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mercredi 13 septembre 2023

Pour une éducation "positive"?

Mais qu'entend-on par là?

       L'expression, si elle court les rues surtout en ce moment, pas seulement en milieu scolaire, ne manque pas d'ambiguïtés et l'on comprend qu'elle soit l'objet de débats, parfois de dialogues de sourds. Dans nos sociétés qui se dégagent de plus en plus des rapports autoritaires et hyper-hiérarchiques d'autrefois, on comprend ce que l'expression veut dire et ce qu'elle suscite comme attrait. L'enfant a besoin de toute la confiance de son entourage proche pour se développer au mieux, dans tous les aspects de son être, tant affectifs qu' intellectuels. Son harmonieuse intégration, autant qu'il est possible, serait le meilleur moyen de son développement présent et futur, pour le plus grand profit de la société toute entière. On sait que c'est JJ Rousseau, qui, le premier, donna toute son attention au monde de l'enfance qui, avant lui, n'était guère pris en compte dans sa spécificité. La psychologie et la psychanalyse suivront, avec retard...                                                                                                             On peut comprendre aussi combien cette expression a pu et est encore parfois âprement discutée, car les récentes évolutions de nos sociétés industrielles et consuméristes, avec les valeurs hédonistes qui vont avec, poussent beaucoup de parents et d'éducateurs à survaloriser l'enfance, à la porter aux nues, en lui évitant le maximum de contraintes, en répondant (parfois à l'avance) à tous ses désirs, voire toutes ses exigences, toutes ses fantaisistes. C'est à la conception de l'enfant-roi à laquelle on aboutit, avec toutes ses contradictions, pouvant dériver vers des comportements tyranniques, parfois ingérables.    Le problème des règles redevient l'objet de débat, pas seulement au sein du milieu scolaire, où l'on remet en question le pédagogisme d'autrefois, vu comme une impasse.                                                        Des psychologues et éducateurs, comme Caroline Goldman, plaident en faveur d'un rééquilibrage des valeurs éducatives, où les limites doivent être retrouvées, pour le bien de l'enfant lui-même, mais pas à court terme. "...Tous les spécialistes en psychologie de l'enfant et de l'adolescent, parmi lesquels Marcel Rufo, font le constat d'une explosion des troubles du comportement depuis environ huit ans, induite par cette éducation positive mal traduite.                            Aujourd'hui, revers de la médaille, nous sommes parvenus à un stade où l'enfant, parfois unique, est hyper valorisé, adulé, objet d'investissement parental souvent excessif, parfois culpabilisant. Les désirs, ou plutôt les pulsions, infantiles prennent le premier plan de l'attention des géniteurs, finissant par démissionner de leur rôle de formateurs. L'éducation à la juste et nécessaire frustration est devenue l'exception, en tous cas est rendue plus difficile. La société libérale-consumériste a engendré l'enfant-roi et souvent les parents infantilisés.

    Le comble ce sont les enfants chinois uniques, ces petits empereurs, surtout dans les classes favorisées, terriblement exigeants et indifférents à tout sauf à leurs objets valorisants.
     L'ambivalence continue à prévaloir: l'enfant est-il ange ou démon, roi ou tyran?
Les parents s'angoissent, semblant souvent ne plus maîtriser ou seulement comprendre le processus éducatif, l'apprentissage équilibré aux droits et aux devoirs.
   Les psychiatres sont préoccupés par un phénomène qui prend de l'ampleur, pouvant déboucher sur certaines formes de  violence, voire de délinquance future. 
L'enfant, dès son plus jeune âge, est devenu l'objet chéri de la  publicité, qui voit en lui un futur consommateur, un être facile à formater par le biais de ses envies.
____L'enfant d'aujourd'hui est pris dans un réseau de contradictions:
 
" L'enfant d’aujourd’hui doit être dans la performance et tout réussir : scolarité, activités extrascolaires (gagner le prix de natation, le concours de piano, tracer son chemin de danseur (se).étoile,...), faire attention à son poids, maîtriser Internet,...et tout cela le plus tôt possible. Paradoxalement, on assiste à une sacralisation des valeurs de l’enfance qui invite à ne pas la quitter et à une « philosophie » de vie tendue vers l’épanouissement. Ces valeurs propres à l’enfance qui deviennent centrales dans nos sociétés sont l’insouciance, l’innocence, la plasticité, la spontanéité,...Dans ce contexte où l’enfant est sollicité de partout et se voit confronté à l’exigence de la réussite, le regard des parents sur l’éducation de leurs enfants est empreint d’une angoisse et inquiétude constantes... l’injonction à la performance génère aussi ses contre.modèles (« carence parentale », « démission des parents »,...) et nombreux sont les spécialistes qui estiment cette pression sur les enfants contre performante...."                                                                                                                                          Tant que l'individualisme restera une valeur phare dans nos sociétés ultra-libéralisées et narcissiques, il sera difficiles de trouver un point d'équilibre entre amour-considération de l'enfant et nécessité de règles minimales, imposées et expliquées...                                              _____________

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