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vendredi 6 novembre 2015

Politique de terrain

Sondages et labourage: les deux mamelles de la popularité?
                         Pour des élus, surtout de premier plan, ne pas s'isoler, garder le contact avec les administrés, être à l'écoute des besoins, des demandes et des doléances, rester proche du terrain semble être une exigence fondamentale, surtout dans un système qui se réclame des idéaux républicains.
   Rien de plus normal et de plus difficile que de rester à l'écoute,sans être esclave des dossiers et des communicants, qui, comme des miroirs déformants, prennent trop de place dans la république moderne.
   Rien de plus utile que d'aller souvent au charbon.
        Mais cela ne suffit pas pour faire une politique
     Cette politique qu'on appelle de terrain, est-elle toujours  satisfaisante, n'est-elle pas souvent seulement formelle ou parfois fortement démagogique, surtout à l'approche d'échéances électorales?
              N'assiste-t-on pas à l'épuisement  d'un phénomène qui eu de beaux jours, depuis l'époque de Giscard.
     Pendant l’été 2010, Nicolas Sarkozy avait ainsi demandé à Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur, d’être «tous les jours sur le terrain et dans les médias». Car, bien évidemment, une présence «sur le terrain» ne saurait avoir de sens sans son écho médiatique.
   On conçoit aisément que plus la classe politique se sent coupée du commun des mortels et plus elle ressent la nécessité de mimer sa «proximité» avec ses électeurs. Parfaitement rodée sur le plan technique par des armées de «communicants», la ficelle est pourtant si grosse que son efficacité politique est de plus en plus contestable.
    Se montrer, occuper le terrain, créer des contacts aussi  éphémères qu'improductifs, gérer un agenda serré.....
  Aller vers les vrais gens, jusqu'à l'artificiel, sous les feux des medias. Faire peuple, comme Sarkozy tentait de le faire si caricaturalement, jusque dans son langage.
       Dur, dur , de labourer la terre de France!
   Une terre pourtant fertile, exigeant de bonnes semences et pas seulement de bons mots.
               Surtout quand s'annoncent des temps difficiles et des récoltes problématiques
   Jusqu'à l'artificiel:
 Les visées électoralistes sont transparentes, de l’aveu même de ce conseiller qui confie cyniquement: «Une main, un bisou, un selfie, ça fait trois voix.» L’ombre des prochaines régionales plane également au-dessus de certains déplacements. «Je ne peux pas imaginer que ce soit lié à quelque chose qui se passe en décembre», rigole le président de Metz Métropole à propose de la visite lorraine du chef de l’Etat.
   Dans le contexte d'une réélection problématique, d'un bourbier fiscal pesant, d'une démarche sans cap. La fameuse réforme fiscale annoncée au début du mandat, sur les conseils de Piketty, n'a pas eu lieu..Trop "dur", trop tard...
    Les  opération séduction n'y changeront rien...
         Dupin critique ces visites millimétrées, méticuleusement préparées par les services de communication, ne peuvent être l’occasion d’échanges sérieux et d’une réelle remontée d’information pour les gouvernants. Flanqué de cinq ministres, François Hollande s'est ainsi rendu, le 29 octobre, à Montigny-lès-Metz (Moselle), pour y visiter le premier des sept centres de service militaire volontaire. Le Républicain Lorrain a évoqué une «visite express». Gageons que le président n’en a pas appris plus sur le sujet que s’il avait tranquillement reçu dans son bureau quelques praticiens de la chose. 
  Mieux, ce déplacement a été l’occasion de mettre en scène une charmante discussion entre le convivial président et Lucette Brochet, infirmière retraitée. L’image de ce café pris en toute simplicité à Vandoeuvre-lès-Nancy (Moselle) était très belle. Mais complètement manipulée. Tout avait été organisé par l’Elysée en complicité avec la mairie. Pire, la pauvre Lucette a confié après coup qu’on lui avait ordonné de taire, face au chef de l’Etat, ce qu’elle avait sur le coeur: «Je voulais dire qu'il s'occupait beaucoup d'immigrés et pas beaucoup des clochards qui crèvent dans la rue, mais ça, il ne fallait pas que je le dise.»
      N'est-ce ce que F.Giroud appelait la comédie du pouvoir?
Le vide politique, l'absence de projet ambitieux , un changement en panne, tant de virages manqués,
tant de portes nouvelles ouvertes au  libéralisme...ne seront pas compensés par quelques contacts rapides et présentés comme impromptus...
    Pour labourer les terres de la République, il faut se lever tôt et creuser profond...
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