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vendredi 22 juin 2018

Le foot: hier et aujourd'hui

Ou du meilleur au pire.

                                                          Ce qu'est le foot devenu.
   La fête est repartie et avec elle des prises de position pour le moins contrastées.
      Il est vrai qu'il y a matière à débat au sujet de l'évolution récente de cette pratique sportive. populaire, qui a changé plus que dans son esprit, devenu un marché sur le plan international.
   Un sport qui remonte à loin, sous des formes variées et peu codifiées. On en trouve déjà des manifestations dans l'ancienne Chine avant de le voir éclore dans le berceau anglais, puis un peu partout dans le monde.
   Cette pratique, qui continue à enthousiasmer les gamins, à attirer des foules autour d'un club fétiche, n'est pas à l'abri de dérapages et parfois de violences dans certains cas. Violences racistes en Italie, violences d'une certaine jeunesse en Algérie.
    Mais il semble être devenu malade au plus haut niveau, atteint d'une pathologie qui affecte notre société toute entière, miné par des pratiques financières de tous ordres, souvent critiquées mais pas toujours transparentes (pour utiliser un euphémisme). sous l'oeil indifférent des pouvoirs publics.
 C'est tout un système qui a changé, depuis que le monde des affaires a envahi l'univers des stades, dénaturant les pratiques sportives et l'esprit du jeu.
   Le foot mérite bien mieux que ce que la FIFA en a fait.
       Avec les pratiques financières les plus folles, le jeu est devenu aseptisé
 Rien à voir avec les équipes d'avant ces trente dernières années, à Lens ou ailleurs.
   Pour les jeunes, le sport professionnel est devenu un contre-exemple.  il n'est plus l' instrument d'émancipation qu'il fut.
   De dérives en dérives, il détourne de plus en plus de personnes autrefois motivées.
        Des millionnaires courant après un ballon, c'est un peu simple, mais pas si caricatural que cela.     Le business est partout.
     Ils nous ont volé notre football, disait quelqu'un avec une certaine justesse.
Une chose est sure: le ballon ne tourne pas très rond.
     Foutu, le foot? Il reste encore parfois de bons restes.
         Même si on partage pas tous les éléments de ce commentaire:
             L’économie politique du football est (donc) de part en part une économie politique capitaliste – n’en déplaise à ses thuriféraires de ‘‘gauche’’ – parce que la logique du profit en a fait une entreprise comme une autre, avec ses employeurs, ses actionnaires, ses salariés, ses rapports d’exploitation, ses stratégies financières, ses conflits d’intérêts, ses licenciements, ses liquidations et son chômage. L’Empire football est même devenu au fil des ans une vaste multinationale bureaucratique gérant un énorme marché international où circulent des masses considérables d’argent et où s’opposent sans interruption de grandes fédérations dominantes avec leurs championnats réputés (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France, Brésil, Argentine), des clubs d’élite (en Europe : Real de Madrid, Juventus de Turin, Manchester, Barcelone, Chelsea, Liverpool, Inter de Milan, Bayern de Munich, Milan AC, Ajax d’Amsterdam, Arsenal, Benfica, Eindhoven, CSKA Moscou) et des groupes capitalistes qui se disputent férocement l’hégémonie sur ce ‘‘marché porteur’’. Pour comprendre le fonctionnement de cet univers mercantile complexe qui organise une débauche de compétitions, de rencontres et de ‘‘fêtes’’ – championnats nationaux, régionaux et locaux, Coupes du monde, Coupes de l’UEFA, Super Coupes d’Europe, Coupes intercontinentales, Coupes d’Afrique, Jeux Olympiques, Jeux méditerranéens – il ne faut jamais perdre de vue qu’il repose totalement sur une infrastructure capitaliste et que ses modes d’organisation peuvent, suivant les lieux et les époques, combiner plusieurs formes politiques ou idéologiques : le fascisme, le stalinisme, le libéralisme, le travaillisme, la mafia, le poujadisme, le régionalisme, l’islamisme, etc. – ce qui lui donne cette apparence bigarrée de diversité dans l’unité. Malgré ses manifestations nationales très diverses, le football reste cependant partout traversé par la même logique, car il est institutionnellement subordonné à la maison-mère, la mère pondeuse, la Fédération international de football association (FIFA), créée à Paris en 1904. C’est en effet la FIFA qui accrédite les diverses fédérations et ligues nationales de football, qui fixe les règlements et contrôle ses applications, chapeaute les grandes compétitions, en particulier les Coupes du monde, et oriente les grands projets de développement qui visent tous à convertir la planète à la religion profane du ballon rond, à étendre son empire jusque dans les pays les plus réfractaires, bref à piloter la footballisation du monde. La pieuvre a donc étendu ses tentacules sur tous les continents, des grandes métropoles aux plus petits villages : après l’Europe, l’Amérique latine, la Russie, l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, l’Australie, le Japon, l’Asie du Sud-Est, l’Océanie. A sa manière, le football est l’expression de la colonisation capitaliste du monde, et son exportation aux quatre coins de la planète – à partir de son lieu d’origine, l’Angleterre – traduit l’extension du processus impérialiste, sa pénétration dans des zones encore vierges, son insatiable appétit de conquêtes et de surprofits. Le football, porté par la vague déferlante du libéralisme contemporain, tend également à pénétrer l’ensemble des pays, mais aussi à affirmer son monopole idéologique dans l’industrie de l’abrutissement qui caractérise le capitalisme avancé. Le football est, en effet, contrairement aux rêveries idylliques des zélotes qui persistent à y voir un élément de la culture, l’une des principales machineries idéologiques de manipulation, d’endoctrinement et de crétinisation des masses. En cela, le football est bien l’idéologie dominante par excellence parce qu’il correspond exactement aux valeurs préconisées par le capital. […] De ce point de vue le football est bien une forme de tyrannie et d’aliénation parce qu’il favorise la chloroformisation des esprits, l’obnubilation des médias et la sidération des masses : des matches, des buts, des anecdotes, des olas, des hurlements, des insultes, toute la panoplie de l’infantilisation et de la régression au service d’une entreprise de décervelage ou de lavage de cerveau – pour paraphraser Tchakhotine : le viol des foules par la propagande footballistique  »
[Jean-Marie Brohm & Marc Perelman, Le football, une peste émotionnelle, Gallimard, Folio,]
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