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samedi 8 octobre 2022

Ça s'est passé un 8 Octobre

 L'Adieu à la Méditerranée

                      Fondation du port du HAVRE

              C’est la Renaissance, époque des grandes découvertes. Le roi de France, bien qu'à peine âgé de 23 ans, est le premier souverain d’Europe à comprendre qu’on perd son temps avec l’Italie et qu’il y a besoin d’un rééquilibrage des relations internationales en regardant vers l’Ouest.

Commission délivrée le 7 février 1517 par François Ier à l’amiral de Bonnivet pour construire le port du Havre, archives municipales du Havre.Le 7 février 1517, il donne commission par écrit au sire de Bonnivet, amiral de France, pour la fondation d’un port au « lieu de Grâce », qui « serait l’endroit le plus propice de la côte de Normandie et du pays de Caux à faire un havre où les navires et vaisseaux naviguant sur la mer océane pourraient, aisément et en toute sécurité, arriver et séjourner ».

La création du Havre a un objectif également militaire. La guerre de Cent Ans n’est pas loin et l’estuaire de la Seine est un endroit clé qu’il faut protéger. Il y a besoin d’un nouveau port car Honfleur est limité du fait qu’il se trouve directement sur la Seine et le port de Harfleur s’envase. Le Havre présente l’avantage d’être situé à l’extrémité de l’estuaire et de bénéficier d’une marée étale longtemps, permettant d’accueillir des navires de fort tonnage. Par la volonté de François Ier, tout va aller très vite...

La flotte de François Ier entrant dans le port du Havre par Albert Robida, G. Gustave Toudouze, in François Ier (Le roi chevalier), Paris, Boivin et cie éditeurs, 1909, bibliothèque municipale du Havre.

Les premiers bateaux dès 1518

En effet, si le roi signe la charte de fondation le 8 octobre, les travaux débutent dès le printemps sous la direction de Michel Féré, de Honfleur, et de Jehan Gaulvyn, de Harfleur. Ils sont compliqués par le fait qu’on se trouve sur des terrains marécageux.

François Ier méditant la fondation du Havre, bibliothèque municipale du Havre.Dans un premier temps, il est prévu dans la crique de Grâce la construction de deux quais prolongés vers l’ouest par deux jetées, commandées chacune par une tour. Comme la main d’œuvre locale n’est pas assez nombreuse, on fait venir de Bretagne des maçons et des terrassiers. Les documents d’époque attestent que « jusqu’à 738 ouvriers ont travaillé simultanément à la construction du port ».

Les premiers bateaux y pénètrent en 1518, au premier rang desquels L’Hermine, la nef de François Ier. Ce dernier se rendra au Havre à cinq reprises durant son règne, lui donnant le nom de « Ville Françoise de Grâce ». Pour en favoriser le peuplement, le roi accorde aux habitants d’importants avantages fiscaux, les dispensant notamment de la taille et de la gabelle.

Les travaux de construction du port proprement dit se poursuivent jusqu’en 1523. Cette année-là, Giovanni da Verrazano quitte Le Havre à bord de La Dauphine. Issu d’une famille florentine installée à Lyon, Verrazano (appelé aussi Jean de Verrazane) est missionné par François Ier pour trouver un passage entre la Floride et Terre-Neuve en direction des Indes.

Exploration des côtes de la Floride française par l'expédition de Ribault et Laudonniere, illustration de Jacques Le Moyne de Morgues, XVIe siècle.Cette expédition sera un échec, mais elle marque le début d’une longue série attestant de la volonté du roi – et de ses successeurs – de concurrencer Portugais et Espagnols sur le contient américain.

Au cours du XVIe siècle, Le Havre verra ainsi partir Nicolas Durand de Villegagnon pour le Brésil, puis Jean Ribault et René de Laudonnière prendre la route de la Floride.

Deux ans plus tard, la ville connaît sa première tragédie. Une vague d’une ampleur sans précédent, entrée dans l’Histoire sous le nom de « mâle marée », détruit les premières habitations, emporte une trentaine de bateaux et tue une centaine de personnes soit un sixième de la population. Ce drame sera commémoré chaque année jusqu’à la Révolution.

Vue du portail et du côté septentrional de l'église de Notre-Dame du Havre-de-Grâce construite entre 1575 et 1638. Elle sera élévée au rang de cathédrale en 1974, archives municipales. L'agrandissement est une carte postale de l'église au XIXe siècle.

Une ville moderne qui rompt avec le Moyen Âge

Homme résolument de son temps, François Ier a à cœur de faire du Havre – qu’il intègre au domaine royal en 1541 – une ville moderne qui rompe avec les traditions médiévales. Pour cela, il fait appel à l’architecte siennois Jérôme Bellarmato.

Ayant reçu carte blanche du souverain, Bellarmato applique au nouveau quartier Saint-François, qui vient compléter le quartier Notre-Dame, les principes de l’urbanisme de la Renaissance : un plan orthogonal et une hauteur limitée pour les bâtiments.

Le Logis du Roy, acheté par l’administration municipale du Havre aux héritiers de Guyon Le Roy en 1550, devient le premier Hôtel de Ville (voir agrandissement), archives municipales du Havre.Comme il est aussi ingénieur militaire, il fait des fortifications sa priorité, construisant trois bastions pour défendre la ville au nord et deux portes pour en contrôler l’accès : la porte du Perrey et la porte d’Ingouville. Bellarmato améliore l’alimentation en eau de la ville. Des sources sont captées, des fontaines sont dressées. Il dote la ville d’un réseau de canalisations pour évacuer les eaux usées. Les rues sont alignées, nivelées, pavées.

Les devantures des maisons doivent respecter les exigences du roi en termes d’ornement et de décoration pour assurer une certaine homogénéité. Preuve de la satisfaction du roi : Jérôme Bellarmato quitte Le Havre trois ans après son arrivée pour prendre en charge les fortifications de Paris.

Si la population de la ville ne s’élevait guère qu’à cinq cents personnes lors de l’achèvement du port en 1523 (un gros village pour ainsi dire), elle va croître ensuite rapidement pour atteindre quelque six mille habitants dans les années 1550......(Merci à Hérodote. com) _____________

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