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lundi 23 octobre 2023

Parole d'Israëlienne

 L'effroi et l'espoir:  Une voix déchirante, rare et juste

    Loin de appels à la vengeance aveugle, la loi du talion étant porteuse de pires violences encore

"J’ai 19 ans.

Je viens du kibboutz Be’eri.    Le pire – à part entendre les noms des morts, des disparus et des otages – ce n’est pas de se coucher dans un abri sombre. Ce n’est pas d’entendre des coups de feu. Ce n’est pas de recevoir, en temps réel, les notifications de mes camarades du kibboutz, des gens que je connais depuis toujours, demander de l’aide sans que personne ne vienne.             Le pire pour moi – à part les morts, les kidnappés et les otages – a été le moment où je suis sortie, lorsque nous avons été évacués, et qu’il faisait nuit. J’étais pieds nus. J’ai marché sur du verre. Et j’ai vu – sur les visages des gens de mon quartier – partout – la peur. Une peur terrible. Ces visages que je connaissais depuis toujours – je ne les avais jamais vus comme ça. Couverts de larmes. Des gens avec qui j’ai grandi : terrorisés.                                                           La peur circule, là, parmi nous. Je viens d’arriver à la mer Morte. Je vois la peur se promener sur les visages de mes camarades du kibboutz. Ils essaient de continuer à se lever le matin. De tenir le coup. De sourire de temps en temps. Chacun comme il peut.                                       Me relever tous les matins… Il n’y a pas eu beaucoup de matins depuis… Mais me lever… chaque matin… …c’est difficile, très. Ce qui nous est arrivé est, oui, terrifiant. Mais il faut que je dise quelque chose de très important. Ce qui nous est arrivé n’est pas nouveau ; c’est juste pire. On nous a négligé pendant des années, des années. Ne dîtes pas « dôme de fer » – c’est du sparadrap. Ne dites pas « soldats de fer » – c’est du sparadrap. Une personne est en train de mourir et vous lui apportez du sparadrap. Honte à vous. Honte à vous. Ça fait des années, des années que nous en parlons. Vous nous négligez : voilà où nous en sommes. Ce n’est pas nouveau, c’est juste pire. Et ce n’est pas la seule chose dans cette guerre qui n’est pas nouvelle et juste pire.                                                                                                                          J’essaie de trouver les mots, parce que, honnêtement, c’est difficile de les trouver avec toute cette colère et ce chagrin qui me traversent en ce moment. Comment suis-je censée me lever le matin ? Citoyens d’Israël, hommes politiques, personnes à l’étranger – qui que vous soyez je m’en fous – écoutez-moi bien. Comment suis-je censée me lever le matin quand je sais qu’à 4,5 kilomètres de Be’eri, de chez moi, dans la bande de Gaza, il y a des gens pour qui ce n’est pas fini ? Pour moi, c’était fini après 12 heures, parce que j’avais un endroit où me réfugier. Je suis à la Mer Morte dans un hôtel.                                                                                         Ceux qui parlent de vengeance, honte à vous. Oui, c’est vrai, la douleur est immense. Moi, après tout ce que j’ai vécu… à chaque fois que j’entends le mot « vengeance », je m’effondre. Que des gens s’apprêtent à vivre ce que j’ai vécu sans que personne ne vienne les sauver, c’est…

On ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas

Et non : d’autres sparadraps ne résoudront pas le problème. Les gens nous demandent sans cesse : « allez-vous retourner au kibboutz ? », « Croyez-vous pouvoir retourner y vivre sans plus de soldats, plus de protection ? » Ne me parlez pas de soldats. Ne me parlez pas de protection. Parlez-moi de solutions politiques. Depuis des années, nous demandons une solution politique.....". (La suite)...                        

  _____(Rien à ajouter)                                             

  _______________ Le terrorisme vient de loin, avec ses ambiguïtés. On le voit ici. Un souien à un peuple n'est pas une adhésion à une cause. Sinon...                                                    La porte ouverte à toutes les confusions, abondamment instrumentalisées.___ Comment trouver les mots justes?

___ Point de vue  du journaliste israélien Haggai Matar :  "Contrairement à ce qu’affirment de nombreux Israéliens (…), il ne s’agit pas d’une attaque “unilatérale” ou “non provoquée”. L’effroi que ressentent les Israéliens en ce moment, y compris moi, n’est qu’une infime partie de ce que les Palestiniens ressentent quotidiennement sous le régime militaire qui sévit depuis des décennies en Cisjordanie, ainsi que sous le siège et les assauts répétés contre Gaza. Les réponses que nous entendons de la part de nombreux Israéliens — qui appellent à “raser Gaza”, qui disent que “ce sont des sauvages, pas des gens avec qui on peut négocier”, “ils assassinent des familles entières” ; “il n’y a pas de place pour parler avec ces gens” — sont exactement celles que j’ai entendues d’innombrables fois dans la bouche des Palestiniens à propos des Israéliens."          ____     Ami, ami...? « Nous ne pouvons pas renoncer à une solution à deux Etats », a dit Joe Biden     _________________________________

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