Quelle logique de paix?
Au Proche-Orient [Notes de lecture]
Le président Carter, qui vient de décéder, déclarait à son époque, faisant allusion à un débat qui "n'a jamais eu lieu", contre la "géographie de la violence": "...Je décris dans ce livre les efforts de paix déployés jusqu'à présent et ma formule, qui me semble très raisonnable, pour apporter la paix à Israël et à ses voisins. Je ne cesse de le répéter en condamnant fermement toute forme de terrorisme qui touche des innocents, qu'il soit le fait des Palestiniens ou des Israéliens. Le mot « apartheid » est tout à fait exact. Vous savez, il s'agit d'une région occupée par deux puissances. Elles sont maintenant complètement séparées. Les Palestiniens ne peuvent même pas emprunter les routes que les Israéliens ont créées ou construites en territoire palestinien. Les Israéliens ne voient jamais un Palestinien, à l'exception des soldats israéliens. Les Palestiniens ne voient jamais un Israélien, sauf à distance, sauf les soldats israéliens. À l'intérieur du territoire palestinien, ils sont donc absolument et totalement séparés, bien pire qu'en Afrique du Sud, soit dit en passant. L'autre définition de l'apartheid, c'est qu'une partie domine l'autre. Et les Israéliens dominent complètement la vie du peuple palestinien. Les Américains ne veulent pas savoir et de nombreux Israéliens ne veulent pas savoir ce qui se passe en Palestine. Il s'agit d'une terrible persécution des droits de l'homme qui dépasse de loin ce qu'un étranger pourrait imaginer. De plus, de puissantes forces politiques américaines empêchent toute analyse objective du problème en Terre sainte. Je pense qu'il est exact de dire qu'aucun membre du Congrès que je connais ne prendrait la parole pour demander à Israël de se retirer jusqu'à ses frontières légales ou pour faire connaître le sort des Palestiniens ou même pour appeler publiquement et de manière répétée à des pourparlers de paix de bonne foi. Il n'y a pas eu un seul jour de pourparlers de paix depuis plus de sept ans. Il s'agit donc d'un sujet tabou. Et je dirais que si un membre du Congrès s'exprimait comme je viens de le décrire, il ne reviendrait probablement pas au Congrès lors de la prochaine législature..." Un jour déjà à Annapolis où se tint une conférence sans véritable lendemain... " Yossi Alpher, un ancien fonctionnaire appartenant au Mossad, le service de renseignements, et ex-conseiller sur les négociations de paix à l’époque où Ehud Barak était Premier ministre, estime que le blocus de la bande de Gaza était un stratégie vouée à l’échec et qui pourrait renforcer le Hamas. « Je ne pense pas que quiconque puisse produire des preuves évidentes montrant que le blocus ait été contre-productif, mais il n’a certainement pas été productif. Il est très possible qu’il ait été contre-productif. C’est une punition collective, une souffrance [au plan] humanitaire. Il n’a pas conduit les Palestiniens dans la bande de Gaza à se comporter de la façon dont nous le voulions. Alors pourquoi le faire ? » déclare-t-il. « Je pense que des gens ont vraiment cru que si on affamait les habitants de Gaza, ils contraindraient le Hamas à cesser les attaques. C’est la répétition d’une politique vouée à l’échec, déraisonnable ». Où mène la "guerre permanente" de Netanyahou? on voit de moins en moins. Ce que l'on peut dire en tout cas, c'est ce processus ne joue pas à terme dans l'intérêt d'Israël. Et certains extrémistes contribuent sciemment à mettre de l'huile sur le feu. L'impasse n'est pas que diplomatique. La presse critique est sommée de se taire. La question se posait déjà hier.
"...Ce bilan met en évidence la surpuissance militaire d’Israël. Elle a été garantie dans cette épreuve par le soutien constant des Etats-Unis, sans que ces derniers, par faiblesse politique, aient vraiment cherché à obtenir la moindre contrepartie de la part de la coalition au pouvoir dans l’Etat hébreu. Les circonstances, qu’il s’agisse de l’ossification parvenue à un stade ultime du régime syrien comme de la guerre en Ukraine, qui a empêché la Russie d’intervenir une nouvelle fois pour le sauver, ont également joué au bénéfice d’Israël. Benyamin Nétanyahou, qui n’a toujours pas rendu le moindre compte pour le fiasco sécuritaire à l’origine des massacres du 7 octobre 2023, a donc les coudées franches. C’est ce qui rend d’autant plus inquiétant le traitement inhumain qu’il continue d’infliger aux habitants de Gaza, toujours dans l’attente d’un cessez-le-feu. Ce dernier permettrait la libération des otages israéliens qui y sont toujours retenus dans des conditions dramatiques. La mise hors service du dernier hôpital encore en fonction situé dans le nord de l’étroite bande de terre, annoncée le 27 décembre par l’Organisation mondiale de la santé à la suite d’un raid israélien, s’inscrit dans une logique de guerre permanente qu’illustre également la réoccupation militaire israélienne d’axes permettant une fragmentation territoriale délétère. Cette logique de guerre permanente fait que le bilan effroyable des morts palestiniens, désormais supérieur à 45 000, ne cesse de s’aggraver. Elle laisse béante la question de la survie à Gaza, et encore plus celle, totalement illusoire en l’état, de la reconstruction d’un territoire ravagé que les autorités israéliennes continuent arbitrairement de couper du monde. Faute de la moindre coordination avec des Palestiniens pour rétablir un minimum d’ordre, elle installe en outre un chaos qui ajoute à leur calvaire, dans une indifférence internationale inexcusable. L’Etat hébreu sait pourtant que les succès militaires obtenus dans de telles conditions ne peuvent régler durablement les conflits politiques. Et qu’il perd une partie des valeurs qu’il a longtemps revendiquées en s’abîmant dans le bourbier créé à Gaza. Ces raisons devraient pousser à une remise en cause de la logique de guerre au bénéfice d’une logique de paix. Si Benyamin Nétanyahou s’en montre incapable, qui en Israël saura tenir un tel discours de vérité ?" La question reste tragiquement posée... _
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