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mardi 11 avril 2023

Le monde enchanté de la Silicon Valley

...Ou plutôt ambigü

                                        A première vue, cette conurbation hautement technologique dans la périphérie de San Francisco apparaît comme la pointe avancée des recherches et des applications les plus pointues du monde numérique, qui a bouleversé bien des aspects de la vie technologique et même quotidienne. Un monde "enchanté" en quelque sorte, qui fait parfois rêver, un monde où semble se dessiner les grandes lignes de nos vies futures, avec leurs rêves et leurs fantasmes. Car les "grands" de cette cité très particulière se donnent parfois l'ambition de repenser le monde et même de redéfinir l'humain.                                                                                                                                                              Mais c'est s'en tenir seulement aux apparences, aux annonces médiatisées et faire fi de la face sombre de cet univers où le virtuel règne en maître, qui ne situe pas en dehors du rêve américain et des projets de l'empire, de l'immense marché qui caractérise pour une bonne part la marche du pays.               ______Comme le remarque Josef Confavreux, "...Le « monde », c’est le marché. Les pères fondateurs américains de la tech ont, dès l’origine, l’idée que le marché constitue la démocratie en actes, le meilleur moyen de coordination sociale, notamment parce qu’il permet la liberté d’entreprendre et de penser, et parce qu’il permet la meilleure qualité d’information.   Néanmoins, certaines ambiguïtés demeurent : les « solutions » développées par la Silicon Valley le sont par un groupe restreint de professionnels, loin de tout contrôle démocratique, et elles suivent des tendances dont le bien-fondé peut légitimement être questionné. Les entreprises de la tech ont intensifié et précarisé le travail, joué de l’optimisation fiscale, fait commerce des informations personnelles, entretenu des filières d’exploitation postcoloniales, des ressources et des personnes, et contribué à la crise sociale et écologique à l’échelle mondiale.

Illustration 2
Olivier Alexandre. © Photo DR

      Notre monde semble plus fluide, mieux informé, plus rapide, et en un sens plus libre, alors qu’il est quotidiennement, et jusque dans ses interstices, orienté par la vision du monde construite dans la Silicon Valley, via ses productions et leurs applications. Critiquer efficacement la Silicon Valley n’est pas chose aisée. Si on lui oppose des valeurs qui lui sont étrangères, elle reste sourde. En revanche, elle tend l’oreille dès qu’on interroge ses failles morales, celles qui se retrouvent au cœur de son modèle social. De ce point de vue, on peut repérer trois types de critique.      La première critique est d’inspiration libérale. Elle vise la grande promesse de la Silicon Valley, celle de fonder une nouvelle économie où chacun serait entrepreneur, où il n’y aurait plus d’asymétrie de taille entre les opérateurs, où l’information serait pure et parfaite… Des promesses incarnées et défendues par Apple, Google, Facebook ou Uber à leurs débuts. Mais, au bout de quelques années, ces nouveaux entrants se sont substitués aux acteurs dominants. Certes, ils organisent différemment le fonctionnement de l’économie, mais ils ont mis en place des oligopoles et ne modifient pas la tendance du capitalisme américain à tendre vers des monopoles.                                                                                                                                                                           La deuxième critique est sociale, et se décline à plusieurs niveaux. La Silicon Valley est progressiste dans ses valeurs, mais dans les faits, les solutions produites introduisent des biais sociaux, raciaux, genrés. Une start-up a récemment développé une solution destinée à « occidentaliser » la voix des téléopérateurs travaillant dans des pays du Sud, s’adressant à une clientèle résidant dans les pays du Nord.       Ces biais existent dans la Silicon Valley. Elle défend un idéal méritocratique, qui est en partie hypocrite. Certes, la plupart des dirigeants de la tech qui deviennent millionnaires ne sont pas issus de grandes familles de la côte Est ou ne bénéficient pas de fortunes faites dans l’énergie fossile ou la banque. Mais ces élites demeurent un groupe social privilégié qui a su tirer au mieux bénéfice des investissements scolaires.                 Il faut rappeler que la Silicon Valley, c’est seulement 10 000 à 15 000 start-up sur les 400 000 que comptent les États-Unis, qu’elles sont spécialisées dans le domaine des technologies, embauchant des salariés avec un haut niveau de formation, et les « super-entrepreneurs » devenus millionnaires ou milliardaires qui font l’actualité ne représentent qu’une élite resserrée, soit près de 3 000 personnes sur les 3 millions de travailleurs du secteur au sein de la vallée.                                                                                                                      Par ailleurs, contrairement à la promesse d’une qualité améliorée des systèmes d’information, le développement d’Internet, des réseaux sociaux et aujourd’hui des solutions d’intelligence artificielle pose la question de la qualité et de l’hétérogénéité des informations échangées. Ce qui est massivement relayé et visible n’est pas nécessairement ce qui a le plus de valeur en termes d’information. Des contenus circulent du fait de leur propriété émotionnelle, de leur capacité à susciter la colère ou la sympathie : pour le dire vite, de la fake news outrageuse au chaton mignon.                                                                                     La Silicon Valley [...] se trouve au cœur d’un système de production internationalisé fortement inégalitaire, perpétuant et accentuant les vieux clivages.        La troisième critique est environnementale. Cette question n’est pas neuve dans la Silicon Valley. Elle se posait dès les années 1960 et 1970, avec les mobilisations de mères de famille et d’employées qui nettoyaient les circuits imprimés, constituant alors la principale production de la vallée, avec des produits toxiques entraînant des cancers, des malformations des nourrissons et la pollution des nappes phréatiques…                                  Cela a amené un changement de communication et de stratégie des grandes entreprises, soit principalement la délocalisation d’usines dans d’autres États du pays, puis le développement de la sous-traitance, notamment avec des fournisseurs taïwanais et chinois. Dans le même temps, l’industrie de la tech s’est développée et modifiée en devenant de plus en plus une affaire de software, avec Google ou Facebook, là où elle était essentiellement une affaire de hardware, avec Hewlett-Packard et Intel.         Cette domination du logiciel a fait oublier la dépendance de la tech aux terres rares, aux minerais servant à la fabrication des machines, et à une main-d’œuvre, des assembleurs aux médiateurs de contenus, dont on sait aujourd’hui qu’ils travaillent dans des conditions extrêmement toxiques psychologiquement et physiquement.            La Silicon Valley peut sembler pittoresque, exotique, fascinante ou agaçante. En dépit de la crise, elle continue de faire rêver les entrepreneurs du monde entier. Mais elle se trouve au cœur d’un système de production internationalisé fortement inégalitaire, perpétuant et accentuant les vieux clivages, et faisant naître de nouvelles problématiques. Elle se vit comme l’industrie du futur, mais elle a mal anticipé les conséquences, sur elle-même et sur le monde, du futur qu’elle contribuait à bâtir.    C’est particulièrement visible dans le domaine du réchauffement climatique : le manque d’eau pour assurer les besoins en refroidissement des bâtiments et des data centers, les mégafeux de forêt l’été, les pluies diluviennes de cet hiver, la pollution des nappes phréatiques, etc.    Historiquement, la Silicon Valley s’est construite contre les « politiques », à commencer par la politique des syndicats, qui y constituent une figure repoussoir dès les années 1930. À cette époque, des entrepreneurs mettent en place des stratégies managériales pour que les salariés soient suffisamment satisfaits et croient assez dans leur avenir au sein de l’entreprise pour ne pas être tentés de faire valoir collectivement leur intérêt : retraites, activités de loisirs, bonus et stock-options, qui sont un intéressement dans le temps à la réussite de l’entreprise. Ce qui ne les a pas empêchés de bénéficier des fonds de programmes de recherche militaire à partir de la Seconde Guerre mondiale.                                                                                                                                                                         Vue du nord de la Californie, l’administration comporte plusieurs couches. Il y a l’administration locale des villes et des comtés, l’administration fédérale de Californie, avec une multitude d’autorités et d’agences, et enfin l’administration fédérée, concentrée à Washington, qui demeure lointaine, complexe, soumise aux logiques politiciennes.                                                                                                              De plus, la Silicon Valley est une terre d’immigration. Les travailleurs viennent du reste des États-Unis, d’Europe, d’Inde ou de Chine. Aujourd’hui encore, la moitié des travailleurs de la tech sont nés hors des États-Unis. Cela crée un rapport différent à la politique. L’État n’y est pas vu comme une sécurité, une garantie des libertés comme en France, mais comme une autorité plus ou moins dysfonctionnelle, voire une autorité abusive qu’il faut à tout prix contourner.                   ___L’ensemble de ce credo s’exprime à travers le libertarianisme, la doctrine la plus visible et la plus bruyante au sein de la Silicon Valley, selon laquelle l’entreprise est à même de dépasser les limites et dérives de ce qui y est appelé « l’étatisme ».__________________________Dans leur esprit, cela n’est pas contradictoire avec le fait de défendre des valeurs progressistes, de donner majoritairement de l’argent aux candidats démocrates, à l’instar de Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, proche d’Obama, ou de Sam Altman, qui préside l’organisation derrière ChatGPT et qui a contribué à la campagne de Joe Biden. En 2015, la veuve de Steve Jobs, fondateur d’Apple, avait organisé un dîner de 20 personnes à un million de dollars le ticket d’entrée. Hillary Clinton est repartie de la soirée avec 20 millions pour sa campagne.             Mais, pour l’essentiel, ils défendent une conception alternative de la politique. La conviction des générations successives d’ingénieurs et d’innovateurs de la Silicon Valley est que les technologies permettent de mieux communiquer, apprendre, s’informer, entreprendre et passer outre les blocages, dérives et effets de domination des grandes organisations, qu’elles soient publiques ou privées.   Les entrepreneurs portent des solutions qui se présentent comme apolitiques mais qui ont des résonances et des effets éminemment politiques. Si on entend la politique comme la manière dont les citoyens vivent et échangent au sein d’une cité, il est indéniable que la Silicon Valley a un rôle éminemment politique, qui a entièrement reconfiguré l’échelle, la vitesse et les modes de communication de notre cité, qui n’est plus la ville, le pays ni même un continent. La moitié de la population mondiale utilise Apple, Facebook, Google et les services associés.                                                                                                                                                              Il est troublant de voir qu’en dépit des écarts historiques, sociaux et culturels, les grandes entreprises de la Silicon Valley sont à l’origine de comportements similaires d’un bout à l’autre de la planète : se déplacer dans la rue rivé à son application de géolocalisation comme si nous étions au milieu du désert, communiquer via les « challenges » sur Facebook, alimenter la panique morale provoquée par ChatGPT, participer à des concours de photos de vacances sur Instagram…               Du fait de leur influence, en tant que citoyen, il est sans doute nécessaire de s’imposer quotidiennement cette gymnastique intellectuelle : quand j’utilise un smartphone, un système d’exploitation, une application, un moteur de recherche, etc., quelle est la vision politique qui l’accompagne ?                                                                   On connaît le libertarianisme et le transhumanisme dont la Silicon Valley est friande, mais vous soulignez l’importance d’un troisième courant politique important dans la vallée, le « long-termisme ». De quoi s’agit-il ?                       ___À l’origine, le « long-termisme » a été développé notamment par un jeune philosophe de l’université d’Oxford, William MacAskill. La base du projet est de penser les effets de la technologie sur le long terme, avec pour objectif le salut de l’humanité, et que les technologies y contribuent. Le mouvement est bien outillé en termes quantitatifs, raisonne à l’échelle de l’histoire humaine et s’inscrit dans la filiation de l’utilitarisme.                          Ce mouvement philosophique a trouvé un écho chez des dirigeants du nord de la Californie, via un réseau de fondations et d’instituts bénéficiant de donations de personne comme Elon Musk ou Sam Bankman-Fried, avant la faillite de son entreprise FTX.   La tech est une industrie qui ambitionne de révolutionner le monde, mais une révolution qui serait portée par un petit nombre d’individus, prenant des décisions sans réel contrôle, régulation ou contre-pouvoirs.     Il s’agit donc d’un mouvement « philosophique » de happy few qui posent des questions nous concernant toutes et tous, avec des effets et une influence pratiques. Cela représente un enjeu démocratique majeur, mais débattu dans des salons.            On est loin, avec ce type d’entrepreneuriat intellectuel, de l’idéal du libre, de la science ouverte, puisque ce sont d’abord des réseaux d’entrepreneurs. Cela illustre à nouveau l’ambiguïté politique de la Silicon Valley : une industrie qui ambitionne de révolutionner le monde, mais une révolution qui serait portée par un petit nombre d’individus, prenant des décisions sans réel contrôle, régulation ou contre-pouvoirs… Si ce n’est ceux, en interne, de la Silicon Valley ou ceux, tardifs, des États, qui peuvent prendre plusieurs années, voire une décennie, avant de se mettre en place.                                                                                                                           Combien de temps faut-il pour apprendre les codes de la Silicon Valley ? Vous citez notamment un quiproquo vécu par un entrepreneur-investisseur français qui a invité à un horaire trop tardif un investisseur américain et sa femme à dîner, comme on le fait ici, et qui vous dit : « Je pense que lui a attendu tout le repas que je lui demande de l’argent ; elle, elle a dû croire que c’était un plan à quatre, parce qu’on est des Français, donc on baise toute la journée, c’est bien connu. »      Cela dépend de l’utilisation de son temps, en sachant que la vie dans la Silicon Valley coûte très cher. Or, la Silicon Valley est un cimetière d’éléphants, mais les squelettes sont invisibles. On arrive dans la Silicon Valley en espérant réussir, mais la plupart du temps, on rate, on échoue, on recommence ou on repart. Il faut à la fois être très travailleur, être bien entouré, acquérir un haut niveau d’expertise, tant technique qu’organisationnelle, et avoir beaucoup de chance pour y rester. Une chance que les investisseurs présentent comme le facteur le plus important, mais qui reste pour eux une variable insaisissable.                                                Tout le monde se heurte au même mur invisible et passe à travers trois temps. D’abord l’enchantement, puisqu’on arrive sur un petit territoire, où la réussite semble à portée de main, au sens physique du terme. On croise littéralement tout le monde. Un soir, j’étais à vélo dans une rue déserte de San Francisco, une voiture m’a frôlé et a failli me renverser. C’était Peter Thiel. Je n’ai jamais failli me faire renverser par Xavier Niel à Paris.               Le deuxième temps est constitué par la déception de constater qu’en dépit de cet enchantement initial, où tout semble possible, ce sont toujours les mêmes qui prennent l’ascenseur social. Ceux qu’on appelle la « PayPal Mafia » d’Elon Musk et Peter Thiel, la « Facebook Mafia » ou la « Google Mafia », des gens passés par les grandes universités du pays, qui ont eu la chance de prendre le bon wagon, et qui bénéficient par la suite des levées d’investissements phares pendant que tout un tas de personnes se battent parce que cela coûte cher de lancer une start-up, parce que c’est difficile de convaincre, parce qu’on n’a pas les codes et qu’on n’est pas dans les bons réseaux.                                                           ___  Le troisième temps est celui dans lequel on se met à jouer le jeu de la Silicon Valley, en respectant ses conventions, qui sont en petit nombre mais dont le non-respect est sanctionné de manière impitoyable : maîtrise de l’anglais, maîtrise technique, conventions sur les rendez-vous, allant du fait d’arriver à l’heure, de répondre aux courriels dans la journée, à celui de savoir communiquer efficacement ses idées en très peu de temps.    Il faut en outre savoir s’insérer dans une matrice de socialisation : d’abord les réseaux d’université pour lesquels il est plus payant de venir de Stanford que d’une université étrangère, aussi bien cotée soit-elle ; ensuite les réseaux forgés dans les entreprises, où là aussi il vaut mieux venir de Google que d’une petite start-up européenne ; les diasporas, qui sont fondamentales, les deux communautés de tech les mieux structurées de la région étant la communauté chinoise et la communauté indienne ; enfin la capacité de mettre à profit ses loisirs, voire les discriminations dont a fait ou dont on fait l’objet, donc le fait de pratiquer le yoga, d’être un maker, d’être passionné d’imprimantes 3D, mais aussi le fait d’être racisé ou discriminé en tant que population LGBTQI                                                                                                                                                À lire votre livre, on a l’impression que la Silicon Valley ne doit pas être considérée comme le mirage ou le miroir aux alouettes qu’y voient certain·es. Comment expliquer alors l’écart entre la valorisation boursière et l’économie réelle, qui avait été notamment souligné lorsque l’entreprise Tesla avait été valorisée à 220 milliards d’euros en plein confinement, soit presque trois fois plus que General Motors, Ford et Fiat Chrysler réunis, et ce alors qu’elle produisait 20 fois moins de voiture ?    La tech – ses grandeurs et ses faiblesses – représente notre propre rapport à l’avenir. Ce rapport est variable, il va de l’inquiétude à l’enthousiasme. Depuis la fin des années 2000, la tech a joué comme une valeur refuge au moment où l’État, la finance ou les grandes entreprises n’apparaissaient plus à beaucoup comme des instances dignes de confiance.          Actuellement, on est dans une phase de refroidissement économique de la tech, mais après une longue phase de réchauffement consécutive à la crise des supbrimes. Pendant l’épidémie de Covid, la tech, que ce soit en termes économiques ou en termes de pratiques, fut également un refuge et un relais, de Zoom à Netflix.        Notre agacement face à la tech exprime en partie notre niveau de dépendance vis-à-vis d’elle. Cette dépendance est aujourd’hui sociale, culturelle et économique. Les grandes entreprises de la tech font la course en tête des valorisations boursières, avec certaines d’entre elles qui placent l’innovation et la gestion de l’incertitude au cœur de leur modèle d’activité. C’est enthousiasmant en période de prospérité. Inquiétant quand la conjoncture se retourne.                                                                                                                                 D’autant plus que la tech n’est pas qu’une histoire de technologies et d’entreprises. Elle est devenue un modèle, y compris pour ses figures repoussoirs, à savoir le monde politique, l’administration, les écoles, les grandes entreprises du capitalisme traditionnel. Les ministères, les journaux, la poste ou General Motors ont adopté les pratiques et des services promus par la Silicon Valley, cherchant à faire des économies de coûts en numérisant les services, à optimiser la gestion des tâches et le traitement de l’information via des équipes de développeurs et de data analysts.      Il y a aujourd’hui dans le monde plus d’une centaine de foyers industriels qui reprennent les termes de « Silicon » ou de « Valley » : la Silicon Alley à New York, le Silicon Sentier à Paris, la Silicon Allee à Berlin, etc. Ce n’est pas en raison de la présence de silicium dans leurs sols. Des chefs d’État, au Canada, en Israël ou en France, se sont présentés au cours des dernières années en patrons de « start-up nations ». La Silicon Valley est devenue en cela un horizon commun. Il est sûrement temps de se le réapproprier.... [Merci à Madiapart]          _________________________

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