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vendredi 7 juillet 2023

Rages, saccages, pillages...et après?

Comprendre aussi

        Il est tout à fait légitime de manifester son indignation, sa révolte même, contre certaines formes d'action destructrices qui viennent d'avoir lieu, surtout quand il s'agit d'atteinte à des bâtiment publics, surtout des mairies, des écoles et des bibliothèques. On peut rester sans voix contre certains déchainements aveugles où la destruction nihiliste semble ne correspondre à aucune logique. Entre le point de départ tragique, qui a pu susciter une colère compréhensible ( (même s'il vaut mieux attendre les résultats de l'enquête) et le déchaînement des jours qui ont suivi, on saisi mal le sens de ce nouveau cycle de violence.  On peut cependant tenter quelques éléments d'interprétation, en sachant que comprendre (partiellement) n'est pas justifier.   


                                                                                                                    "... Alain Bertho, professeur émérite d’anthropologie à l’université Paris VIII, qui a consacré à ces sujets une grande partie de son travail, et écrit deux ouvrages importants, Le Temps des émeutes publié chez Bayard en 2009 puis Les Enfants du chaos, paru à La Découverte en 2016, affirmait dans un entretien à Mediapart : « Jusqu’au début des années 2010, je n’ai pas observé de pillages. J’ai même assisté, à Saint-Denis en 2005, à une scène où toutes les vitrines du centre commercial ont été brisées une à une, à l’exception du cinéma, mais où rien n’a été volé....Pour le chercheur, en France, « l’apparition de pillages date des émeutes britanniques de 2011 et n’a fait que se répandre depuis. La montée de la problématique des inégalités, jusqu’à la question de la survie, ne peut y être étrangère. À cet égard, les émeutes en Occident s’alignent sur ce qu’on connaissait déjà en Amérique latine notamment »...                                                La méfiance a grandi envers les politiques: "...Il est en outre délicat d’être dans une injonction autour de « l’apaisement » et de mener, en même temps, et depuis des mois, une politique considérée par un certain nombre de Français comme plutôt conflictuelle, comme l’a montré la séquence des retraites qui a laissé une impression de brutalité. Alors même que les manifestations de mai n’avaient pas encore eu lieu, fin avril, 65 % des Français considéraient Emmanuel Macron comme « brutal ».  Ce contexte a été par ailleurs entaché d’un autre événement : l’affaire du fonds Marianne..".                                                         Il est devenu de plus en plus difficile "...de se faire entendre par des institutions qui ne vous écoutent plus et de stopper momentanément un « système » qui tourne sans vous et se passe de votre existence depuis des années comme l’affirme Didier Lapeyronnie un peu plus loin :                    
« L’émeute est une sorte de court-circuit : elle permet en un instant de franchir les obstacles, de devenir un acteur reconnu, même de façon négative, éphémère et illusoire et d’obtenir des « gains » sans pour autant pouvoir contrôler et encore moins négocier ni la reconnaissance ni les bénéfices éventuels. » Les formes de provocations et autres « incivilités » véhiculées par certains jeunes des « quartiers » envers les enseignants pourrait être appréhendée comme une réponse quotidienne au rôle central de l’école comme moyen verdict social pour l’avenir des jeunes..."               Le rejet macronien du plan Borloo a été plus qu'une erreur. Il faudrait y revenir.                                                                                                                                                      De plus, le maintien de l'ordre  est devenu problématique depuis des années et les comportements de la police vis à vis des "nuisibles" est loin d'être toujours exemplaire.... La question de l'immigration revient en force, avec son lourd passif et son lot de malentendus, de mauvaise foi et d'instrumentalisation.         "...Depuis les années 80les mouvements que l’on appelle d’ordinaire les « émeutes urbaines » se sont multipliés et intensifiés dans les quartiers pauvres et multiethniques des villes européennes, en particulier en Grande-Bretagne et en France, mais aussi aux Pays-Bas et en Belgique. Ils ont pris des formes diverses et parfois extrêmement violentes, bien que sans commune mesure avec les émeutes raciales survenues dans les années 1960 aux États-Unis. En Grande-Bretagne, des émeutes majeures ont eu lieu à Nothing Hill en 1976, Bristol en 1980, Brixton en 1981, 1985 et 1995, Bradford, Oldham, Burnley et Leeds en 2001, Birmingham en 2005. En août 2011, l’Angleterre a été saisie par une vague de violence émeutière sans précédent déclenchée dans le quartier de Tottenham, à Londres, avant de s’étendre dans d’autres districts de la ville et à Birmingham, Bristol et Manchester, durant quatre nuits de pillages et de violences.
En France métropolitaine, après des épisodes de violence physique avec la police apparus dès le milieu des années 1970 et en 1981 dans la banlieue lyonnaise, les émeutes se sont multipliées à Vaulx-en-Velin en 1990, puis à Argenteuil, Sartrouville, Mantes-la-Jolie et Narbonne en 1991, Dammarie-les-Lys en 1993 et 1997, Toulouse en 1998, Vauvert dans le Gard en 1999, dans le quartier de la Grande Borne à Grigny, des Tarterêts à Évry, de Lille-Sud et de la ZUP de la Petite Hollande à Montbéliard en 2000, etc. Mais ce sont bien évidemment les émeutes de l’automne 2005, parties de Clichy-sous-Bois, qui ont constitué un événement majeur, par leur ampleur, leur durée et leur forte médiatisation…"                                                                                   _____                                                Rien de nouveau?

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