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vendredi 21 juin 2024

Immigration et travail

 L'"éternel" retour de la question

                              Dans un nouveau contexte. C'est peu de dire que l'immigration est un sujet de débat. En cette période, il est (re)devenu en France, terre réputée d'immigration, presque un sujet central. Pas seulement en France. Des rejets de Orban, aux louvoiements de Londres, agitant fantasmes ancestraux et questions réelles, souvent ml posées, on n'a pas fini d'en débattre, souvent de la manière la moins informée, la plus passionnelle. Les incidences du phénomène migratoire sur le chômage, notamment en France, revient régulièrement. et spécifiquement aujourd'hui, à l'heure où le RN en fait son principal cheval de bataille, non sans xénophobie..                   Les critiques ne manquent pas, même dans le monde du travail, pour contrecarrer les préjugés souvent les plus éculés ou les approches les plus rudimentaires.                                                                                                                                                     Après le débat au Sénat sur une question qui ne cesse de rebondir sans fin, on peut être assuré que l'on est loin d'avoir épuisé le sujet, tant la confusion des esprits sur ce sujet est importante sur une question qui fait débat, pas seulement en Europe. Au gré des fluctuations politiques, des prises de parti et des passions instrumentalisées. Depuis 1945, les lois et les ordonnances se succèdent. Parions qu'il  en aura d'autres... Et pourtant la France n'est pas le pas le pays le plus concerné. A suivre...                                                                           ____"...Pour quel résultat ? Aucun de ces textes n’est parvenu à éteindre le débat brûlant sur l’immigration né au cœur des années 1970. Même l’accélération des réformes depuis les années 1980 a été impuissante à contenir la poussée de l’extrême droite, qui s’appuie alors sur l’équation fallacieuse inventée par Jean-Marie Le Pen : « 1 million d’immigrés = 1 million de chômeurs. »  L’amoncellement des lois n’a eu guère plus d’effets sur la réalité de l’immigration, la hausse des demandes d’asile, dans les années 2010, ou la « crise » des réfugiés, en 2015 – les flux migratoires dépendent bien plus de circonstances extérieures que des décrets.   Cette frénésie de changement n’est pourtant pas anodine. Sans même compter le temps passé au Parlement et dans les ministères pour procéder sans cesse à des ajustements, tantôt minuscules, tantôt fondamentaux, de la politique migratoire, les acteurs de terrain (magistrats, avocats ou associatifs) peinent à suivre le rythme effréné des réformes, qui se contredisent souvent, et complexifient le droit des étrangers. Ainsi, les conditions de délivrance de la carte de résident de longue durée ont changé huit fois depuis 1984, réclamant aux étrangers cinq, dix ou quinze ans de résidence en France, et les critères de régularisation des immigrés sans papiers ont été redéfinis près d’une quinzaine de fois depuis les années 1970.  Ces incessantes révisions de la législation ont progressivement brouillé la répartition des rôles confortable entre une droite « ferme » et une gauche « humaniste ». Car si Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy restent probablement les champions des mesures anti-immigration, les socialistes ont entériné, voire devancé, de nombreux durcissements proposés par la droite. Une tendance largement confirmée depuis l’élection d’Emmanuel Macron...." (Le Monde)


                                               *   __ Point de vue...."Le président de la République lui-même a très mal engagé l'épreuve. Le 8 août 2023, il déclarait au Figaro : « Nous avons toujours été un pays d'immigration et nous continuerons de l'être ». Aurait-il dit cela devant les habitants de Mayotte, de Guyane ou de Guadeloupe qui n'en peuvent plus de l'immigration sauvage qui ravage leur existence et ruine leurs espoirs de progression sociale ?   Leur exaspération est telle que, comme tous les départements d'outre-mer (à l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon !), ils ont voté massivement aux élections présidentielles de 2017 et 2022 contre le candidat Emmanuel Macron et pour sa rivale Marine Le Pen en dépit de tout le mal qu'on en dit en métropole .   Si l'on en croit un reportage récent du magazine Marianne, la violence  à Mayotte serait telle aujourd'hui que des Comoriens entrés illégalement sur l'île auraient en définitive fait le choix de revenir dans leur village. Plutôt la dignité dans la pauvreté au milieu des siens que l'indigence et la peur en terre hostile.    Pour en revenir à la France historique, entre Pyrénées et Rhin, d'où le président tient-il qu'elle a « toujours été un pays d'immigration » ?  Il reproduit les propos clairement mensongers de tous ceux qui croient nécessaire de maquiller les faits pour réaliser leurs souhaits. Que ces personnes-là souhaitent accueillir sur le sol de France « toute la misère du monde » (citation), c'est leur droit légitime et il leur appartient d'en convaincre leurs concitoyens en démontrant que les classes populaires ne seront pas davantage paupérisées et que les immigrants de la première heure ne retrouveront pas en France la société qu'ils avaient souhaité fuir.   Mais ce débat démocratique doit se faire à la loyale, sur la base de faits réels et non en réinventant l'Histoire de notre pays et de l'Europe. Nous renvoyons nos lecteurs à nos articles et dossiers qui attestent sans aucune équivoque du caractère tout à fait inédit des vagues migratoires apparues en 1974. Auparavant, depuis les invasions indo-européennes d'il y a environ 4500 ans, l'Europe occidentale n'avait connu aucune vague d'immigration significative (les Mongols et les Arabes eux-mêmes n'avaient fait que passer). Durant le précédent millénaire, notre pays lui-même a connu des brassages notables de populations, soit que ses ressortissants aient repeuplé la Castille au XIIe siècle, soit qu'il ait lui-même accueilli des travailleurs venus des pays limitrophes à la fin du XIXe siècle.                                                                                                                                        Au début des années 2000, les vagues migratoires, jusque-là concentrées sur l'Afrique du nord et la Turquie, se sont déplacées vers l'Afrique subsaharienne en pleine aurore démographique. Elle représentait à peine 5% des naissances mondiales il y a un siècle ; elle en représente aujourd'hui 35% environ contre 5% pour l'Europe, Russie comprise. À ce moment-là, les dirigeants européens, gauche comprise, évoquaient la nécessité de lutter contre l'immigration illégale et rejetaient d'une seule voix le « multiculturalisme ». Mais ces digues ont en définitive sauté en 2015 suite à l'afflux de réfugiés en provenance de Syrie.   ONG occidentales et passeurs organisent de concert le transport à travers la Méditerranée des migrants principalement venus d'Afrique en attendant, pourquoi pas? un pont aérien entre les différentes capitales africaines et leurs homologues d'Europe.    Sur la base de ce préambule factuel, on aimerait aujourd'hui entendre notre classe politique débattre des seules questions qui vaillent : cette immigration est-elle inéluctable ? profite-t-elle aux pays de départ ? aux pays d'accueil ? aux migrants eux-mêmes ?...   Interrogeons-nous aussi sur le lien entre immigration et natalité. Tous les pays développés aujourd'hui (Europe, Amérique du nord, Extrême-Orient) connaissent un effondrement de la fécondité, le nombre moyen d'enfants par femme étant partout inférieur au seuil qui permet à une population de se renouveler. La France a connu un effondrement sans précédent du nombre de naissances en 2022 et un solde naturel (différence entre naissances et décès) à peine positif (grâce aux naissances dans les foyers issus de l'immigration des cinquante dernières années).   Interrogeons-nous sur un système économique devenu fou, qui ne laisse plus aux jeunes couples le loisir d'élever des enfants et ne sait même plus fabriquer les médicaments indispensables à tout un chacun. Dans le même temps, il s'oblige à recruter dans les pays les plus déshérités les médecins et cadres dont ces pays auraient le plus grand besoin et les manoeuvres nécessaires aux petits plaisirs de notre classe privilégiée des métropoles (comme se faire livrer une pizza à minuit).     Il y a d'autres questions qui mériteraient d'être examinées à la lumière de l'expérience et de l'Histoire. En induisant chez nos décideurs et nos entrepreneurs le sentiment rassurant de disposer d'un réservoir de main-d'oeuvre sous-qualifiée mais peu chère et corvéable à merci, cette immigration ne décourage-t-elle pas tous les efforts d'innovation et de productivité qui ont permis à  nos sociétés d'effectuer de grands progrès en matière d'équité sociale dans les siècles précédents ? ne nous renvoie-t-elle pas à la situation caractéristique des empires esclavagistes de l'Antiquité ?       Nous nous sommes efforcés de défricher ces questions sans tabou. Et comme nous gardons l'espoir d'une sortie par le haut, nous avons tenté d'ébaucher un corpus de solutions satisfaisantes pour toutes les parties, en premier lieu nos concitoyens les plus modestes et nos concitoyens issus de l'immigration récente ainsi que pour les déshérités d'ailleurs qui seraient tentés par le mirage migratoire. " [André Larané]          _________________________________

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