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lundi 31 juillet 2023

Traitement d'exception?

Le ministre cède

             Face à la pression de certains syndicats tout puissants de police. Il y a lieu de s'inquiéter de cette pression qui somme le pouvoir exécutif de répondre à leurs exigences et met le pouvoir judiciaire sous pression, provoquant des réactions prévisibles et normales de la part de magistrats en vue. Que certaines forces de police aient été très sollicitées depuis un moment, on le comprend. Personne ne remet en cause certaines exigences légitimes de leur part. Mais qu'elles imposent leur "droit", outrepassant certaines limites constitutionnelles, voilà qui n'est ni recevable, ni acceptable constitutionnellement, surtout quand de hauts responsables renchérissent. Mitterrand avait sanctionné une fois de telles dérives. Quels que soient leurs droits, un traitement d'exception ne peut être toléré, sous peine de remettre en question les fondements de l'Etat de droit.                                     Revoir les conditions d'exercice des forces de police, oui, le fonctionnement des chaînes de commandement, bien sûr, l'usage d'armes qui devraient être prohibées, comme dans d'autres pays, cela va de soi. Comme revoir la formation d'ensemble des forces du maintien de l'ordre, notoirement insuffisante et des méthodes de gestion de foules qu'on réprouve dans des pays voisins. Le maintien de l'ordre se définit et se décide au niveau de l'exécutif et de l'Assemblée conjointement, de l'instance gouvernementale. Il serait bon de relire Montesquieu. Céder aux forces de l'ordre par crainte ou par démagogie est une dangereuse dérive pour le pouvoir et le pays.                    Les forces doivent être au service des citoyens, de manière strictement encadrée, et doit en recevoir une juste reconnaissance. Ni plus ni moins. Rappel:                                                           Force est de le reconnaître, contre Mr Darmanin et son discours réducteur et souvent manichéen, on assiste en France à une "brutalisation des forces de l'ordre" lors des événements tels que ceux qu'on a connu depuis plusieurs semaines. Des instances européennes et même mondiales le reconnaissent aussi. Pas seulement à l'occasion de Ste Soline. Il s'agit surtout de la gestion de certaines forces policières lors de manifestations qui tournent mal.   


               __     Il y a d'évidence quelque chose à faire et il serait bon d'imiter certains pays pour gérer autrement des situations particulièrement compliquées. Une police plus exemplaire. C'est ce à quoi aspire tout citoyen. C'est ce qu'évoquent les différents responsables politiques qui en ont la charge, ministres de l'intérieur surtout. L'ordre républicain ne peut se passer d'elle. Tous souhaitent son efficacité, mais pas à n'importe quel prix. Il arrive trop souvent qu'elle soit mal préparée aux tâches qui seront le siennes, que son encadrement laisse à désirer, qu'elle soit un milieu où même des "bavures" ne sont pas rares, comme les organes de presse s'en font trop souvent l'écho. Et on peut comparer, d'un pays à l'autre, la manière dont la police se comporte, dans l'exercice de ses fonctions. La France hérite d'un tradition particulière dans ce domaine: depuis Papon sans remonter plus haut.  Une tradition qui n'est pas toujours à sa gloire et qui nécessiterait certaines réformes profondes. Il existe une certaine tradition d'impunité au sein des forces de l'ordre et des complicités qui commencent à être mieux connues. Un esprit de corps du plus mauvais effet et qui suscite des interrogations légitimes dans le public. Il y a aussi, sans vouloir généraliser trop de "management" discutable au sein de la hiérarchie, trop d'hommes de terrain qui souffrent et dont le désespoir peut pousser aux extrêmes. En plus haut lieu, certains organes signalent des disfonctionnements parfois graves. C'est le pouvoir de tutelle qui est interpelé, même si les conditions du maintien de l'ordre se sont complexifiées.                                                                                                                                                                         On aimerait une police plus policée. La France n'a pas la plus mauvaise police du monde. Elle est même bien meilleure que dans beaucoup d'autres pays industrialisés. La comparaison avec celle qui (dys)fonctionne aux USA notamment , au vu des affaires récentes, le montre bien. Le problème n'est pas tant celui des hommes que celui de leur recrutement, de leur formation, de leur gestion et du contrôle de leurs actions, à quelque niveau que ce soit. Si on a la police que l'on mérite, les modalités de son fonctionnement spécifique demandent une remise en question.  La police française n'est pas toujours exemplaire reconnaissent certains premiers concernés, qui en souffrent et qui le disent. Ce n'est plus celle qui fonctionnait aux ordres de Pétain ou plus tard pendant la guerre d'Algérie et les consignes de Papon. Mais, c'est bien connu, il y a encore des efforts à faire. On a réduit drastiquement les effectifs, introduit comme ailleurs un lean management, délaissé la police de proximité, abandonné les quartiers difficiles, livrés à eux-mêmes, et on a sommé pendant longtemps la police de faire du chiffre.

       
  ___   "...La France, qui était un État précurseur en matière de contrôle de sa police avec la création en 1986 du Code de déontologie de la Police nationale, puis avec la création de la CNDS en 2000, est devenue une nation frileuse depuis trop longtemps en ce qui concerne le traitement des comportements inadaptés des policiers qui entachent toute l’institution.   Par la mise en place de pratiques réflexives basées sur le modèle anglais, par la redéfinition des missions de l’IGPN et par la création d’une Commission nationale de déontologie de sa sécurité dotée de moyens suffisants, la police et les policiers pourraient retrouver une certaine légitimité et la population, une police sur laquelle elle pourrait compter...."            La perméabilité au racisme n'est pas nouvelle dans certains milieux de la police, depuis un certain nombre d'années, comme en Allemagne, ce qui est plus nouveau.
    Les policiers sont des gardiens de la paiavant tout, et leur formation ne doit pas être seulement technique. Depuis que la police de proximité a été négligée puis abandonnée, depuis qu'on a supprimé un très grand nombre de postes et redéfini sa mission dans un sens plus répressif, moins préventif, que les quartiers à risques furent abandonnés à leur sort, il ne faut pas s'étonner de certaines dérives dans des situations de méfiance réciproque et de confrontations parfois violentes, dans les situations conflictuelles plus nombreuses.
    L'impunité doit être bannie, comme ailleurs
                ____Dans son dernier rapport annuel, l’inspection générale de la police nationale se défend fermement d’être « la police des polices », mission qui « reste dans l’imaginaire populaire ». Sa directrice fait même assaut de transparence : son « ambition première » n’est pas de contrôler mais de « valoriser l’institution et ses agents ».    Cet aveu, en bonne place (dans l’éditorial dudit rapport), est certainement le meilleur effort de sincérité auquel s’est livré l’IGPN depuis des années. Une institution qui n’hésite pas à légitimer, de la part des forces de l’ordre, « des ripostes plus nombreuses et plus fermes et donc des blessés » du fait « des violences exercées contre [elles] lors des manifestations ».   Attendre de cette instance un devoir d’impartialité serait donc vain. Et depuis plusieurs mois, au regard de certains dossiers emblématiques, l’idée s’est installée que la police des polices n’inspectait rien sinon les meilleurs moyens de préserver les forces de l’ordre.     Encore fallait-il démontrer cette impression, ou la démonter. C’est tout l’objet d’Allô IGPN, suite logique du travail entamé il y a 18 mois avec Allô Place Beauvau sur Twitter puis sur Mediapart, qui visait à recenser les abus policiers survenus dans le cadre du mouvement des gilets jaunes, et à interpeller le ministère de l’intérieur....La non-identification de policiers à l’origine de violences est l’un des motifs fréquents des classements sans suite.   « L’IGPN ne se donne pas réellement les moyens d’identifier les policiers qui ont commis des violences ayant entraîné des blessures ou des mutilations », déplore l’avocate rouennaise Chloé Chalot, qui depuis l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes travaille sur les violences policières.    « Les enquêteurs se contentent des déclarations des policiers sans aller plus loin. Il n’y a pas d’investigations complémentaires pour les vérifier », poursuit-elle..."             Ce métier si difficile et exigeant, qui n'a pas toujours les moyens de son fonctionnement normal, mérite mieux que les quelques justifications d'un préfet de police, dont la nomination n'est pas due au hasard.                                  ___ Les drones ne suffiront pas.         ___Approches filmiques. ____________

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