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vendredi 21 juin 2024

Immigration et travail

 L'"éternel" retour de la question

                              Dans un nouveau contexte. C'est peu de dire que l'immigration est un sujet de débat. En cette période, il est (re)devenu en France, terre réputée d'immigration, presque un sujet central. Pas seulement en France. Des rejets de Orban, aux louvoiements de Londres, agitant fantasmes ancestraux et questions réelles, souvent ml posées, on n'a pas fini d'en débattre, souvent de la manière la moins informée, la plus passionnelle. Les incidences du phénomène migratoire sur le chômage, notamment en France, revient régulièrement. et spécifiquement aujourd'hui, à l'heure où le RN en fait son principal cheval de bataille, non sans xénophobie..                   Les critiques ne manquent pas, même dans le monde du travail, pour contrecarrer les préjugés souvent les plus éculés ou les approches les plus rudimentaires.                                                                                                                                                     Après le débat au Sénat sur une question qui ne cesse de rebondir sans fin, on peut être assuré que l'on est loin d'avoir épuisé le sujet, tant la confusion des esprits sur ce sujet est importante sur une question qui fait débat, pas seulement en Europe. Au gré des fluctuations politiques, des prises de parti et des passions instrumentalisées. Depuis 1945, les lois et les ordonnances se succèdent. Parions qu'il  en aura d'autres... Et pourtant la France n'est pas le pas le pays le plus concerné. A suivre...                                                                           ____"...Pour quel résultat ? Aucun de ces textes n’est parvenu à éteindre le débat brûlant sur l’immigration né au cœur des années 1970. Même l’accélération des réformes depuis les années 1980 a été impuissante à contenir la poussée de l’extrême droite, qui s’appuie alors sur l’équation fallacieuse inventée par Jean-Marie Le Pen : « 1 million d’immigrés = 1 million de chômeurs. »  L’amoncellement des lois n’a eu guère plus d’effets sur la réalité de l’immigration, la hausse des demandes d’asile, dans les années 2010, ou la « crise » des réfugiés, en 2015 – les flux migratoires dépendent bien plus de circonstances extérieures que des décrets.   Cette frénésie de changement n’est pourtant pas anodine. Sans même compter le temps passé au Parlement et dans les ministères pour procéder sans cesse à des ajustements, tantôt minuscules, tantôt fondamentaux, de la politique migratoire, les acteurs de terrain (magistrats, avocats ou associatifs) peinent à suivre le rythme effréné des réformes, qui se contredisent souvent, et complexifient le droit des étrangers. Ainsi, les conditions de délivrance de la carte de résident de longue durée ont changé huit fois depuis 1984, réclamant aux étrangers cinq, dix ou quinze ans de résidence en France, et les critères de régularisation des immigrés sans papiers ont été redéfinis près d’une quinzaine de fois depuis les années 1970.  Ces incessantes révisions de la législation ont progressivement brouillé la répartition des rôles confortable entre une droite « ferme » et une gauche « humaniste ». Car si Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy restent probablement les champions des mesures anti-immigration, les socialistes ont entériné, voire devancé, de nombreux durcissements proposés par la droite. Une tendance largement confirmée depuis l’élection d’Emmanuel Macron...." (Le Monde)


                                               *   __ Point de vue...."Le président de la République lui-même a très mal engagé l'épreuve. Le 8 août 2023, il déclarait au Figaro : « Nous avons toujours été un pays d'immigration et nous continuerons de l'être ». Aurait-il dit cela devant les habitants de Mayotte, de Guyane ou de Guadeloupe qui n'en peuvent plus de l'immigration sauvage qui ravage leur existence et ruine leurs espoirs de progression sociale ?   Leur exaspération est telle que, comme tous les départements d'outre-mer (à l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon !), ils ont voté massivement aux élections présidentielles de 2017 et 2022 contre le candidat Emmanuel Macron et pour sa rivale Marine Le Pen en dépit de tout le mal qu'on en dit en métropole .   Si l'on en croit un reportage récent du magazine Marianne, la violence  à Mayotte serait telle aujourd'hui que des Comoriens entrés illégalement sur l'île auraient en définitive fait le choix de revenir dans leur village. Plutôt la dignité dans la pauvreté au milieu des siens que l'indigence et la peur en terre hostile.    Pour en revenir à la France historique, entre Pyrénées et Rhin, d'où le président tient-il qu'elle a « toujours été un pays d'immigration » ?  Il reproduit les propos clairement mensongers de tous ceux qui croient nécessaire de maquiller les faits pour réaliser leurs souhaits. Que ces personnes-là souhaitent accueillir sur le sol de France « toute la misère du monde » (citation), c'est leur droit légitime et il leur appartient d'en convaincre leurs concitoyens en démontrant que les classes populaires ne seront pas davantage paupérisées et que les immigrants de la première heure ne retrouveront pas en France la société qu'ils avaient souhaité fuir.   Mais ce débat démocratique doit se faire à la loyale, sur la base de faits réels et non en réinventant l'Histoire de notre pays et de l'Europe. Nous renvoyons nos lecteurs à nos articles et dossiers qui attestent sans aucune équivoque du caractère tout à fait inédit des vagues migratoires apparues en 1974. Auparavant, depuis les invasions indo-européennes d'il y a environ 4500 ans, l'Europe occidentale n'avait connu aucune vague d'immigration significative (les Mongols et les Arabes eux-mêmes n'avaient fait que passer). Durant le précédent millénaire, notre pays lui-même a connu des brassages notables de populations, soit que ses ressortissants aient repeuplé la Castille au XIIe siècle, soit qu'il ait lui-même accueilli des travailleurs venus des pays limitrophes à la fin du XIXe siècle.                                                                                                                                        Au début des années 2000, les vagues migratoires, jusque-là concentrées sur l'Afrique du nord et la Turquie, se sont déplacées vers l'Afrique subsaharienne en pleine aurore démographique. Elle représentait à peine 5% des naissances mondiales il y a un siècle ; elle en représente aujourd'hui 35% environ contre 5% pour l'Europe, Russie comprise. À ce moment-là, les dirigeants européens, gauche comprise, évoquaient la nécessité de lutter contre l'immigration illégale et rejetaient d'une seule voix le « multiculturalisme ». Mais ces digues ont en définitive sauté en 2015 suite à l'afflux de réfugiés en provenance de Syrie.   ONG occidentales et passeurs organisent de concert le transport à travers la Méditerranée des migrants principalement venus d'Afrique en attendant, pourquoi pas? un pont aérien entre les différentes capitales africaines et leurs homologues d'Europe.    Sur la base de ce préambule factuel, on aimerait aujourd'hui entendre notre classe politique débattre des seules questions qui vaillent : cette immigration est-elle inéluctable ? profite-t-elle aux pays de départ ? aux pays d'accueil ? aux migrants eux-mêmes ?...   Interrogeons-nous aussi sur le lien entre immigration et natalité. Tous les pays développés aujourd'hui (Europe, Amérique du nord, Extrême-Orient) connaissent un effondrement de la fécondité, le nombre moyen d'enfants par femme étant partout inférieur au seuil qui permet à une population de se renouveler. La France a connu un effondrement sans précédent du nombre de naissances en 2022 et un solde naturel (différence entre naissances et décès) à peine positif (grâce aux naissances dans les foyers issus de l'immigration des cinquante dernières années).   Interrogeons-nous sur un système économique devenu fou, qui ne laisse plus aux jeunes couples le loisir d'élever des enfants et ne sait même plus fabriquer les médicaments indispensables à tout un chacun. Dans le même temps, il s'oblige à recruter dans les pays les plus déshérités les médecins et cadres dont ces pays auraient le plus grand besoin et les manoeuvres nécessaires aux petits plaisirs de notre classe privilégiée des métropoles (comme se faire livrer une pizza à minuit).     Il y a d'autres questions qui mériteraient d'être examinées à la lumière de l'expérience et de l'Histoire. En induisant chez nos décideurs et nos entrepreneurs le sentiment rassurant de disposer d'un réservoir de main-d'oeuvre sous-qualifiée mais peu chère et corvéable à merci, cette immigration ne décourage-t-elle pas tous les efforts d'innovation et de productivité qui ont permis à  nos sociétés d'effectuer de grands progrès en matière d'équité sociale dans les siècles précédents ? ne nous renvoie-t-elle pas à la situation caractéristique des empires esclavagistes de l'Antiquité ?       Nous nous sommes efforcés de défricher ces questions sans tabou. Et comme nous gardons l'espoir d'une sortie par le haut, nous avons tenté d'ébaucher un corpus de solutions satisfaisantes pour toutes les parties, en premier lieu nos concitoyens les plus modestes et nos concitoyens issus de l'immigration récente ainsi que pour les déshérités d'ailleurs qui seraient tentés par le mirage migratoire. " [André Larané]          _________________________________

vendredi 22 décembre 2023

Immigration: le retour

Une fois de plus

               Back to the Past

                             Le retour d'un débat toujours mal engagé, où se mêlent désinformations, passions et intérêts politiques à court terme, mauvaise foi et aveuglement. Un problème qui n'est pas seulement une question de police, destiné à rassurer une opinion mal informée sur la base d'analyses biaisées, de données discutables, plus révélateur en l'occurrence de la réaction d'un pouvoir ébranlé que de la véritable nature des faits. Une réaction parfaitement illusoire en réalité. On peut s'attendre à ce que ce dossier "insoluble" en l'état actuel des choses revienne en force bientôt, après passage au Conseil Constitutionnel. Un casse tete, une situation inextricable: "...L’exécutif communique régulièrement que seuls les partis du gouvernement sont légitimes, tout en accusant les autres formations de “cynisme” et d’"incohérence" – comme l’aurait fait le chef de l’État mardi matin en Conseil des ministres. Dans les deux chambres, tous les représentants ont pourtant été élus et ont des comptes à rendre à leurs électeurs. Cette stratégie s’avère donc contre-productive et semble même aliéner des alliés potentiels..."                                                 Le dossier n'est pas franco-français, mais européen et ne pourra trouver une issue relativement satisfaisante qu'à ce niveau. Sinon, c'est le déni, alors que des exigences patronales se font entendre. Bref, un débat sans vision et discutable, lié à certains mythes tenaces. 


 
   _____Le Sénat durci le ton, franchit un pas. Il revient notamment sur le problème des quotas et du regroupement familial. Malgré les manoeuvres du Chef de l'Etat. L'aide médicale d'Etat revient aussi sur le tapis, sa suppression mettant en danger toute la population... L'équilibrisme continue son cours. La droite glisse vers l'extrême. "...Annoncé en grande pompe à l’automne 2022 par deux ministres à la fois, Gérald Darmanin (intérieur) et Olivier Dussopt (travail), ce texte, à l’origine conçu comme équilibré, contient un volet « fermeté » (expulsions facilitées) et un volet « humanité » (régularisation des sans-papiers travaillant dans des métiers en tension), le premier étant destiné à rallier les voix de la droite et le second à donner des gages à la gauche. Las. Au lieu de convaincre droite et gauche de voter le texte, cette position d’équilibriste a braqué les deux. D’un côté, le parti Les Républicains (LR) refuse de voter le texte s’il n’est pas expurgé du fameux article 3 (régularisation), au motif qu’accorder des titres de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre créerait un appel d’air. De l’autre, les tenants de l’aile gauche de la majorité assurent qu’ils ne pourront voter un texte répressif dépossédé de son volet social...;"   


                                                                                                            Il y aurait les "bons" (les utiles) et ceux qu'il importerait de renvoyer... "..."...Depuis trente ans, c’est "l’ère du soupçon institutionnalisé" à l’égard de l’immigration : suspicion systématique, obsession de la lutte contre la clandestinité, du contrôle, de la fraude, refus de régularisation globale et répression accrue contre les sans-papiers, les demandeurs d’asile et criminalisation des soutiens - individus et associations - "délinquants de la solidarité" coupables d’avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

__Les rares occasions où l’immigration est abordée de façon positive, c’est uniquement lorsque celle-ci peut servir les intérêts nationaux (réponse au vieillissement de la population, apport de cerveaux étrangers, main d’œuvre spécialisée pour palier les manques dans certains secteurs...). En dehors de ces quelques exceptions, discours après discours, mesures après mesures, l’immigration est toujours présentée comme un problème et comme une menace. Dans ce cadre, les immigré(e)s sont traités comme des personnes aux droits limités, sur lesquels pèse le soupçon systématique de fraude et qui seraient en train d’envahir l’Europe en général, et plus particulièrement la France.
_Chômage, précarité, insécurité, délinquance... tous les maux ou presque seraient d’une façon ou d’une autre plus ou moins directement imputables aux immigré(e)s. Comme toujours, quand cela va mal, c’est de la faute de « l’autre ». Pour satisfaire ses ambitions électoralistes, le Ministre de l’Intérieur, bien décidé à capter une partie de l’électorat d’extrême-droite, n’hésite pas à rajouter de l’huile sur le feu en faisant siennes des formules xénophobes du Front national lorsqu’il proclame par exemple que « Quand on vit en France [...] on aime la France. Si on n’aime pas la France [...] personne ne vous oblige à rester »... propos qui n’ont rien à envier au slogan lepéniste : « La France, aimez là ou quittez là » ! Une telle approche de l’immigration est irresponsable : elle déstabilise chaque jour davantage l’ensemble des populations entières (en situation régulière ou non) ; elle engendre son lot d’abus et de bavures ; elle favorise la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion et, par réaction, les communautarismes...
_Le plus souvent la population issue de l’immigration se retrouve à travailler dans des secteurs exploités par un patronat qui ne s’embarrasse pas avec le social. Le fait que certains de ces salarié(e)s soient de plus en situation de clandestinité, ou le deviennent au gré des évolutions des lois et réglementations, place ceux-ci en totale dépendance vis-à-vis de leurs employeurs et en position extrêmement vulnérable pour faire appliquer le droit du travail. Ils ne peuvent évidemment faire respecter leurs droits en matière de conditions d’embauche, d’heures de travail, de salaire ou de représentativité... Ainsi, dans notre pays, comme partout en Europe, plusieurs centaines de milliers de salariés sont confrontées quotidiennement à la précarité, la surexploitation et le non-droit. Parce que ceux-ci sont contraints d’accepter l’inacceptable et parce qu’ils permettent de tirer vers le bas l’ensemble du salariat, les sans papiers sont indispensables pour le patronat.
_L’immigration assume un rôle de laboratoire de la flexibilité du travail et l’étranger sans titre représente pour l’employeur le travailleur idéal (pas de charges sociales, pas de contraintes réglementaires, une rémunération inférieure au SMIC...). Cette situation économique est assimilable à celle générée par une « délocalisation sur place » et s’inscrit de plein pied dans la logique libérale qui tend à imposer flexibilité et précarité à l’ensemble du salariat. Constat qui ne peut qu’interpeller toute organisation syndicale.
_Face à de telles zones de non-droit, une politique responsable passe par un renforcement des moyens de l’Inspection du travail, une réelle volonté de s’attaquer aux donneurs d’ordres (et non à leurs victimes) et plus fondamentalement par le fait que ces salariés puissent devenir des salariés comme les autres... et donc que leur situation administrative soit régularisée.
.."
Les très bons comptes de l’immigration  ___Critiques __ Désinformations et dysfonctionnements____ Préjugés

      ____Une question complexe et évolutive, certes, mais à relativiser, à mesurer, et  souvent dénaturée...    Des meures inadaptées.________________________________

jeudi 25 octobre 2007

Guy Môquet :mémoire manipulée?


Laissons Guy Môquet en paix...

Personne n’en aurait parlé si, dans sa mise en scène permanente de lui-même,dans sa prétention à transcender tout clivage politique, dans son art consommé de brouiller les cartes en instrumentalisant l’histoire, dans sa volonté récupératrice qui fait feu de tout bois (ce fut Jaurès, bientôt Marx ?), notre Grand Timonier n’avait pas utilisé sa mémoire. Le présent n’est pas brillant, l’avenir semble échapper au volontarisme magique, reste le passé qu'’on torture pour en faire un élément fédérateur, faute de mieux...Nihil novi... ZEN




Guerre des mémoires, par Bertrand Le Gendre Le Monde| 24.10.07 | 13h36 • Mis à jour le 24.10.07 | 13h37

"En 2005, la polémique portait sur l’esclavage, le génocide arménien et le rôle "positif" de la colonisation... On croyait cette guerre des mémoires éteinte, mais le feu couvait sous la cendre. De nouveaux foyers ont pris feu, ranimant les passions. Comment parler de l’immigration ? A qui appartient Guy Môquet ? La République est-elle comptable des crimes de Vichy ?

Ces questions, Nicolas Sarkozy et son conseiller spécial, Henri Guaino, les posent sans complexes. Comme prévu, les historiens se raidissent, la gauche crie à la manipulation des symboles, et l’Elysée persiste. Le chef de l’Etat et son idéologue ont de bonnes raisons d’exalter ainsi le passé. Ils voient dans la nation un antidote providentiel à la mondialisation qui désincarne la France, un remède nécessaire aux forces centrifuges qui minent le vivre ensemble dont parlait Ernest Renan (1823-1892).

Nicolas Sarkozy ne connaissait pas la lettre de Guy Môquet, qu’il a décidé de faire lire le 22 octobre dans tous les lycées. C’est Henri Guaino, gaulliste nostalgique, qui la lui a mise sous les yeux pendant la campagne présidentielle.

A qui appartient la mémoire de ce jeune communiste fusillé à 17 ans par les Allemands, en octobre 1941 ? A tous, affirme l’Elysée. A nous, rétorquent les communistes, non sans arrière-pensées. Exalter le sacrifice de Guy Môquet, c’est passer sous silence l’un des épisodes les moins glorieux de l’histoire du Parti communiste français: l’adhésion du parti au pacte Hitler-Staline d’août 1939. Une trahison qui, en février 1940, valut au père de Guy Môquet, Prosper Môquet, d’être déchu de son mandat de député.

Otages de mémoires concurrentes, les enseignants et les chercheurs, en particulier les historiens, ont le sentiment d’être abusés, dépossédés. Ils disent "instrumentalisés". Dans L’Humanité, une professeure de lettres s’insurge contre la circulaire demandant aux enseignants de lire la lettre d’adieu de Guy Môquet: "Cette circulaire transforme cet hommage au résistant qu’il était en une sorte d’ode à l’obéissance."

Histoires d’hier, querelles d’aujourd’hui. La gauche s’exaspère tout autant de l’invocation par la droite de ses grands hommes: Léon Blum, Jean Jaurès, Jules Ferry... Voulue par Jacques Chirac - horresco referens -, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration est révélatrice de ces tiraillements, dont les travailleurs étrangers sont souvent l’enjeu.

A quelques semaines de son ouverture au public, porte Dorée, à Paris (12e), une poignée d’historiens décidaient de quitter son conseil scientifique pour protester contre la création d’un ministère de l’immigration et de "l’identité nationale". Les mêmes historiens sont revenus à la charge, début octobre, pour contester la création d’un Institut d’études de l’immigration au sein du Haut Conseil à l’intégration. Son inauguration par le ministre, Brice Hortefeux, a dû être reportée sine die.

Guy Môquet, identité nationale... Henri Guaino revisite le passé avec une telle passion qu’il lui arrive de mettre Nicolas Sarkozy en porte-à-faux. Le régime de Vichy était-il la France ? Non, disait de Gaulle. Oui, a dit Jacques Chirac. Non, a expliqué Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, dans un discours inspiré par Henri Guaino: "La France n’a pas commis de crime contre l’humanité, la France n’a pas commis de génocide."

Si la France en tant que telle n’est pas coupable de la rafle du Vél’d’Hiv’, pourtant organisée par la police française, c’est donc Vichy qui est responsable. Retour à la vulgate gaulliste. C’est ce qu’on avait cru comprendre jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy, élu président de la République, assure qu’il n’avait "rien à ajouter et rien à retrancher au très beau discours de Jacques Chirac". En juillet 1995, commémorant la rafle de 1942, l’ancien président avait affirmé que "la France" des années d’Occupation avait commis "l’irréparable", la France et non l’Etat français.

Dans Le Monde du 27 juillet, Serge Klarsfeld, président de l’association Les Fils et Filles de déportés juifs de France, se félicitait aussitôt de ce retour à l’orthodoxie chiraquienne. Qu’en a pensé Henri Guaino ? On le sait depuis l’interview qu’il a accordée à Libération (20-21 octobre). Il ne désarme pas: "Ma France à moi, elle n’était pas à Vichy. Je ne vais pas me repentir de quelque chose que je n’ai pas fait..."

BROUILLONNE, INTÉRESSÉE, APOCRYPHE

Ces messages contradictoires, cet empilement de propos n’embarrassent pas Nicolas Sarkozy. Contrairement à son conseiller spécial, ce n’est pas un idéologue. Il ne se sert pas de l’histoire comme d’un corps de doctrine, mais comme d’une boîte à outils, au risque d’entretenir, par ses zigzags, la guerre des mémoires.

Comme pour le régime de Vichy, la France ne sait pas sur quel pied danser avec l’immigration. Et encore moins avec la colonisation. Là aussi, la parole officielle empile, juxtapose, faute d’un accord sur une lecture commune du passé.

Le Palais de la porte Dorée, où la République se propose aujourd’hui de "changer le regard contemporain sur l’immigration", a d’abord abrité l’Exposition coloniale de 1931. Puis un musée des colonies. Puis un musée de la France d’outre-mer.

Les deux ailes de son grand hall Art déco hébergent toujours des fresques monumentales où se déhanchent, lascives, des négresses nues. Telle était, à l’apogée de l’empire, la vision de l’homme blanc.

Cette sédimentation de l’histoire est une constante du roman national. De la colonisation, certains ne veulent retenir que le côté présentable: Charles de Foucauld, Lyautey, les tirailleurs sénégalais... Les autres ne voient que sa face hideuse: le travail forcé, la torture en Algérie...

L’invocation de Guy Môquet brouille pareillement la mémoire nationale. Elle exalte un acte de résistance héroïque sans le resituer dans son contexte. Contrairement à Guy Môquet, la France profonde a collaboré ou elle a fait le dos rond.

De Gaulle le savait, mais il ne voulait pas le savoir. A peine revenu en métropole, en juin 1944, il s’adressait ainsi à des Normands maréchalistes la veille encore: "Ce que le pays attend de vous, c’est que vous continuiez le combat comme vous ne l’avez jamais cessé depuis juin 1940." De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, c’est la même vision de l’histoire nationale qui se perpétue. Brouillonne, intéressée et souvent apocryphe.

Les historiens s’insurgent. Ils ont bien raison. Mais ils n’y peuvent rien. Sinon fourbir leurs arguments pour la prochaine bataille de la guerre des mémoires". Bertrand Legendre Article paru dans l’édition du 25.10.07.


La manipulation des émotions (Contrejournal):

Le théâtre politique de Nicolas Sarkozy




lundi 19 juin 2023

Immigration, encore...

Une question polémique, souvent dénaturée...
                                                                    Qui n'a pas cessé d'être au coeur d'âpres débats depuis quelques années,  où la sérénité et l'objectivité risquent d'être souvent absentes. Dans notre pays surtout, où les confusions sont multiples sur ce sujet. En Allemagne, moins, où de gros efforts d'intégration sont en cours, dans un contexte où le vieillissement de la population compromet l'avenir économique. Non pas que certaines formes d'immigration ne posent pas problème, mais les questions débattues sur ce sujet sont souvent sujettes à caution et pleines de parti-pris, souvent relatives à l'histoire d'un pays, comme en France l'affaire algérienne, qui laisse toujours des traces dans certains milieux.                      Il est difficile d'abstraire cette question, hautement politique, d'un contexte d'options économiques et de choix de société, de préjugés moraux. Comme dans cette analyse, qui mérite d'être discutée et nuancée. Pour partie, les débats sur ce sujet, ou prétendus tels, relève d'une grande hypocrisieL'exil ou la mort, bien souvent...

                          La question de l'immigration revient au coeur des débats préélectoraux. De la pire des manières. Avec ses approximations habituelles, ses amalgames fréquents, ses préjugés tenaces, ses passions exacerbées, son instrumentalisation jouant sur les peurs et parfois des fantasmes ancestraux..               La vieille question du travail clandestin dans différents secteurs d'activité, en France comme ailleurs est souvent encore passée sous silence. Les politiques migratoires varient au gré des circonstances et des idéologies, selon les perceptions d'une opinion publique marquée par l'air du temps et une connaissance du problème conditionnée par des préjugés variables, des connaissances de l'histoire aléatoires.                                                                                                __________"...Ils sont artisans, boulangers, restaurateurs, bouchers, soignants. Et toujours un peu plus nombreux à se mobiliser pour empêcher l’expulsion d’un employé immigré sur lequel ils savent compter. Ils sont aussi étrangers mais diplômés en France, parfois chercheurs dans des laboratoires prestigieux, sans pour autant parvenir à renouveler leur titre de séjour condition sine qua non pour pouvoir travailler.    A quelques semaines de l’élection présidentielle, quand les questions identitaires et sécuritaires se mélangent et hystérisent les débats sur l’immigration, ces récits disent une autre histoire : celle de la pénurie de main-d’œuvre, des freins administratifs kafkaïens et de la contribution des immigrés – qu’ils soient diplômés ou pas – à l’économie. Ils racontent leur présence essentielle, comme ces aides-soignantes en « première ligne » applaudies au début de la pandémie. Ils montrent, en creux, à l’autre bout du spectre, la faible affluence des étrangers plus qualifiés. « Ainsi la France, 6puissance économique mondiale, n’est que 19e au classement mondial “compétitivité et talents” élaboré par [l’école privée de management] l’Insead, qui mesure la capacité d’un pays à attirer, produire et retenir des talents », constatent des économistes dans une note du Conseil d’analyse économique de novembre 2021.   L’immigration a toujours rempli un rôle de compensation là où il y avait un vide, où les besoins n’étaient pas satisfaits par la population locale. A la fois sur les métiers pour lesquels la demande s’accroît brusquement et sur ceux qui sont en déclin comme l’artisanat en voie d’être mécanisé ou délocalisé. Certes, depuis l’époque des ouvriers spécialisés (OS) de Renault à Boulogne-Billancourt décrits par le sociologue Abdelmalek Sayad en 1986, le profil des immigrés de travail s’est diversifié. De plus en plus exercent une profession qualifiée, à l’instar des 11,5 % de médecins formés à l’étranger, ou des nombreux ingénieurs informatiques tunisiens...."   ___Que serait l'hôpital sans les nombreux médecins et chirurgiens étrangers...mal payés?

         On oublie que les migrations font partie de l'histoire des hommes. Un problème complexe et multiforme, sur lequel dominent le désaccord et la cacophonie, où l'UE montre sa faiblesse entre tolérance intéressée et rejet sans concession. C'est la grande dissonance: entre  l'accueil de Merkel il y a peu et les rejets sans nuances du bloc des pays plus à l'est, il y a conflit ouvert.  Malgré les appels des organisations  caritatives et humanitaires, les politiques d'accueil sa durcissent, comme en Grèce, parfois jusqu'à la fermeture systématique des passages possibles.                  C'est la politique du mur,  du grillage ou du barbelé. Certains gouvernants sont de plus en plus tentés, parfois sous la pression d'une opinion mal informée, par un grand renfermement, qui garantirait leur réélection. Sans égard pour une réalité migratoire complexe et multiforme.

            L'orbanisation gagne les esprits, jusqu'en France où elle devient un thème récurrent de la campagne, comme arme électorale.. Sans nuances. Etablir une forteresse à la Trump, c'est le grand fantasme pour certains, un cheval de bataille, l'instrumentalisation idéal du moment. Sans souci de nuances sur ce problème complexe.   La crise européenne de durcit, mettant à mal ses institutions, mettant à jour ses failles. Notamment l'impuissance face aux pressions de l'est. C'est souvent le retour aux vieilles recettes qui ne fonctionnent pas, un travail de Sisyphe. Les murs n'ont jamais rien réglé et n'ont jamais contribué à dissoudre les préjugés et les amalgames. Ils tendent plutôt à renforcer les violences:  "...Ils ont survolé la question, devenue, il est vrai, banale : les ministres européens de l’intérieur et chargés des migrations, réunis vendredi 8 octobre à Luxembourg, n’avaient pas envie de s’appesantir sur cette nouvelle affaire de pushbacks (refoulements illégaux) de migrants, révélée la veille par le consortium d’investigation Lighthouse Reports. Cette fois, celui-ci s’était appuyé sur des enregistrements prouvant les brutalités commises par des membres de forces de l’ordre, aux uniformes rendus anonymes, des « unités spéciales » à l’œuvre en Croatie, en Grèce et en Roumanie, et dont le financement pourrait venir de fonds européens...."

                        ____Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
          Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
     Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
     Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
    Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.   L'accueil des  migrants en France est l'objet de bien des critiques. De nombreux exemples, depuis ceux, médiatisés, de Calais et de la Porte de la Chapelle, notoirement mal gérés, ont le don de rendre impopulaires des phénomènes mal cernés, où les amalgames sont nombreux. Jusqu'au rejet xénophobe parfois. Ce n'est pas inédit dans notre histoire.     Beaucoup de migrants, même pour des raisons politiques, subissent actuellement un sort  pire que sous Sarkozy et Hortefeux. Pire que sous Hollande et Valls.      Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.  La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps     La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.   La Commissaire européenne Cécilia Malmström parlait en 2010 d’une nécessité pour assurer « la survie économique » de l’UE, Michel Barnier en 2011 a déclaré qu’il fallait des migrants pour garantir la survie des États-providences européens. On a, d’un côté, une politique sécuritaire anti-migration et, de l’autre, un discours utilitariste pro-migration. Aucune étude scientifique ne valide ces deux visions officielles. Les décideurs politiques font mine d’ignorer les travaux sur les ressorts complexes de l’immigration et ne considèrent pas les personnes concernées comme des acteurs de leur projet migratoire.    Quand on considère l'immigration européenne avant 1914, puis jusqu'à 1974, on prend conscience de l'importance (relative) des mouvements de populations périodiques qui sont venues modifier le visage d'une France toujours changeante, parfois lentement, parfois rapidement..    Par exemple, en France, ..dans les années 1920, le premier pays d'immigration au monde, devant les États-Unis eux-mêmes ! Sur le siècle écoulé, l'ensemble des étrangers et des naturalisés équivaut au croît de la population, environ quatre millions de personnes.   En 1931, les étrangers sont 2,9 millions sur 41,8 millions d'habitants, parmi lesquels 808 000 Italiens, 508 000 Polonais, 352 000 Espagnols, 250 000 Belges, 100 000 Suisses... À quoi s'ajoutent quelques dizaines de milliers de Kabyles d'Algérie. Les Polonais et, dans une moindre mesure, les Italiens vivent dans des communautés repliées sur elles-mêmes, avec leurs organisations culturelles, sociales et religieuses pilotées par les gouvernements de Varsovie ou Rome...                        ___________C'est toute une histoire, que celle de l'immigration en France. Mais pas qu'en France:La crise des réfugiés a remis les mouvements migratoires au cœur des obsessions européennes et, en particulier, allemandes. On le voit notamment à l’accueil qu’a reçu l’ouvrage de Philipp Ther, professeur à l’université de Vienne. Dans Die Zeit, Elisabeth von Thadden en salue l’ambition : retracer les flux migratoires qui ont agité l’Europe depuis 1492, date de l’expulsion d’Espagne d’un demi-million de Juifs et de musulmans. « La question qui l’intéresse est : tous ces émigrés ont-ils réussi à s’intégrer ? »     On sait, en général, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sept à huit millions de personnes ont été déplacées. Mais on ignore souvent, qu’une génération plus tôt, après la Première Guerre mondiale, ils étaient aussi des millions à être déracinés. Avant cela, il y eut bien entendu la révocation de l’édit de Nantes. Une bénédiction pour l’Allemagne, où les huguenots, qui comptaient beaucoup d’artisans fort qualifiés, se sont réfugiés en masse. Mais un sérieux défi aussi : Francfort, ville de 30 000 habitants, en accueillit pas moins de 100 000. On découvre des faits étonnants, comme l’intégration des Tatares musulmans à la république aristocratique de Pologne-Lituanie, au XVIe siècle, ou encore « la prouesse de l’Empire ottoman » qui accueillit, au XIXe siècle, à peu près deux millions de réfugiés musulmans chassés des Balkans.    Le paradoxe est que l’Etat moderne démocratique ne favorise pas ce genre d’accueil en masse. « Parce que les démocraties votent en permanence, elles font preuve de moins de patience, explique von Thadden. Or, il faut des générations avant que les réfugiés s’intègrent vraiment. » A ce titre, les Etats prémodernes, où le souverain cherchait avant tout son intérêt sans se soucier de l’avis de ses sujets, disposait d’une latitude bien plus grande....                                                                                                                         ___Barrer la route aux migrants, et même aux ONG  n'est certainement pas la solution. Les grillages et les murs n'ont jamais rien résolu.   De récents flottements annoncent peut-être d'autres orientations:   ...A couteaux tirés depuis des semaines avec le secteur associatif, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb fait cette première (et insuffisante) concession alors que les médias relaient le désarroi des migrants sur le territoire français, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estime que le projet de loi comporte des atteintes aux droits fondamentaux, et que plusieurs députés En Marche commencent à faire connaître leur désaccord… Après des mois de grand écart entre les discours humanistes du président Macron et la politique implacable de Gérard Collomb, cette première reculade donne un peu d’espoir – à condition que le rapport de force ne faiblisse pas. Et que ce ne soit pas le Parlement européen qui entérine cette notion de « pays tiers sûr » à laquelle le gouvernement français vient de renoncer...__

Réfugiés: d'un sommet à l'autre
 Entre émotion et raison   
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lundi 3 février 2020

Brexit: enfin libres!?

Après toute une aventure...qui risque de durer sous d'autres formes, imprévisibles.
       Au début, on avait tendance à dire: Bon débarras! ou au revoir et merci!

    Puis la marche improbable et erratique du processus s'est poursuivi.
   L'enfant terrible de Cameron est enfin né, après une gestation difficile et au milieu d'un enthousiasme relatif et largement formaté.
  Certains envisagent une prime enfance difficile, malgré l'enthousiasme de Bo-Jo, le géniteur bad boy, l'inventeur d'un OPNI (objet politique non identifié), le social-libéralisme, bizarre oxymore.
  Le premier jour fait toujours illusion. Wait and see.
     Clamer victoire est plus que prématuré, alors que le chemin n'est pas encore tracé. que les objectifs ne sont pas définis, que les méthodes sont incertaines, que les alliances vont poser problème dans ce rassemblement hétéroclite malgré l'apparence.
  Certaines grosses fortunes se frottent les mains, voyant peut-être déjà un Singapour-sur-Tamise étoffer le site de la City.
   Et pourquoi pas un retour à l'Empire commercial de papa, revu et adapté?
    On verra ce qu'on verra. Rendez-vous dans dix ans...
  Le destin d'un enfant échappe souvent aux désirs et aux plans élaborés par les parents.
    Un divorce a toujours un coté obscur qui laisse encore masquées de grandes zônes d'ombre:
                        "    .....C’est au milieu de l’année 2015 que la campagne du Leave commence à s’organiser. À cette époque, peu imaginent le Brexit possible. Dès le départ, une première difficulté apparaît : la division de ceux qui prônent une sortie de l’Union européenne.
    D’un côté, on trouve les eurosceptiques conservateurs, qui œuvrent au sein de « Vote Leave » ; de l’autre, les activistes anti-UE et anti-immigration de la formation d’extrême droite Ukip, dirigée par Nigel Farage, en lice sous la bannière « Leave.EU ». Pas question alors de collaborer.
   Comme le prévoit la loi électorale britannique, chacune de ces campagnes peut exister séparément à condition de respecter le plafond de dépenses, soit 7 millions de livres sur l’ensemble de la campagne (9,5 millions d’euros), et de ne pas se coordonner.
    Chacun joue sa propre partition : la campagne « Vote Leave », dirigée par Dominic Cummings, frise avec les arguments populistes mais se garde bien de s’aventurer sur certains thèmes, comme l’immigration ou la peur de l’islam. Ça, c’est le jeu du Ukip, dont le bailleur de fonds s’appelle Arron Banks, un entrepreneur ayant fait fortune dans les assurances.
     Depuis 2014, d’après les estimations des médias britanniques, ce dernier aurait injecté près de 10 millions d’euros – un investissement politique considérable. Et comme le relève le journaliste anglais Peter Geoghegan, « la campagne menée par Arron Banks a été extrêmement efficace sur un point : faire de l’immigration un thème central du débat autour du référendum ».
    Ces deux campagnes travaillent avec un prestataire assurant leur communication numérique : Aggregate IQ pour Vote Leave, et Cambridge Analytica pour Leave.EU. Cependant, derrière Aggregate IQ et Cambridge Analytica, se trouve une seule et même personne : le milliardaire américain Robert Mercer.
   « C’est le mathématicien le plus brillant de sa génération, expliquait en mars 2017 Sebastian Mallaby, seul journaliste à avoir réussi à interviewer cet homme reclus et secret. Après avoir été chez IBM l’un des chercheurs pionniers dans l’intelligence artificielle et avoir créé la science qui permet de traduire le langage informatique dans les années 1960, il va être un pionnier dans l’invention d’une autre discipline : la spéculation algorithmique. Il va le faire chez Renaissance Technologies, un fonds d’investissement créé à New York à la fin des années 1980. »
    En quelques années, le fonds devient l’un des plus rentables au monde (plus de 70 % de retour sur investissement par an), et Mercer, qui y a placé ses économies, un homme très riche.
   Début 2010, Mercer a une autre intuition : l’avènement des réseaux sociaux, et avec eux, la quantité inestimable de données personnelles disponibles sur les individus, va permettre à celui qui saura exploiter ces informations de comprendre les comportements humains. Peut-être même, qui sait, de les influencer.
    Selon lui, il doit être possible de créer une réplique numérique des sociétés humaines pour pouvoir prévoir ce qui va s’y passer. En économie, mais aussi en politique. Il investit ensuite dans Cambridge Analytica. Dans le même temps, Mercer participe avec son financement à la création d’une autre start-up, Aggregate IQ, basée au Canada.
   Cette deuxième entreprise sera chargée de la création de la plateforme « Ripon », la machine à cibler en temps réel des citoyens avec un message politique. Selon les révélations de plusieurs anciens de Cambridge Analytica, Aggregate IQ était la branche canadienne de la firme. Les deux entités utilisaient les mêmes outils et les mêmes bases de données. Du point de vue de la loi électorale britannique, cela pose problème.
    À la suite des révélations du Guardian et du New York Times en mars 2018 montrant que Cambridge Analytica avait volé les données personnelles de 87 millions de personnes aux États-unis et au Royaume-Uni principalement, tous ceux qui ont approché à un moment ou à un autre la firme prennent ainsi leur distance. La campagne Leave.EU jure désormais ne pas avoir travaillé avec elle.
     Arron Banks a même expliqué : « Leave.EU n’a pas reçu de data, ni de travail de la part de Cambridge Analytica. Ukip a fourni des données à Cambridge Analytica et ils en ont fait une analyse. Mais nous ne nous en sommes pas servis pendant la campagne du Brexit. Ils ont essayé de me faire payer pour ce travail mais j’ai refusé. Cela n’avait rien à voir avec nous ! »
    Lors de son audition au Parlement britannique en mai 2018, quelques semaines à peine après que le scandale a éclaté, Alexander Nix, le patron de Cambridge Analytica, s’en tient aussi à cette position : « Je ne sais pas comment vous le dire d’une autre manière, et je tiens à être clair, nous n’avons pas travaillé pour Leave.EU, nous n’avons fait ni travail rémunéré ni travail bénévole pour cette campagne. »
     Tout cela ne serait que des « conneries » colportées par ceux qui ne supportent pas que l’Angleterre quitte l’Union européenne, jure Arron Banks sur Twitter.
« Un moment fantastique pour notre pays. » Voilà comment le premier ministre anglais Boris Johnson a qualifié le Brexit la semaine dernière en signant les papiers officialisant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.    Pourtant, depuis la victoire du camp du Leave en juin 2016, de nombreux témoignages donnent une image beaucoup moins reluisante des coulisses de ce « moment fantastique », avec des soupçons de fraude soulevés par l’action d’une entreprise qui défraie la chronique depuis deux ans : Cambridge Analytica, également mise en cause pour son rôle dans l’élection américaine de 2016.         Aujourd’hui, tout porte à croire qu’avant d’avoir œuvré à l’élection de Donald Trump, elle a fait ses gammes lors du référendum britannique, comme si le Brexit avait servi de répétition grandeur nature. L’efficacité des techniques qu’elle a mises en œuvre fait encore l’objet de débats passionnésMais un faisceau d’indices indique qu’elle a été un des rouages ayant permis d’organiser une fraude électorale massive, qui a depuis entraîné des enquêtes de la commission électorale, de Scotland Yard, de l’Agence nationale du crime et de la police métropolitaine de Londres     C’est au milieu de l’année 2015 que la campagne du Leave commence à s’organiser. À cette époque, peu imaginent le Brexit possible. Dès le départ, une première difficulté apparaît : la division de ceux qui prônent une sortie de l’Union européenne.        D’un côté, on trouve les eurosceptiques conservateurs, qui œuvrent au sein de « Vote Leave » ; de l’autre, les activistes anti-UE et anti-immigration de la formation d’extrême droite Ukip, dirigée par Nigel Farage, en lice sous la bannière « Leave.EU ». Pas question alors de collaborer.       Comme le prévoit la loi électorale britannique, chacune de ces campagnes peut exister séparément à condition de respecter le plafond de dépenses, soit 7 millions de livres sur l’ensemble de la campagne (9,5 millions d’euros), et de ne pas se coordonner.  Chacun joue sa propre partition : la campagne « Vote Leave », dirigée par Dominic Cummings, frise avec les arguments populistes mais se garde bien de s’aventurer sur certains thèmes, comme l’immigration ou la peur de l’islam. Ça, c’est le jeu du Ukip, dont le bailleur de fonds s’appelle Arron Banks, un entrepreneur ayant fait fortune dans les assurances.      Depuis 2014, d’après les estimations des médias britanniques, ce dernier aurait injecté près de 10 millions d’euros – un investissement politique considérable. Et comme le relève le journaliste anglais Peter Geoghegan, « la campagne menée par Arron Banks a été extrêmement efficace sur un point : faire de l’immigration un thème central du débat autour du référendum ».           Ces deux campagnes travaillent avec un prestataire assurant leur communication numérique : Aggregate IQ pour Vote Leave, et Cambridge Analytica pour Leave.EU. Cependant, derrière Aggregate IQ et Cambridge Analytica, se trouve une seule et même personne : le milliardaire américain Robert Mercer.        « C’est le mathématicien le plus brillant de sa génération, expliquait en mars 2017 Sebastian Mallaby, seul journaliste à avoir réussi à interviewer cet homme reclus et secret. Après avoir été chez IBM l’un des chercheurs pionniers dans l’intelligence artificielle et avoir créé la science qui permet de traduire le langage informatique dans les années 1960, il va être un pionnier dans l’invention d’une autre discipline : la spéculation algorithmique. Il va le faire chez Renaissance Technologies, un fonds d’investissement créé à New York à la fin des années 1980. »       En quelques années, le fonds devient l’un des plus rentables au monde (plus de 70 % de retour sur investissement par an), et Mercer, qui y a placé ses économies, un homme très riche.      Début 2010, Mercer a une autre intuition : l’avènement des réseaux sociaux, et avec eux, la quantité inestimable de données personnelles disponibles sur les individus, va permettre à celui qui saura exploiter ces informations de comprendre les comportements humains. Peut-être même, qui sait, de les influencer.      Selon lui, il doit être possible de créer une réplique numérique des sociétés humaines pour pouvoir prévoir ce qui va s’y passer. En économie, mais aussi en politique. Il investit ensuite dans Cambridge Analytica. Dans le même temps, Mercer participe avec son financement à la création d’une autre start-up, Aggregate IQ, basée au Canada.       Cette deuxième entreprise sera chargée de la création de la plateforme « Ripon », la machine à cibler en temps réel des citoyens avec un message politique. Selon les révélations de plusieurs anciens de Cambridge Analytica, Aggregate IQ était la branche canadienne de la firme. Les deux entités utilisaient les mêmes outils et les mêmes bases de données. Du point de vue de la loi électorale britannique, cela pose problème.     À la suite des révélations du Guardian et du New York Times en mars 2018 montrant que Cambridge Analytica avait volé les données personnelles de 87 millions de personnes aux États-unis et au Royaume-Uni principalement, tous ceux qui ont approché à un moment ou à un autre la firme prennent ainsi leur distance. La campagne Leave.EU jure désormais ne pas avoir travaillé avec elle.      Arron Banks a même expliqué : « Leave.EU n’a pas reçu de data, ni de travail de la part de Cambridge Analytica. Ukip a fourni des données à Cambridge Analytica et ils en ont fait une analyse. Mais nous ne nous en sommes pas servis pendant la campagne du Brexit. Ils ont essayé de me faire payer pour ce travail mais j’ai refusé. Cela n’avait rien à voir avec nous ! »     Lors de son audition au Parlement britannique en mai 2018, quelques semaines à peine après que le scandale a éclaté, Alexander Nix, le patron de Cambridge Analytica, s’en tient aussi à cette position : « Je ne sais pas comment vous le dire d’une autre manière, et je tiens à être clair, nous n’avons pas travaillé pour Leave.EU, nous n’avons fait ni travail rémunéré ni travail bénévole pour cette campagne. »     Tout cela ne serait que des « conneries » colportées par ceux qui ne supportent pas que l’Angleterre quitte l’Union européenne, jure Arron Banks sur Twitter.    Pourtant, de nombreux éléments remettent en cause les dires d’Arron Banks et Alexander Nix. Lors de la conférence de presse de présentation de la campagne Leave.EU, en novembre 2015, personne ne fait mystère de cette collaboration. On se vante même de travailler avec « les leaders mondiaux du ciblage électoral » ! Un communiqué de presse mis en ligne en novembre 2015 a été supprimé du site officiel de Leave.EU durant le courant de l’année 2017. Mais une recherche sur archive.org permet de le retrouver.    Intitulé : « La science derrière notre stratégie », il précise : « Cambridge Analytica est le leader mondial du ciblage électoral. Il va nous aider à cartographier l’électorat britannique, et ce qu’il pense, tout ça pour nous permettre de mieux toucher les électeurs. La méthode psychographique de Cambridge Analytica apporte un nouveau degré de sophistication. » _________________