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dimanche 7 février 2016

Primaire US: le cas Sanders

 Une passion en route?
                                     Pour les vrais sujets.
                                                                       Rendre l'Amérique au peuple.
               Dans la course de longue haleine vers la Maison Blanche, où le dollar et une presse bien formatée jouent un rôle  décisif, un candidat se détache, qui ne joue pas tout à fait le jeu.
         Il n'est pas révolutionnaire, mais juste en opposition avec les valeurs dominantes des deux mastodontes dominants, et à contre-courant de celles des promoteurs incontionnels de l'american way of life..
 Ce qui fait dire à certains qu'il a peu de chances de ne pas se faire vite écraser pas les mammouths consacrés, les bulldozers établis.
  Mais il peut compter sur une vague de désir de renouvellement dans une frange de l'opinion américaine, surtout chez de nombreux jeunes.
   Rarement autant de candidats ultra conservateurs  se sont présentés pour obtenir la nomination du parti républicain dans la course à la Maison Blanche. C'est le signe d'un malaise profond ancré dans la crainte des changements du pays.
   Déjà à l'élection d'Obama, les financiers étaient à la manoeuvre . La désillusion est vite venue.
       La caste américaine, comme l'appelle JMc Arthur, pourrait-elle connaître un début de déclin?
Certes, Sanders n'est pas "socialiste" au sens où l'entend la vieille Europe, ses voix rallient souvent celles de démocrates, faute de mieux, mais il faudrait plutôt le classer social-démocrate.
  Une tâche titanesque attend le sénateur du Vermont, au programme inédit là-bas: étendre à tous la sécurité sociale, augmenter l’impôt sur les riches et les entreprises, augmenter le salaire minimum, rendre les universités publiques gratuites, réformer le financement de la vie politique, freiner les accords commerciaux internationaux, réguler plus hardiment la finance et la banque, étendre la couverture de l’assurance retraite...
     L' élan sera-t-il durable?
...... . Dans ce marathon infernal que représente une campagne pour devenir président des États-Unis, il faut autre chose que des idées, un programme complet de 250 pages, et un flair pour l’air du temps. Bernie Sanders possède bien entendu tout cela, surtout le dernier point : cela fait 35 ans qu’il défend les même convictions, qui l’ont conduit à être le seul homme politique américain à arborer fièrement le label « socialist » et à dénoncer un système capitaliste en dérapage incontrôlé, et voilà qu’aujourd’hui la caravane politico-économique des idées du moment fait escale devant sa boutique. Il est donc parfaitement en phase avec l’air du temps post-« grande récession » d’une Amérique qui a acheté plus d’un demi-million d’exemplaires du Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty.
    Mais face à d’autres candidats plus connus et qui possèdent un talent éprouvé de caméléon (coucou Hillary !), l’intégrité de Bernie ne pèse pas lourd. Ben et Jerry le savent bien : une bonne idée (ou une bonne glace) ne séduira personne sans un bon marketing, du financement pour se développer et un réseau de vente convaincant. Or, et c’est peut-être une des surprises de ces primaires, Sanders possède tout cela. Au lendemain des caucus de l’Iowa, qui se sont tenus le 1er février, plusieurs postulants qui auraient pu prétendre incarner quelque chose dans leurs partis ont préféré plier leurs gaules. Rick Santorum, Rand Paul et Martin O’Malley ont préféré aller pêcher ailleurs, car ils n’avaient pas ce que Bernie a : du temps d’antenne, du pognon, et un fonds de jeu solide. Autrement dit, la clef d’une bonne campagne américaine : médias, argent, « ground game ».
La première règle, c’est d’intéresser les médias. Il faut avoir une histoire à leur raconter et alimenter la machine en permanence. Bernie, malgré son air perpétuellement froissé du type qui s’est levé du pied gauche et qui en plus a renversé sa tasse de café sur la moquette, passe bien à la télévision. Sa sincérité fruste détonne dans le paysage des discours calibrés et délayés comme du bouillon d’eau tiède. Et puis, malgré ses airs de ne pas y toucher, il sait comment porter une attaque ou, au contraire, s’en abstenir. Quand il a refusé de blâmer Hillary Clinton pour l’affaire de ses courriels du département d’État hébergés sur un serveur privé, les médias n’en sont pas revenus. On venait de lui offrir un penalty et il refusait de le tirer, estimant qu’il n’y avait pas faute. Comment pouvait-il faire cela ? Résultat : des jours et des jours de commentaires sur les antennes et les réseaux sociaux...
         ... Comment un prétendant qui dénonce Wall Street, les lobbies et le système même de financement de la politique américaine peut-il avoir l’espoir de récolter suffisamment de cash pour ne pas être abandonné sur le tarmac ? Pour résumer, Sanders a repris le système « inventé » par Barack Obama en 2008 : faire appel à un maximum de petits donateurs qui contribuent sur Internet. Alors que les autres candidats passent tout leur temps entre deux meetings, deux réunions stratégiques et deux interventions télé à essayer de soutirer des dizaines de milliers de dollars à des millionnaires qui hésitent entre cracher au bassinet ou payer José pour rapprocher le jacuzzi de la piscine ; alors que les autres candidats dépensent beaucoup d’argent pour organiser des dîners de levée de fonds où l’on a beau manger du poulet au goût de plastique et boire des vins à 3 dollars la bouteille, il faut aligner 1 500, 5 000 ou 10 000 dollars pour pouvoir se faire tirer le portrait avec le candidat ; Bernie, lui, utilise les tuyaux. Et ça marche...
      ...Qui aurait cru qu’un marxiste mal dégrossi serait le quatrième candidat le mieux financé de ces primaires, avec 75 millions de dollars engrangés (contre 163 pour Clinton, 149 pour Jeb Bush et 89 pour Ted Cruz) ? Par ailleurs, 88 % des dons en faveur de Bernie sont inférieurs à 200 dollars (contre 20 % pour Hillary). Selon le langage des stratèges de campagne américains, cela signifie que les donateurs de Sanders sont des « étalons or » : ils vont encore pouvoir contribuer plusieurs fois le temps de la campagne (le maximum des dons individuels étant de 2 700 dollars), alors que la plupart de ceux d’Hillary ont déjà atteint la limite maximum.
      Dernier point, enfin, le « ground game », c’est-à-dire l’organisation sur le terrain d’un candidat. Les primaires ne sont pas un jeu où l’on attend les électeurs en leur faisant risette à la télé et dans des réunions publiques : il faut aller les chercher chez eux, les convaincre de voter, les cajoler pour être sûrs qu’il ne changent pas d’avis au dernier moment. Et pour cela, il faut du monde. La campagne de Sanders n’est soi-disant pas aussi bien armée en la matière que celle de Clinton (qui refuse de donner des chiffres), mais c’est quand même impressionnant. Rien que dans le New Hampshire (1,3 millions d’habitants, autour de 500 000 électeurs), l’équipe de Bernie compte : 18 bureaux locaux, 108 employés salariés et 7 200 volontaires !...
  ...dans cette campagne, l’objectif est de motiver les électeurs de gauche, ceux qui ont abandonné les démocrates en raison de leur course au centre de ces 25 dernières années.
     Contrairement aux candidats de gauche de ces dernières élections (Bill Bradley en 2000, Howard Dean en 2004, Dennis Kucinich en 2004 et 2008), Sanders s’est emparé d’un « moment politique » dans le pays et possède une organisation politique capable de mener une vraie campagne. Les sondages le donnent favori pour la primaire du New Hampshire mardi 9 février. Contrairement à l’Iowa, il bénéficie cette fois-ci du statut de favori. Si les électeurs le propulsent à la hauteur de ses ambitions, il va tailler des croupières à Hillary Clinton. Et, comme en 2008, la saison des primaires chez les démocrates pourrait bien durer jusqu’à l’été..."  (Merci à Médiapart)

            Wait and see...
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