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mardi 22 novembre 2022

Hanouna: le trou noir

 Pluralisme dévoyé

                               On ne peut pas dire que les chaînes privées nous offrent le meilleur en termes de prestations culturelles ou d'informations dignes de ce nom. Ce qui ne veut pas dire que les chaînes publiques, ou ce qu'il en reste, brillent toujours. C'est un hyper-euphémisme. L'une se fait singulièrement remarquer ces derniers temps. Ce ne serait rien si elle n'attirait autant de voyeurs spectateurs à une heure de grande écoute, sous couvert de "liberté d'expression" .             Sur C8, on a affaire à un vrai "Baba système" au service de Bolloré, l'heureux propriétaire de CNews, dont on connaît la ligne éditoriale.  Derrière l'aspect prétendument bon enfant des débats, on a à faire à modèle populiste pur avec une banalisation de l'extrême-droite au passage. Une mécanique de la récupération, au service de la voix de son maître.   


                                                                                           Comme l'analyse Christian Salmon       : " 
On n'a pas fini de «déconner» avec l'affaire Hanouna. Comment faire autrement? On ne peut en effet que «déconner» à vouloir analyser le «déconneur» en chef de «Touche pas à mon poste». Ces «conneries» revendiquées et auto-entretenues ne sont pas de simples dérapages, des séquences plus ou moins calibrées pour choquer et stimuler l'audience.    «Déconner», ce n'est pas pour Cyril Hanouna commettre une faute ou braver un interdit. C'est un mode opératoire qui est devenu dominant et qui préside aux échanges dans les médias ou les réseaux sociaux. «Déconner», c'est repousser la frontière de ce qui est dicible dans le débat public. L'indignation en fait partie. Elle souligne cette frontière, elle signale qu'elle a été franchie. En tant qu'acteurs plus ou moins consentants de la vie numérique, nous ne sommes pas seulement «pris au mot» mais «pris au clash» par le système Hanouna, emportés dans la spirale du discrédit qui fait valser les raisons et les légitimités et qui ruine l'espace même dans lequel notre indignation pourrait prendre pied, assoir sa légitimité.   Le clash entre l'animateur de TPMP et le député Louis Boyard dépasse désormais ses seuls protagonistes. Le feu qui s'est déclaré sur le plateau de C8 le 10 novembre dernier s'est propagé très vite au-delà des studios de Boulogne-Billancourt jusqu'aux bancs de l'Assemblée nationale, aux réseaux sociaux et aux médias. L'Arcom, l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle, s'est trouvée assaillie de signalements. Elle vient de mettre en demeure TPMP dans le traitement de la mort de Lola.    L'affaire Hanouna s'auto-entretient depuis une semaine. Habilement utilisée par l'animateur, qui a élargi le cercle de ses attaques à ses nombreux contradicteurs, l'affaire nourrit l'affaire, le scandale attise le scandale. L'émission trouve désormais sa matière, ses sujets, ses cibles, ses polémiques, en elle-même ou plutôt en lui-même....Le plateau d'Hanouna n'est pas un forum. C'est un trou noir. Son véritable but, ce n'est pas d'échanger des opinions ou des arguments, mais d'empêcher tout échange, de réduire tout dialogue à une tempête d'insultes et de provocations. Il ne s'agit pas de convaincre ni même de séduire, mais de surfer sur le discrédit de la parole politique. Logique de dévoration qui a pris la place de la délibération démocratique...."     __________________

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