricants de pesticides ont sorti l’artillerie lourde en matière de lobbying pour contrer une définition qui pourrait leur coûter des millions d’euros. Un rapport très critique contre les perturbateurs est remis en 2012 à la Commission ? Il déclenche illico une contre-attaque : des pseudo-scientifiques prennent la plume dans des revues spécialisées pour le dézinguer, lui et "son approche 'anecdotique' qui ne permet pas d’offrir une 'analyse équilibrée'" de la question. Ces scientifiques œuvrent en réalité au service des grandes entreprises et sont rémunérés pour produire de la sound science ("science sensée"). Ce charabia d’apparence sérieuse ne sert qu’à semer le doute chez les politiques, et donc à retarder toute forme de régulation. Parmi les perles de déni relevées par Stéphane Horel, un texte produit par l’industrie chimique avance même que les perturbateurs n’ont pas plus d’effet sur l’homme que la caféine ou les films d’horreur… Le hic, c’est que ces "doutes" sont opportunément relayés par un certain nombre d’instances bruxelloises, plus désireuses de ménager les industriels que la santé de nos concitoyens. Et toutes ces gesticulations finissent par payer : la définition de ce qu’est un perturbateur endocrinien, qui aurait dû voir le jour en 2013, est restée au fond d’un tiroir.
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- Toxicité à la maison
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