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lundi 17 octobre 2022

Ne pas se voiler la face

Voile ambigü 

                                   A l'heure où en Iran, le port du voile obligatoire est courageusement contesté et cruellement réprimé en tant que symbole de la soumission des femmes, il importe de revenir sur le sens dont il est porteur dans l'espace public. Quelle que soit la nature du voile, en Afghanistan, où il fut banni à une époque, et où il revient en force, où dans certaines de nos banlieues, où il tend à réapparaître de manière parfois ostentatoire, sous l'effet de pressions qui ne sont pas seulement sociologiques.  Un certain soft power islamiste est parfois à l'oeuvre, sous des prétextes les plus divers. Le prosélytisme commence parfois très tôt et se prolonge, en dépit des principes républicains. Les ambiguités ne manquent pas, au nom de principes "émancipateurs". La "tolérance" peut être à double tranchant. Le flou fait souvent le jeu des intégristes qui avancent patiemment leur pion. "...Oui bien sûr, on doit tolérer le port du voile dans l’espace social partagé, mais cela n’oblige personne, et surtout pas une militante de la laïcité, à le banaliser en le comparant à un acte anodin et temporaire, comme le faisait Lionel Jospin en 1989. Et c’est en vertu de la même liberté qu’on peut et même qu’on doit pouvoir exprimer publiquement tout le mal qu’on pense de ce port, ainsi que le faisait, avec une magnifique prestance, Abnousse Shalmani le 20 septembre 2020 sur LCI, rivant son clou à un Jean-Michel Aphatie médusé :«Le voile ne change pas de nature lorsqu’il passe les frontières. Le voile n’a jamais libéré aucune musulmane, c’est quand elles le retirent qu’elles accèdent aux droits.[…] Le voile sera un choix le jour où il n’y aura plus une seule parcelle de terre où il sera obligatoire. En attendant c’est un linceul pour les femmes...»                                                                                                                                                                           Le voile ( et quel voile?) masque tant d'ambiguïtés et de prises de bec parfois au delà du raisonnable. cachant d'autres enjeux. L'habit ne fait pas le moine. Le voile ne fait pas l'islamiste. Quoique...Et il y a voile  et voile.


      Il y a la face visible du voile et souvent la face cachée.
  Les polémiques sur le voile sont innombrables, répétitives et souvent biaisées ou politiquement instrumentalisées. Les récentes affiches européennes pour promouvoir la diversité ont dû être retirées...
   Le terrain est piégé depuis longtemps, du moins en France.
     Il arrive que certains voiles soient portés par convention, prêts à être facilement abandonnés. Sans connotation particulière, culturelle ou surtout religieuse. Et il y a bien des degré dans l'adhésion religieuses; parfois l'athéisme domine dans beaucoup de milieux d'origine musulmane.
 Pour des raisons historique, contingentes, le voile est parfois un marqueur, même s'il n'est pas spécifiquement musulman, mais il l'est devenu.
    On se bat encore sur l'interprétation des textes. Sous la pression de la montée intégriste, il s'est répandu, mettant en évidence le statut socio-politique des femmes, chez les salafistes notamment.
  Entre maghrébins, croyants ou non, le débat existe aussi.
Le débat sans fin dont il fait l'objet, s'il est parfois fondé, masque mal les questions identitaires, qui finissent par occulter les questions sociales et politiques, qui sont d'une autre importance.
  L'idéal républicain, rappelé opportunément par Mme Kintzler, doit être rappelé sans relâche, quand le voile devient une marque d'opposition aux principes qui fondent notre démocratie:
                        "...L’activisme religieux cherche ainsi à pervertir les principes républicains avec les armes de la démocratie. Il cherche à faire disparaître la mixité sexuelle au nom du droit à la différence, il encourage le séparatisme social au nom des droits culturels, décourage toute volonté d’intégration au nom de l’identité communautaire, favorise l’uniformisation et l’allégeance culturelles au nom d’une altérité folklorique fantasmée, cautionne un puritanisme prétendument « féminin » au nom du féminisme. Faire de ce qui apparaît comme un choix une contrainte de fait, telle est la terrible entreprise qui se cache derrière le voilement ; elle se nourrit de la lâcheté politique qui délègue aux tribunaux un rôle qui revient au législateur..."
        Fatiha Aga-Boudjahlat,       qui sait de quoi elle parle, fait sans concession, mais tranquillement, la critique des présupposés et des incidences des défenseurs inconditionnels du voilement et de ce que celui-ci implique. ___________________________

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