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lundi 24 juillet 2023

La conscience: un mystère?

Un "mystère", non, mais une énigme épistémologique, sûrement.

                      Il n'est pas d'objet de réflexion philosophique plus fondamental et à la fois plus complexe à cerner et à définir que la notion de conscience. En effet, la conscience, c'est l'homme. C'est à la fois la source de notre présence au monde et à nous-mêmes, le coeur de notre être, vivant, sentant, pensant. Non pas un objet, mais ce qui éclaire les objets, ce qui les sent, les pense, leur donne un sens, spontané ou réfléchi. Partie prenante de notre personnalité la plus intime, la constituant même, de la plus confuse comme de la plus réfléchie, elle est le socle à partir duquel se construit le langage et le savoir, quelle que soit son élaboration. La conscience n'est pas un objet que nous pourrions surplomber, mais l'instance qui nous donne la possibilité intime d'être humain imaginant, pensant, désirant, voulant. Sous toutes ces modalités, la conscience reste, quand elle ne s'éclipse pas provisoirement, l'instance pré-philosophique, conditions de toute élaboration mentale simple ou complexe, de toute conscience morale, latente ou éveillée, de tout dépassement des limites su savoir et du pouvoir.                                                                                           Dire cela, ce n'est pas définir, comme on définit un objet quelconque, c'est tenter, par successions de touches intuitives, de mieux cerner cet "objet" particulier, qui est celui-là même qui nous pousse à le faire, à la racine de notre moi. Nous sommes bien obligés d'utiliser des images pour en donner une idée, mais nous savons que la conscience ne s'y réduit pas. Elle échappe à toutes définitions classiques. L'intuition cartésienne n'en donne qu'un aspect. S'interroger sur sa nature profonde, sur "ce qui noue fait penser" est une tentative qui n'aboutit pas vraiment, qui engage des options, qui demandent à être toujours réexaminées. La conscience ne serait-elle que l'expression de la complexité de notre cerveau, dont nous ne connaissons qu'une partie de le complexité ou serait-elle une expression d'une instance spirituelle,sur-naturelle, dont le fondement nous échapperait. Vieux débat, ranimé il y a peu par l'échange entre  le neurologue matérialiste Changeux et le spiritualiste croyant Ricoeur. Débat qui ne peut être tranché définitivement, présupposant un fond de croyances, de subjectivité et de pari rationnel. On le repose souvent à nouveaux frais, sans pouvoir créer une unanimité, qui ne peut être qu'un mirage. Depuis les hypothèses simples du 18° siècle (La Mettrie), le débat entre dualisme et monisme est sans cesse repoussé, au fur et à mesure des avancées dans la connaissance du cerveau. C'est l'extrême complexité de la question, pour nos capacités cognitives finies, qui fait obstacle à toute approche rationnelle du sujet, si proche et si lointain...   


                                                                                              "...Le philosophe David Chalmers propose dès 1994 de distinguer les difficultés que pose l’étude de la conscience en deux plans distincts : le « problème facile » consiste à trouver les processus cérébraux qui sous-tendent des phénomènes comme la perception, la mémoire, l’attention. Et le « problème difficile » est celui qui découle de l’aspect phénoménologique de la conscience : expliquer l’effet que cela fait d’être soi. Ce contenu subjectif de l’expérience mentale, le « ressenti brut » de l’expérience de la vie et du monde, propre à chaque individu et donc incommunicable, est ce que l’on nomme les qualia – et c’est bien leur insaisissable nature qui pose problème. L’on peut par exemple expliquer la douleur, ses mécanismes neurologiques et ses rôles évolutifs… mais il y a aussi expliquer ce que cela fait de sentir, aspect phénoménal qui résiste à toute réduction fonctionnelle. La douleur a donc une propriété physique mais aussi une propriété consciente, le sentiment douloureux : la matière aurait donc un « dualisme des propriétés ».                      ___
L’argument du zombie, que David Chalmers développe dans L’Esprit conscient. À la recherche d’une théorie fondamentale (1996), en est la preuve : il est logiquement possible de considérer qu’un monde d’êtres humains aux caractéristiques physiques identiques aux nôtres puisse exister sans esprit (c’est la figure du zombie). Il convient alors, pour Chalmers, de distinguer entre une conscience phénoménale et une autre capacité : accéder à certaines représentations mentales guidant rationnellement nos actions et que l’on désigne également par le terme de « conscience ».  Pour le philosopheil existerait ainsi une conscience phénoménale, irréductible à l’être purement physique. La science, en s’enfermant dans les éléments purs de la physique, ne pourrait accéder à ce type de conscience....."  ______

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