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vendredi 21 juillet 2023

A propos de la dette...

 Dont on nous rebat régulièrement les oreilles

                   Un vrai faux problème. La dette privée est une chose, la dette publique en est une autre. Et c'est un non-sens de comparer la deuxième à la première, comme nous y sommes poussés, comme on voudrait nous le faire croire bien souvent. La dette de l'Etat n'est pas la dette des ménages, comme nous avons tendance à le croire, comme certains ont intérêt à nous le répéter. Il faut souvent y revenir, pour dissiper de gros malentendus, même si c'est souvent contre-intuitif au premier abord. Il est bon de refaire le point rapidement. Si certains hommes politiques et même parfois certains économistes brandissent l'épouvantail de la dette au nom de la rigueur, il ne faut pas être dupe, comme le Sénat lui-même, qui ne dramatise pas. Même si certains Etats peuvent se trouver temporairement dans des situations difficiles du fait d'une gestion peu orthodoxe, comme l'Argentine aujourd'hui ou encore la Grèce, mais qu'on a largement contribué en Europe à se mettre dans le rouge.    "...  Les questions monétaires, comme les questions liées au travail, sont loin de se résumer à des dispositions techniques et qu’elles déterminent, et sont déterminées, par une configuration sociale, politique et institutionnelle d’ensemble. Dit autrement, l’institution sociale qu’est la monnaie n’a pas la même forme selon le régime économique ou politique qui régit l’ordre social. C’est pourquoi faire preuve de volontarisme en matière monétaire, comme on peut le faire en annulant la dette publique détenue par la BCE, c’est aussi récupérer une part essentielle de pouvoir démocratique sur des institutions aujourd’hui intouchables et nous donner les moyens à l’avenir de modifier leur forme en profondeur..."


                                                                           __             Il fut un temps, en France, où le dette fut presque abyssale. A la suite des deux dernières guerre notamment, à cause des destructions massives e des emprunts internationaux qui furent nécessaires, comme dans d'autres pays. L'Allemagne, notamment, pour qui la dette, pour des raisons politiques et certainement nécessaires, fut plusieurs fois effacées. A Paris, la dette des années 60 fut particulièrement préoccupante, mais la décision gaulliène de refonder une monnaie et de sortir de l'ornière financière et économique, favorisa un redressement rapide et spectaculaire, qui plaça le pays au rand des puissances majeures. Tout en cédant rien à l'"ami américain".                                                       Comme le rappelle Contre-attaque: 

Tout le monde a oublié qu'une mission du FMI s'était installée à Paris fin décembre 1957, et qu'elle avait placé le franc sous tutelle (remarquez à quel point les économistes actuels passent sous silence cet épisode). Quand le Général revient au pouvoir en 1958, le pays se trouvait près de la banqueroute économique et sa dette auprès du FMI se montait à 900 millions de dollars de l'époque (précision : dollar-or). Le deutche mark, crée 10 ans plus tôt sur les décombres de la défaite allemande, valait 117 francs ; le dollar près de 450 francs, et la livre dépassait les 1400 francs !
Qui plus est, le franc ne correspondait plus au prix d'aucune marchandise : en 1958, le litre d'essence était à 98 francs. De Gaulle ne pouvait accepter une telle situation et il répétait à qui voulait l'entendre < qu'un pays, c'est un Etat, une armée, une monnaie >. Donc afin de sauver la France et pour la sortir des griffes du FMI, le Général prend trois décisions majeures en 1958 :
1 Création d'un << nouveau franc >>.
2 Dévaluation immédiate de ce << nouveau franc >> par rapport au cours de l'or de 17%.
3 Application du << Plan Pinay-Rueff >>de rénovation économique et financière de la France. Pour combattre le déficit budgétaire qui avait doublé entre 1956 et 1958 en raison des dépenses militaires, Pinay augmentera les impôts et réduisit les dépenses publiques. Dix ans plus tard la France, endettée auprès du FMI, remboursera intégralement sa dette de 900 millions de dollars en 1969 et devient même créancière du FMI !
Pour marquer le coup, le général de Gaulle enverra personnellement Valery Giscard d'Estaing à Washington pour remettre le dernier chèque de la France au FMI. Cet épisode montre que les hommes qui voteront la loi du 3 janvier 1973 (et qui sont déjà présents dans les arcanes du pouvoir) savaient au minimum une chose : comment, en l'espace de 10 ans, on "désendette" le pays tout en réalisant les grands projets nationaux (nucléaire, conquête spatiale, le Concorde, force de frappe, industrie pétrolière, etc).
"Ils sont passés les jours de la grandeur. Place aux profiteurs de la décadence, aux débrouillards de l'abandon".
Charles de Gaulle, discours et Messages.

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