Ça va jazzer

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samedi 5 octobre 2024

Achtung!

 Des appâts parfois alléchants...

          L'hameçon fonctionne parfois trop bien.

                       Vigilance!

                                                                                           ____________________

Ces grands voyageurs

Et commerçants- explorateurs hors pair

        C'est la fin des légendes concernant ces peuples venus du Nord pour répandre la terreur sur nos terre d'Occident, selon les images d'Epinal de mon enfance. On sait maintenant qu'ils avaient des capacités de se projeter loin de leurs côtes froides, de leur zônes d'origine, pour pratiquer  un commerce étonnamment riche et diversifié et en développement des formes d'art originales. On n'est pas encore au bout de nos surprises. "...Leur motivation était, une fois la précieuse marchandise récupérée, d'étendre leur commerce. Selon les chercheurs, le réseau commercial d'ivoire des Vikings comprenait non seulement l'Europe et le Moyen-Orient, mais probablement aussi l'Asie de l'Est. Ces résultats sont intrigants car ils élargissent considérablement l'éventail autrefois supposé des activités de récolte d'ivoire, «et confirment les preuves archéologiques d'interactions avec les Inuits de Thulé»....

             Si l'on se penche sur les études récentes d'un des meilleurs spécialistes de la question, faites de recherches savantes et de questions prudentes, Regis Royer, on apprend vite que:

   LesVikings ne sont pas un peuple unique et ont connu, pour ce qu'on en sait, une civilisation riche et une histoire compliquée, mais passionnante, aux incursions maritimes et fluviales multiples et parfois étonnantes.
  Notamment en Grande-Bretagne et en Normandie.
  Pour les Vikings de l'Est, on signale des avancées en profondeur jusqu'à Samarcande.
  L'occupation assez longue en l'Islande est connue et celle qui affecte le Groenland continue à poser maints problèmes, comme les causes de leur disparition. On peut trouver ici des éléments permettant de mieux situer le problème, à la lumière des travaux de Jared Diamond.
   Le cas d'une occupation sans doute limitée à Terre-Neuve est encore en discussion. .."      
    ______   Nous restons fascinés  par les Vikings   et le récit de leurs exploits, écrit l’historien. Nous nous les représentons comme de féroces barbares coiffés de casques à cornes, brandissant des épées étincelantes et des haches tranchantes. » Alors même que les emblématiques casques ornés de cornes des Vikings n’ont jamais existé…
                 Pour l’auteur, la réputation des Vikings, au Moyen Âge comme actuellement, est en effet « liée aux conceptions religieuses et à la formation théologique des auteurs des textes qui sont parvenus jusqu’à nous ». Les Vikings avaient certes « une propension à attaquer les monastères et les églises qui constituaient des cibles faciles, sans défense, le plus souvent épargnées par les armées chrétiennes. Comme les moines et les clercs avaient le quasi-monopole de l’écrit pendant le haut Moyen Âge, les chroniques et les autres textes qui nous sont parvenus défendent leur point de vue ». Et les Vikings y ont gagné une réputation détestable : celle d’un « peuple infâme » et d’une « race corrompue ».d
     Même si, comme le souligne Alban Gautier, professeur d’histoire médiévale qui assure la préface du livre, « les Vikings n’étaient pas un peuple », puisque « l’univers des Vikings était marqué par une grande diversité tant culturelle que religieuse » et qu’il n’était pas nécessaire que du sang scandinave coule dans ses veines pour appartenir à ce groupe. À rebours de ce que pensent certains adeptes néopaïens et contemporains des Vikings. L’un des plus grands rois vikings, Cnut le Grand, qui bâtit un empire en mer du Nord entre 1015 et 1035, était ainsi aux trois quarts slave…
      Mais la violence, écrit l’auteur, « continue à passionner la société moderne et les Vikings sont devenus emblématiques de ses formes les plus atroces et les plus insensées ».L’incarnation la plus fantasmée de cette cruauté viking aurait consisté en l’habitude de la torture dite de l'« aigle de sang », dont l’auteur rappelle pourtant que l’imaginaire provient d’une mauvaise compréhension et traduction de la poésie scaldique.
    En dépit de tout cela, la réputation sanglante de ces « super héros du Nord » et de ces « histoires de tortures horribles imprégnées de paganisme », sensationnelles et palpitantes, a « annihilé notre sens critique habituel, y compris celui de nombreux historiens. Même des auteurs ayant accès à des sources de connaissance fiables continuent à raconter ces histoires considérées comme un fatras d’erreurs ».
    L’auteur considère que, replacée dans son contexte historique, « leur violence n’était pas pire que celle des autres », par exemple comparée à un Charlemagne (sacré empereur en 800) dont les armées ont tué et ravagé à plus grande échelle que les Vikings. Le mode d’action des Vikings, consistant à remonter les fleuves à l’aide de bateaux rapides, catalysait l’effet de sidération et de terreur provoqué par ces hommes en armes. En effet, si les peuples d’Europe n’ignoraient pas la violence aveugle dans une époque très tourmentée, lorsque l’ennemi progressait par voie de terre, la rumeur se répandait rapidement et permettait à beaucoup de s’échapper…
     Pour à la fois contrer cette image noire et aller au-delà des imaginaires stéréotypés entourant le temps des Vikings, Anders Winroth fait le point sur un savoir fragmenté, marqué par des vides et des incertitudes, qui a pu catalyser le recouvrement d’une réalité difficile à cerner par un imaginaire puissant et souvent erroné.

      Il utilise pour cela les résultats de fouilles archéologiques inédites, notamment dans les « tombes à navire », puisqu’on trouve dans les campagnes scandinaves des milliers de « navires de pierres » en forme de vaisseaux emmenant les morts dans l’Au-delà et que nombre de Scandinaves, non seulement des guerriers vikings mais aussi des paysans lambda, étaient inhumés « dans une sorte de bateau ou au moins accompagnés par un navire symbolique ».Mais Winroth s’intéresse tout particulièrement aux inscriptions runiques et aux strophes scaldiques, ces compositions élaborées dont les poètes islandais firent la renommée....
..O« recycle toujours les mêmes mythes, mais certaines de ces histoires les plus passionnantes sur les Vikings ne sont que rarement, voire jamais racontées ». Si tout n’est pas passionnant de bout en bout dans cet ouvrage, son grand mérite est de trancher les controverses sur les motifs qui ont poussé les Vikings, pendant trois siècles, à parcourir les mers et les fleuves pour piller, rançonner, coloniser et conquérir une géographie lointaine, allant des mondes arabes jusqu’au-delà du Groenland.
Représentation des Vikings datant du XIIe siècle : les Danois sur le point d'envahir l'Angleterre.Représentation des Vikings datant du XIIe siècle : les Danois sur le point d'envahir l'Angleterre.
Winroth ne cherche pas ces raisons dans les explications mécaniques parfois avancées, allant du changement climatique à la pression démographique en passant par un prétendu « caractère guerrier » des peuples du Nord. Son explication est de nature sociopolitique. Comme le résume Alban Gautier : « Afin d’affermir un pouvoir foncièrement instable, les chefs scandinaves du haut Moyen Âge recrutaient des bandes armées qu’il leur fallait récompenser par des présents prestigieux ; en échange, les guerriers fidèles à leur chef se battraient pour lui. (…) L’explication principale du phénomène viking se trouverait donc à la croisée d’une stratégie politique, d’une pratique sociale et d’une éthique guerrière, toutes fondées sur le principe du don et du contre-don. »
     Winroth fait donc le pari que, pour comprendre les Vikings qui sont partis et que l’Europe a vu déferler sur ses terres, il faut d’abord connaître ceux qui sont restés et les sociétés auxquelles les guerriers étaient adossés. En effet, « les raids des Vikings avaient lieu à petite échelle, et étaient le plus souvent le fait d’hommes jeunes qui possédaient peu de propriétés foncières, voire aucune, et n’étaient généralement pas mariés ».
L’historien cherche donc moins à comprendre le « temps des Vikings » depuis le champ de bataille que depuis la « maison-halle » où le chef abreuvait ses hommes et les éblouissait par sa richesse et les produits exotiques qu’il avait pu ramener. « Tout commençait, explique-t-il, avec les grandes fêtes données dans les maisons-halles des chefs de guerre du Nord » qui constituent les plus grands bâtiments de l’Europe septentrionale au Moyen Âge.
Attaque viking, image de 1100, faite dans l'abbaye de Saint-Aubin.Attaque viking, image de 1100, faite dans l'abbaye de Saint-Aubin.
Dans cette maison-halle, le chef prononçait des discours, parce qu’un « bon chef n’avait pas seulement besoin d’être généreux et victorieux à la guerre mais devait être éloquent et prononcer des paroles qui allaient droit au cœur ». Il s’agissait aussi d’un « espace sacré où le chef procédait à des rituels religieux ».
    Le chapitre que Winroth consacre à la religion est l’un des plus intéressants de l’ouvrage. On y découvre ou redécouvre, même si les fouilles « ne nous apprennent pas grand-chose de la religion vécue », la complexité de l’imaginaire spirituel et mythologique des Vikings, notamment la lutte du dieu Thor avec le serpent de Midgard, qui se tenait enroulé autour du monde et était censé le maintenir en place. Le jour où il lâcherait, le monde se fragmenterait et disparaîtrait, dans le cadre d’une religion largement apocalyptique, où la fin du monde s’appelle le Ragnarök et consiste en un grand incendie après lequel un monde meilleur peut surgir.
    On y voit aussi la façon dont le christianisme a, peu à peu, remplacé la vieille religion païenne en Scandinavie, parfois en se superposant à elle. Winroth prend ainsi l’exemple très parlant d’un moule en stéatite, trouvé dans le nord du Jutland au Danemark, qui donne une image de la manière dont le christianisme a lentement pénétré la culture scandinave sans immédiatement éliminer les anciennes religions. L’artisan qui possédait ce moule, pouvait en effet, au choix, couler « une croix chrétienne ou le marteau de Thor », voire les deux en même temps…
    Cette conversion des mondes vikings au christianisme fut moins le fait de missionnaires« que des besoins et objectifs des chefs et rois scandinaves ». La religion chrétienne fut en effet utilisée comme un « outil de construction des communautés au sein de leur économie politique ».
     C’est en effet au moment où les chefs vikings à l’onomastique devenue légendaire, d’Erik le Rouge à Harald à la dent bleue, sont remplacés par des rois scandinaves que la religion catholique s’impose vraiment. « L’Église joua un rôle de premier plan dans ce processus, fournissant son savoir-faire en matière d’éducation et d’administration, en plus d’une idéologie qui considérait que les rois régnaient, avec l’approbation de Dieu, depuis le sommet d’une hiérarchie bureaucratique. »
   Avec cette transformation de la structure sociopolitique des territoires vikings en royaumes médiévaux, c’est toute la société scandinave qui se modifia, jusqu’à son expression poétique. Le vers scaldique était ainsi entièrement muet sur l’amour romantique, dont les idées ne se propagent dans la poésie scandinave qu’au XIIe siècle. « Dans ce domaine aussi, la Scandinavie rejoint progressivement l’Europe », conclut l’auteur. [Mediapart]  _______
  
                   

vendredi 4 octobre 2024

Quelle survie?

 Question à un dollar

          Quadrature du cercle

               Les jeux sont ouverts

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Varia

__  Cruauté

__ Gouffre 

__ Secret

__ Découverte

__ Dérapage                     

__ Empathie

__ Premier flic

__ Sarkosisme

__ Contradictions

__ Quelle solution?

__ Pauvres Argentins

__ "Nouvelle" Russie

__ Eau libéralisée

__ Méthodes contestées

__ La défense et l'école

__ Immigration et chômage __________________________

jeudi 3 octobre 2024

Pesticides

 On attendra encore un peu.

       Oui, mais....

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Santé mentale en question

 Il y a urgence

                    Si le secteur médical et hospitalier vont mal, que dire du secteur psychiatrique? Alors que la santé mentale se dégrade en France. La dernière roue de la charrette serait-elle devenue enfin une grande cause?...sur le papier. Le manque de moyens et d'attractivité du personnel est en baisse de manière critique. On peut parler de misère dans ce secteur. 


                                                                                                                                             ___ Le moins que l'on puisse dire est que la situation n'est pas bonne. L'hôpital va déjà mal. Mais le domaine des soins en psychiatrie s'est aussi dégradé, surtout depuis plus d'une dizaine d'années, voire plus. Un récent rapport du Sénat le soulignait clairement. Certains vont plus loin dans l'analyse. On peut même parler de délabrement.   Un dehors des aspects économiques et institutionnels, la psychiatrie est touchée dans ses fondements. Un flagrant manque de moyens. Elle a évolué, jusqu'à aboutir aujourd'hui à un excès de scientisme.                    ____ Quelles que soient les avancées des connaissances dans le vaste domaine des désordres mentaux, de sources endogènes et/ou exogènes, il n'en reste pas moins que la psychiatrie est devenue un parent pauvre dans le domaine des soins, alors qu'elle touche de plus en plus de personnes, occasionnellement ou durablement.  Parent pauvre de la médecine, trop souvent soumise à des injonctions contradictoires,.. On parle même d'un état d'urgence. Une surconsommation de psychotropes est souvent dénoncée par des soignants, aux dépends de la relation et de l'accompagnement clinique, humaine. Elle est trop souvent sous influence. Le infirmier-ères n'ont même plus de formation spécifique. Certains résistent.   __Soins ou surveillance?

         __ "...Psychiatre des hôpitaux honoraire  Daniel Zagury spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale, expert auprès de la cour d’appel de Paris n'y va pas par quatre chemins, dénonçant les dérives en cours depuis trop longtemps et analyse les causes du déclin de la psychiatrie dans un ouvrage intitulé « Comment on massacre la psychiatrie française » » Le livre humaniste d’un psychiatre en colère, ­convaincu qu’on doit toujours tenter de réformer le monde » *. Extrait de l’introduction:   

                 "...La situation de la psychiatrie publique n’a cessé de se dégrader depuis plus de vingt ans (…)Nos cris d’alarmes, nos pétitions, nos protestations, nos mouvements de grèves, nos tribunes, nos livres, n’ont pas eu beaucoup d’effets. Peut-être parce qu’ils se sont souvent adossés à des analyses  politiques ou doctrinales, au nom d’une sensibilité ou d’un courant, et non en celui de la psychiatrie elle-même, dans ses fondements. Il convient de retrouver toute la force du néologisme magnifique d’Henri Ey : c’est parce qu’elles étaient « psychiatricides » qu’il fallait se battre contre ces attaques, et non parce qu’elles relevaient de telle ou telle conception. Peu importe le courant dont on se réclame.                                                                                                                          On a fait croire à ces internes que la psychiatrie biologique, les neurosciences, l’épidémiologie, la recherche, étaient la noblesse de la psychiatrie, le reste relevant de l’obscurantisme et de l’archaïsme.  Toute une génération s’est forgée dans la haine de la psychanalyse, dont l’expression a été largement facilitée par des postures inconséquentes, aveugles, présomptueuses et méprisantes, de psychanalystes prenant leur théorie pour un méta-savoir supérieur à tous les autres et dispensé de toute confronta­tion aux autres disciplines. On a ainsi jeté le bébé de la psychopathologie, de l’intersubjectivité et de la relation avec l’eau du bain de la psychanalyse, et l’on a amputé le champ des connaissances et de l’enseignement d’un pan central de la clinique psychiatrique.  On a dit aux infirmiers en psychiatrie qu’ils étaient « comme les autres», avec la même formation que les autres , et on les a transformés en greffiers de la traçabilité de leurs patients. Les conséquences en termes de prise en charge ont été désastreuses.                                                         A moins de renoncer à l’unité de la discipline et de consacrer son morcellement, tous les chemins mènent à Rome, c’est-à-dire à la clinique intégrative, au soin de qualité et au meilleur dispositif de santé publique. C’est sur ce commun dénominateur que repose l’identité de tous.  Nous nous sommes donc heurtés aux refus de l’Etat, tout juste bon à commander un rapport tous les deux ans, aussitôt rangé dans les tiroirs ; à l’indifférence de l’opinion publique, car les maladies mentales font peur ; à la lâcheté des politiques, qui savent qu’il n’y a pas de gain électoral à escompter de la psychiatrie, sauf à la stigmatiser, dans l’obsession des faits divers violents qui embrasent des médias et qui font espérer quelques voix sur le dos de nos malades.  En reconnaissant en 2019 l’abandon de la psychiatrie depuis trois décennies, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a au moins permis à l’Etat de sortir de cette posture négationniste et perverse en admettant qu’elle était le « parent pauvre » de la médecine. Pouvait-elle d’ailleurs faire autrement tant les tristes preuves du désastre s’accumulaient !   Ne nous y trompons pas. Ce désastre n’est pas une catastrophe naturelle, la conjonction malheureuse de quelques facteurs. C’est un massacre méthodique, non parce qu’il a été voulu, mais parce que l’on est demeuré aveugle et borné face à un dépérissement maintes fois dénoncé par les praticiens de terrain. C’est au nom de doctrines absurdes, d’ignorances feintes, d’abandons et de lâchetés que ce massacre a été commis. La politique de santé en France et celle de sa spécialité la plus démunie, la psychiatrie, ont été exclusivement circonscrites à la limitation des coûts, sans vision globale, sans autre boussole, en se revendiquant ici ou là de telle ou telle doc­trine opportunément instrumentalisée, en faisant semblant de s’appuyer sur quelques psychiatres qui défendaient leur chapelle et non notre église.                                                                                                                                                                       Qui aurait pu survivre à un tel tir croisé ? On a laissé la catastrophe démographique s’installer : 1200 postes non pourvus, une perte massive d’at­tractivité, des postes en partie occupé ...  des méde­cins étrangers en situation précaire scandaleusement sous-payés.. On a formé des générations d’internes dans l’ignorance de la psychiatrie intégrative, en leur faisant croire que la psychiatrie était née en Amérique, ce pays aux congrès débordant de la richesse des laboratoires pharmaceutiques tandis que leurs malades chroniques vont à la rue, en prison ou prématurément au cimetière.                Ce qui est condamnable, ce n’est évidemment pas les neurosciences, ce qui serait parfaitement idiot, mais la prétention à l’hégémonie et à l’exclusivisme de n’importe lequel des composants du champ psychiatrique;                                                    ___ On a proclamé partout, contre toute évidence, cette absurdité sans nom qui prétend que la psychia­trie est une spécialité comme une autre. Avec l’alibi de la déstigmatisation, on a encore plus stigmatisé les malades mentaux. On a précipité l’effondrement du modèle de la psychiatrie intégrative bio-psycho­sociale, qui a toujours été le meilleur de la psychia­trie, comme aimait à le dire Racamier, au profit de la psychiatrie biologique et des neurosciences.   Ce qui est condamnable, ce n’est évidemment pas les neurosciences, ce qui serait parfaitement idiot, mais la prétention à l’hégémonie et à l’exclusivisme de n’importe lequel des composants du champ psychiatrique.                                Avec la loi HPST et tout le pouvoir confié à des administratifs trompeusement affublés du titre de managers, on a privé le chef de service de tout pouvoir fonctionnel réel sur sa propre équipe. On l’a conjointement sur-responsabilisé, car l’échec des procédures présumées parfaite ne pouvait que lui être imputable.          On a scindé le binôme mythique chef de service-cadre infirmier supérieur qui, depuis Pinel et Pussin , organisait le soin. Les cadres ont été happés par la hiérarchie administrative ; ses modes de pensée, ses manies et ses tics.  On a réduit le médecin chef à être la dernière roue du carrosse dans son propre service. Des tableaux PowerPoint sont supposés transmettre toutes les conduites à tenir en termes de recommandations, de guides de bonnes pratiques, de protocoles, de procédures, de programmes : GPS de la psychiatrie quotidienne. Tandis que les soignants voient la qualité des soins s’effondrer ils sont sans cesse convoqués à des réunions sur les procédures qualité.             C’est peu dire que le même mot ne veut pas dire la même chose.    Comble de la honte, dans les unités psychiatriques hospitalières, on  vu se généraliser des pratiques de contention et d’isolement par des équipes de soins squelettiques, apeurées, sans cesse rappelées à leur responsabilité en cas de drame. Et nous voilà de nouveau pointés du doigt par ceux-là même qui ont organisé le massacre et qui nous donnent des leçons de respect de la dignité du malade.  Et voilà que l’on ordonne aux établissements hospitaliers d’appliquer une nouvelle loi sur la contention et l’isolement  sans jamais s’être soucié de sa faisabilité, sans jamais avoir demandé l’avis des praticiens. Au pays des grands principes, il suffit de commander, l’intelligence suivra. Quel mépris ! Et sans doute également, quelle incompétence !                                         N’en jetez plus. La cour du massacre de la psychiatrie est pleine. Le massacre implique la main de l’homme. Il ne s’agit pas seulement d’un désastre, de la conjonction malheureuse de quelques phénomènes comme ceux qui provoquent une catastrophe naturelle. Mais ce serait une erreur d’y voir nécessairement une intention délibérée. Toute une série de facteurs, parfois indépendants les uns des autres y ont contribué. La seule question qui vaille aujourd’hui est : comment en sortir..." ?     _____________________________

mercredi 2 octobre 2024

Penser par soi-même

   Et non par l'intermédiaires de chaines plus ou moins toxiques.

     Sans parler de celle qui connaît le "succès" qu'on sait... ___Surdose

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Né pas oublier d'où on vient...

Rien n'est simple

                      Dans la recherche des origines. De découvertes en découvertes, l'archéologie préhistorique remet en question des données que l'on croyait assurées. C'est le lot de toutes les sciences humaines. La vérité est toujours en marche, telle un horizon qui s'éloigne dès que l'on croit s'en approcher.     En vérité, nous ne savons pss grand chose d'un si long passé; mais quelques portes s'ouvrent de temps en temps su les périodes qui nous sont les plus proches.  En suivant Hominidés.                                     

_____________________"Il y a du Neandertal en nous. Du moins si nous sommes "non africains". Dans ce cas, 1 % à 4 % de notre matériel génétique a pour origine Homo neanderthalensis. Nous nous croyions simples cousins, issus d'un ancêtre commun. Nous nous découvrons aussi métissés avec cet humain disparu. C'est la conclusion la plus spectaculaire tirée de l'étude de l'ADN prélevé sur trois os de néandertaliens vieux d'environ 40 000 ans, issus d'une grotte croate.
___Pour la première fois, le génome nucléaire d'un homme fossile est séquencé, à hauteur de 60%. Son analyse est publiée, au terme de quatre années d'efforts, dans la revue Science, vendredi 7 mai, sous la direction de Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck,Homo sapiens, l'homme moderne et celui de Neandertal.
___Conclusion aujourd'hui invalidée par les mêmes chercheurs, qui ne cachent d'ailleurs pas leur surprise. "L'équipe était contre cette hypothèse, ce qui, d'une certaine manière, renforce nos résultats", rappelle David Reich (MIT et Harvard), cosignataire de l'étude. Et de rappeler les précautions méthodologiques prises pour se prémunir contre les contaminations par l'ADN des expérimentateurs, éliminer celui des microbes présents dans les échantillons, qui représentaient au départ plus de 95 % des éléments séquencés..." d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. C'est à lui que l'on doit la première analyse génétique d'un néandertalien, en 1997.
___Il s'agissait d'ADN mitochondrial (ADNmt), transmis par la mère, d'extraction bien plus aisée que l'ADN nucléaire. En 2004, M. Pääbo et ses collègues avaient conclu que cet ADNmt ne révélait aucun croisement entre 
Homo sapiens, l'homme moderne et celui de Neandertal..."
-
A Draft Sequence of the Neandertal Genome

-_______L'homme de Néandertal révèle ses liens avec Sapiens:
____________________"Madame Sapiens a fait crac-crac avec monsieur Néandertal. Ou l’inverse. Et avec succès reproductif. Mais pas en Europe, lors de l’arrivée de Cro-Magnon, il y a 37 000 ans. C’est une vieille histoire (d’adultère ?) survenue au Proche Orient, il y a environ 80 000 ans. Elle n’a manifestement pas été très fréquente...Cette affaire des relations de parenté et de la possible rencontre des deux humanités les plus proches - Homo sapiens, l’homme moderne apparu il y a un peu plus de cent mille ans en Afrique, et Néandertal - est révélée ce matin dans la revue Science . Par un article exceptionnellement long, traduisant un labeur minutieux et de haute précision. Il constitue un véritable «tournant dans l’exploration des origines de l’humanité par les moyens de la génétique moléculaire», salue Pierre Darlu,2006 à une étude de l’ADN des mitochondries, donc uniquement maternel, de néandertaliens.
Comparer des génomes extrêmement proches l’un de l’autre exigeait de faire appel à des techniques et des tests statistiques très sophistiqués. Outre le séquençage des os fossiles de la grotte de Vindjia, l’équipe s’est donc appuyée sur quelques coups de  sondes génétiques sur d’autres fossiles de néandertaliens, recueillis dans trois sites : El Sidron (Espagne, -49 000 ans), la vallée de Neander (Allemagne, -40 000 ans) et Mezmaiskaya (Caucase, Russie, -60 000 à -70 000 ans). Sur le séquençage de cinq êtres humains actuels réalisé pour l’occasion. Et sur celui du célèbre Craig Venter, un généticien américain. Les généticiens ont obtenu un résultat surprenant, qui éclaire d’un nouveau jour nos relations de parenté avec ce cousin disparu. Ils contredisent les études antérieures, menées sur l’ADN mitochondrial exclusivement maternel, qui n’avait trouvé aucune contribution néandertalienne à notre génome, menée tant par Catherine Hänni (Ecole Normale Supérieure de Lyon) en 2006 que par Pääbo. Semblant donner ainsi raison à ceux des préhistoriens convaincus qu’homo sapiens, après sa sortie d’Afrique par le Proche Orient, n’avait jamais fricoté avec les néandertaliens qui occupaient alors une large part de l’ancien monde, de l’Espagne à la Sibérie..."
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 Néandertal et Cro-Magnon auraient convolé

                   La génétique ne trompe pas.

                            Tel père, tel fils...    

                                                 __ L'aventure continue...        Le dernier?                                                             ____________________

mardi 1 octobre 2024

Seniors privilégiés?

Une légende...

               Même si des écarts de revenus parfois importants existent bien, ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier.

   A côté de ce que l'on montre, il y a la réalité.

               La privation et la précarité existent aussi.

                      

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Nouvelles de la Poste

 Plutôt mauvaises

    Silence, on détricote!

      Elle ne sera bientôt plus ce qu'elle était. Au nom de la libéralisation, de la loi du marché, de la   inanciarisation "modernisation". C'était prévisible, étant données les injonctions de Bruxelles, qui s'impatiente... Déjà certains pays voisins ont franchi le pas.  Alors que le service de la poste US se bat contre les tentatives de privatisation, en France, considérée comme "en retard" par Bruxelles et Bercy, va entreprendre un nouveau saut hors du service public. Tout était programmé depuis longtemps. Pas étonnant que l'inquiétude monte dans nos campagnes....


Les       ________ " Les mesures d’austérité dont La Poste va faire l’objet sont graves pour au moins deux raisons. D’abord, elle vont conduire à une remise en cause brutale du service public postal dans de très nombreuses communes, notamment rurales. Et surtout, ces dispositions vont accentuer la lente agonie du service public de La Poste qui s’apparente à une privatisation tacite au profit de gigantesques oligopoles privés, à commencer par Amazon.   C’est le patron de La Poste, Philippe Wahl, qui a annoncé vendredi ces nouvelles économies. « Il y a cette coupe budgétaire de 50 millions d’euros sur 160 millions qui a été décidée, et nous allons discuter avec l’État », a-t-il déclaré vendredi 27 septembre selon l’AFP, en marge du congrès de l’Association des maires ruraux de France. « Si cette coupe est faite en 2024, elle annonce sans doute une coupe en 2025, cela veut dire qu’on ne pourra plus faire fonctionner des agences postales communales », a-t-il ajouté.  L’annonce remet en cause le contrat de présence postale territoriale signé par La Poste, l’Association des maires de France (AMF) et l’État pour la période 2023-2025. Un contrat initialement assorti de crédits de 177 millions d’euros par an, venant compenser les pertes financières liées à la présence de 17 000 « points de contact » postaux sur la totalité du territoire. Avec un tel plan d’économie, c’est donc une bonne partie de ces « points de contact » qui vont disparaître.                                                                                                           Ces dernières dispositions d’austérité sont le prolongement ultime de mesures de déréglementation et de privatisation menées tambour battant tout au long de ces dernières décennies, et qu’il importe de reconstituer.                                  À l’origine, les Postes, télégraphes et téléphones (PTT) sont une administration de l’État, placée sous l’autorité d’un ministre particulier, disposant d’agents qui sont des fonctionnaires de plein droit. Or, par des coups de boutoirs successifs, l’administration va se désarrimer de l’État, changer de statut, copier les modes de gouvernance du privé, se désengager progressivement de ses missions publiques. Cette opération de sécession permet de prendre la mesure du recul du service public dans le pays, de la situation d’abandon dans lequel le pouvoir a laissé d’innombrables villages, quartiers et banlieues, où dans le même temps des écoles ont été fermées, tout comme des lignes ferroviaires.                                                                     Dans un rapport publié en 2016, la Cour des comptes souligne le caractère explosif de cette mutation. « Par deux réseaux majeurs, celui des points de contact chargés de l’accueil du public (17 088 au total dont 9 149 bureaux de poste gérés en propre) et celui de la distribution à domicile, avec 72 199 facteurs distribuant le courrier dans 39 millions de boîtes aux lettres six jours par semaine, La Poste incarne une présence du service public sur le territoire et tisse un lien social », écrivent les magistrats financiers.                                                                                              Le premier coup de boutoir a lieu en 1983. Les deux directions de La Poste et des Télécommunications sont dotées de conseils d’administration distincts. Puis le deuxième intervient le 2 juillet 1990, par une loi qui organise définitivement le divorce entre La Poste et , et les transforme en deux établissements publics distincts, dont la gestion se rapproche de celles des entreprises privées.   Pour France Télécom, c’est cette réforme concoctée par le pouvoir socialiste qui va permettre sept ans plus tard, en 1997, au gouvernement de Lionel Jospin d’engager la privatisation. Pour La Poste, le chemin est le même, mais moins rapide. Il se trouve alors un patron plus pressé que les autres, et un premier ministre qui méprise davantage le service public que ses prédécesseurs, pour annoncer que la déréglementation aboutira à une privatisation.                                                                                                                                      Le patron, c’est Jean-Paul Bailly. Président du conseil d’administration de La Poste, il déclare le 28 août 2008 aux autres administrateurs son souhait de changer le statut de l’entreprise, de sorte qu’elle devienne une société anonyme et qu’elle puisse faire l’objet d’une privatisation partielle. Le même jour, le premier ministre François Fillon demande aux ministres chargés de ce dossier, parmi lesquels la ministre des finances Christine Lagarde, « d’engager dans les prochains jours des consultations avec les divers acteurs concernés ».   La crise financière va contrarier le projet de privatisation partielle. Mais le moment résume la philosophie des projets de déréglementation des décennies précédentes – et des suivantes : livrer aux appétits privés un service public instauré en 1603 (la Poste royale). Une directive européenne relance l’affaire, réclamant à tous les pays d’accélérer la déréglementation postale : en France, les services postaux (le courrier ordinaire de moins de 50 grammes) devront s’ouvrir entièrement à la concurrence le 1er janvier 2011. Le gouvernement rouvre donc le chantier du changement de statut, préalable indispensable à une privatisation ultérieure. Le 1er mars 2010, La Poste, qui était depuis 1990 un établissement public industriel et commercial (Épic), et auparavant une administration, est transformée en société anonyme.   Jean-Paul Bailly annonce que La Poste va dès lors accueillir un nouvel actionnaire à hauteur de 20 %, le groupe TNT Express, à l’époque chargé du service postal néerlandais et qui sera croqué en 2016 par le géant américain FedEx. La Poste, symbole de l’économie sociale à la française, est alors à deux doigts d’avoir à son capital un actionnaire emblématique du capitalisme anglo-saxon le plus sulfureux.                                                       Ce n’est toutefois pas ce projet qui voit le jour. Avec le concours la Caisse des dépôts et consignations (CDC), l’augmentation de capital est finalement réalisée quelques mois plus tard. Les apparences sont sauves : ce sont toujours des capitaux publics qui contrôlent le capital, mais le tabou n’en est pas moins brisé. La Poste cesse d’être contrôlée à 100 % par l’État. C’est le coup d’envoi d’une privatisation partielle, la CDC apporte, en octobre 2010, 1,5 milliard d’euros à La Poste et prend en retour le contrôle de 26,3 % de son capital.   Au milieu des années 2000, la réorganisation des services financiers de La Poste va jouer un rôle majeur d’accélérateur. Là encore, une opération de sécession est organisée en plusieurs étapes. D’abord, le gouvernement socialiste dote en 2000 La Poste d’une filiale, baptisée Efiposte, où sont transférés les fonds des comptes chèques postaux.                   En 2006, un nouveau pas est franchi avec la création de la Banque postale. À l’époque, nul ne mesure la rupture totale avec l’histoire du service public. Pour le vérifier, il faut accéder à un rapport de la Cour des comptes – qui n’a jamais été rendu public – intitulé « La création de la Banque postale et ses deux premières années de fonctionnement ».       Le gouvernement assure que les missions sociales de La Poste seront maintenues. Mais il n’en est rien, comme le détaillent les magistrats financiers : « La Cour relève que, hormis l’accessibilité bancaire liée aux obligations propres au livret A, le législateur n’a inscrit dans la loi du 20 mai 2005 [qui donne naissance à la Banque postale – ndlr] aucune obligation de service public pour la filiale de La Poste, qui ne bénéficie en conséquence d’aucune compensation directe. » Traduction : au moment où La Poste se prépare à une future privatisation, sa principale filiale, la Banque postale, est dispensée par la loi de toute obligation de service public.   C’est même plus grave : alors que les activités historiques de La Poste, le courrier notamment, chutent du fait de la révolution numérique, celles de la Banque postale vont prendre une place croissante. Mimant les comportements du privé, avec des rémunérations pour ses cadres proches de celles des banques privées, disposant de salarié·es qui ne jouissent pas du statut des postiers, la Banque postale s’impose comme le cœur stratégique du groupe. De facto, La Poste devient progressivement la filiale… de sa filiale, la Banque postale.                     Les chiffres se suffisent à eux-mêmes pour décrire la disparition du métier historique de La Poste, celui de la distribution de courrier. En 2009, les facteurs et factrices français·es distribuaient encore 15,9 milliards de lettres dans l’année. Quatorze ans plus tard, en 2023, c’était presque trois fois moins, seulement 6 milliards. Et la chute ne devrait pas cesser. En 1990, « 70 % du chiffre d’affaires de La Poste » était porté par le courrier, et ce taux tombera « à 15 % à la fin de l’année » 2024, rappelait aussi en avril le PDG du groupe public, Philippe Wahl.    En dix ans, cette transformation radicale des habitudes des Français·es a creusé un trou de 10 milliards d’euros dans les recettes. Un manque à gagner que ne compensent pas les 500 millions d’euros versés chaque année par l’État au titre des missions de service public de La Poste – le contrat définissant ses services court jusqu’à fin 2025. Sans surprise, les effectifs suivent cette tendance baissière : en 2004, le groupe employait 280 000 personnes. En 2023, elles n’étaient plus que 232 700, une chute de presque 17 %.                                                                                 Dans cette course pour devenir une banque (presque) comme les autres, la Banque postale se lance rapidement dans des activités nouvelles, comme l’assurance dommages, le prêt à la consommation ou le prêt immobilier. Pour prendre pied dans ces activités, la Banque postale noue des partenariats avec d’autres grandes banques.  En 2008, elle crée avec la Société générale une filiale à 50-50, dénommée Transactis et spécialisée dans la monétique et les systèmes de paiement. En 2009, les deux établissements fondent une autre filiale commune, La Banque postale Financement, destinée à distribuer des crédits à la consommation aux usagers du service public. La même année, La Banque postale réitère l’opération avec l’assureur Groupama, et se lance dans l’assurance dommages.   En 2011, La Poste devient même opératrice virtuelle de téléphonie mobile, par le biais d'une filiale La Poste Mobile créée en partenariat avec SFR, pour essayer de récupérer des parts de marché à son ex-société cousine, France Télécom devenue Orange. Les anciennes administrations des PTT sont désormais ennemies et se disputent les client·es.   En 2012, La Banque postale va jusqu’à proposer une assurance complémentaire santé, en partenariat avec la Mutuelle générale et Malakoff Médéric, un organisme financier hybride qui a muté à vive allure vers les marchés financiers et qui, allié aux grands groupes privés de l’assurance, cherche à tirer profit de la privatisation rampante de la Sécurité sociale.                                                                                                      La Poste se transforme elle-même en gruyère, de sorte que certaines de ses activités échappent aux obligations de service public. Le service universel du courrier prévoit qu’un pli soit distribué à J+1. Mais pour les colis, l’obligation de distribution n’est qu’à J+2. Qu’à cela ne tienne : pour cette distribution express, très lucrative, une filiale de La Poste Geopost a créé sa propre filiale, Chronopost, une société par actions simplifiée (SAS).  Tout ce qui n’est pas rentable au sein du groupe public, autrement dit toutes les activités qui ne relèvent pas du privé, va lentement reculer ou disparaître. Durant les années 2000 puis 2010, le service public desserre progressivement son maillage territorial et ferme d’innombrables bureaux de poste.Sur ces chiffres, l’établissement n’aime pas communiquer. Mais selon des documents internes consultés par Mediapart, pour ne parler que de la dernière décennie, le constat est accablant. Les bureaux de poste étaient 9 692 en 2013 contre 8 414 en 2017. Soit 1 278 bureaux supprimés entre 2013 et 2017. La Poste viole donc ouvertement ses obligations de service public aux termes desquelles elle doit maintenir un réseau de 17 000 points de contact répartis sur le territoire français, de façon à ce que moins de 10 % de la population d’un département s'en trouve éloignée de moins de 5 kilomètres et de moins de 20 minutes de trajet automobile, selon les conditions de circulation du territoire concerné.   L’entreprise publique essaie de jouer avec les statistiques, arguant qu’elle ouvre des points de contacts nouveaux, en donnant mandat à un commerçant ou à un artisan « pour effectuer en son nom et pour son compte des prestations postales et des services financiers simples de dépannage ». Elle fait valoir que ces partenariats sont passés sur la même période de 7 360 à 8 686. Mais il s’agit d’un service public de « dépannage » qui survit et qui est voué à disparaître.                                                                                                                          Au cœur de l’été 2019, La Poste engage son désarrimage définitif de l’État. Au terme d’une disposition de la loi dite « Pacte » votée peu avant, le gouvernement dévoile à la fin du mois de juillet un Meccano très complexe. Pour résumer, l’État et la CDC ont transféré à La Poste les parts qu’ils détiennent (respectivement 1,1 % et 40,9 %) dans l’assureur CNP Assurances, parts que La Poste a ensuite apportées à la Banque postale, laquelle détient déjà 20,1 % de l’assureur.   Résultat : la Banque postale contrôle désormais 62,1 % du géant de l’assurance. En contrepartie, la CDC, qui contrôlait déjà 26 % de La Poste, est montée à son capital pour en devenir l’actionnaire majoritaire, à hauteur de 66 %.   Le montage présenté fallacieusement par le gouvernement de l’époque, comme la création d’un immense pôle public financier, dévoile ses effets pernicieux. La Banque postale s’impose comme le cœur du réacteur du groupe La Poste. C’est la filiale la plus ouverte au privé qui devient l’axe stratégique de développement de l’entreprise. C’est l’ultime réforme avant la privatisation. L’État ne détient plus la moindre part du capital de La Poste, qui n’attend plus que le coup de grâce pour basculer dans le privé.                                          Ces dernières années, les gouvernements de tous bords ont expliqué que le déclin historique des activités de l’entreprise publique conduisait inévitablement à ces évolutions, si regrettables soient-elles. L’argument ne résiste pourtant pas à l’analyse. On pourrait admettre qu’un service public disparaisse, du fait par exemple d’une révolution technologique majeure, et qu’il cède la place à un nouveau, plus adapté.   Mais ce n’est pas ce qui est ici advenu. La Poste, alliée à France Télécom, aurait pu devenir un formidable outil pour construire en France un service public de l’Internet face aux oligopoles saxons, contribuant à réduire la fracture numérique. De cela il n’a jamais été question. Le rapport de la Cour des comptes relève ainsi que La Poste « connaît un retard important dans le développement de sa stratégie numérique ». Et les magistrats financiers en donnent cette illustration : « C’est seulement en 2012 que le groupe décide d’accroître la part du numérique dans le chiffre d’affaires, la visibilité de ses offres sur Internet, la coordination des initiatives numériques prises par les différents métiers ou encore la cohérence du suivi commercial des clients selon leur mode de relation physique ou électronique avec La Poste. »   Il a fallu attendre près de vingt ans après les premiers balbutiements d’Internet pour que La Poste découvre que l’on vivait une révolution numérique. Mais ne s’agit-il que d’un retard dans la stratégie numérique de La Poste ?  Dans les sommets de l’État, il y a eu depuis longtemps une volonté délibérée d’asphyxier La Poste et d’avantager les gigantesques oligopoles américains du numérique, à commencer par le plus sulfureux d’entre eux, Amazon....                                          Amazon n’aurait jamais pu s’implanter sur le marché français. Depuis, le géant américain n’a cessé de gagner des parts de marché, renforçant mécaniquement la crise de La Poste. La distribution des livres en France est de ce point de vue très révélateur des relations entre l’entreprise publique et l’oligopole américain.    Alors qu’Amazon mène depuis des lustres une offensive pour essayer de déstabiliser le grand acquis démocratique qu’est le prix unique du livre, le géant américain n’en a pas mois obtenu de La Poste un appui majeur dans la distribution des livres.   Devenant assez vite le premier client de l’entreprise encore publique, Amazon obtient d’elle des conditions tarifaires très avantageuses. Si le contrat qui lie les deux entreprises n’a jamais été rendu public – ce qui est assez choquant –, on sait qu’il repose sur un système de licence forfaitaire annuelle, et non sur une tarification indexée sur les expéditions. En clair, La Poste traite son premier client, qui est aussi son principal adversaire, de manière beaucoup plus avantageuse que les libraires indépendants.    C’est la morale de l’histoire : les dernières mesures d’économie révélées par Philippe Wahl ne sont que le prolongement d’une lente privatisation rampante de La Poste, dont les géants américains du numérique vont profiter. D’un ex-monopole public, la France bascule vers des oligopoles privés."

          [Merci à Laurent Mauduit et à Mediapart __Souligné par moi_]

                ___   Mais qui veut la peau des services publics?  __________