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vendredi 1 septembre 2023

Quand l'esprit viendra-t-il à Trump (et à ses admirateurs)?

 Quand les poules auront des dents..

                       Un anti intellectualisme viscéral

             Hostile à toutes les formes de culture, il a encore des partisans en nombre et marche "à l'instinct" et à l'antiintellectualisme. un trait de culture aussi.  Réfléchir serait pour lui une menace. Il aura coulé beaucoup d'eau dans le Mississipi et le Potomac si un jour il accepte certaines évidences. Bien que menacé par plusieurs procès, l'homme garde son pouvoir de nuisances, il résiste.         Et accuse sans relâche, se prenant toujours pour une victime injustement décriée.


 

     
   Paul Auster, qui n'avait pas craint de dénoncer une certaine "folie américaine", et Philippe Roth, auteurs si connus chez nous, disaient que le nombre de lecteurs de qualité dans leur pays est très réduit, s'amenuise même, au regard de la population.
    A part quelques universités de renom (parfois surfait), le niveau des études supérieures est assez médiocre, et la marchandisation des études est un phénomène spécifique.
 Un certain anti-intellectualisme fait partie de la tradition et  des modes de vie et revient cycliquement.
          Si la percée de D. Trump a été si forte, c'est largement parce que, à sa manière provocante et peu raffinée, partisan des idées simples, voire simplistes ,il a su faire appel au bon sens de ses compatriotes, fustigeant les "intellectuels".                        L'homme de la Trump Tower revendique le bon sens, qui dans le discours politique public s'assimile souvent à de la démagogie.           
     Platon l'avait déjà signalé. Ce que Descartes appelait en son temps le bon sens était la saine raison, une raison informée et critique.
       Aux USA, on n'aime pas trop l'esprit cultivé et  les" intellos".
   Seule est valorisée la connaissance utilitaire, dans un empirisme à courte vue de tradition typiquement anglo-saxonne, que nous partageons aussi souvent. 
      L'irrationnel a pignon sur rue, la réfutation  théorie de l'évolution est objet de foi, par exemple, et,
comme l'a bien montré Richard Hofstadter, l'anti-intellectualisme s'est développé sur un terrain où la religion a pris une place importante et où les études ont le plus souvent été vues comme le moyen de réussir et de gagner de l'argent.
   Le succès de S.Palin le montre, l'anti-intellectualisme fait bon ménage avec certaines formes de populisme étroit et vindicatif.
          Dans certaines universités, le succès de D. Trump inquiète quand même.
     Heureusement, certains écrivains et journalistes sont sidérés, comme de rares médias.
                       Le ci-devant président des Américains ne cessait de le dire et de l’écrire : il déteste la réflexion et la complexité. C’est même le fondement du discours politique simpliste qu’il distille avec succès dans un pays où le niveau d’études et d’éducation fléchit dangereusement.
"J’aime à penser que j’ai de l’instinct. C’est pour cela que je n’emploie pas beaucoup de comptables pour empiler les données. Je n’ai pas confiance dans les analyses à la mode du marketing sophistiqué. Je fais mes propres analyses et j’en tire seul mes propres conclusions."
    Le livre The Art of the Deal s’est vendu à des centaines de milliers d’exemplaires. La revendication de la primauté de l’instinct et de l’anti-intellectualisme rencontre un profond écho parmi les soutiens de Donald Trump. Ce dernier a déclaré haut et fort : "J’aime les gens sans éducation." Il a raison. D’un point de vue électoral, ces "gens sans éducation" sont un réservoir de voix qui ne cesse de grossir. Car le système éducatif des États-Unis est dans un état déplorable, pour l'essentiel..
     On avait compris qu'il était plus facile d'influencer des esprits démunis d'esprit critique.
              La question hantera sans doute longtemps encore la société américaine : "... comment un homme aussi brutal, inculte, incompétent et vulgaire que Donald Trump a-t-il pu parvenir à ce niveau de la vie politique ? Le phénomène est cependant moins étonnant qu’il y paraît.
    Trump est, à bien des égards, le produit de cette idéologie qui a accompagné la construction du pays : l’anti-intellectualisme. En 1963 déjà, l’historien Richard Hofstadter alertait sur cette face obscure de la démocratie américaine dans Anti-Intellectualism in American Life. L’hostilité envers les intellectuels, la méfiance pour tout ce qui relève de l'esprit critique et de la réflexion théorique apparaît en effet très tôt. « II est ironique, constate d’ailleurs Hofstadter, que les États-Unis aient été fondés par des intellectuels. Car tout au long de notre histoire politique, ou presque, on a traité cette figure en marginal (outsider), en serviteur ou en bouc émissaire. »L’historien l’explique notamment par la montée en puissance des sectes évangéliques au début du XIXe siècle, mouvements qui reposent (contrairement au puritanisme des origines) sur la confiance en l’intuition de l'homme du commun plus qu’en la doctrine et le savoir. Parallèlement, les Etats-Unis glorifient l’homme d’action (aventurier ou homme d’affaires). Les conditions de vie des pionniers conduisent à valoriser les connaissances pratiques, l'ingéniosité, la compétence technique. Et le système scolaire est façonné à l’avenant, pour obéir à un impératif d’utilité : l'anti-intellectualisme a toujours été présent dans l'enseignement américain, insiste Hofstadter. Selon lui, le secondaire « forme » des individus qui ne sauront rien et n'auront guère les moyens de s'en apercevoir – d'autant moins qu'ils seront ensuite soumis à un véritable matraquage publicitaire par les moyens de communication de masse aux mains des entreprises privées. Et c’est bien là le nœud du problème pour Susan Jacoby. Dans The Age of American Unreason, elle souligne que la question n’est pas seulement l’ampleur de l’ignorance des citoyens, attestée par nombre d’études qu’elle cite (un Américain sur cinq, par exemple, pense que le soleil tourne autour de la Terre). Le pire, c’est qu’ils sont persuadés que davantage de savoir ne leur servirait à rien.... " 
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