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mardi 3 octobre 2023

Exceptionnalisme américain

 Une constante et ses variantes

                                    Depuis ses origines pas si lointaines, les petites colonies de l'Est, prémisses de ce qui deviendra plus tard un Etat fédéral, sous l'effet d'une migration de plus en plus  accélérée, connurent un destin particulier, du moins dans son idéologie. Créé de toutes pièces, sur les ruines des peuples autochtones, le noyau des premiers occupants cultiva et transmit une idéologie d'exception, sur la base d'une religiosité dérivée d'un protestantisme européen qui trouva sur ces nouvelles terres le lieu d'un nouveau départ, loin des contraintes et des persécutions de l'ancien continent. Faire du neuf, créer un nouvel espace régénéré, représenter une humanité d'exception en des lieux supposés "vierges", ce fut les modèles qui imprégnèrent l'esprit américain jusqu'à aujourd'hui.                                            Naquit un idéal puritain qui devint peu à peu une idéologie d'Etat et imprégna peu ou prou le "rêve américain". Le poids du religieux connu des hauts et des bas, revenant aujourd'hui en force, à travers les croisades politiques de Bush, le born again, notamment, et les remises en question néoconservatrices d'aujourd'hui en matière de moeurs.   Ce qu'il reste du rêve américain, dans des circonstances variées, malgré ses crises, est toujours bien vivace.   La notion de Destinée manifeste apparut pour la première fois en 1844, dans un article du directeur de la Democratic Review, John O’Sullivan:  « Notre Destinée Manifeste [consiste] à nous étendre sur tout le continent que nous a alloué la Providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année»

         Ce mythe et ses variantes furent longtemps un moteur économique et géopolitique, mais fut peu à peu contesté à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
   La mobilité, tant vantée,  apparaît comme largement surfaite.
      C'est la fin d'une époque, qui connaît une sorte de déclin, les premiers signes de la fin de l'empire, qui vit à crédit. et qui est de plus en plus porté vers une nouvelle forme d'isolationnisme. Mais pour combien de temps encore? Tant que dureront l'hégémonie. du dollar et de la puissance militaire...
  Comme le fait remarque l'économiste Paul Krugman, la réalité n'a jamais été à la hauteur du rêve américain.   Plus cruellement, Noam Chomsky  souligne la faiblesse d'un rêve de puissance, qui, s'il a réduit sa voilure, n'en finit pas de vouloir s'imposer dans le mondedirectement ou indirectement, physiquement ou symboliquement.     

            Dieu est forcément américain,  et impose une Destinée manifeste ..à ce pays d'exception. (1)

                    « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » [Woodrow Wilson, cité par Bernard Vincent, La Destinée Manifeste, Messène, Paris, 1999]
         Cela vient de loin, de ses mythes fondateurs.
        Prêt à défendre toutes les causes, surtout pour les évangélistes de combat
    Le Président table rase, libéral désordonné, ne peut se passer de ses services...
Où Dieu va-t-il mener son nouveau serviteur?...
Lui qui a tout prévu, même un survivor...
"Dieu a posé sa main sur Donald Trump ...:

      Trump a prêté serment sur la Bible lors de son inauguration, honorant ainsi la tradition mise en place par George Washington.
       La religion a toujours été importante dans la république américaine. Mais jusqu’aux années 1950, elle était largement séparée de l’Etat, soutient l’historien de Princeton Kevin Kruse dans One Nation Under God. L’adoption de la devise nationale « In God we trust » date ainsi de 1956. Deux ans plus tôt, le Congrès avait fait ajouter au serment d’allégeance l’expression « one Nation under God » (une nation sous l’autorité de Dieu).
         « Ce ne sont pas les Pères fondateurs, mais nos grands-pères qui ont forgé les cérémonies et les formules qui viennent à l’esprit lorsqu’on interroge la nature chrétienne des États-Unis », souligne Kruse. L’idée que les Etats-Unis sont une nation chrétienne a été promue dans les années 1930 et 1940 par des lobbies industriels et commerciaux opposés au New Deal. Ceux-ci considèrent la religion comme une arme puissante dans la guerre contre les promoteurs de l’Etat providence et les communistes. Ils recrutent et financent un clergé conservateur prêchant, non la charité, mais l’enseignement individualiste de Jésus. Ce mélange de chrétienté et de capitalisme s’installe au centre de l’arène politique dans les années 1950 avec l’arrivée d’Eisenhower à la Maison Blanche. Quelques mois avant sa prise de fonction, celui–ci déclare : « Notre façon de gouverner n’a aucun sens si elle n’est pas fondée sur une foi profondément ressentie, peu importe laquelle. » Il acte ainsi la fin de « l’Etat païen » et ouvre la voie à de nouvelles traditions.
         Dans ce contexte de renouveau religieux, la formule « une nation sous l’autorité de Dieu » saisit l’imaginaire national. La formule « In God we trust », empruntée à l’hymne national The Star-Spangled Banner, apparaissait déjà par intermittence, sur les pièces de monnaie depuis le Guerre civile. Elle s’y installe définitivement, ainsi que sur les timbres et les billets de banque, avant de devenir la devise officielle du pays. Quant au célèbre « God Bless America », il est un peu plus récent. Il est popularisé par Ronald Reagan et marque tellement les esprits qu’aujourd’hui aucun homme politique n’envisage plus de terminer un discours sans lui.
[ Books, octobre 2015]        
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