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mardi 24 novembre 2009

Juifs déchirés

Désarroi profond



Un certain nombre de Juifs français, fidèles à leurs origines, leurs traditions..ne sont pas ou plus en accord avec la politique israëlienne du moment et rejoignent les critiques d'Israëliens hostiles à la politique menée notamment depuis Sharon et au processus de colonisation, comme Burg,WARSCHAWSKI ,Grossman,La Paix Maintenant, un certain nombre de journalistes(Haaretz) comme Gideon Levy et d'intellectuels
Coincés entre leur judéité et la réalité d'une politique prétendant agir au nom de leurs valeurs essentielles, ils s'estiment trahis , dénoncent les dérives d'un nationalisme qui ne dit pas son nom et prennent leurs distances, comme cette organisation
Esther Benbassa est de ceux-là
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Esther Benbassa : «On ne peut plus être juif aujourd'hui comme avant Gaza» | Mediapart
"«Comment être juif après l'offensive israélienne contre Gaza ? Mais peut-on cesser d'être juif ?» Directrice d'études à l'École pratique des hautes études, Esther Benbassa est aussi l'auteur, parmi de nombreux ouvrages, d'Etre juif après Gaza, paru au début de l'automne. Moins d'un an après l'offensive israélienne qui fit 1400 victimes palestiniennes, dont au moins 700 civiles, l'intellectuelle franco-israélienne s'interroge : quel est le rôle d'un Juif de la diaspora aujourd'hui? Le fait d'être juif ne convie-t-il pas à une certaine «éthique», au regard de l'histoire et de la souffrance passée? Israël est-il condamné à s'enfermer dans un autisme caractéristique des «nationalismes qui ont mal tourné»? «Juif, nous dit Esther Benbassa, en tout état de cause, probablement le reste-t-on, si du moins être juif relève d'abord d'une posture fondatrice, celle du regard constant porté sur soi et sur autrui pour établir invariablement la balance entre soi et le monde. À ce Juif-là, Gaza, de toute évidence, lance plus d'un défi.» Entretien._____Esther Benbassa, pourquoi poser la question des Juifs après Gaza, et non pas simplement des Israéliens, alors même que, selon vous, de plus en plus de Juifs de France et des États-Unis se détournent d'Israël __Ce n'est pas en tant qu'Israélienne que j'ai fait ce livre, même si je possède la nationalité. C'est en tant que Juive. Et aujourd'hui, pour beaucoup de Juifs, le judaïsme en Occident n'est pas envisageable sans identification à Israël. C'est devenu un marqueur identitaire. Et c'est un vrai problème. Aujourd'hui, ce judaïsme ne se définit que par Israël et l'histoire de la Shoah qu'il partage.Or, sans la diaspora, Israël n'existe pas non plus. Le soutien, politique et financier de la diaspora, est très important pour Israël, ce qui est amusant si on se souvient qu'au début de son histoire, le sionisme a en quelque sorte malmené le Juif de la diaspora, qui n'avait pas choisi «la voie du salut», celle de l'émigration en terre sainte. Il y avait d'ailleurs, au début de la création de l'Etat, des affiches montrant une caricature du Juif de la diaspora, malingre, pâle, faible, opposé au nouveau Juif d'Israël, fort, élancé, beau, qui avait profité du soleil et surtout qui travaillait la terre. Cela ressemblait étrangement aux codes d'autres nationalismes qui ont mal tourné.
Aujourd'hui évidemment, comme Israël dépend d'eux, les Juifs de la diaspora sont plutôt bien vus.
Mais la majorité des Juifs de la diaspora n'existent, en tant que Juifs, que par rapport à Israël, qui représente un «lieu de survie», de protection. C'est un investissement dans sa sécurité pour que les Juifs, dans des temps durs, puissent avoir un endroit où aller.
C'est donc un lien très compliqué, d'autant que la majorité des Juifs qui soutiennent Israël ne sont pas pratiquants. Et, de fait, ceux qui critiquent Israël sont très peu nombreux.

C'est dans cette perspective que j'ai voulu montrer mon propre désarroi en tant que Juive, qui est favorable à l'existence de l'Etat d'Israël, même si je le critique. Comment serais-je juive aujourd'hui à côté de cet Israël qui a commis ces crimes de guerre ? Je pense donc vraiment qu'il y a un tournant : les Juifs en diaspora ne pourront plus l'être comme avant. Pourquoi Gaza serait-il un tournant ? Israël a été régulièrement impliqué dans des conflits depuis sa création. Conflits qui ont fait de nombreuses victimes civiles...Il s'est certes passé des choses terribles avant Gaza, qui est un «aboutissement», si on peut dire, et certainement pas un début. Mais quelque chose s'est passé, dans le sens où les images qui ont défilé sur Internet ou à la télévision étaient terriblement choquantes, insupportables. Israël a perdu la guerre de l'information. Je ne crois pas qu'il y ait eu jadis un tel changement dans la perception d'Israël par l'opinion publique. Les gens ont été bouleversés par ce qu'ils ont vu. ___A l'inverse, j'étais en Israël pendant Gaza, et à la télévision israélienne, on ne voyait pas grand-chose... Je suis arrivée à Tel-Aviv le 24 décembre, et même à partir du 27, quand l'offensive a débuté à Gaza, c'était comme s'il ne se passait rien. On ne parlait pas beaucoup de la guerre. Les gens continuaient à vivre comme d'habitude. À la télévision, on voyait les interviews des habitants de Sderot, qui subissaient les roquettes du Hamas, qui avaient quelques tuiles cassées.... mais les habitants de Gaza, on n'en parlait pas, ils n'existaient pas. ___Et quand je suis rentrée en France, j'ai été impressionnée par ce que les gens avaient ressenti ici, par ce décalage, par cet autisme israélien. Et je me suis demandé s'il n'était pas temps, pour les Juifs de la diaspora, de dire non à Israël, et ne plus soutenir tout ce qu'Israël fait. Parce que ce n'est plus possible.L'histoire que nous, les Juifs, avons derrière nous, cette histoire nous convie à une certaine éthique, face à ceux qui sont opprimés, colonisés, maltraités. Nous sommes dans l'obligation de suivre cette éthique, qui est en quelque sorte la genèse de ce livre....
Je crois que les Juifs n'étaient pas faits pour le nationalisme. À force de vivre en diaspora, d'avoir même presque oublié le souvenir d'un Etat hébreu dans l'Antiquité, ils ne connaissaient pas le nationalisme. Au XIXe siècle, le sionisme, projet autant européen que juif, est une réponse au nationalisme. Sauf que jusque-là, les Juifs n'avaient pas cette habitude. Je cite d'ailleurs une correspondance d'un instituteur de l'alliance israélite universelle qui écrit que, du fait des souffrances que les Juifs ont subies à cause des nationalismes, s'ils devenaient nationalistes eux-mêmes, ils deviendraient les pires nationalistes. C'est vrai, car en Israël aujourd'hui, il y a une sorte de zèle, comme s'il fallait avoir un nationalisme encore plus ravageur que les autres, qui ont fait beaucoup de mal : on connaît l'histoire du XXe siècle, quand même...
On ne peut pas nier que ce qui se passe aujourd'hui en Israël est une dérive du nationalisme. D'autant que la création de l'Etat d'Israël n'est pas liée à la Shoah : s'il n'y avait pas eu le sionisme avant, il n'y aurait jamais eu d'Etat. Le génocide a hâté sa fondation, mais Israël est davantage issu d'un long parcours.
Bref, il faut le dire : on n'a pas le droit en tant que Juifs de soutenir ce qu'Israël fait subir aux Palestiniens. J'ai encore été très choquée quand j'ai lu qu'Israël s'opposerait à l'indépendance des Palestiniens s'ils la proclamaient devant l'ONU. Car pour l'heure, il n'y a plus d'autre issue....
La Shoah est ensuite passée par là. Et l'on a regardé toute l'histoire des Juifs avec les yeux de ceux qui avaient subi le génocide. Mais souffrir ne rend pas meilleur. Et la souffrance des Juifs les empêche aujourd'hui de percevoir celle des autres. C'est tout le problème.
"

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Edgar Morin, juste d’Israël ?
-La Paix Maintenant
- "La critique d'Israël ne constitue pas une "nouvelle forme d'antisémitisme"
-Parti socialiste : l’impossible critique d’Israël
-Criminaliser la critique envers Israel
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-Quel rapport à la la judéité ?
-Union Juive Francaise pour la Paix
- Israël : divisions et dérives
- Israël - Palestine : enlisement
- Israël : crises
-Gaza: autre regard
-Israël: pacifisme en recul
-A quoi sert le CRIF ?
-Israël : entre mythe et histoire

mardi 15 décembre 2009

USA-Israël: relations particulières



Des liens géostratégiques déjà anciens, durables, intéressés,parfois tumultueux

Israël: un fardeau coûteux ou un allié précieux?

____________L'AIPAC en question

-Obama peut-il tordre le bras d’Israël ? C’est, au bout du compte, la véritable inconnue de cette équation.Il y a quelques semaines, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, rapportait dans son tchat sur Rue89 une conversation qu’il avait eue avec Henry Kissinger, l’ancien grand architecte de la diplomatie américaine. Kissinger lui avait dit:"Tout le monde sait comment résoudre le conflit du Proche-Orient, la seule chose qui manque, c’est la volonté politique."Cette volonté politique existe-t-elle cette fois à Washington?..."
-Obama parle d'Israel et de Palestine par CHOMSKY Noam:
"...Obama ne dit pas un mot sur l’extension du peuplement et des constructions en Cisjordanie, ni sur les mesures alambiquées pour contrôler la vie des Palestiniens, dans le dessein de détruire les perspectives d’une solution pacifique à deux états..."

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-La controverse sur l'aide américaine à Israël:
"Israël est, de loin, le principal bénéficaire de l’aide extérieure américaine. Le soutien financier annuel des Etats-Unis dépasse les 1,5 milliard d’euros depuis 1985, dont la majorité sous forme d’aide militaire.
Israël n’est pas auto-suffisant économiquement, et dépend de donations et des prêts de l’extérieur pour maintenir sa survie économique ; il est le premier récipiendaire annuel de l’aide extérieure américaine depuis 1976, et le premier bénéficiaire d’aides étrangères, en sommes cumulées, depuis la deuxième guerre mondiale.De 1949 à 1965, les Etats-Unis ont principalement soutenu Israël sous la forme d’aides économiques (à 95%) ; au cours de cette période, les sommes versées ont avoisiné les 63 millions de dollars. Les prêts militaires, consentis depuis 1959 mais d’un montant modeste, ont augmenté de manière significative entre 1966 et 1970, jusqu’à représenter 47% des 102 millions de dollars de l’aide extérieure américaine.En 1971, le Congrès des Etats-Unis a commencé à allouer des sommes spécifiques à Israël, qui reçoit depuis une moyenne de 2 milliards de dollars d’aide annuelle, dont les deux tiers sous forme d’assistance militaire. A partir de 1971, l’aide fut attribuée, non plus dans le cadre de projets précis, comme l’aide au développement agricole, mais au sein d’un programme d’importation de biens d’équipement américains (Commodity Import Program). Ce programme fut à son tour supprimé en 1979, pour faire place à de simples transferts de liquidités, pratiquement sans autre condition que le soutien au budget de l’Etat hébreu.En 1974, pour soutenir Israël après la guerre du Kippour, une aide d’urgence fut débloquée contenant la première subvention militaire. En 1981, toute l’aide économique prit la forme d’une subvention annuelle, transférée sous forme de liquidités, suivie en 1985 par l’aide militaire qui fut considérée comme une subvention.
L’aide américaine à Israël se porte avant tout sur le domaine militaire
, qui représente la plus grande part - en général les deux-tiers - du soutien total. Cette assistance militaire peut prendre la forme d’aide au développement de systèmes d’armement, comme les missiles anti-missiles ARROW.
L’aide purement économique a graduellement diminué
face à une augmentation de l’aide militaire ; cependant, elle constitue encore un tiers du soutien financier annuel. En plus de ces deux types d’aide, les Etats-Unis ont accordé à Israël des prêts garantis pour un montant de 10 milliards de dollars, et ont à maintes reprises renoncé à toucher les échéances....

-Les Etats-Unis augmentent l’aide aux Israéliens de 170 millions de dollars
-Relations entre les États-Unis et Israël - Wikipédia

-La polémique sur le « lobby pro-israélien »:
"Comment expliquer la relation spéciale unissant l’Amérique à Israël ? Deux spécialistes des relations internationales, John Mearsheimer (professeur à l’université de Chicago) et Stephen Walt (professeur à la Kennedy School of Government de Harvard), ont suscité la polémique en répondant à cette question délicate. Dans une étude de 83 pages présentant tous les gages du sérieux académique, mise en ligne sur le site de l’université de Harvard en mars 2006 et publiée simultanément par la London Review of Books (LRB) dans une version abrégée, ils ont défendu leur interprétation de cette relation : le choix américain d’un soutien quasi inconditionnel à Israël s’expliquerait par une influence disproportionnée du « lobby israélien »....
Cette étude part d’un constat largement consensuel : le caractère exceptionnel de la relation unissant Tel-Aviv et Washington, fondé selon les auteurs sur un soutien américain d’un niveau « unique ». Mearsheimer et Walt rappellent des faits bien établis. Israël est depuis 1976 le plus important bénéficiaire de l’aide économique et militaire américaine – entre 1949 et 2005, l’aide totale des Etats-Unis à Israël s’est élevée à 153 milliards de dollars [9]. Israël jouit également d’un soutien diplomatique hors du commun de la part de Washington. Les auteurs rappellent que, depuis 1982, les Etats-Unis ont voté contre toutes les résolutions du Conseil de sécurité condamnant Israël. Il faut préciser pourtant que le soutien américain n’a jamais été systématique : il est arrivé que Washington prenne ses distances à l’égard d’Israël lorsque ses actions ou ses demandes l’ont embarrassé. Mentionnons également le délai, critique pour Tel-Aviv, avec lequel Washington mit en œuvre le pont aérien assurant le ravitaillement en armes lors de la guerre du Kippour, ou encore l’injonction adressée à Israël en 1989 par le secrétaire d’Etat James A. Baker III de mettre un terme à la colonisation dans les territoires occupés. Ces exemples ne sauraient cependant remettre en cause l’exceptionnel soutien américain à Israël.______________Pour Mearsheimer et Walt, tous deux partisans d’une politique étrangère américaine faisant primer l’intérêt national, ce soutien est irrationnel et incompréhensible car Israël serait devenu un « handicap stratégique » pour Washington. Depuis la fin de la Guerre froide, pendant laquelle l’Etat hébreu a joué le rôle de substitut stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient, l’avantage d’avoir Israël comme ami n’est plus aussi évident qu’auparavant. Ce soutien vaut à Washington un blâme embarrassant de la part des démocraties soucieuses du respect des droits de l’homme dans le monde, et fragilise ses relations avec les pays du Golfe. Pour les deux auteurs, il accroît également le risque terroriste pour les Etats-Unis. Pourtant, chacune des guerres dans lesquelles Israël a été engagé a servi de terrain d’essai pour les armes que Tel-Aviv avait achetées à Washington, et la coopération stratégique entre le Mossad et la CIA continue à représenter des avantages pour les Etats-Unis.___________Pour Mearsheimer et Walt, la relation spéciale entre les deux pays ne peut plus non plus être justifiée par des considérations morales : Israël n’est plus menacé comme il a pu l’être jadis, il n’est plus la démocratie respectueuse des droits qu’il a longtemps prétendu être et la réparation des souffrances infligées dans le passé aux Juifs se fait désormais aux dépens du peuple palestinien. D’où la question posée par les auteurs : si la relation spéciale liant les Etats-Unis à Israël est en contradiction avec les deux explications classiques de la politique étrangère que sont le réalisme et la moralité, comment en rendre compte ? Pour Mearsheimer et Walt, l’explication est simple : elle « réside dans le pouvoir inégalé du “lobby israélien” », qui serait le seul lobby « à avoir emmené la politique étrangère américaine aussi loin de la direction que l’intérêt national aurait conseillé d’emprunter ». .."

-Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine:
"...De toutes les organisations juives qui placent la politique étrangère au cœur de leurs préoccupations, l’AIPAC est de loin la plus importante et la plus connue. En 1997, lorsque le magazine Fortune a demandé aux membres du congrès et à leur personnel de recenser les lobbies les plus puissants de Washington, l’AIPAC arrivait en deuxième position derrière l’AARP mais devant les lobbies de poids comme la confédération syndicale AFL-CIO et la NRA. … Par exemple, si Woodrow Wilson a apporté son soutien à la Déclaration Balfour en 1917, c’est en grande partie grâce à l’influence de ses amis juifs, le juge à la Cour suprême Louis D. Brandeis et le rabbin Stephen Wise. De la même façon, la décision prise par Harry S. Truman de soutenir la création d’Israël et de reconnaître le nouvel Etat a été influencée par l’intercession d’amis et de conseillers juifs. … Selon J. J. Goldberg, rédacteur en chef de la revue juive américaine Forward, l’influence sioniste a connu « une croissance exponentielle sous les administrations Kennedy et Johnson parce que l’affluence et l’influence des Juifs dans la société américaine avaient augmenté » mais aussi parce que Kennedy et Johnson « comptaient beaucoup de juifs parmi leurs conseillers, donateurs et amis proches ». … Avec tous ces efforts, on s’est aperçu que le soutien à Israël engendrait des coûts considérables pour les Etats-Unis et qu’il fallait donc les justifier dans la sphère politique. … Sous l’égide d’Amitay et de son successeur Tom Dine, l’AIPAC est devenu une grosse organisation dotée de 150 salariés et d’un budget annuel qui est passé de quelques 300 000 dollars en 1973 à environ 40 ou 60 millions de dollars à l’heure actuelle. … Malgré certaines divisions, la majorité des groupes organisés de la communauté juive – et surtout les plus grands et les plus riches – continuent à encourager l’indéfectible soutien américain à Israël quelles que soient les mesures adoptées par l’Etat hébreu. … Les exemples ne manquent pas de la capacité d’Israël à rallier un lare soutien aux Etats-Unis. Dès 1947, les responsables sionistes ont encouragé les dirigeants juifs américains à faire campagne pour le plan de partage de l’ONU puis pour la reconnaissance américaine en 1948, et à faire pression contre le plan de paix proposé par le médiateur de l’ONU Folke Berbadotte en 1948. Des efforts coordonnés de ce genre ont également permis de convaincre l’administration Truman d’augmenter considérablement l’aide économique à Israël en 1952. … Malgré les désaccords entre le gouvernement israélien et certains groupes de la communauté juive américaine, cette dernière « accepte en général le principe selon lequel Israël ne devrait essuyer aucune critique publique sur les questions de sécurité. … Selon des sondages récents, environ deux tiers des Juifs américains interrogés sont d’accord avec le fait que, « en dépit de leur opinion personnelle sur les négociations de paix avec les Arabes, les Juifs américains devraient soutenir la politique du gouvernement élu d’Israël ». … Edgar Bronfman Sr. Président du Congrès juif mondial pendant les années 90, a été accusé de « perfidie » après avoir envoyé une lettre au président Bush l’exhortant à faire pression sur Israël pour qu’il mette un frein à la construction de la très controversée « barrière de sécurité ».

-«The Israel Lobby» : le rapport qui dévoile la partialité des Etats-Unis -
-Israël:4°exportateur mondial d'armement
-Espionnage : Le Côté Obscur De La « Relation Spéciale » US –Israël
->>>Les Patriotes -
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- Israël: l'effet Obama
-Israel: dangereuse dérive
-Palestine: silences d'Obama
- USA: contre-lobby juif...
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samedi 19 octobre 2024

Où s'arrête le "Grand Israël"?

De Josué à B. Smotrich

     Légendes et instrumentalisation d'hier et d'aujourd'hui. Cynisme et cécité.

          « Tout lieu où ton pied se posera t'a été donné, comme je l'ai dit à Moïse, depuis le désert et le Liban jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate. »

         Le retour en force d'un mythe religieux, depuis la période Sharon et surtout Netanyahou, avec le concours de l'extrême droite israëlienne, comme Ben Gvir: Au nom de la Torah (ici) La Palestine est exclue de tout horizon politique. L'extrêmisme est en voie de gagner, contre l'opinion d'une fraction du peuple israëlien modéré, souvent non croyant. et opposé à une guerre sans fin, une aventure sans perspective. L'histoire de la ville emblématique de Jérusalem est saturée de sens.   "Comment cela va-t-il finir?" demandaient de jeunes Israëliens démoralisés ,en 1970.Ezer Weisman répondait:"Il faut d'abord savoir comment cela a commencé"                                                                                         L'historien Marius Schattner souligne "Le potentiel dévastateur du mélange de nationalisme et de religion, quand brader la moindre parcelle d'Eretz Israël est considéré comme pire qu'une trahison: un sacrilège." (-Histoire de la droite israelienne)Et dans ce contexte, alors que chacun sait en Israël qu'une paix réelle ne se fera qu'au prix de concessions importantes, y compris dans la ville sacrée de Jérusalem, la montée en puissance de ce nationalisme religieux porte en elle les germes des crises à venir.                                                            "On peut imaginer ce qui risque de se passer quand il faudra évacuer non point 8000 colons de la bande de Gaza, mais au moins vingt fois plus de Judée Samarie (Cisjordanie), territoire avec lequel le lien religieux et historique est beaucoup plus fort, émaillé qu'il est de lieux saints traditionnels comme le Caveau des patriarches à Hébron, ou redécouverts depuis 1967, sans compter le Lieu saint par excellence, le mont du Temple à Jérusalem, site de l'Esplanade des mosquées.Par delà l'attache à des lieux aussi sacrés, la question se pose de savoir pourquoi la religion juive, dans sa version dominante en Israël, se prête à une telle alliance avec le nationalisme le plus extrême... "                                                                                             Marius Schattner rappelle justement qu'une telle alliance n'est pas inhérente au fait religieux, et cite le regretté professeur Yeshayahou Leibowitz (1903-1993), figure intellectuelle et religieuse majeure, resté célèbre pour avoir pronostiqué dès 1967 qu'Israël commettait une erreur capitale en décidant de profiter de sa victoire militaire pour occuper durablement les territoires palestiniens. Une partie des clés se trouvent effectivement dans l'histoire. Mais aussi dans les compromis historiques noués à la naissance de l'Etat juif en 1948, et qui expliquent pourquoi, jusqu'à ce jour, il n'existe toujours pas de constitution en Israël....                                                                    ___ " Si la coalition entre ultranationalistes laïques et religieux au pouvoir en Israël est inédite, l’imaginaire messianique a commencé à prospérer dans le pays bien avant 2022. Dès les débuts du sionisme, un discours emprunté au religieux doit conférer un supplément de légitimité au projet. Cette rhétorique convoque des termes tels que « Terre promise » et des espérances juives bimillénaires de rassemblement des exilés. Malgré l’athéisme de la majorité des pionniers sionistes. Malgré leur dédain à l’égard des juifs religieux — « arriérés », « passifs » — qu’ils souhaitent remplacer par des juifs rationnels, volontaires et travailleurs, aptes à reconstruire la nation juive en terre d’Israël. Libéraux ou ultraorthodoxes, les religieux voient l’émergence du projet sioniste comme une trahison de la tradition. Ils dénoncent une instrumentalisation du judaïsme au service d’une religion nationale. L’universitaire Amnon Raz-Krakotzkin évoque à cet égard un messianisme laïque : « C’est parce qu’ils sont au cœur du mythe sioniste laïque », estime-t-il, que messianisme et nationalisme se renforcent aujourd’hui en Israël. « Les colons n’ont rien inventé. Leur position n’est pas différente de celle des sionistes laïques, ils vont simplement au bout de ses conséquences logiques. » Pour cet historien et d’autres avec lui, le sionisme apparaît comme un détournement des concepts fondamentaux du judaïsme, dont ceux d’exil et de rédemption. Car « l’essence du judaïsme est l’idée que l’existence est un exil ». Celui du peuple d’Israël après la destruction du second temple, que la tradition présente comme la conséquence d’un écart vis-à-vis des préceptes divins : « À cause de son iniquité (…) la maison d’Israël avait été exilée » (livre d’Ézéchiel 39:23). Mais dans cette relégation, les Juifs doivent observer les commandements de la Torah et, par leurs bonnes actions, réparer le monde. L’éloignement a donc aussi une dimension spirituelle — un autre historien, Yakov Rabkin, le présente comme un « état (...)"                                                                                                                                                   _________Aux USA, "...Il n’y a aucun débat sérieux et loyal à propos de la Palestine et d’Israël dans la sphère médiatique, ni dans tout autre cercle culturel, politique et religieux américains. S’il se trouve que l’histoire actuelle est débattue, alors, elle l’est dans un langage imaginé, non réel, presque complètement à coté des réalités de la Palestine et d’Israël, fondée pour une grande part sur une étroitesse d’esprit, dans un discours apocalyptique religieux qui, depuis des décennies, se retrouve le point de départ accepté de la plupart des politiciens, même de ceux qui se déclarent faussement des libéraux. Entre les deux discours, celui des fantasmes absurdes des religieux et celui des flagorneries des politiciens, il y a sans doute assez de place pour un autre récit. Malheureusement, cet espace est lui aussi encombré d’idées culturelles erronées, de partis pris institutionnels et de confusions délibérées, introduits et insufflés par les producteurs de médias, les experts et autres fabricants de la culture populaire américaine.Jusqu’à ce que les gardiens de la culture américaine ne soient sérieusement contestés, la Palestine continuera de représenter, dans l’imagination américaine, une bataille entre le bien et le mal, une « Terre sainte » qui doit être arrachée des mains de ceux ont pu en être propriétaires, à une certaine époque, mais qui « n’ont rien à y faire sauf de la profaner ».                                                                    La question se pose chez certains à Tel Aviv: Le Liban fait-il partie du territoire promis à Israël ?  Par Mark Fish ( Jerusalem Post (archive), 25 septembre 2024):  " Les versets de la Torah véhiculent des messages profonds que nous pouvons interpréter avec perspicacité pour notre vie quotidienne. Le rabbin Shay Tahan, Rosh Kollel [directeur d'un établissement d'enseignement talmudique] de Shaarei Ezra à Brooklyn, New York, ouvre gracieusement les portes de cette compréhension. Le récent conflit au Liban soulève l'éternelle question des frontières septentrionales de l'Eretz Yisrael [Terre d'Israël] biblique. Où exactement Hachem [Dieu] a-t-il défini ces frontières, et sommes-nous tenus de conquérir ces régions ? Les mitzvot [commandements] de terumah [donation d'une partie des récoltes] et de ma'aser [dîme] s'appliquent-elles à ces terres comme faisant partie d'Eretz Yisrael, ou sont-elles considérées comme en dehors des frontières ?   La Torah fournit des directives claires concernant les régions que nous avons l'ordre de conquérir et de prendre possession de la terre. Au cours de la dernière génération, l'expression « Grand Israël » est devenue prévalente. Elle est parfois utilisée dans des discussions politiques ou religieuses sur les frontières idéales ou futures d'Israël, souvent dans le contexte d'aspirations messianiques ou sionistes. Certains l'interprètent comme un appel au rétablissement des frontières bibliques d'Israël. Toutefois, la signification de ce concept varie, allant d'interprétations symboliques ou spirituelles à des revendications géographiques littérales.

Ce terme fait référence aux frontières bibliques de la Terre d'Israël, telles qu'elles ont été promises au peuple juif dans différentes parties de la Torah. Il est souvent associé à la terre décrite dans l'alliance avec Avraham (Brit Bein HaBetarim), qui s'étend du « fleuve d'Égypte » (interprété par certains comme le Nil ou un fleuve plus petit dans le Sinaï) à la rivière Perat (Euphrate). Cette vaste région comprend des parties de l'Israël d'aujourd'hui, la Cisjordanie, Gaza, le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Irak.  Lorsque Hachem a promis à Avraham Avinou [notre ancêtre Abraham] la terre d'Israël lors de la Brit Bein HaBetarim [alliance avec Abraham], le pasuk [verset] dit (בראשית טז) : « En ce jour, Hachem fit alliance avec Avram, en disant : À ta descendance, j'ai donné cette terre, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate. » À la fin de la Parshat [section de la Torah] Ekev, Hachem nous dit qu'il nous accorde toutes les terres que nous allons conquérir à l'intérieur des frontières mentionnées. Au nord, la Torah déclare : « Tout lieu que foulera la plante de ton pied sera à toi, depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve — l'Euphrate — jusqu'à la mer occidentale, qui sera ta frontière. » Cette promesse du Créateur place clairement le Liban dans la Terre promise d'Israël, ou ce que certains appellent « la Terre d'Israël complète » ou « le Grand Israël ».

Illustration 1

Un exemple de carte du « Grand Israël »

   Le Ramban [Rabbin Moshe ben Nahman, dit Maimonide, ayant vécu au XIIIe siècle de notre ère] écrit que le Liban se trouve à l'intérieur des frontières d'Israël et ajoute que nous avions l'obligation et le commandement de le conquérir. Le Sefer Yehoshua [Livre de Josué] commence avec Hachem parlant à Yehoshua [Josué] et répétant le commandement ci-dessus : « Chaque endroit que ton pied foulera t'a été donné, comme je l'ai dit à Moshé [Moïse], depuis le désert et le Liban jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate. »  La tribu d'Asher [une des 12 tribus d'Israël] est principalement associée à des régions comprenant des parties du Liban. Après la conquête de la terre sous Yehoshua, les tribus ont établi leurs territoires, Asher s'étendant dans les régions adjacentes au Liban. Le texte décrit les frontières de la tribu d'Asher, en détaillant des sections de frontières et des listes de villes, dont certaines sont des villes frontalières marquant les limites de la tribu. Dans l'héritage de la tribu d'Asher se trouve la vallée d'Acco, au nord du mont Carmel, dont le point le plus septentrional est la ville de Sidon.

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Carte du « Nouveau Moyen-Orient » présentée par Netanyahou à l'ONU, sur laquelle la Palestine n'existe pas   ______________________L'extension de la Terre d'Israël à d'autres territoires, comme dans le concept du « Grand Israël », a plusieurs implications halakhiques [juridiques]. Celles-ci concernent principalement les commandements liés spécifiquement à la terre, connus sous le nom de mitzvot hateluyot ba'aretz [commandements de la Torah qui ne s'appliquent qu'à la terre d'Israël, et principalement liés à l'agriculture et à la gestion des terres]. Voici quelques-unes des principales implications halakhiques :  1/ Mitzvot dépendant de la terre : Certains commandements agricoles ne s'appliquent qu'à la terre d'Israël, tels que : - Shmitta : l'année sabbatique où la terre doit se reposer tous les sept ans. - Terumot et Ma'aserot : la dîme donnée aux Kohanim [prêtres], aux Lévites et aux pauvres. - Orlah : l'interdiction de manger les fruits des arbres pendant les trois premières années de leur croissance.                                                                                                          L'élargissement des frontières d'Israël impliquerait l'extension de l'obligation d'observer ces mitzvot dans les territoires nouvellement inclus. 2/ Deux jours de Yom Tov [fêtes juives] : Il existe une différence entre ceux qui vivent à l'intérieur des frontières d'Israël, qui observent un jour de Yom Tov, et ceux qui vivent à l'extérieur, qui en observent deux [pour s'assurer de célébrer la fête au bon moment, le calendrier lunaire dépendant de l'observation visuelle de la nouvelle lune]. Par conséquent, si la terre devait s'étendre jusqu'aux frontières plus grandes d'Israël, cette distinction s'appliquerait. Selon la halakha qui suit le Ritva [Rabbin Yitzhak ben Moshe, éminent commentateur du Talmud, XIIIe siècle] (Ritva, Rosh Hashanah 18a ; Soucca 43a) en désaccord avec le Rambam [Maimonide] (Rambam, Lois de la sanctification du mois, 5, 9-12).  3/ Habitants et peuplement : Selon certaines opinions, vivre dans les frontières bibliques d'Eretz Yisrael peut être considéré comme une mitzvah. L'élargissement des frontières d'Israël pourrait accroître l'obligation pour les Juifs de s'installer et d'habiter ces régions.   4/ Voyager en dehors du pays : Il est interdit de quitter les frontières d'Eretz Yisrael si l'on y réside, sauf pour apprendre la Torah, se marier ou gagner sa vie. Par conséquent, les résidents peuvent se rendre dans ces territoires supplémentaires s'ils sont conquis.  5/ Guerre et conquête : Le concept de milchemet mitzvah [guerre commandée] inclut la conquête de certains territoires promis dans la Torah. Si de nouvelles terres sont identifiées comme faisant partie des frontières bibliques, il peut y avoir des discussions halakhiques sur l'obligation de les conquérir et de les coloniser.    Le fleuve Perat, communément identifié à l'Euphrate, traverse plusieurs pays, dont la Turquie, la Syrie et l'Irak, avant de se jeter dans le golfe Persique. Dans le contexte biblique, l'Euphrate est souvent mentionné comme une frontière importante dans les promesses faites au peuple juif concernant la terre d'Israël.   Si l'on regarde une carte, on est stupéfait de voir à quel point ce fleuve s'étend vers le nord et à quel point la Terre d'Israël est vaste. Bien que nous ne soyons peut-être pas en mesure de la récupérer entièrement à notre époque, Hachem nous la rendra certainement bientôt ".. [Alain Marshal 

No comment.
 
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mardi 10 février 2009

Israël :à droite, toute...



Une société qui va mal,qui a peur de la paix, qui ne veut pas se regarder dans le miroir

Etant donnés le système électoral , la composition de la Knesset et les conflits internes, le pays risque de devenir ingouvernable, ce qui pourrait avantager un peu plus la prédominance des faucons, favorisés par une opinion publique préparée aux positions les plus dures

"Une majorité d'Israéliens aujourd'hui ne croient plus à la paix. Ils récoltent les fruits de la deuxième intifada, et ceux de l'opération militaire du mois dernier qui n'a évidemment pas aidé à résoudre le problème des relations avec les Palestiniens. Mais il faut mettre la question de la paix en perspective avec le rôle que l'armée joue au sein de la société israélienne, c'est-à-dire un rôle de lavage de cerveau. Actuellement, les recrues hommes font trois ans de service militaire, et les femmes deux ans. L'occupation des Territoires palestiniens, la colonisation et les opérations militaires ponctuelles ont créé un climat de violence dont les effets se font de plus en plus sentir sur la situation interne en Israël. On voit par exemple émerger une extrême-droite, qui n'est pas celle des ultra-orthodoxes, mais celle du parti Israël Beitenou de Lieberman. C'est un signe extrêmement inquiétant pour la société israélienne."(P.Bocco)
>La percée politique de l'ultra-nationaliste Lieberman inquiète en Israël < -Israël: Avigdor Lieberman, l'ultra- nationaliste qui bouleverse la donne :
"Liebermania... Les titres des trois grands journaux israéliens de ce week-end pré-électoral se concentrent sur celui qui pourrait être le grand gagnant des élections. Mardi, les Israéliens iront voter pour l'un des trente-trois partis en lice. Le parti qui aura le plus grand nombre de voix sera désigné pour essayer de former un gouvernement. Que ce soit Kadima et Tzipi Livni ou le Likoud de Netanyahou, placés par les sondages au coude à coude pour la première place, Lieberman pourrait décider qui deviendra premier ministre. Car il sera impossible de former un gouvernement sans Israel Beitenou («Israël notre maison»), le parti de ce Moldave russophone venu en Israël dans les années 1970. Son slogan de campagne ? «Pas de loyauté à Israël, pas de citoyenneté»... Et aussi : «Lieberman est le seul qui sait parler arabe.» L'homme s'en prend régulièrement aux parlementaires arabes qu'il voit comme « plus dangereux que le Hamas » parce que « la vraie terreur est celle de l'intérieur », et a promis : «Je m'occuperai de tous ces terroristesDepuis quelques années, la police enquête sur une affaire de blanchiment d'argent et d'escroquerie dans laquelle seraient impliqués Lieberman et ses proches. Lieberman dénonce cette enquête comme une persécution politique et raciste. La semaine dernière, une enquête du quotidien Haaretz dévoilait sa participation au parti de Meir Kahana, KACH, à la fin des années 1970. Ce parti extrémiste a fini par être interdit pour son racisme violent....
Au parti travailliste, certains parlementaires, comme Shelly Yehimovich, refusent l'idée d'une coalition : « Le phénomène Lieberman est obscur et dangereux, il s'agit d'une personne qui joue sur les plus violents désirs de l'opinion israélienne, ses slogans sont un danger pour notre démocratie, c'est la ligne rouge qu'il nous est interdit de franchir...
Simah Kadmon: « Dans une semaine, on se demandera où l'on était quand le parti de Lieberman est devenu le troisième parti en Israël (...) Le poids croissant d'Israel Beitenou trouble le système politique, comme en Europe. Là-bas, la source de l'attrait de ces partis est la haine envers les immigrants, ici c'est la haine envers les Arabes. Le public sait que Lieberman ne résoudra pas notre ancienne peur des Arabes israéliens, mais il cherche quelqu'un qui les menacera, qui leur fera peur. »
-Courrier international, ISRAËL -Juifs de Russie • Ivres de guerre et de haine

-Elections en Israël: un fossé de plus entre citoyens juifs et arabes | Mediapart:
"...Qui sont les Arabes d'Israël ? Pour la plupart, des descendants des quelque 160.000 Palestiniens restés dans les frontières de l'État juif au moment de sa création en 1948. En 2005, ils constituaient une communauté de 1.340.000 individus selon les estimations du Central Bureau of Statistics du gouvernement israélien.À l'origine de l'exclusion des deux partis arabes, le parti d'extrême droite Israël Beiteinu et son leader, Avigdor Lieberman, qui préside la commission électorale. Son programme ? Transférer les citoyens arabes hors d'Israël, le rêve de toujours d'une partie de la droite ultra-nationaliste qui considère qu'en 1948, l'armée israélienne n'a pas «fini le travail».Enterrée au cœur des années 1990, l'idéologie du transfert de ces citoyens arabes a reverdi ces dernières semaines avec une ténacité qui surprend les observateurs. Avigdor Lieberman est désormais le troisième homme (avec la possibilité d'emporter 17 sièges dans la future Knesset, il dépasserait Ehoud Barak et son parti travailliste, crédité de 14 députés) d'une campagne dominée par la montée en puissance des partis de l'extrême droite. On ne s'offusque d'ailleurs plus, ou à peine, de ce que ses représentants les plus contestables soient choisis pour venir observer le scrutin dans les villes arabes israéliennes...."

-En Israël, la fin de la gauche? | Mediapart:
"...«Le parti travailliste est en train de couler corps et biens, et Barak n'est pas le moins responsable de cette longue agonie, poursuit Elie Barnavi. La perte d'âme et de substance du parti travailliste date certes d'avant son arrivée. Mais Barak a accéléré le processus après l'échec des négociations de Camp David. Ce fut une catastrophe. L'homme qui est censé se tenir à la tête du camp de la paix et offrir une alternative au Likoud et à Kadima a, au final, contourné Olmert sur sa droite.»....
Daniel Ben-Simon l'avoue franchement: «Le parti travailliste a fait toutes les gaffes possibles. Depuis 1977, lorsqu'il est "tombé", et pendant la montée du Likoud, le parti n'a pas su se réorganiser et, surtout, bâtir une nouvelle identité. Au lieu d'accepter d'aller à l'opposition et de rentrer dans une période de réflexion, ce parti a joint presque toutes les coalitions possibles, et surtout les coalitions de droite. Il a participé à toutes les bourdes possibles, dans les domaines économique, militaire, et même à la deuxième guerre du Liban, pour laquelle le parti travailliste s'est prononcé favorablement. Le parti a aussi grandement contribué au passage de la social-démocratie à cette espèce d'hyper-capitalisme israélien que nous avons aujourd'hui. Après toutes ces gaffes, les gens se sont dit : si on veut un parti de gauche, on préfère aller directement au Meretz. Si on veut un parti de droite, on préfère aller au Likoud. Et le parti travailliste a commencé à perdre ses chefs un par un, ses électeurs et son idéologie. La base de la crise du parti aujourd'hui, c'est qu'il n'a pas su se pencher sur lui-même pour se renouveler, et trouver le temps de présenter un nouveau visage aux électeurs israéliens.»...

-Guerre de Gaza : l’ultime victoire d’Ariel Sharon | Mediapart:

Ariel Sharon est toujours vivant. Depuis trois ans, il est hospitalisé à Tel-Aviv, plongé dans un coma jugé irréversible. Mais l'ancien premier ministre, celui qui a participé ou a conduit toutes les guerres depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, pèse encore de tout son poids sur la politique israélienne. La guerre de Gaza peut apparaître comme son ultime victoire, l'une des dernières pages de son testament. Car cette offensive israélienne est la suite logique de l'équation politique que «Arik», comme le surnomment ses proches, a méthodiquement construite depuis 2000.

Alors qu'entre en vigueur un cessez-le-feu à Gaza, un premier bilan peut être dressé. Il recoupe largement tous les objectifs visés par Ariel Sharon lorsqu'il a été premier ministre de mars 2001 à janvier 2006.1.- L'Autorité palestinienne et le Fatah sont les principaux perdants de cette guerre.2.- Défait militairement, le Hamas sort renforcé politiquement de ce conflit.3.- Ce poids redoublé du Hamas rend plus improbable encore la tenue d'élections palestiniennes alors que le mandat présidentiel de Mahmoud Abbas, successeur de Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne, a expiré le 9 janvier. Les instances officielles palestiniennes, reconnues par la communauté internationale, voient ainsi leur légitimité démocratique un peu plus entamée encore.4.- Le processus de paix est sinistré: comment une reprise des négociations pourrait-elle durablement ignorer celui qui est devenu l'un des principaux acteurs, le Hamas ?5.- Après l'échec de la guerre du Liban à l'été 2006, Israël a réussi la démonstration de la supériorité retrouvée de son armée, Tsahal. 6.- La question des frontières de l'Etat hébreu est à nouveau posée. A tous ceux qui pensaient que le retrait israélien de la bande Gaza, en 2005, était définitif, le pouvoir israélien fait savoir que rien n'est acquis et qu'il a pleine capacité à réoccuper ce territoire. 7.- Mettre les Etats-Unis devant le fait accompli en ayant profité de la «période de transition» à Washington pour bousculer la donne...."

-Obama, Israël et la Palestine: où se joue la paix du monde | Mediapart:
"...Une ombre gâche la fête, et elle se nomme Gaza. Après trois semaines d'une guerre israélienne écrasante contre le minuscule territoire palestinien, guerre dont les populations et les infrastructures civiles payent le prix le plus lourd dans une infinie disproportion des forces – 1.300 morts palestiniens, 13 victimes israéliennes –, comment éviter ce sentiment d'irréalité qui nous a saisi le jour de l'intronisation du quarante-quatrième président des Etats-Unis ? Sur notre grand livre d'images médiatiques, une Amérique toute à sa joie, rassemblée et réunifiée, apaisée et enthousiaste, remplaçait soudainement le spectacle de la désolation palestinienne, immeubles éventrés, cadavres d'enfants, foules désespérées. Comme si l'immense espérance du 20 janvier, cette arrivée à la Maison Blanche du président le plus improbable de l'histoire américaine, pouvait, d'un coup de baguette magique, faire oublier l'angoissante inquiétude qui l'a précédée, cette alarme sur la course à l'abîme d'Israël qui, sous l'apparence immédiate d'une force victorieuse, met en péril son existence durable, court à la perte de ses valeurs morales et entraîne le monde dans une guerre sans fin. On se permettra donc de jouer les trouble-fête, et de rappeler à Barack Obama qu'en Palestine se joue la paix du monde et qu'en cette matière comme en cette région, les Etats-Unis ont une responsabilité géopolitique éminente qui, seule, peut faire la décision – jusqu'alors pour le pire, hélas, plus souvent que pour le meilleur. Car seul un journalisme zappeur, chroniqueur oublieux d'une succession d'événements isolés, sans histoire ni genèse, sans liens d'intelligibilité ni contextes de pertinence, pourrait se permettre de ne pas évoquer en résonance ces deux événements, déjà imbriqués par la chronologie même de la guerre de Gaza, cessez-le-feu opportun compris : la guerre désastreuse d'Israël, la marche triomphale d'Obama.Pour deux raisons objectives : l'alliance historique qui lie l'Etat d'Israël aux Etats-Unis d'Amérique ; la dynamique décisive qui a porté Barack Obama à la présidence. La première a constamment été assumée et revendiquée par Obama lui-même. Dans son récent livre programmatique issu de sa campagne électorale, que vient de publier en français Odile Jacob (Change We Can Believe In, 2008), Israël est placé juste après l'Otan dans l'énumération de ces alliés avec lesquels l'Amérique devra «raffermir ses relations». L'engagement pris est d'un classicisme sans failles ni nuances: «Soutenir notre allié Israël. Barack Obama manifestera, à la Maison Blanche, un engagement intransigeant en faveur de la sécurité d'Israël. Il renforcera et approfondira les relations sur les questions de défense entre nos deux pays, isolera les groupes terroristes comme le Hamas, identifiera les sources de leur financement, réaffirmera le droit d'Israël à se défendre contre toutes les menaces et rappellera le droit inconditionnel à la sécurité d'Israël. Afin d'instaurer une paix durable, Barack Obama mettra tout son poids dans la recherche d'une solution permettant la cohabitation de deux Etats : Israël, vivant en paix dans des frontières sûres, et un Etat palestinien viable.»Dans ce chapitre intitulé «Reconstruire le leadership de l'Amérique» et sous-titré «Rétablir notre position dans le monde», c'est la seule mention de la question palestinienne, ainsi devenue simple codicille à la sécurité d'Israël. Que de silences et d'impasses ! L'existence d'un mouvement national palestinien, au même titre que le mouvement national juif – le sionisme avec ses diverses variantes, y compris d'extrême droite, tout comme la politique palestinienne a les siennes, du Fatah au Hamas ; la légitime revendication, portée depuis près d'un siècle par ce mouvement national, d'obtenir cette normalité qui fait les communautés de citoyens – un peuple, une nation, un Etat ; l'injustice flagrante et toujours béante de l'occupation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967, tout comme les nombreuses résolutions de l'Onu restées lettre morte au bénéfice d'Israël : rien de tout cela n'est évoqué, ne serait-ce que de façon subliminale, par cet engagement écrit d'Obama..."
-Obama parle d'Israel et de Palestine par CHOMSKY Noam:
"Obama ne dit pas un mot sur l’extension du peuplement et des constructions en Cisjordanie, ni sur les mesures alambiquées pour contrôler la vie des Palestiniens, dans le dessein de détruire les perspectives d’une solution pacifique à deux états. Son silence est la sinistre réfutation de ses fioritures oratoires sur la façon dont “je ferais tous les efforts pour obtenir deux états vivant côte à côte dans la paix et la sécurité“.

-Elections israéliennes: l'analyse d'un spécialiste:
"... la paix ne serait pas sans dangers, car la société israélienne devra se regarder dans le miroir. Par rapport aux violences à l'égard des Palestiniens, la question « qu'avons-nous fait ? » deviendra inévitable. Sur le plan interne, ce serait l'ouverture d'une boîte de Pandore en terme de classes sociales et de 'sous-groupes' nationaux. Personne n'ose aborder certaines questions. Comme le rôle des communautés ashkénazes, qui ont gardé le contrôle de l'économie et du pouvoir, au détriment des séfarades, des Ethiopiens, par exemple. Ensuite, il y a plusieurs problèmes avec les communautés originaires de Russie. En favorisant l'immigration des Juifs de Russie dans les années 1980-90, Israël a également « importé » des réseaux mafieux. Pendant l'été 2008, il y a eu des affrontements qui n'avaient rien à envier à la mafia sicilienne ou calabraise. La contrebande d'armes, de drogue ou de voitures volées, de même que la prostitution, sont devenus des phénomènes inquiétants en Israël. ..."
--Recherche Google : elections israeliennes
-Israël : à droite toute
-Election en Israël : Rien de nouveau sous le soleil | AgoraVox
-Europe2020 : scénarios sur l'avenir d'Israël
- Israël, une société à la dérive
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- Etre arabe en Israël
- ISRAEL: opinion captive ?
- Vu de Tel-Aviv
- Israël : crises
- ISRAEL-Gaza: et après ?

mardi 27 janvier 2009

Gaza: autre regard    



« Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël. Je les replanterai dans leur sol, et ils ne seront plus déracinés de ce sol, que Je leur ai donné,dit l’Eternel..." (Amos)

"Le projet est en train d’être mis en œuvre, sous la forme de faits accomplis. Ce qui existe aujourd’hui doit demeurer un arrangement permanent au Moyen-Orient (Moshe Dayan)

-Dov Weisglass, chef de cabinet d’Ariel Sharon, Premier ministre à l’époque, présenta l’objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à garantir du soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de mettre tant le processus de paix que l’Etat palestinien "dans le formol".(HS)

-"Ce que j’ai effectivement négocié, avec les Américains, c’est qu’une partie des colonies ne ferait jamais l’objet d’une quelconque négociation, et que les autres ne feraient pas l’objet d’une quelconque négociation avant que les Palestiniens ne se soient transformés en Finlandais.
C’est ça, que ça veut dire, ce que nous avons fait.
L’important, c’est le gel du processus politique. Et en gelant ce processus, vous empêchez la création d’un Etat palestinien et vous empêchez toute discussion sur le devenir des réfugiés, les frontières et Jérusalem."(Weisglass)
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"Les modérés palestiniens ne prévaudront jamais sur les Palestiniens considérés extrémistes, dès lors que ce qui définit la modération, chez Olmert, c’est l’approbation par les Palestiniens du démembrement par Israël de leur propre territoire. ...
Gaza, dont l’évacuation des colonies a été si naïvement saluée par la communauté internationale qui s’est plu à y voir la geste héroïque d’un homme tout récemment converti à une paix honorable avec les Palestiniens, n’était que la première création de toute une série de bantoustans palestiniens.
La situation à Gaza nous donne une idée de ce dont auront l’air ces bantoustans au cas où leurs habitants ne se comporteraient pas conformément aux desiderata d’Israël...." (HS)


Gaza et le Hamas : Rétablir la vérité


-Henri Siegman, ancien directeur de l’American Jewish Congress, conteste la version israélienne des évènements qui ont précédé le conflit de Gaza, communément reprise par les médias Citations et témoignages de responsables de l’armée et du renseignement israélien à l’appui, il rappelle que l’accord de trêve prévoyait un allègement du blocus qui n’a jamais été appliqué, et que c’est Israël qui rompu la trêve le 4 novembre, au lieu de mettre à profit cette accalmie pour la consolider. D’autre part, note-t-il, la description du Hamas comme un mouvement terroriste ayant pour objectif la destruction d’Israël ne correspond pas à la réalité. Le Hamas est depuis plusieurs années entré dans le jeu politique, abandonnant le recours aux attentats terroristes, et il défend désormais la solution des deux états dans les frontières de 1967. Au delà de ces rappels factuels, Siegman juge que la politique de confrontation choisie par Israël, si elle peut amener des succès tactiques, aura sur le long terme l’effet inverse, en renforçant les tendances les plus radicales au détriment des perspectives de paix.

"Les gouvernements et la plupart des médias occidentaux ont accepté nombre d’assertions israéliennes justifiant l’assaut militaire sur Gaza : que le Hamas avait constamment violé puis ensuite refusé de prolonger la trêve de six mois qu’Israël avait respectée ; qu’Israël n’avait donc d’autre choix que de détruire la capacité du Hamas de lancer des missiles sur les villes israéliennes ; que le Hamas est une organisation terroriste, appartenant au réseau jihadiste mondial ; et qu’Israël a non seulement agi pour sa propre défense mais au nom de la lutte internationale que mènent les démocraties occidentales contre ce réseau.

Je n’ai connaissance d’aucun journal, station de radio ou de TV américains d’importance dont la couverture de l’assaut sur Gaza ait interrogé cette version des événements. Les critiques dirigées contre les actions d’Israël, si tant est qu’il y en ait eu (et il n’y en a eu aucune émanant de l’administration Bush), ont plutôt convergé sur le fait de savoir si le carnage des forces armées israéliennes est proportionnel à la menace qu’elles tentaient de contrer, et si elles prenaient des mesures suffisantes pour éviter les victimes civiles.

Les questions concernant la paix du Moyen-orient sont en général décrits en termes d’euphémismes trompeurs. Je voudrais au contraire déclarer ici sans ambages que chacune de ces assertions est un mensonge. C’est Israël, et non pas le Hamas, qui a violé la trêve : le Hamas avait accepté d’arrêter ses tirs de roquettes vers Israël ; en retour, Israël devait alléger sa pression sur Gaza. En fait, pendant la trêve, elle s’est accrue. Ceci a été confirmé non seulement par tous les observateurs et ONG internationaux neutres présents sur place mais aussi par le brigadier général de réserve Shmuel Zakai, un ancien commandant de la Division de Gaza des forces armées israéliennes. Dans un entretien accordé au Ha’aretz le 22 décembre, il a accusé le gouvernement d’Israël d’avoir fait une « erreur majeure » pendant la tahdiyeh, la période de six mois de trêve relative, en « empirant nettement la situation économique catastrophique des Palestiniens de la bande de Gaza, au lieu de profiter du calme pour l’améliorer. . . Quand on établit une tahdiyeh, et que la pression économique sur la Bande se poursuit, » déclarait le Général Zakai, « il est évident que le Hamas essaiera d’obtenir une tahdiyeh améliorée, et que leur façon de l’atteindre est la reprise des lancers de Qassam. . . On ne peut pas simplement donner des coups, maintenir les Palestiniens de Gaza dans leur détresse économique, et s’attendre à ce que le Hamas se contentera simplement de s’asseoir sans agir ».

La trêve, qui a commencé en juin l’an dernier et devait être renouvelée au mois de décembre, exigeait des deux parties qu’elles s’abstiennent de toute action violente l’une contre l’autre. Le Hamas devait cesser ses tirs de roquettes et empêcher les tirs des autres groupes comme le Djihad Islamique (même les agences de Renseignement d’Israël ont reconnu que ceci avait été exécuté avec une efficacité étonnante), et Israël devait mettre fin à ses assassinats ciblés et ses incursions militaires. Cette entente a été sérieusement violée le 4 novembre, quand les forces armées israéliennes sont entrées à Gaza et ont tué six membres du Hamas. Le Hamas a répondu en lançant des fusées Qassam et des missiles Grad. Même alors, il avait offert d’étendre la trêve, mais seulement à condition qu’Israël mette fin à son blocus. Israël a refusé. Il aurait pu remplir son devoir de protection de ses citoyens en consentant à alléger le blocus, mais il n’a même pas essayé. On ne peut affirmer qu’Israël ait lancé son attaque pour protéger ses citoyens des roquettes. Il l’a fait pour protéger son droit à poursuivre l’étranglement de la population de Gaza.

Tout le monde semble avoir oublié que le Hamas avait déclaré mettre fin aux attaques suicide et aux lancers de roquettes lorsqu’il a décidé de se joindre au processus politique palestinien, et avait pour l’essentiel respecté ses engagements pendant plus d’un an. Bush avait publiquement bien accueilli cette décision, la citant comme un exemple du succès de sa campagne pour la démocratie au Moyen-orient. (Il n’en avait aucun autre à revendiquer). Quand le Hamas a surpris en gagnant les élections, Israël et les Etats-Unis ont immédiatement cherché à délégitimer le résultat et ont pris le parti de Mahmoud Abbas, le leader du Fatah, qui avait été jusque - là mis écarté par les dirigeants d’Israël qui le traitaient de « volaille plumée ». Ils ont armé et entraîné ses forces de sécurité pour renverser le Hamas ; et quand le Hamas a anticipé - brutalement, sans conteste - cette tentative de renversement par la violence du résultat de la première élection démocratique honnête au Moyen-orient, Israël et l’administration Bush ont imposé le blocus.

Israël cherche à contredire ces faits indiscutables en maintenant qu’en retirant les colonies israéliennes de Gaza en 2005, Ariel Sharon a offert au Hamas la chance de prendre le chemin de l’indépendance, une chance qu’il aurait refusé de saisir ; au lieu de cela il aurait transformé Gaza en un base de lancement de missiles sur la population civile d’Israël. L’accusation est doublement mensongère. D’abord, quelque soient ses défauts, le Hamas avait restauré à Gaza, pour la première fois depuis plusieurs années, un niveau de loi et d’ordre inconnu, et y avait réussi sans les grandes sommes d’argent que les donateurs ont fait pleuvoir sur l’Autorité palestinienne menée par le Fatah. Il a éliminé les bandes et les chefs militaires violents qui terrorisaient Gaza sous le règne du Fatah. Les musulmans non pratiquants, les chrétiens et les autres minorités ont une liberté religieuse sous la direction du Hamas plus grande qu’ils ne l’auraient en Arabie Saoudite, par exemple, ou dans beaucoup d’autres régimes arabes.

Le plus grand mensonge est que le retrait de Sharon de Gaza ait été voulu comme un prélude a de plus amples retraits et à un accord de paix. Voici comment le conseiller principal de Sharon, Dov Weisglass, qui était aussi son négociateur principal avec les Américains, avait décrit le retrait de Gaza, dans un entretien avec le Ha’aretz en août 2004 :

L’accord auquel je suis en réalité parvenu avec les Américains était qu’une partie des colonies [c-a-d les principaux blocs de colonies en Cisjordanie] ne ferait pas du tout partie d’éventuelles négociations, et que le reste ne serait traité que lorsque les Palestiniens deviendraient des Finlandais. . . La signification [de l’accord avec les Etats-Unis] est le gel du processus politique. Et quand vous gelez ce processus, vous empêchez l’établissement d’un état palestinien et vous empêchez une discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. En réalité, la totalité de ce qui est appelé l’état palestinien, avec tout qu’il signifie, a été enlevé de notre programme indéfiniment. Et tout ceci avec l’autorité et la permission [du Président Bush]. . . Et la ratification des deux Chambres du Congrès.

Les Israéliens et les Américains pensent-ils que les Palestiniens ne lisent pas les journaux israéliens, ou que quand ils ont vu ce qui arrivait en Cisjordanie ils ne pourraient pas déchiffrer ce que Sharon préparait ?

Le gouvernement d’Israël aimerait que le monde croie que le Hamas a lancé ses roquettes Qassam parce que c’est ce que font les terroristes et que le Hamas est un groupe intrinsèquement terroriste. En fait, le Hamas n’est pas plus une « organisation de terreur » (le terme préféré d’Israël) que le mouvement sioniste ne l’a été pendant sa lutte pour une patrie juive. A la fin des années 1930 et dans les années 1940, les partis du mouvement sioniste ont recouru aux activités terroristes pour des raisons stratégiques. Selon Benny Morris, c’est l’Irgoun qui a le premier visé des civils. Il écrit dans les Righteous Victims qu’une vague de terrorisme arabe en 1937 « a déclenché une vague d’attentats à la bombe contre les foules et les autobus arabes par l’Irgoun, introduisant une nouvelle dimension au conflit ». Il documente aussi des atrocités commises pendant la guerre de 1948-49 par les forces armées israéliennes, admettant dans un entretien de 2004, publié dans le Ha’aretz, que le matériel déclassifié par le Ministère de la Défense d’Israël a montré que « il y avait eu beaucoup plus d’actes de massacre israéliens que je ne l’avais pensé auparavant. . . Dans les mois d’Avril-Mai 1948, il a été donné aux unités du Haganah des ordres d’action qui déclaraient explicitement qu’ils devaient déraciner les villageois, les expulser, et détruire les villages ». Dans un certain nombre de villages et de villes palestiniennes les forces armées israéliennes ont procédé à des exécutions organisées de civils. Interrogé par le Ha’aretz pour savoir s’il condamnait le nettoyage ethnique, Morris a répondu que ce n’était pas le cas :

« Il ne pouvait pas y avoir un Etat juif sans le déracinement de 700.000 Palestiniens.Il était donc nécessaire de les déraciner. Il n’y avait d’autre choix que celui d’expulser la population. Il était nécessaire de nettoyer l’arrière-pays et de nettoyer les secteurs frontaliers et de nettoyer les routes principales. Il était nécessaire de nettoyer les villages à partir d’où on faisait feu sur nos convois et nos colonies. »En d’autres termes, quand les juifs ciblent et tuent des civils innocents pour faire avancer leur lutte nationale, ils sont des patriotes. Quand leurs adversaires le font, ce sont des terroristes.

Il est trop simple de décrire le Hamas simplement comme une « organisation de terreur ». C’est un mouvement nationaliste religieux qui recourt au terrorisme, comme le mouvement sioniste l’a fait pendant sa lutte pour l’indépendance, dans la conviction erronée que c’est le seul moyen de mettre fin à une occupation oppressive et entraîner la formation d’un état palestinien. Alors que l’idéologie du Hamas appelle formellement à établir un état palestinien sur les ruines de l’état d’Israël, ceci ne détermine pas les véritables politiques du Hamas aujourd’hui, pas plus que la même déclaration dans la charte de l’OLP ne déterminait les actions du Fatah.

Ce ne sont pas là les conclusions d’un apologiste du Hamas mais les opinions de l’ancien chef du Mossad et conseiller de sécurité nationale de Sharon, Ephraim Halevy. La direction de Hamas a connu un changement « sous notre nez même », écrivait récemment Halevy dans le Yedioth Ahronoth, en reconnaissant que « son objectif idéologique n’est pas réalisable et ne le sera pas dans l’avenir prévisible ». Il est maintenant prêt et désireux de voir l’établissement d’un état palestinien dans les frontières temporaires de 1967. Halevy notait alors que le Hamas n’a pas précisé à quel point ces frontières seraient « temporaires », « ils savent qu’à partir du moment ou un état palestinien est établi avec leur coopération, ils seront obligés de changer les règles du jeu : ils devront adopter une voie qui pourrait les mener loin de leurs objectifs idéologiques originaux ». Dans un article précédent, Halevy avait aussi insisté sur l’absurdité qu’il y a à relier le Hamas à al-Qaida

Aux yeux d’al-Qaida, les membres du Hamas sont perçus comme des hérétiques en raison de leur désir affirmé de participer, même indirectement, aux processus de n’importe quel entente ou accord avec Israël. La déclaration [du chef du bureau politique du Hamas, Khaled] Mashaal contredit diamétralement l’approche d’al-Qaida, et fournit a Israël une occasion, peut-être historique, de l’utiliser pour le mieux.

Alors pourquoi les dirigeants d’Israël sont si déterminés à détruire le Hamas ? Parce qu’ils croient que sa direction, contrairement à celle du Fatah, ne peut pas être intimidée pour accepter un accord de paix qui établisse un « Etat » palestinien composé d’entités territorialement déconnectées sur lesquelles Israël pourrait garder un contrôle permanent. Le contrôle de la Cisjordanie a été l’objectif permanent de l’armée, du renseignement et des élites politiques d’Israël depuis la fin de la Guerre des Six-Jour.[*] Ils croient que le Hamas ne permettrait pas un tel cantonisation du territoire palestinien, quelque soit la durée de l’occupation. Ils peuvent avoir tort concernant Abbas et sa cohorte usée, mais ils ont tout à fait raison concernant le Hamas.

Les observateurs moyen-orientaux se demandent si l’assaut d’Israël contre le Hamas arrivera à détruire l’organisation ou a l’expulser de Gaza. Ceci est une question non pertinente. Si Israël a l’intention de garder le contrôle sur la future entité palestinienne, il ne trouvera jamais un partenaire palestinien, et même s’il arrive à démanteler le Hamas, le mouvement sera avec le temps remplacépar une opposition palestinienne bien plus radicale.

Si Barack Obama choisit un émissaire au Moyen-orient qui s’accroche à l’idée que les outsiders ne devraient pas présenter leurs propres propositions pour un accord de paix juste et viable, encourageant ainsi les parties a renforcer leurs différences au lieu de les résoudre, il rend assuré la naissance d’une future résistance palestinienne, de loin plus extrême que celle du Hamas -probablement alliée avec al-Qaida. Pour les Etats-Unis, l’Europe et la plupart du reste du monde, ceci serait la pire issue possible. Peut-être que quelques Israéliens, dont les leaders des colons, croient-ils que cela servirait leurs buts, puisque cela fournirait au gouvernement un prétexte irrésistible pour tenir toute la Palestine. Mais ceci est une illusion qui provoquerait la fin d’Israël en tant qu’état juif et démocratique.Anthony Cordesman, un des analystes militaires les plus fiables du Moyen-orient, et un ami d’Israël, affirme dans un rapport publié le 9 janvier par le Center for Strategic and International Studies que les avantages tactiques d’une continuation de l’opération à Gaza étaient contrebalancés par le coût stratégique - et n’étaient probablement pas plus grands que n’importe quel gain qu’Israël aurait pu obtenir tôt dans la guerre grâce a des frappes sélectives sur des installations-clées du Hamas. « Israël s’est-il d’une manière ou d’une autre empêtré dans une guerre d’escalade sans un objectif stratégique clair, ou a t-il au moins un objectif qu’il puisse atteindre de façon crédible » ? s’interroge-t-il. « Israël finira-t-il par renforcer, politiquement, un ennemi qu’il aura battu en termes tactiques ? Les actions d’Israël compromettront-elles sérieusement la position des Etats-Unis dans la région, l’espoir de paix, de même que les régimes et les voix arabes modérés dans le processus ? Pour répondre sans ambages, la réponse jusqu’ici semble être oui ». Cordesman conclut que « n’importe quel dirigeant peut adopter une position intransigeante et proclamer que les gains tactiques représentent une victoire significative. Si c’est tout ce que Olmert, Livni et Barak ont pour réponse, alors ils se sont déshonorés et ont porté un coup à leur pays et leurs amis ».

-Henri Siegman dirige le US Middle East Project, sis à New York. Il est professeur associé à la School of Oriental and African Studies de l’université de Londres. Par le passé, il a occupé le poste de directeur de l’American Jewish Congress et du Synagogue Council of America.


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-La grande arnaque du ‘processus de paix’ au Moyen-Orient;
"...Un an, tout juste, après la guerre de 1967, Moshe Dayan, un ancien chef d’état major de l’armée israélienne qui était, à l’époque, ministre de la Défense, interrogé sur ses projets pour le futur, répondit qu’il s’agissait "de la réalité présente dans les territoires".
"Le projet", avait-il dit, "est en train d’être mis en œuvre, sous la forme de faits accomplis. Ce qui existe aujourd’hui doit demeurer un arrangement permanent au Moyen-Orient".
Dix ans plus tard, lors d’une conférence à Tel-Aviv, le même Dayan déclara : "La question n’est pas de savoir "Quelle est la solution ?", mais "Comment pouvons-nous vivre sans solution ?"...
Au cours d’une interview accordée au quotidien israélien Ha’aretz, en 2004, Dov Weissglas, chef de cabinet d’Ariel Sharon, Premier ministre à l’époque, présenta l’objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à garantir du soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de mettre tant le processus de paix que l’Etat palestinien "dans le formol".
C’était là une métaphore diaboliquement adéquate : en effet, le formaldéhyde a pour principal intérêt d’empêcher les corps morts de se détérioré, allant jusqu’à créer, parfois, l’illusion qu’ils seraient encore en vie.
Weissglas explique que l’objet du retrait unilatéral de Gaza et du démantèlement de plusieurs colonies isolées en Cisjordanie, était de conquérir l’acceptation de l’unilatéralisme israélien par les Etats-Unis, et non de créer un quelconque précédent en vue d’un éventuel retrait de Cisjordanie.
Ces retraits partiels visaient à fournir à Israël l’espace politique lui permettant d’approfondir et d’élargir sa présence en Cisjordanie, et c’est effectivement ce qu’ils ont permis.
Dans une lettre adressée à Sharon, Bush écrivait : "A la lumière des nouvelles réalités sur le terrain, y compris en ce qui concerne les grands centres de population israéliens, il serait irréaliste d’escompter que les négociations finales aient pour effet un retour total et complet aux lignes d’armistice de 1949."
Dans une interview récemment publiée par Ha’aretz, James Wolfensohn, qui était représentant du Quartette au moment du désengagement unilatéral (israélien) de Gaza, déclara qu’Israël et les Etats-Unis avaient systématiquement sapé l’accord qu’il espérait obtenir, en 2005, entre Israël et l’Autorité palestinienne, et transformé, en revanche, Gaza en une immense prison.
Le responsable de cet état de fait, déclara-t-il à Ha’aretz, c’était Elliott Abrams, vice-conseiller en matière de sécurité nationale des Etats-Unis. "Jusque dans les moindres détails, tous les aspects, sans exception, de l’accord sponsorisé par Wolfensohn, furent "abrogés".( HS)

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