Ça va jazzer

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dimanche 30 décembre 2018

C'est reparti!

Bon vent!..
                          Vraiment difficile de prendre le vent.
    De sentir où les courants vont nous porter, quelle résistance nous pourrons opposer aux bourrasques,, comment contrôlerons-nous la barque.
  Des incertitudes. Mais, semble-t-il, plus fortes pour les temps à venir.
      Sans doute ne faut-il rien céder aux pessimistes patentés, aux marchands de malheur déclarés, aux catastrophistes avérés.
  Mais au vu des tendances présentes, internes comme externes, on ne voit rien qui suscite un enthousiasme débordant..
    Par définition, nous ne voyons rien. Nous subodorons seulement....
        On peut tout de même ne pas se laisser paralyser par les incertitudes, le lot de la vie, les peurs, souvent amplifiées,  et les réticences surévaluées.
        Il faut se préparer encore une fois  à prendre la route pour de nouvelles découvertes. Sans GPS. La grisaille n'est pas durable...
                                                        Bonne route!
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 Et Bonnes Fêtes!     
                           La musique nous veut du bien... ♪♫♪               ______________________________________________________________________________

samedi 29 décembre 2018

Figure israëlienne

Un écrivain s'en est allé.
                                        Et non des moindres.
      Amos Oz, ecrivain, mais aussi un témoin des tragédies de son temps et une voix qui a compté  et qui résonnera encore longtemps, pas seulement dans son pays.
          Même s'il nul n'y est prophète...
   Comme celle de David Grossman, qui déplorait l'"impuissance" des gouvernements israëliens à faire la paix, après les vaines tentatives de Rabin, le conciliateur tardif, assassiné par l'extrémisme aveugle.
   Profondément engagé, il avait suivi un parcours sinueux et incertain, toujours prêt à se remettre en question, avant de devenir un militant de la paix, dont la voix s'exprimait souvent dans Haaretz, faisant prévaloir la voie d'une certaine sagesse dans une société épousant de plus en plus les extrêmes, surtout depuis Sharon et la politique d'annexion qui s'instaure progressivement, en dépit de toutes les conventions internationales. pour l'instauration du Grand Israël, souvent inspiré par un messianisme sans freins.
   Comme d'autres figures; entre autre, Théo Klein, D.Barenboïm, Charles Enderlin...et l'UJP, qui rappelle obstinément que:
« Le conflit entre Israéliens et Palestiniens ne peut être résolu qu'en mettant un terme à la domination d'un peuple par un autre, et en mettant en œuvre le droit à l'autodétermination pour le peuple palestinien, y compris le droit de créer son propre État indépendant. Le retrait d'Israël des territoires occupés depuis 1967 constitue une étape nécessaire à l'accomplissement de l'autodétermination palestinienne. Le droit à l'autodétermination est déjà, bien entendu, clairement établi pour le peuple israélien.      Toute forme étatique ultérieure que les peuples de la région pourront établir dépendra de l'évolution des relations entre ces peuples, notamment entre Palestiniens et Israéliens. Nous espérons qu'elles évolueront dans le sens de la paix, de la coopération mutuelle et de la justice sociale. Nous militerons pour encourager de tels développements. »
     La Paix Maintenant , aux ramifications internationales était devenu pour Amos son lieu d'expression et de militantisme, essayant difficilement de faire barrage aux dérives d'une extrême-droite décomplexée et d'un fondamentalisme sioniste s'exerçant de plus en plus au coeur même des institutions, la Knesset comme Tsahal. En route vers un apartheid renforcé....
         L' annexion est et deviendra de plus en plus un cauchemar pour Israël, rappelle une majorité d'anciens généraux de Tsahal (Commanders for Israel’s Security) 
      Le grignotage est sans fin dans le silence et parfois la réprobation purement verbale, comme avec Obama, avec la complicité affichée, comme avec Trump
         Le problème est qu'Israël est extrêmement divisé, comme le souligne l'historien israëlien Marius Schattner.
 Celui-ci avait naguère analysé les clivages et les divisions qui affectent sourdement mais profondément l'Etat d'Israël.    Il soulignait "le potentiel dévastateur du mélange de nationalisme et de religion, quand brader la moindre parcelle d'Eretz Israël est considéré comme pire qu'une trahison: un sacrilège." (-Histoire de la droite israelienne)
    La crise est profonde. __L' évolution de la politique du  pays depuis Sharon et surtout depuis Netanyaou n'a fait que confirmer le durcissement et le glissement vers l'extrême droite d'une partie du monde politique et même de l'opinion... La  fuite en avant  vers la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est se poursuit à un rythme de plus en plus soutenu, malgré l'opposition palestinienne et des voix israëliennes. 
 . Le poète Natan Zach, l’une des figures du laïcisme israélien va jusqu'à déclarer au journal «Maariv»: «Je ne pense pas que ce pays tiendra longtemps. La société s’est fragmentée […]. Notre nation s’est désintégrée en factions partisanes imprégnées de haine et de fanatisme […]. Cela ne pourra pas durer.»
 ___De plus en plus, les orthodoxes ont le vent en poupe,. un monde à part dans le pays, qui pose des problèmes notamment aux femmes, religieuses ou non.
  Comme le reconnaît Mme Livni, de la droite israëlienne elle-même, tout marche à l'envers. La droite nationaliste, d'une aveugle stupidité, domine à la Knesset, qui considère les Palestiniens israëliens comme ennemis de l’intérieur. Israël contre Israël?
    Une politique suicidaire qui compromet l'avenir et sape la légitimité du pays.
      L'espoir de paix s'est progressivement évanoui, d'autant plus que les faucons, le lobby des colons ont de plus en plus d'influence. Ceux qui se risquent encore à parler de négociations sont marginalisés
Un Likoud qui se déchire comme jamais. Une société dans l'impasse, paralysée par la peur
Une peur entretenue et instrumentalisée. 
 ____Comme dit  ALEXANDRA SCHWARTZBROD «Tant que ce problème (palestinien) ne sera pas réglé, il n’y aura pas de paix ici»... «Effacer l’existence même des Palestiniens, c’est le processus en cours dans ce pays. Nous allons nous effondrer si nous continuons ainsi."
    Une terre qui dévore ses enfants?
      De sombres perspectives d'avenir, selon Gidéon Lévy, si rien ne change très vite.
          La paix maintenant?...ou trop tard? 
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- Le pouvoir « maléfique » des hommes en noir
- Les sombres prophéties d’Amos Oz
"En Israël, il y a quelque chose d'une tragédie grecque"
L'inquiétant M. Bennett
-Pas de solution militaire au conflit
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vendredi 28 décembre 2018

L'Etat détricoté

Rétrécir l'Etat. (notes de lectures)
                                  Depuis 1945, on voit, selon des temporalités différenciées, les fonctions de l’État se déliter, suivant un enchaînement complexe dans l’effacement successif de ses prérogatives, jusqu’à LREM, ultime avatar.
    Sous l'influence de la doctrine de Hayek et l'impulsion de R.Reagan, dès les années 70, le rôle de l'Etat est repensé, pour ne plus vouloir assurer que ses fonctions régaliennes. C'est le début de la mondialisation financière, de la dérégulation, de l'expansion du "marché libre", de l'érosion des valeurs sociales, quand M.Teatcher affirmait que la société" n'existe pas".
   
    La privatisation à tout va est devenu le mot d'ordre, jusqu'au coeur des services publics.
      Le culte de la performance est devenu l'horizon indépassable, quelles qu'en soient les incidences.
    Le rôle de l'Etat stratège est lui-même parfois mis en question
Le conte de fées libéral continue à jouer de sa séduction dans les milieux d'affaires.    
           Cette libéralisation économique se fait donc « à bas bruit » entre 1960 et 1992. Elle « émane pour l’essentiel du milieu restreint des hauts fonctionnaires financiers ou économiques, avec l’appui de quelques hommes politiques, sans nécessairement engendrer un débat public, et demeurent l’objet de réflexions confidentielles » (p. 64). Il en va ainsi du Plan, remis en cause par l’intégration au Marché commun, mais aussi par la présence nouvelle du patronat dans ses instances, tandis que la CGT et la CFDT affirment leur hostilité aux orientations du nouveau plan lancé en 1970. Si les nationalisations sont relancées avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981, les auteurs désignent de « grand revirement intellectuelle et symbolique » les évolutions initiées en 1982, que l’on a résumé par le mot de « rigueur ». Celles-ci se concrétisent par un blocage des prix et pour la première fois des salaires, qui va s’avérer durable, tandis que F. Mitterrand fait la même année l’apologie des profits et des entreprises ; bientôt c’est la dépense publique elle-même qui est remise en cause et les « prélèvements obligatoires » présentés comme une charge et non plus comme  nécessaire à la redistribution des richesses, une valeur que la gauche gouvernementale en vient à délaisser. Cette dérive néolibérale se confirme sous le gouvernement Fabius par des mesures de libéralisation bancaire, boursière et financière… qui n’empêchent pas la droite de gagner les élections de 1986 et de poursuivre la dynamique de libéralisation, avec les privatisations d’entreprises menées sous l’égide d’Édouard Balladur. Pour le début des années 1990, les auteurs font le constat d’un déphasage entre la libéralisation économique et la dérégulation financière d’une part, et l’attachement idéologique d’une grande partie des Français pour la régulation d’une économie mixte, fondée sur des services publics puissants. Ce fut sans doute la force de F. Mitterrand d’avoir réussi à maintenir un équilibre entre les deux dynamiques, non sans menacer l’identité politique de la gauche à plus long terme.
      La seconde partie s’attelle à montrer les dynamiques de l’État depuis un quart de siècle, en commençant par rappeler le contexte du début des années 1990, selon un jeu d’échelle, allant de la mondialisation croissante, notamment financière, à l’approfondissement de l’Union européenne avec le traité de Maastricht, tandis qu’en France est poursuivie la politique de privatisation, par la droite comme par la gauche, en même temps que s’accentue le déclin industriel et technologique par manque d’investissement dans les équipements et les secteurs de l’innovation.
     Le chapitre 4, concernant les années 1993-2007, s’intitule « Libéralisation ou « réforme de l’État » ? ». C’est à Michel Rocard que l’on doit le changement de paradigme en matière d’organisation administrative, dénommée « nouvelle gestion publique » et expérimentée d’abord en Nouvelle-Zélande dans les années 1970 : il valorise les méthodes du secteur privé en intégrant désormais une « logique de responsabilité »… que la droite, vainqueur des élections de 1993 et 1995, s’empresse de poursuivre. C’est au même moment que le thème de la « réforme de l’État » s’impose dans le milieu des hauts fonctionnaires et qu’il s’invite dans le débat public, mais il faudra attendre la campagne de 2002 pour voir Jacques Chirac se prononcer pour une réduction de nombre de fonctionnaires. L’autre tendance lourde de cette période concerne les atteintes à l’État social, qui s’accompagnent d’une explosion de la pauvreté. Elle s’accompagne d’un changement dans les représentations économiques, par la dénonciation des cotisations sociales comme une taxation à alléger pour les entreprises et des salaires comme un coût. Et ce sont les finances publiques qui supportent la politique de flexibilité et de baisse du coût de travail, avec les emplois jeunes ou le passage aux 35 heures, tandis que le niveau de chômage ne baisse qu’à la marge. Néanmoins, c’est en décembre 1995 qu’a lieu la plus forte mobilisation sociale depuis 1968 : elle permet de s’opposer avec succès au Plan Juppé sur les retraites et au contrat de Plan Bergougnoux sur le statut des cheminots. Elle ressemble pourtant à la dernière victoire de la « démocratie protestataire » pour la défense d’un État régulateur, « jouant le rôle de garant du lien social et de pourvoyeur d’emplois » (p. 124).
     Lorsque Nicolas Sarkozy devient président en 2007 (chapitre 5 : « La crise et la « rupture », 2007-2012), il avait déjà clairement annoncé ses projets aux Français-es : il s’agit « de refonder l’État, de refonder le service public, de refonder la fonction publique. Comme on l’a fait en 1945 avec le programme nationale de la résistance. Comme on l’a fait en 1958 avec le général de Gaulle ». Sarkozy met ses pas dans ceux de glorieuses figures, tandis qu’il appelle « à tourner la page de Mai 1968 ». Mais l’irruption de la crise financière mondiale de 2008 et celle des dettes publiques en Europe l’obligent à modifier les ambitions de son projet de rupture. Il affirme néanmoins sa volonté de renforcer l’exécutif, ou plutôt la fonction présidentielle, au dépens du 1er ministre que devient un simple rouage d’exécution, tandis que ses rapports avec le pouvoir judiciaire se tendent. La réforme de l’État est marquée surtout par la décision du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, toujours dans le but de réduire la dépense publique. Car l’équilibre des comptes des administrations publiques devient un dogme constitutionnel à l’origine de la réorganisation des administrations centrales (armée, justice santé, ambassades…), mais aussi de la volonté de simplifier le « mille feuille administratif », avec le projet de supprimer les départements dans dix ans… On peut considérer « ce coup d’État contre les départements » comme le premier acte d’une tension entre État central et collectivités territoriales, dont un nouvel épisode se jouent en ce moment entre E. Macron et les élus territoriaux. Si N. Sarkozy ne réussit pas à modifier le statut de la fonction publique, en revanche les effectifs de la police, de l’Éducation nationale ou de l’hôpital sont en baisse et est opéré le gel du point d’indice dans un contexte de crise déjà évoqué. L’université comme l’Hôpital restent pourtant sous le contrôle de l’État, avec néanmoins des procédures contractuelles destinées à réaliser des gains de performance, mais l’appel au service marchand privé se multiplie pour certaines dépenses, de l’Armée comme de la justice.
      Tout cela est facilité par le renversement de tendance qui rend les mobilisations inopérantes, d’autant que le président affirme que « ce n’est pas la rue qui gouverne… » ou encore que « l’État bureaucratique, paralysé par la lourdeur de son appareil administratif, gaspille les impôts des Français ». En même temps, la politique de baisse de l’impôt se poursuit, en particulier pour les plus grosses fortunes, tandis que le « travailler plus pour gagner plus » renforce le pouvoir d’achat des salariés, mais creusent les inégalités entre les travailleurs à temps plein et les autres salariés, en majorité des femmes. Il en va de même du régime de retraite qui augmente le temps de cotisation des travailleurs et creuse lui aussi les inégalités. En contrepoint de cet affaiblissement de la taille de l’État, ce dernier s’affirme de plus en plus sécuritaire : le discours de Grenoble de 2010 marque une rupture quant à la politique migratoire du pays, en restreignant le regroupement familial, en amalgamant insécurité et immigration, en stigmatisant l’étranger. Autre cible visée : les mineurs délinquants pour lesquels les mesures éducatives sont remplacées par une pénalisation et une sanction des familles. Sans surprise le taux d’occupation des prisons grimpe alors à 200 %, l’une des raisons pour lesquelles la France est condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme.
    Le titre du 6e et dernier chapitre est particulièrement éclairant sur l’évolution très récente : « Du social-libéralisme au libéralisme décomplexé (2012-2018) ». Les auteurs rappellent d’abord les deux grandes tendances des deux dernières décennies : le terrorisme global qui entraîne un glissement sécuritaire des États ; le marché globalisé combiné aux contraintes budgétaires européennes qui permettent de légitimer une réforme de l’État selon des modalités de fonctionnement du secteur privé. Le retour de la gauche au pouvoir avec François Hollande favorise la libéralisation sociétale, dont la mesure phare est la loi Taubira de 2013 sur le mariage et l’adoption, qui prolonge le Pacs du gouvernement Jospin. La politique territoriale est en demi-teinte, avec la mise en place d’un nouveau statut pour les grandes métropoles et surtout la réorganisation-fusion des régions en 2015, tandis que la loi Fioraso sur les universités précipite les regroupements d’université et fait craindre un désengagement financier de l’État au profit des collectivités territoriales. En revanche, dans les autres domaines, c’est la continuité avec les gouvernements précédents de droite qui domine. Il en va ainsi de l’obsession de la recherche d’économies dans toutes les administrations publiques, tandis que les entreprises bénéficient du controversé CICE de 40 milliards d’euros, censé relancer l’activité et donc l’emploi. C’est avec l’arrivée de Manuel Valls à la tête du gouvernement que les réorientations libérales deviennent la règle, même si c’est au ministre de l’Économie E. Macron qu’elles sont associées : travail du dimanche, réforme des prud’hommes, vente de milliards d’actifs d’entreprises publiques, et surtout la loi sur le code du travail (dite « loi El Khomri ») en 2016. Enfin, la fin du mandat, marquée par les terribles attentats de 2015 et 2016, voit une renforcement de la politique sécuritaire (état d’urgence renouvelé, loi de Renseignement et loi Antiterrorisme), dont M. Valls admet qu’elles restreignent les libertés des citoyens. Mais la volonté de constitutionnaliser la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France engendre une cassure avec les forces politiques ayant ramené la gauche socialiste au pouvoir, aggravée par les oppositions à la « loi El Khomri », achèvent de dissuader le président de se représenter en 2017, fait unique dans la VeRépublique.
     L’ouvrage consacre des pages nourrirs à « L’État selon Macron : l’exécutif expert face à l’entreprise » (p. 171-188), sur lesquelles tenterai une approche globale de la philosophie macronienne du rôle de l’État. L’idée directrice est la responsabilisation individuelle et l’extension de l’action privée aux dépens des protections collectives ou, pour le dire plus simplement, « reporter sur l’individu une partie des défaillances de l’organisation sociale ». Ainsi, la politique d’assistance, sans cesse rognée et mise sous surveillance, vise à « soutenir l’inactivité imposée par les restructurations du marché du travail plutôt qu’à développer l’activité ». Il en va de même dans les services publics où la précarisation progresse et où les méthodes de management du privé remettent en cause l’idée d’une mission de service public. Pourtant la « forte demande d’État, rarement exprimée publiquement par nos élus » (p. 174) se fait sentir, en particulier dans certains territoires. Finalement, le concept de « société civile », tant utilisé lors de la campagne présidentielle de 2017, est un bon révélateur des dynamiques sociétales et des conceptions politiques en cours : elle intègre des individus bien insérés dans la société, des acteurs ayant réussi dans la champ professionnel, des « premiers de cordée » pour reprendre l’expression présidentielle, mais elle laisse au bord du chemin tous les vaincus de la mondialisation victimes de la précarité : ne serait-elle pas le révélateur d’un effacement progressif de l’État dans le cadre néolibéral aux profit de l’ensemble des acteurs privés  ? Ayant favorisé son accession au pouvoir, elle devient un des moyens d’exercice de ce pouvoir, mais elle s’accompagne « en même temps » d’une présidentialisation croissante du pouvoir, d’un « État réduit à l’exécutif expert », au dépens des corps intermédiaires. De leur côté, les collectivités territoriales sont soumises à un « pacte girondin » qui s’apparente à un donnant-donnant inégal, puisque le gain d’autonomie est contrebalancé par la demande d’économie (13 milliards d’euros sur le quinquennat), que des associations d’élus qualifient de « recentralisation à outrance », s’inquiétant de l’accroissement des inégalités territoriales. Finalement, pour le dire brutalement, La République En Marche (LREM) serait le premier gouvernement en capacité d’acter la fin de l’État social.
       La brillante conclusion de Danielle Tartakowsky et Michel Margairaz ouvre des perspectives plurielles, à la fois dans la durée historique de l’histoire française, comme dans celle de la place de l’État dans un monde globalisé. Ils rappellent que le pays a connu trois configurations successives du compromis social : le compromis républicain de la IIIe République, auquel s’est greffé l’État social né de la période 1936-1946, tandis que les années 1980 ont vu émerger le modèle néolibéral, lequel continue à rogner les derniers acquis de l’État social, à dissocier le lien entre mouvement social et politique et finalement à renforcer les inégalités sociales entre « premiers de cordée », assistés et classes moyennes (salariés et retraités) soumises à l’impôt. Mais les auteurs insèrent aussi cette dynamique dans une perspective plus large, celle de « l’État du nouvel âge global » analysé par Saskia Sassen : si la mondialisation ne s’est pas développée sur les ruines de l’État national, elle a fragilisé les acteurs politiques traditionnels au profit d’une horizontalité des pratiques individuels. « Et ce sont les individus qui absorbent désormais le citoyen et les principes d’égalité et de souveraineté. Les droits de l’homme, dépolitisés, tiennent désormais lieu de support aux demandes des individus » (p. 196). De même, elle a bouleversé l’équilibre entre les pouvoirs, au profit de l’exécutif, dont on voit depuis quelques années les dérives dans bon nombre de pays démocratiques. Enfin, elle a favorisé la collusion entre les milieux financiers et politiques, accru le nombre d’affaires de corruption mises à jour, en somme elle a permis de substituer au politique la « question morale ». Finalement, ne serait-ce pas tout simplement la démocratie qui serait menacée par ces dynamiques historiques ou, pour le dire autrement, ne serions-nous pas en train de vivre un « âge de la régression » démocratique ? 
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jeudi 27 décembre 2018

Trump: le chaos?

Fire and fury
                      Plus dure sera la shut (-down)?
                Plongée de la Fed et chaos à la Maison Blanche.
   La polémique enfle. Les couteaux sont tirés.
         Info ou intox, chez Wolf? Sans doute beaucoup de vrai...Il met l'accent sur le caractère prévisible de son..; imprévisibilité.
  Comme dit le Maître des lieux, qui ne souffre pas l'ombre d'une critique:
          Je fais des deals et la Fed ne m'aide pas », a affirmé le président. « Ils font une erreur parce que j'ai de l'instinct, mon instinct m'en dit parfois plus que le cerveau de n'importe qui d'autre ne pourra jamais me dire », a souligné le président.
      En tout cas, on ferme la boutique...en attendant le mur.
         Ou de rentrer dans le mur...La récession pointe.
 Wall Street  s'agite et les marchés s'enfièvrent.
  Le monde des affaires, au début globalement favorable à Trump, commence à s'inquiéter sérieusement.
   Un nouveau limogeage est en préparation. A la suite des autres...
James Mattis a déjà dit bye bye
  C'est le bras de fer
    La politique du pire annoncée se confirme et le (very) hard power, c'est tous les jours.   « It’s time to fight dirty », disait-il  naguère.
    L'inculture du locataire de la Maison Blanche serait insondable comme ses réactions passionnelles et aléatoires, sur fond de logique de désengagement précipité.
     ....Décrit dans le livre (inégal) comme un quasi-illettré, incompétent, borné ou idiot, Donald Trump a dû se fendre ce week-end d’une série de tweets où il se vante d’être « genre, vraiment intelligent », un « génie très stable » (sic). Cette réaction au-delà de l’étrange prouve à elle seule que l’auteur a touché juste. Abordé de façon lancinante depuis le début de son mandat, le débat sur la santé mentale du président est relancé avec une virulence nouvelle....
...Cette histoire, c’est celle d’un homme d’affaires tellement persuadé de perdre qu’il a refusé d’investir dans sa propre campagne. Trump et tous ceux qui l’entourent n’ont jamais pensé l'emporter. La campagne devait surtout être une publicité géante pour la marque Trump. « Trump, écrit Wolff, serait l’homme le plus célèbre du monde. Sa fille Ivanka et son gendre Jared passeraient du rang d’enfants riches méconnus à celui de célébrités et d’ambassadeurs de la marque. Steve Bannon deviendrait de facto le chef du Tea Party. [La conseillère] Kellyanne Conway deviendrait une star de la télé. » Le général Mike Flynn, rattrapé depuis par l’affaire russe, ne pensait pas que ses relations tarifées avec la Russie poseraient problème puisque Trump, disait-il à ses amis, allait mordre la poussière.
    L’homme d’affaires new-yorkais est aussi un ancien héros de la télé-réalité. Pendant des années, il a animé sur la chaîne NBC le show « The Apprentice », tourné dans la Trump Tower de New York, dont chaque émission se concluait par la même scène : un Trump en majesté, érigé en modèle de businessman, virant d’un « You’re fired » (« vous êtes viré »)tonitruant les candidats au succès.
   Dans Fire and Fury, Trump apparaît fasciné par la célébrité. « De façon futée, Trump est devenu la star de son propre reality show, écrit Wolff. Il a fait sienne une théorie qui le servirait bien pendant sa campagne présidentielle : il n’y a pas de bien plus grand que la célébrité. Être célèbre c’est être aimé, ou au moins flatté. » Trump parle de lui à la troisième personne. Il jubile d’« être la personne la plus connue du monde ». Enrage quand des personnalités refusent d’apparaître à son investiture. Veut des « stars » pour porter sa parole – en vain, les personnalités conservatrices approchées, comme l’animatrice de radio Laura Ingraham ou le présentateur de Fox New Tucker Carlson déclineront toutes....
     Mais il y a encore de beaux jours pour les gendarmes du monde.  Malgré les dénégations...
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mercredi 26 décembre 2018

Urgence

Il y a urgence
                 Dans les urgences.
                 Mais pas seulement. C'est un ensemble. Le problème n'est pas nouveau, mais il s'aggrave avec les dérives du système hospitalier et les déficiences de la médecine de ville.
       Dans leurs critiques de ce que le système des urgences est souvent devenu, et qui aurait pu être évité, certains ne mâchent pas leurs mots.

  Le Sénat lui-même pointe les dysfonctionnements et souligne l'urgence de réformes de fond.
 L'hôpital, ce n'est pas nouveau, est en crise
Il ne tiendrait que par des bouts de ficelles même s'il garde encore de beaux restes, par rapport à d'autres pays comparables.
  Le Hirsch-management continue, sous la houlette purement comptable de Bercy.
    L'asphyxie guette.
      Qui se penchera enfin sur ce grand corps malade

  •     Une question de priorité....Et d'humanité.  On parle d' investir massivement dans la défense nationale, mais qu'en est-il de la justice en déshérence ou de la santé publique, qui n'a pas de prix, même si elle a un coût.   Voudrions-nous suivre les pas de nos voisins anglais?
     
  Quel praticien se penchera sur le lit du malade, qui a besoin d'un traitement de fond, comme l'affirment mille médecins, certains depuis des années, comme le clame régulièrement le Pr Grimaldi, depuis qu'un remède inadapté lui a été administré par des gestionnaires à courte vue?
   La pression sur l’hôpital public est devenue intolérable, pour le personnel et forcément pour les patients. Le gouvernement rabote sur les sommes qu’il doit verser aux hôpitaux au titre des missions d’intérêt général, et il met toujours plus haut la barre des économies requises : 1,1 milliard d’euros en 2017, 1,6 milliard en 2018. Ces objectifs concourent à la dégradation des conditions de travail des personnels soignants, soumis à des cadences infernales et mal rémunérés. Résultat : l’hôpital public est fragilisé, à bout de souffle."
    Le client patient devra-t-il bientôt venir pour une hospitalisation avec ses compresses, comme en Grèce, ou avec ses gants de soins, comme cela s'est déjà produit chez nous.
   Le système est à bout de souffle, comme en psychiatrie, comme dans les Ehpad, comme on l'a vu récemment.
   Le rabot budgétaire dénature les système, hanté par la performance, dans l'esprit du new public management, emprunté au monde de l'entreprise, qui aboutit à un esprit d'autofinancement impossible et finalement ruineux par multiplication des actes.
   On dérive vers un management sans ménagement pour les valeurs humaines qui doivent être au coeur du système hospitalier. Un chirurgien qui enchaîne de plus en plus d'interventions sans temps de repos, l'infirmière qui court d'un service à l'autre sans pouvoir parler avec ses patients, une concertation de plus en plus rare au coeur du personnel ne peut que créer frustrations et pire. La négation même de la fonction de soignant.
     La réforme de l'hôpital public menée depuis trente ans s’inscrit dans la lignée du nouveau management public qui vise à faire de lui une entreprise comme les autres, au mépris de son histoire et des valeurs portées par ses agents....Depuis le début des années 1980, les réformes mises en œuvre ont contribué à la dégradation des conditions de travail des personnels (chronométrage, standardisation des tâches, etc.) et a suscité leur opposition. Mais, les pouvoirs publics sont restés sourds à leur colère, préférant maintenir le cap plutôt que de tenter de réformer autrement. La dernière loi dite HPST du 21 juillet 2009 en constitue un exemple éloquent. Cette logique gestionnaire n’a fait qu’accentuer le malaise hospitalier...; 
  Certes, nous ne pratiquons pas chez nous de la discrimination hospitalière à l'israëlienne. 
   Mais on arrive à un point de rupture, que dénoncent maints personnels et même des chefs de service.
Les clignotants sont là depuis des années. 
   Ce n'est pas d'hier que l'hôpital fonctionne avec des bouts de ficelles.
       Le new public management est passé par là.
  Le management nouveau est arrivé. Une sorte de quantophrénie, qui fait oublier l'intérêt du "client" aux soins.
   Une gestion de plus en plus technocratique, comme dans une entreprise, où le malade n'est plus au centre du système.
   Une 
médecine de plus en plus standardisée, du fait notamment de l'hyper-informatisation des données et des objectifs économiques visés. L'ordinateur est partout, l' humanité se raréfie.

  Le glissement vers l'introduction du secteur privé, rend le système plus sélectif et plus onéreux, sous prétexte d'économie. Le privé devient la référence.
  Les lois du marché s'imposent de plus en plus, là où le service à la personne concrète, avec ses maux propres, devrait s'imposer. Cela demanderait du temps, qui manque de plus en plus, comme le note Véronique Vasseur.
 On assiste à des situations parfois ubuesques, avec des injonctions contradictoires. 
  Le premier malade, c'est l'hopital. Malade du marché.
Un grand corps malade de plus en plus en danger
   La fatigue parfois extrême des personnels, souvent démoralisés,  met les patients en danger. Le système ultra-complexe de la  tarification à l'activité entraîne des surcoûts que l'on prétend vouloir éviter. 
        Le financement appelé "tarification à l’activité" (T2A), dont le but déclaré est de diminuer le coût des hôpitaux. Et l’objectif, inavoué, d’augmenter le financement des cliniques.La T2A est faite pour mesurer la quantité, pas la qualité ; les gestes techniques, pas l’acte intellectuel.Elle ne prend en compte ni la gravité, ni l’activité des services hautement spécialisés, ni la précarité, ni les problèmes psychologiques, ni l’éducation du patient… Elle se révèle complètement inadaptée aux services de médecine des hôpitaux publics.Conçue à l’évidence en faveur des cliniques, la mise en place de la  Tarification à l'activité, comme attendu, entraîne le déficit voire la faillite de 90% des hôpitaux publics.Ce déficit permet aujourd’hui de justifier l’abandon de certaines activités, la restructuration d’autres, voire la fermeture pure et simple de nombreux hôpitaux de proximité. Certains seront vendus au privé…Le patient qui se fait alors opérer en clinique est obligé de payer des dépassements d’honoraires devenus exorbitants. Il est commun de devoir payer des dépassements de l’ordre de 1 000 euros pour une cataracte ; pour une prothèse de hanche, 3 000 euros pour le chirurgien et 1 000 euros pour l’anesthésiste..."(C.Perron)
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La France ne dépense pas « beaucoup plus que les autres » pour sa santé, contrairement à ce que dit Agnès Buzyn: ...Ce n’est pas « beaucoup plus que tous les pays de l’OCDE », puisque quatre d’entre eux dépensent autant ou plus : la Suède (11 % du PIB également), l’Allemagne (11,3 %), la Suisse (12,4 %) et… les Etats-Unis qui, eux, sont hors de la tendance, avec 17,2 % de leur PIB....
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Malaise à l’hôpital public : il y a urgence 
- Hôpitaux, Ehpad : le soin saccagé

lundi 24 décembre 2018

Tréve de Noël

Un Noël pas comme les autres...
                    
       Qui passe du jaune au rouge
    
          Il y aura toujours un Sapin sapin
           
       Dont on n'oublie pas l'histoire, ni celle du Père Noël au destin singulier, ni celle de la fameuse crèche, en voie de disparition.

Après la dinde, on peut toujours tuer le temps avec Vociferator.





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NB * On peut visiter l'usine de Père Noël 
        * Il n'est pas interdit de blaguer. 
..      * Au lieu de s'enguirlander, mettez des guirlandes partout. 
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Noël en images 

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