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lundi 28 novembre 2022

Vers une nouvelle Allemagne?

Un tournant

           Du "doux commerce" à la puissance?

                                             Le départ d'Angela, qui avait cédé naïvement aux charmes du Tsar, laissant son prédécesseur gérer le géant Gazprom, surtout pour les intérêts des puissants groupes industriels allemands, et les revers auxquels nous assistons donnent à penser que la coalition aujourd'hui à Bonn est sur le point de faire sortir le pays de décennies de "pacifisme" assumé, à l'ombre de l'Otan et du parapluie de Washington. Certes, ce n'est pas le réarmement revanchard et sournois des années 30, mais c'est une volonté de devenir relativement autonome au sein de l'Union et d'investir massivement dans les armements défensifs, vu les menaces qui planent.. La rupture russe est passée par là, comme le conflit à haut risque qui se déroule non loin de ses frontières.                                                                                                         Comme le signale Wolfgang Streeck, ce virage n'est pas surprenant, mais ne manque pas d'ambigüités et de risques, surtout devant la menace d'une possible intervention nucléaire: "...Après le tournant historique de la politique étrangère allemande (Zeitenwende) décidé par Scholz, l’Allemagne se déclare de plus en plus prête à devenir la nation phare de l’Europe. Dès lors, sa politique intérieure devient plus que jamais une question d’intérêt européen. La plupart des Allemands se représentent la guerre nucléaire comme une bataille intercontinentale entre la Russie (anciennement l’Union soviétique) et les États-Unis, avec des missiles balistiques porteurs d’ogives nucléaires traversant l’Atlantique ou le Pacifique. L’Europe pourrait être touchée ou non, mais comme le monde serait de toute façon plongé dans un abîme, il semble inutile d’envisager cette possibilité. Craignant peut-être d’être accusés de « Wehrkraftzersetzung » (subversion de la force militaire, passible de la peine de mort pendant la Seconde Guerre mondiale, ndlr), aucun des « experts en défense » allemands, soudainement très nombreux, ne semble disposé à prendre au sérieux les avertissements de Joe Biden, qui évoque un « Armageddon » en cas d’usage de l’arme nucléaire.   Si une escalade nucléaire venait à avoir lieu, une arme de choix est une bombe nucléaire américaine appelée B61, conçue pour être larguée depuis des avions de chasse sur des installations militaires au sol. Bien qu’ils aient tous juré de se consacrer « au bien-être du peuple allemand [et] de le protéger contre tout danger », aucun membre du gouvernement allemand ne souhaite parler des possibles retombées que pourrait produire l’utilisation d’une B61 en Ukraine. Au vu du risque d’élargissement du conflit récemment posé par l’explosion d’un missile en Pologne, la question mérite pourtant d’être posée : où donc les vents porteraient-t-ils les retombées radioactives ? Combien de temps la zone entourant un champ de bataille nucléaire serait-elle inhabitable ? Combien d’enfants handicapés naîtrait-il à cet endroit et aux alentours dans les années qui suivrait une telle attaque ? Tout cela pour que la péninsule de Crimée puisse rester ou redevenir propriété de l’Ukraine…"   


                                                                                                   _______L'impensable est devenu possible. Ce qui rajoute à l'incertitude de Berlin, dont la puissance économique a pu être qualifiée de fragile. La fracture est inédite, l'opinion est divisée et les risques de durcissement ne sont pas nuls. Les relations avec Paris sont laborieuses et peinent à rétablir un semblant d'harmonie: "...
La visite éclair de la Première ministre française à Berlin (une heure !), vendredi après-midi, était surtout faite pour rassurer. Les deux chefs de gouvernement se sont présentés à la presse avec des formules toutes faites pour célébrer le «couple» historique. «Plus les temps sont difficiles, plus les relations franco-allemandes sont importantes», s’est félicité le chancelier Olaf Scholz avec un petit sourire pincé«Nous avançons bien [depuis le report du conseil des ministres franco-allemand annulé le 19 octobre pour cause de graves désaccords, ndlr]», lui a répondu Elisabeth Borne...".  Malgré de difficiles compromis, les tensions restent grandes entre ce qu'il reste du fameux couple franco-allemand, condamné à se rabibocher au nom d'intérêts supérieurs, pour contrecarrer les arrières pensées du Tsar...
        ___Une dépendance problématique...      ______________

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