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lundi 3 septembre 2018

Trump, encore.

Moi et le chaos
                   Le locataire de la Maison Blanche continue à servir sévir.
                                 En toute impunité.
    Malgré les oppositions qui montent dans le pays, malgré le conflit ouvert avec la majorité de la presse, malgré la honte d'être américains que beaucoup ressentent face à un tel représentant de leur pays.
   Incohérence, désinvolture, vulgarité, provocations, unilatéralisme myope, politique étrangère erratique, mesures économiques à court terme, etc... même si un certain public applaudit et en redemande, sans souci de l'intérêt général et des effets à long terme.
     
     Dans le chaos trumpien, même dans les murs de Maison Blanche, nouveau bateau ivre, on ne sait qui gouverne, pendant que les Républicains font profil bas, que les démocrates critiquent trop mollement et souvent sur des points de détail. Avant-hier,  Trump se rendait à son golf pendant qu'on rendait un hommage national à la dépouille de Mc Cain, figure controversée, mais qui a compté
         La politique du pire se met en place, jour après jour. Après le dossier iranien, vient l'affaire israëlienne, dans laquelle il souffle sur les braises, d'abord avec le transfert de son ambassade à Jérusalem, puis aujourd'hui par les mesures anti-palestiniennes, entrant dans le jeu du régime de Netanyahou et de la majorité d'extrême-droit qu'il dirige.
     Certains représentants de la communauté juive se disent révoltés par ces mesures lourdes de menaces.
                    David Faris, de l'université de Chicago, invite, dans un dernier écrit, à ne plus continuer à subir une ligne qui va dans le mur, mais à passer à un stade offensif, en demandant une riposte institutionnelle, dans un système qu'il faut réformer profondément, comme le disait déjà J.R.McArthur.   Quelle peut-être son influence?   Bernie Sanders n'est pas des plus clairs. La démocratie est largement illusoire.
  Un diagnostic sévère, sans concession, qui ouvre une perspective révolutionnaire, dans l'état actuel des choses et des institutions à refaire:
                  « It’s time to fight dirty », dit-il dans un récent ouvrage, qui peut paraître utopique..
      Autrement dit : l'heure est venue de riposter sans vergogne compte tenu de l'agenda extrême du parti républicain, désormais converti aux thèses nativistes de Trump.
  La présidence Trump est catastrophique du fait de ses politiques sociales, environnementales, commerciales, internationales. Mais c'est aussi une présidence vénale et corrompue. Et nous n'avons encore découvert que le haut de l'iceberg ! Dans les années 1980, le développeur immobilier Trump a été un des premiers à construire des tours de luxe où les riches ont pu parquer leurs fortunes. La Trump Organization s'est financée depuis vingt ans dans tous les recoins louches du capitalisme mondial.
    Au départ outsider rejeté par les élites conservatrices, l'homme d'affaires Trump a mis au pas le parti républicain, qui est aujourd'hui à l'exacte image de cet homme. Ses élus prônent des politiques qui consistent désormais exclusivement à transférer la richesse vers les plus fortunés. Ils ne cachent même pas que la grande réforme fiscale de l'administration Trump est un cadeau aux richissimes donateurs du parti. Trump est la divine surprise qui leur a donné ce qu'ils voulaient.
  [Vous décrivez dans votre récent livre l'actuel parti républicain comme une« coalition de nazillons, de sales types misogynes, et de nihilistes riches », qui n'ont reculé depuis dix ans devant aucun obstacle pour se hisser au pouvoir. Vous dites aussi qu'il y a urgence à l'écraser politiquement. « Si les démocrates ne font qu'alterner au pouvoir tous les quatre ou huit ans avec le troupeau de climatosceptiques complice des énergies polluantes actuellement à la tête du parti républicain, écrivez-vous, tous nos enfants passeront leur retraite à cuire dans des enfers torrides où la vie sera pire que dans Waterworld. » Un futur Trump « plus compétent » pourrait même, dites-vous, tout simplement « balayer la démocratie américaine »]
        ….Le parti républicain a abdiqué toute critique envers Trump car il a compris qu'il a avec lui une occasion historique de faire passer les réformes impopulaires qu'il défend depuis des années : supprimer la réforme Obama de la santé, réduire la taille du gouvernement, écraser ce qui reste de droit du travail, nommer des fanatiques à la Cour suprême, etc. La réforme fiscale, c'est exactement ça : beaucoup plus d'argent pour les donateurs, mais aussi beaucoup moins de marges de manœuvre pour des administrations qui voudraient à l'avenir augmenter les dépenses de l'État.

      Si les républicains se démènent autant, c'est qu'ils savent que leur idéologie est de moins en moins populaire. Le changement démographique ne leur est pas favorable. Ils se sont aliéné des pans entiers de l'électorat et sont de plus en plus dépendants des vieux électeurs blancs. Par ailleurs, les jeunes Américains sont majoritairement progressistes et libéraux. L'opinion publique est en train de prendre peu à peu ses distances avec le fondamentalisme de marché qui est le mantra du parti républicain depuis la fin des années 1970. Nous avons eu aux États-Unis quarante ans de capitalisme dérégulé, mais les jeunes voient bien qu'ils n'ont plus les moyens de payer leurs études, de s'acheter une maison, de progresser dans l'échelle sociale.      Les républicains vont tout faire pour que le candidat choisi par Trump, Brett Kavanaugh[un juge fédéral très marqué à droite qui, s'il est nommé, va faire pencher la Cour très à droite – ndlr], soit nommé avant les élections de mi-mandat. Car même si Trump est un jour démis de ses fonctions, cela assurera aux républicains le contrôle de la Cour suprême pour les dix ou quinze années à venir, avec des effets très importants sur la vie quotidienne des Américains.
    [Nous sommes à dix semaines des élections de mi-mandat, où 33 postes de gouverneurs, un tiers du Sénat et l'ensemble de la Chambre des représentants vont être renouvelés. Les démocrates ambitionnent de reprendre la Chambre des représentants, voire le Sénat, et l'impopularité de pourrait les y aider. Mais deux ans après la défaite d'Hillary Clinton, les démocrates, idéologiquement divisés, sont-ils vraiment en ordre de bataille ? ]
      Pendant que Trump focalise l'attention, les médias américains ne voient pas que l'aile progressiste du parti démocrate est en train de gagner la bataille pour le parti. Évidemment, cela ne se reflète pas dans toutes les primaires [depuis le mois de mars, dans tous les États, démocrates comme républicains désignent ainsi leurs candidats – ndlr]. Mais l'aile progressiste fait bouger lentement le parti vers la gauche. Les candidats à la présidentielle de 2020 ne pourront pas se présenter devant les électeurs sans des propositions radicales : une sécurité sociale universelle, des pistes pour résoudre vraiment les inégalités et l'élimination des discriminations, des politiques pour protéger les Américains des coups du sort qui peuvent les ruiner. Un agenda économique radical est probablement le seul espoir pour les démocrates de regagner la confiance des électeurs ruraux.        Pour cela, ils doivent non seulement augmenter le salaire minimum et éliminer les obstacles à la syndicalisation, mais trouver des solutions bien plus innovantes : une taxe sur les transactions financières pour financer des milliards d'investissement dans les infrastructures, pourquoi pas un revenu universel, l'abolition des prisons privées, la légalisation du cannabis, un programme national de lutte contre la pauvreté, et en matière d'immigration, une amnistie immédiate des millions de sans-papiers. Mais toutes ces mesures, aussi nécessaires soient-elles, ne suffiront pas : si les démocrates ne changent pas aussi les règles du jeu, ils ne garderont pas le pouvoir longtemps.....
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