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samedi 6 mars 2021

Fabrique de l'ignorance

Vérité mise à mal

                       Bernays avait été un pionnier dans le domaine de la "propagande", c'est à dire dans l'art, parfois subtil, de faire valoir un produit, de lui donner une valeur quasi indispensable pour le consommateur. Toute une technique où les ruses du langage sont mobilisées pour atténuer le sens critique, entraîner la séduction et donc l'acte d'achat le plus impulsif possible. Dans l'intérêt des fabricants et des industriels, qui ont absolument besoin de publicité, de plus en plus élaborée, pour vendre à tous prix.   


                                                                               Arte a diffusé récemment un document  s'intéressant aux techniques actuelles visant dans ce domaine à présenter des produits comme utiles, voire nécessaires, qu'elle qu'en soit la valeur intrinsèque. "Tromper le client", comme on disait autrefois, le séduire, dirait-on aujourd'hui, en masquant soigneusement les inconvénients ou parfois les effets nocifs, que ce soit une cigarette, un produit alimentaire ou phytosanitaire.       __La stratégie est de maintenir l'ignorance, autant que possible et d'entretenir le doute, quand c'est nécessaire, contre l'avis des experts et de la science avérée. Une ignorance tout à fait stratégique. Il arrive parfois que certains scientifiques entrent dans le jeu des intérêts des fabricants, non de manière désintéressée, comme on l'a vu en matière pharmaceutique.  Le détournement de la science est aussi devenu un grand classique. Distiller le doute aussi, quand les critiques se font trop fortes, ".. pour contrer une vérité dérangeante, car susceptible d’entraîner une réglementation accrue au prix de lourdes pertes financières, l’industrie imagine alors en secret une forme particulière de désinformation, qui se généralise aujourd’hui : susciter, en finançant, entre autres, abondamment des études scientifiques concurrentes, un épais nuage de doute qui alimente les controverses et égare les opinions publiques..."         Non pas que le doute soit à rejeter, au contraire, mais ici il s'agit d'un doute calculé, stratégique.      Le doute, qu'il soit cartésien, méthodique ou plus modeste et circonscrit, est toujours une attitude qu'il importe de valoriser en toutes circonstances. Que soit dans la vie quotidienne, dans la recherche d'informations, ou dans celui de la recherche ou des débats scientifiques.

     Le doute est libérateur quand il est animé par le désir de sortir d'un dogmatisme trompeur,  de rechercher une vérité plus satisfaisante, d'oser penser par soi-même, comme disait Kant. C'est toujours possible, à des degrés divers, toujours libérateurs.
    Mais le doute peut être instrumentalisé, utilisé à dessein comme un moyen d'instiller un soupçon, de faire naître une résistance vis à vis de connaissances pourtant bien ou assez bien établies. Parce qu'elles gêneraient, remettraient en question des vérités qui dérangent, qui mettent en péril des intérêts bien établis, un business fructueux, contestés par des esprits suffisamment éclairés et indépendants.
     C'est le cas bien connu des défenseurs du business de l'amiante, ce poison qui n'a pas fini de faire des ravages et dont les dangers ont été signalés dès le début du XX° siècle.
   C'est le cas, tout aussi connu du lobby des cigarettiers, toujours en action, qui dépensent des sommes pharaoniques pour produire des rapports à l'aspect "scientifique" pour justifier la poursuite de leurs affaires très juteuses, au détriment de la santé publique.
   Le plus insidieux, c'est lorsque une industrie, aux productions dûment contestées pour leurs méfaits, soudoient des "experts" complaisants pour susciter des questions là où il n'y a plus lieu d'en poser, pour relancer des recherches biaisées, pour éviter que le dernier mot de soit donné à ceux qui  ont fermement établi la nocivité de produits devenus d'un usage commun. 
    Au niveau politique, local ou plus large, des firmes savent aussi y faire pour influencer les débats sur les questions sur les réglementations ou des interdictions. Parce qu'elles ont de puissants moyens.
  C'est ce que montre bien, et depuis des années, certaines enquêtes, comme celle sur les produits à base de glyphosate,la molécule la plus utilisée au monde.
    Le dossier est déjà lourd. Les études de Marie-Monique Robin sur le sujet sont décisives, mais pas uniques.
    Ce qu'on a appelé la manufacture du doute dans différentes productions contestées, dont le monde rapidement grandissant des perturbateurs endocriniens.
   Parfois des questions légitimes peuvent encore se poser, mais il est des points qui ne peuvent plus être contestés sans être partisans intéressés.
   Mettre la science à l'abri des pressions de certains intérêts privés, dont le but est de distiller le doute, est aujourd'hui plus qu'hier un projet nécessaire, un combat permanent.       _________

lundi 26 septembre 2016

Distiller le doute


                                                                                      [Note de lecture]

          ... Pour répondre aux critiques.
                                   Une désinformation  plus ou moins subtile.
       La science, avec ses incertitudes, ses imperfections et ses limites n'est pas en cause.
   Seuls le sont, dans certains domaines, certains scientifiques et vulgarisateurs  qui peuvent se faire propagandistes de puissants intérêts industriels. La savoir et le lobbying ne sont pas toujours en adéquation...
       De l'art de biaiser et de nier les évidences 
            Au cours des dernières décennies, la science s’est transformée, à plusieurs reprises, en un instrument à double tranchant. D’un côté, elle sert à éclairer l’humanité sur le fonctionnement de notre univers et sur celui de notre corps. D’un autre, elle se met parfois au service de causes qui n’ont rien de scientifique. On a ainsi vu des chercheurs s’opposer aux résultats des travaux démontrant les dangers du tabac ou du DDT, établissant la réalité du trou d'ozone ou alertant sur les dégâts des pluies acides sur l’environnement. Aujourd’hui, certains scientifiques contestent la responsabilité des activités de l’homme dans le réchauffement climatique, voire la réalité même de ce réchauffement. Ils sont soupçonnés de servir, eux aussi, des intérêts économiques qui s’accommodent mal des contraintes dues à la limitation des rejets de CO2 dans l’atmosphère.
           Telle est la thèse d’une historienne américaine des sciences de la Terre, Naomi Oreskes, professeur à l’université de Californie, qui vient de publier en France son livre intitulé Les "marchands de doute" , coécrit avec Erik Conway, historien des sciences au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. Des années d’enquête leurs ont été nécessaires pour reconstituer le fil de ces débats en apparence scientifiques mais qui masquent le lobbying orchestré par de puissantes entreprises ou des secteurs industriels. Si ces affaires sont complexes et délicates à débrouiller, c’est bien parce que les lobbys instrumentalisent des scientifiques pour défendre leurs thèses. Pour atteindre leur objectif, c'est-à-dire souvent une absence de réglementation contraignante et coûteuse pour leur activité, les lobbys ont besoin des médias. Et Naomi Oreskes n’épargne guère la presse ni les journalistes accusés de complicité.
    Comment la science s’est-elle laissée pervertir par les intérêts économiques et financiers depuis une cinquantaine d’années ?Quels sont les coupables ? Les scientifiques, les journalistes, les hommes politiques ?Comment détecter les impostures scientifiques et organiser des débats publics qui échappent aux pressions des lobbys ?Comment rétablir une indépendance des chercheurs mais aussi des journalistes pour éviter que ne se reproduisent des situations dans lesquelles les marchands de doute parviennent à leur fin sans, pour autant, éliminer le doute qui constitue l’un des moteurs de la recherche ?
    ___ Cela vaut dans de multiples domaines:
En économie (comme ici)
* Dans l’industrie du tabac (ou de l'amiante)
* A propos du trou dans la couche d’ozone
* Au sujet du  réchauffement climatique (en plusieurs périodes)
* En ce qui concerne les pluies acides; la tentative de réhabilitation du DDT, la « Guerre des étoiles », etc... 
                                    Qui doit-on écouter pour se forger un jugement?
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    On peut lire aussi avec profit: 24h sous influences, de Roger Lenglet, La fabrique du mensonge, de Stéphane Foucart, ou Le monde selon Monsanto de M. Robin.

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...Son esprit s'échappa vers le labyrinthe de la double pensée. Connaître et en pas connaître; en pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement construits; retenir simultanément deux opinions qui s'annulent alors qu'on les sait contradictoires et croire à toutes les deux; employer la logique contre la logique; répudier la morale alors qu'on se réclame d'elle..." (Orwell 1984)
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vendredi 5 septembre 2025

L'art de brouiller les pistes

     Et de distiller le doute

                    Dans tous les domaines . Voir ici

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