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samedi 26 octobre 2024

Ces cabinets contestés

 La chut

                 Les pôôvres! Les voilà écartés peu à peu de l'espace politique. Provisoirement? Une chute de plus de 70% en deux ans. Après des années où ils avaient pignon sur l'Elysée et différents ministres. "...Dans le détaille nombre de missions commandées par les ministères n’a en réalité que peu évolué : 4 682 en 2023, contre 4 854 en 2021. Mais leur coût moyen a sensiblement diminué, passant de 55 931 à 15 686 euros, et contribuant à alléger considérablement la facture pour les finances publiques.." Encore un effort!  Nos ministres vont pouvoir commence à penser par eux-mêmes, sans aides externes, en faisant des économies...                                                                               Il est proche le temps où l'Etat déléguait certaines de ses fonctions régaliennes.  Comme si des hauts fonctionnaires n'étaient plus en capacité d'assumer certaines missions essentielles, dans certains domaines-clés comme la santé, l'éducation, etc..; faisant confiance au domaine privé, que l'on charge de gérer ou de mettre en place certaines réformes de fond, surtout dans ce contexte de crise à l'hôpital et à l'école, entre autres. Place à des cabinets de conseil, français mais surtout étrangers, chargés d'introduire de nouvelles méthodes managériales, supposées efficaces, sur le modèle des entreprises privées. Le gouvernent actuel a recouru maintes fois à ces cabinets, à grands frais, et continue à le faire, malgré les dénégations officielles, ce qui pose la question des rapports entre l'intérêt public et certains intérêts privés et met à mal la spécificité de l'intérêt général ainsi que la perméabilité actuelle de l'Etat aux méthodes et aux intérêts du monde des affaires. Le New public Management  devient la règle.                                                                                                                  On pense notamment aux dérives de l'affaire Mackinsey, plusieurs fois pointées notamment par la presse et le Sénat. "...En France, ce nouveau processus ne commence véritablement que dans les années 1990 avec l’introduction des « cercles de qualité » et l’essor de « l’économie de la certification », par le biais d’acteurs divers qui contribuent à la lente légitimation du New Public Management. L’influence du sociologue des organisations Michel Crozier en amont de cette période est considérable, tant dans la presse qu’auprès des politiques. Il préconise – comme nous l’avons montré en étudiant son rapport corédigé avec Joji Watanuki et Samuel Huntington pour la Commission trilatérale – le « remplacement du technocrate par le consultant ». « Aujourd’hui encore, du ministère de l’Éducation nationale à Bercy en passant par le ministère de la Santé ou de la Justice, de grands projets ont été élaborées par ou avec des cabinets de conseil. »...                                        L'Etat n'assume plus certaines de ses plus hautes fonctions. Manque de compétences ou plutôt recherche de solutions libérales, qui ont pourtant souvent montré leurs limites et leurs intérêts sonnant et trébuchant?  Des "abus" reconnaît enfin B. Lemaire, manieur de litotes. Ils étaient partout, pendant longtemps, surtout sous le macronat. Sans doute oeuvrent-ils encore. Leurs "conseils" étaient bien loin d'être neutres, purement techniques. Quand on réfléchit sur un nouveau système scolaire ou hospitalier, il est sûr que les arrière-pensées ne sont pas absentes. Les enjeux sont énormes à ce niveau.  Les dérives présidentielles ont déjà été dénoncées plusieurs fois. Même la très conservatrice Cour des Comptes s'y est mis. Comme le Sénat.                                                                         Faute avouée....peut-elle être pardonnée? Notre Bruno a lâché le morceau: oui, il y a bien eu abus. L'Etat s'est déchargé de certaines de ses fonctions importantes en faisant confiance à des cabinets de conseil privés, qui  ne travaillent pas pour rien et qui n'aiment guère être contrôlés, même dans des matières sensibles comme l'éducation ou la santé, voire plus...C'est une enquête du Sénat qui a officialisé les soupçons. Mais s'agit-il seulement d'"abus"? C'est le principe même de l'interférence du public et du privé qui est en question. Que deviennent les fonctions régaliennes quand des cabinets, dont le profit est le moteur, sont sollicités ainsi. C'est plus que de la négligence ou de la facilité, c'est une illustration (de plus) que l'intérêt général n'est plus une référence absolue, que l'Etat faillit, une forfaiture.                                                                                 


   ____ Le phénomène a duré, même après les critiques sénatoriales La consultocratie  s'est prolongée. Depuis le temps que la pratique s'était installée! Il ne s'agissait pas seulement de conseils techniques occasionnels... Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.                                                                           "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                       ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth.                                ____________________________                        

lundi 21 août 2023

Consultocratie

Quand l'Etat délègue certaines de ses fonctions régaliennes

                          C'est comme si des hauts fonctionnaires n'étaient plus en capacité d'assumer certaines missions essentielles, dans certains domaines-clés comme la santé, l'éducation, etc..; faisant confiance au domaine privé, que l'on charge de gérer ou de mettre en place certaines réformes de fond, surtout dans ce contexte de crise à l'hôpital et à l'école, entre autres. Place à des cabinets de conseil, français mais surtout étrangers, chargés d'introduire de nouvelles méthodes managériales, supposées efficaces, sur le modèle des entreprises privées. Le gouvernent actuel a recouru maintes fois à ces cabinets, à grands frais, et continue à le faire, malgré les dénégations officielles, ce qui pose la question des rapports entre l'intérêt public et certains intérêts privés et met à mal la spécificité de l'intérêt général ainsi que la perméabilité actuelle de l'Etat aux méthodes et aux intérêts du monde des affaires. Le New public Management  devient la règle.                                                                                                                  On pense notamment aux dérives de l'affaire Mackinsey, plusieurs fois pointées notamment par la presse et le Sénat. "...En France, ce nouveau processus ne commence véritablement que dans les années 1990 avec l’introduction des « cercles de qualité » et l’essor de « l’économie de la certification », par le biais d’acteurs divers qui contribuent à la lente légitimation du New Public Management. L’influence du sociologue des organisations Michel Crozier en amont de cette période est considérable, tant dans la presse qu’auprès des politiques. Il préconise – comme nous l’avons montré en étudiant son rapport corédigé avec Joji Watanuki et Samuel Huntington pour la Commission trilatérale – le « remplacement du technocrate par le consultant ». « Aujourd’hui encore, du ministère de l’Éducation nationale à Bercy en passant par le ministère de la Santé ou de la Justice, de grands projets ont été élaborées par ou avec des cabinets de conseil. »...                                        L'Etat n'assume plus certaines de ses plus hautes fonctions. Manque de compétences ou plutôt recherche de solutions libérales, qui ont pourtant souvent montré leurs limites et leurs intérêts sonnant et trébuchant?  Des "abus" reconnaît enfin B. Lemaire, manieur de litotes. Ils étaient partout, pendant longtemps, surtout sous le macronat. Sans doute oeuvrent-ils encore. Leurs "conseils" étaient bien loin d'être neutres, purement techniques. Quand on réfléchit sur un nouveau système scolaire ou hospitalier, il est sûr que les arrière-pensées ne sont pas absentes. Les enjeux sont énormes à ce niveau.  Les dérives présidentielles ont déjà été dénoncées plusieurs fois. Même la très conservatrice Cour des Comptes s'y est mis. Comme le Sénat.                                                                         Faute avouée....peut-elle être pardonnée? Notre Bruno a lâché le morceau: oui, il y a bien eu abus. L'Etat s'est déchargé de certaines de ses fonctions importantes en faisant confiance à des cabinets de conseil privés, qui  ne travaillent pas pour rien et qui n'aiment guère être contrôlés, même dans des matières sensibles comme l'éducation ou la santé, voire plus...C'est une enquête du Sénat qui a officialisé les soupçons. Mais s'agit-il seulement d'"abus"? C'est le principe même de l'interférence du public et du privé qui est en question. Que deviennent les fonctions régaliennes quand des cabinets, dont le profit est le moteur, sont sollicités ainsi. C'est plus que de la négligence ou de la facilité, c'est une illustration (de plus) que l'intérêt général n'est plus une référence absolue, que l'Etat faillit, une forfaiture.                                                                                 


   ____ Le phénomène a duré, même après les critiques sénatoriales La consultocratie  s'est prolongée. Depuis le temps que la pratique s'était installée! Il ne s'agissait pas seulement de conseils techniques occasionnels... Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.                                                                           "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                       ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth.                                ____________________________                        

vendredi 4 avril 2025

Consultocratie

Est-ce vraiment la fin?

           Au sein même de certaines institutions majeures. Une pratique occulte et ruineuse qui a trop longtemps duré dans certains grands ministères, comme si nos décideurs étaient en panne de matière cérébrale.  Ce système est enfin grippé      Un phénomène qui était devenu tentaculaire et opaque, selon   " Le président de la commission d’enquête sénatoriale Arnaud Bazin et la rapporteure Eliane Assassi, (qui) ont estimé que le contenu confirmait « les constats alarmants » de leurs travaux. « Ces dérives doivent cesser. Cet enjeu dépasse le seul cabinet McKinsey et nécessite des mesures fortes », ont-ils ajouté..." Les deux parlementaires rappellent qu’il « appartient » désormais à l’Assemblée nationale de reprendre leur proposition de loi."    Halte à la consultocratie!  Les politiques publiques n'ont pas à être gérées comme des groupes industriels.

                 Les pôôvres! Les voilà écartés peu à peu de l'espace politique. Provisoirement? Une chute de plus de 70% en deux ans. Après des années où ils avaient pignon sur l'Elysée et différents ministres. "...Dans le détaille nombre de missions commandées par les ministères n’a en réalité que peu évolué : 4 682 en 2023, contre 4 854 en 2021. Mais leur coût moyen a sensiblement diminué, passant de 55 931 à 15 686 euros, et contribuant à alléger considérablement la facture pour les finances publiques.." Encore un effort!  Nos ministres vont pouvoir commence à penser par eux-mêmes, sans aides externes, en faisant des économies...                                                                               Il est proche le temps où l'Etat déléguait certaines de ses fonctions régaliennes.  Comme si des hauts fonctionnaires n'étaient plus en capacité d'assumer certaines missions essentielles, dans certains domaines-clés comme la santé, l'éducation, etc..; faisant confiance au domaine privé, que l'on charge de gérer ou de mettre en place certaines réformes de fond, surtout dans ce contexte de crise à l'hôpital et à l'école, entre autres. Place à des cabinets de conseil, français mais surtout étrangers, chargés d'introduire de nouvelles méthodes managériales, supposées efficaces, sur le modèle des entreprises privées. Le gouvernent actuel a recouru maintes fois à ces cabinets, à grands frais, et continue à le faire, malgré les dénégations officielles, ce qui pose la question des rapports entre l'intérêt public et certains intérêts privés et met à mal la spécificité de l'intérêt général ainsi que la perméabilité actuelle de l'Etat aux méthodes et aux intérêts du monde des affaires. Le New public Management  devient la règle.                                                                                                                  On pense notamment aux dérives de l'affaire Mackinsey, plusieurs fois pointées notamment par la presse et le Sénat. "...En France, ce nouveau processus ne commence véritablement que dans les années 1990 avec l’introduction des « cercles de qualité » et l’essor de « l’économie de la certification », par le biais d’acteurs divers qui contribuent à la lente légitimation du New Public Management. L’influence du sociologue des organisations Michel Crozier en amont de cette période est considérable, tant dans la presse qu’auprès des politiques. Il préconise – comme nous l’avons montré en étudiant son rapport corédigé avec Joji Watanuki et Samuel Huntington pour la Commission trilatérale – le « remplacement du technocrate par le consultant ». « Aujourd’hui encore, du ministère de l’Éducation nationale à Bercy en passant par le ministère de la Santé ou de la Justice, de grands projets ont été élaborées par ou avec des cabinets de conseil. »...                                        L'Etat n'assume plus certaines de ses plus hautes fonctions. Manque de compétences ou plutôt recherche de solutions libérales, qui ont pourtant souvent montré leurs limites et leurs intérêts sonnant et trébuchant?  Des "abus" reconnaît enfin B. Lemaire, manieur de litotes. Ils étaient partout, pendant longtemps, surtout sous le macronat. Sans doute oeuvrent-ils encore. Leurs "conseils" étaient bien loin d'être neutres, purement techniques. Quand on réfléchit sur un nouveau système scolaire ou hospitalier, il est sûr que les arrière-pensées ne sont pas absentes. Les enjeux sont énormes à ce niveau.  Les dérives présidentielles ont déjà été dénoncées plusieurs fois. Même la très conservatrice Cour des Comptes s'y est mis. Comme le Sénat.                                                                         Faute avouée....peut-elle être pardonnée? Notre Bruno a lâché le morceau: oui, il y a bien eu abus. L'Etat s'est déchargé de certaines de ses fonctions importantes en faisant confiance à des cabinets de conseil privés, qui  ne travaillent pas pour rien et qui n'aiment guère être contrôlés, même dans des matières sensibles comme l'éducation ou la santé, voire plus...C'est une enquête du Sénat qui a officialisé les soupçons. Mais s'agit-il seulement d'"abus"? C'est le principe même de l'interférence du public et du privé qui est en question. Que deviennent les fonctions régaliennes quand des cabinets, dont le profit est le moteur, sont sollicités ainsi. C'est plus que de la négligence ou de la facilité, c'est une illustration (de plus) que l'intérêt général n'est plus une référence absolue, que l'Etat faillit, une forfaiture.                                                                                 


   ____ Le phénomène a duré, même après les critiques sénatoriales La consultocratie  s'est prolongée. Depuis le temps que la pratique s'était installée! Il ne s'agissait pas seulement de conseils techniques occasionnels... Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.     


                                                                     "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      
L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                       ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth.  
                              ____________________________                       

mardi 11 juillet 2023

Quand le pouvoir délègue

            Est-ce la fin?

                                 L'Etat n'assume plus certaines de ses plus hautes fonctions. Manque de compétences ou plutôt recherche de solutions libérales, qui ont pourtant souvent montré leurs limites et leurs intérêts sonnant et trébuchant?  Des "abus" reconnaît enfin B. Lemaire, manieur de litotes. Ils étaient partout, pendant longtemps, surtout sous le macronat. Sans doute oeuvrent-ils encore. Leurs "conseils" étaient bien loin d'être neutres, purement techniques. Quand on réfléchit sur un nouveau système scolaire ou hospitalier, il est sûr que les arrière-pensées ne sont pas absentes. Les enjeux sont énormes à ce niveau.  Les dérives présidentielles ont déjà été dénoncées plusieurs fois. Même la très conservatrice Cour des Comptes s'y est mis. Comme le Sénat.                                                                         Faute avouée....peut-elle être pardonnée? Notre Bruno a lâché le morceau: oui, il y a bien eu abus. L'Etat s'est déchargé de certaines de ses fonctions importantes en faisant confiance à des cabinets de conseil privés, qui  ne travaillent pas pour rien et qui n'aiment guère être contrôlés, même dans des matières sensibles comme l'éducation ou la santé, voire plus...C'est une enquête du Sénat qui a officialisé les soupçons. Mais s'agit-il seulement d'"abus"? C'est le principe même de l'interférence du public et du privé qui est en question. Que deviennent les fonctions régaliennes quand des cabinets, dont le profit est le moteur, sont sollicités ainsi. C'est plus que de la négligence ou de la facilité, c'est une illustration (de plus) que l'intérêt général n'est plus une référence absolue, que l'Etat faillit, une forfaiture.                                                                                 


   ____ Le phénomène a duré, même après les critiques sénatoriales La consultocratie  s'est prolongée. Depuis le temps que la pratique s'était installée! Il ne s'agissait pas seulement de conseils techniques occasionnels... Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.                                                                           "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                       ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth.  
                              ____________________________

mardi 29 novembre 2022

Aveux

 Secrets des cabinets

                  Faute avouée....peut-elle être pardonnée? Notre Bruno a lâché le morceau: oui, il y a bien eu abus. L'Etat s'est déchargé de certaines de ses fonctions importantes en faisant confiance à des cabinets de conseil privés, qui  ne travaillent pas pour rien et qui n'aiment guère être contrôlés, même dans des matières sensibles comme l'éducation ou la santé, voire plus...C'est une enquête du Sénat qui a officialisé les soupçons. Mais s'agit-il seulement d'"abus"? C'est le principe même de l'interférence du public et du privé qui est en question. Que deviennent les fonctions régaliennes quand des cabinets, dont le profit est le moteur, sont sollicités ainsi. C'est plus que de la négligence ou de la facilité, c'est une illustration (de plus) que l'intérêt général n'est plus une référence absolue, que l'Etat faillit, une forfaiture.                                                                                 


   ____ Le phénomène a duré, même après les critiques sénatoriales La consultocratie  s'est prolongée. Depuis le temps que la pratique s'était installée! Il ne s'agissait pas seulement de conseils techniques occasionnels... Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.                                                                           "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                       ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth. 
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lundi 12 décembre 2022

MacKinsey à l'hôpital

  L'algorithme et le soignant.

                    Dérives.   Les critiques fusaient depuis longtemps: par sa logique d'organisation à outrance, l'hôpital souffrait de désorganisation, perdait son âme, sa raison d'être, mettait le personnel en souffrance . Il ne s'en est pas encore relevé. La logique purement gestionnaire aboutissait à des impasses où le malade devenait une variable, dans un système sommé de faire des bénéfices. Ce qui coûtait in fine plus cher à l'Etat et démotivait les soignants les plus engagés. Une logique comptable devenue parfois ubuesque. On en voit encore certains résultats et les effets sur la démotivation des équipes soignantes.                                                                                                                                                         Pourtant, le Sénat finit par s'emparer de l'affaire et à dénoncer enfin l'abandon par l'Etat de ses responsabilités premières, laissant à des organismes privés le soin de rationaliser, dans divers domaines, afin de produire des économies substantielles, comme on voulait le penser, dans le pur esprit gestionnaire néolibéral, même si des officines se faisaient grassement rétribuer, pour des tâches qui parfois n'aboutissaient à rien de concret, tâches que l'administration semblait incapables d'assurer, pourtant formée pour cela. Le Premier Ministre a fini par reconnaître timidement ces démissions coupables, sans être suivi.  On comprends mieux pourquoi....                                  ______"...Imaginez: vous parlez de vie. Il parle de coût. Vous parlez de gagner du temps pour votre patient. Il parle d’efficience. Vous parlez de problème d’organisation, de manque de soutien psychologique ou politique, de matériel vétuste. Il parle d’optimisation de la logistique hospitalière. Vous espérez pouvoir mieux soigner. Il voit des gros billets. Ouvrez les yeux, nous sommes en 2022. Vous savez qui compte les dépressions des collègues à bout de force et les traumatismes des patients dont les opérations ont été repoussées par manque de moyens dans le système de santé public. Une question simple, cruciale, puissante s’impose à votre esprit : Comment a-t-on pu en arriver là ? Décennie 90, première métastase, baptisée MEAH pour Mission nationale d’expertise et d’audit hospitaliers. Sur l’impulsion du gouvernement, celle-ci construit les conditions parfaites pour que les gros cabinets de conseil s’immisce dans le fonctionnement des hôpitaux. Ainsi débute le « phénomène tentaculaire« , tel que le décriront les sénateurs chargés d’une mission d’enquête sur les cabinets de conseil, qui mettra à terre l’un des systèmes de soins les plus avancées de l’histoire de l’humanité..."                                                                La consultocratie a imposé sa loi, jusque dans les blocs opératoires.   Vous avez dit consulting?    L'affaire continue à faire des remous. Une consultocratie abusive est en question, après un livre qui a fait du bruit sans contestation sur l'essentiel et un rapport du Sénat qui suscite l'émotion. Le recours croissant à des agences privées n'est pas nouveau, mais s'il a pris une ampleur sans précédent, même si des pays voisins font mieux que nous. Un nouveau boulet présidentiel dans cette période cruciale. Aucun domaine n'était épargné, depuis les questions de santé ou de défense. D'éducation aussi ou de retraites. Comme si les ministères n'avait plus de compétences, de vision à long terme, de sens de la responsabilité politique, du service public. Un vrai scandale aux yeux de beaucoup. On dira ce qu'on veut, les conseils prodigués n'étaient pas seulement "techniques", ils engageaient forcément une "vision", des orientations, même si les pouvoirs étaient seuls juges, en principe...           Les dérives étaient inévitables. Une confiance mise à mal. Certains ont parlé de "suicide assisté". Des contrats flous et juteux. Cela s'aggrave quand on apprend les liens entre la présidence  et certains responsables d'agence.                                                                                          ______ Le new public management est passé par là, dans le plus pur esprit néolibéral de M.Thatcher, de Blair ou de Cameron.

           Nicolas Mathieu y va aussi de sa critique citoyenne: "... Le monde du consulting n’est pas un bloc : il compte des géants mais aussi des cabinets plus petits et vertueux, des consultants spécialisés en ingénierie politique et d’autres en sciences sociales. Les grands cabinets comme McKinsey sont passés progressivement du conseil en entreprises au conseil au secteur public. Sous couvert de produire une expertise neutre et quasi scientifique, ils orientent les politiques dans un sens qui n’est pas neutre du tout, qui vise à toujours plus de performance, en gros à produire plus pour moins cher. Un vrai bouleversement. C’est ça le «new public management», des logiques néolibérales appliquées en entreprise qui ont peu à peu gagné le secteur public.    Par l’homogénéité de la formation des élites. Aujourd’hui, les élites du privé et du public sortent quasiment toutes du même moule : les grandes écoles, l’ENA, Sciences-Po… Avec souvent le primat de l’économie. Beaucoup ont fait un MBA aux Etats-Unis, cela a une influence. Et puis les politiques sont depuis des décennies face à un problème insoluble : les ressources diminuent et les dépenses augmentent. Ils ont cherché des solutions du côté de l’entreprise, pour faire aussi bien à moindre coût. Ils se sont convaincus aussi qu’ils devaient présenter des résultats aux citoyens, leur offrir en quelque sorte un retour sur investissement. Enfin, n’oublions pas la défiance des élites politiques vis-à-vis de l’administration. C’est trop lourd, trop lent, ça résiste. D’où cette culture de la task force.....c’est assez ancien. Au moment de la fusion des régions, sous François Hollande, on a vu des consultants arriver pour aider les organismes publics à fusionner. La fusion des régions, c’est typiquement cette logique managériale appliquée à la chose politique. En gros, on a un problème politique, alors on réorganise, comme on referait un organigramme. Cela dit, pour moi, 2017 est le point culminant de cette idéologie avec des politiques qui se sont mis à utiliser les mêmes mots que les consultants, par exemple «disruption». On avait connu la république des professeurs, celle des avocats. Avec En marche, c’est l’avènement de la république des managers. La mainmise de l’idéologie entrepreneuriale n’a jamais été si prégnante.   Pendant des années, j’ai rédigé des procès-verbaux de réunion de comités d’entreprise. J’ai circulé dans de nombreuses boîtes privées et publiques et j’ai vu partout ces cabinets de conseil à l’œuvre, avec les mêmes slides, la même recherche de performance, le même vocabulaire fumeux....C’est un dangerparce que la démocratie, c’est tout sauf efficace. La démocratie c’est bavard, c’est lent, ça suppose des arbitrages, des recherches de compromis. De même, le service public, ça n’est pas rentable, c’est coûteux, mais ça tient une société. Cette idéologie-là, que les consultants concourent à diffuser, considère tout par le prisme des chiffres et recherche la performance. Or, il y a des domaines où ces logiques conduisent à un monde de cauchemar. Dans les Ehpad, si on commence à considérer les personnes âgées comme des unités dans des tableaux Excel, c’est l’horreur, on l’a vu avec le scandale Orpea. Dans l’éducation ou les hôpitaux, on ne peut pas appliquer cette logique de pure gestion. Encore une fois c’est une révolution idéologique : les règles de gestion se substituent à l’art de gouverner."      ____________________

vendredi 18 mars 2022

Quand l'Etat délègue

L'Etat dépossédé. Consultocratie

                        Au bénéfice de ceux que certains ont appelé les infiltrés.

          Un rapport du Sénat, qui vient de sortir, souligne l'importance du recours à des cabinets de conseil privés et notamment étrangers qui se sont installés au coeur de l'Etat, surtout sous la dernière présidence, à la demande des plus hauts responsables. Il dénonce un phénomène "tentaculaire et opaque", dont le principe même et l'efficacité sont sévèrement contestés. Un phénomène de délégation devenu banal et très coûteux.                                                                                                       "....L’intervention de consultants dans la gestion de la crise sanitaire à partir de 2020 a constitué l’un des points de départs de cette commission, formée sur proposition du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). Celle-ci n’était que la « face émergée de l’iceberg ». En réalité, le rapport de la sénatrice Éliane Assassi met au jour un « phénomène tentaculaire », selon ses mots, et révèle l’appui de cabinets de conseils sur « des pans entiers des politiques publiques ». Selon le rapport, « les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat, renforçant ainsi leur place dans la décision publique ». La commission d’enquête cite par exemple la réforme des aides personnalisées au logement (APL), sur laquelle est intervenu le cabinet McKinsey, pour le volet informatique (une prestation à quatre millions d’euros), la réforme de l’aide juridictionnelle pour laquelle il a été fait appel au concours du cabinet EY, ou encore la simplification de l’accès aux droits des personnes handicapées, sur laquelle a travaillé Capgemini. Roland Berger a constitué un appui dans la réforme de la formation professionnelle. Plus d’un milliard d’euros minimum de dépenses de conseil pour les ministères et les opérateurs publics l’an dernier..."


_____"...Le cabinet Mc Kinsey, notamment,  est accusé d'optimisation fiscale, ce qui renforce l'indignation de certains élus.  "...Résultat, “il semble qu’il s’agisse d’un exemple caricatural d’optimisation fiscale”, accuse le Sénat, alors que Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey et conseiller sur la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, avait juré devant les membres de la commission que l’entreprise avait bien payé l’impôt sur les sociétés en France. Des propos mensongers pour lesquels le Sénat compte saisir la justice, puisque l’intéressé s’exprimait sous serment et que le faux témoignage devant la représentation nationale est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. ..." __________________

vendredi 1 avril 2022

Consulting (suite)

Start up nation et consulting practice

                           Vous avez dit consulting?

       L'affaire continue à faire des remous. Une consultocratie abusive est en question, après un livre qui a fait du bruit sans contestation sur l'essentiel et un rapport du Sénat qui suscite l'émotion. Le recours croissant à des agences privées n'est pas nouveau, mais s'il a pris une ampleur sans précédent, même si des pays voisins font mieux que nous. Un nouveau boulet présidentiel dans cette période cruciale. Aucun domaine n'était épargné, depuis les questions de santé ou de défense. D'éducation aussi ou de retraites. Comme si les ministères n'avait plus de compétences, de vision à long terme, de sens de la responsabilité politique, du service public. Un vrai scandale aux yeux de beaucoup. On dira ce qu'on veut, les conseils prodigués n'étaient pas seulement "techniques", ils engageaient forcément une "vision", des orientations, même si les pouvoirs étaient seuls juges, en principe...           Les dérives étaient inévitables. Une confiance mise à mal. Certains ont parlé de "suicide assisté". Des contrats flous et juteux. Cela s'aggrave quand on apprend les liens entre la présidence  et certains responsables d'agence.                                                                                           Le new public management est passé par là, dans le plus pur esprit néolibéral de M.Thatcher, de Blair ou de Cameron.

           Nicolas Mathieu y va aussi de sa critique citoyenne: "... Le monde du consulting n’est pas un bloc : il compte des géants mais aussi des cabinets plus petits et vertueux, des consultants spécialisés en ingénierie politique et d’autres en sciences sociales. Les grands cabinets comme McKinsey sont passés progressivement du conseil en entreprises au conseil au secteur public. Sous couvert de produire une expertise neutre et quasi scientifique, ils orientent les politiques dans un sens qui n’est pas neutre du tout, qui vise à toujours plus de performance, en gros à produire plus pour moins cher. Un vrai bouleversement. C’est ça le «new public management», des logiques néolibérales appliquées en entreprise qui ont peu à peu gagné le secteur public.    Par l’homogénéité de la formation des élites. Aujourd’hui, les élites du privé et du public sortent quasiment toutes du même moule : les grandes écoles, l’ENA, Sciences-Po… Avec souvent le primat de l’économie. Beaucoup ont fait un MBA aux Etats-Unis, cela a une influence. Et puis les politiques sont depuis des décennies face à un problème insoluble : les ressources diminuent et les dépenses augmentent. Ils ont cherché des solutions du côté de l’entreprise, pour faire aussi bien à moindre coût. Ils se sont convaincus aussi qu’ils devaient présenter des résultats aux citoyens, leur offrir en quelque sorte un retour sur investissement. Enfin, n’oublions pas la défiance des élites politiques vis-à-vis de l’administration. C’est trop lourd, trop lent, ça résiste. D’où cette culture de la task force.....c’est assez ancien. Au moment de la fusion des régions, sous François Hollande, on a vu des consultants arriver pour aider les organismes publics à fusionner. La fusion des régions, c’est typiquement cette logique managériale appliquée à la chose politique. En gros, on a un problème politique, alors on réorganise, comme on referait un organigramme. Cela dit, pour moi, 2017 est le point culminant de cette idéologie avec des politiques qui se sont mis à utiliser les mêmes mots que les consultants, par exemple «disruption». On avait connu la république des professeurs, celle des avocats. Avec En marche, c’est l’avènement de la république des managers. La mainmise de l’idéologie entrepreneuriale n’a jamais été si prégnante.   Pendant des années, j’ai rédigé des procès-verbaux de réunion de comités d’entreprise. J’ai circulé dans de nombreuses boîtes privées et publiques et j’ai vu partout ces cabinets de conseil à l’œuvre, avec les mêmes slides, la même recherche de performance, le même vocabulaire fumeux....C’est un dangerparce que la démocratie, c’est tout sauf efficace. La démocratie c’est bavard, c’est lent, ça suppose des arbitrages, des recherches de compromis. De même, le service public, ça n’est pas rentable, c’est coûteux, mais ça tient une société. Cette idéologie-là, que les consultants concourent à diffuser, considère tout par le prisme des chiffres et recherche la performance. Or, il y a des domaines où ces logiques conduisent à un monde de cauchemar. Dans les Ehpad, si on commence à considérer les personnes âgées comme des unités dans des tableaux Excel, c’est l’horreur, on l’a vu avec le scandale Orpea. Dans l’éducation ou les hôpitaux, on ne peut pas appliquer cette logique de pure gestion. Encore une fois c’est une révolution idéologique : les règles de gestion se substituent à l’art de gouverner."      ____________________