Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mercredi 4 décembre 2024

Suprémacisme israëlien

 L'opposition est visée

         Toute parole contestataire se trouve mise en question en plus haut lieu. C'est devenu la chasse à toute parole critique. Peut-on encore parler de démocratie à Tel Aviv, quand la liberté d'expression est menacée tous les jours?          Le suprémacisme de l'extrême droite israëlienne ne supporte pas la critique ou la présente comme "antisémite", forcément antisémite....Certains israëliens, parfois de premier plan, peinent à se faire entendre. Ne parlons pas du juif  Brauman ou de l'historien Lemire.                   La Cisjordanie, qui est harcelée, fait partie aussi du projet du "Grand Israël", dont plusieurs penseurs du pays avaient depuis longtemps dénoncé le projet. A Gaza, certains s'impatientent. Malgré les mises en garde internes, de la part d'hommes en vue.                                                                         C'est le silence ou la complicité      Les partis les plus extrémistes se réjouissent d'avoir trouvé en Bibi, nouveau Josué, le bras armé qu'ils espéraient... Le suprémacisme sioniste est une menace pour l'avenir d'Israël.   Puisque pour eux "les Palestiniens n'existent pas... comme ils le disent  à la suite de Golda Meir.  __ L'extrême droite se renforce de plus en plus, attendant le Grand Israël...  Comment sortir du piège? De l'engrenage?...Un horizon?


                                                                                                              "..La création de l'Etat d'Israël consacre la victoire du mouvement sioniste, victoire qu’ont rendue possible l’antisémitisme hitlérien et le génocide. Cet État regroupe une proportion croissante des juifs du monde – quelle que soit la définition que l’on donne à ce terme –, mais inférieure à 40 %. Des centaines de milliers d’entre eux ont préféré l’intégration, aux États-Unis ou en Europe, même si Israël réussit désormais à en mobiliser une fraction importante en faveur de ses options. Ils se sentent, à juste titre, davantage en sécurité à New York ou à Paris qu’à Tel-Aviv ou à Jérusalem. Faut-il se réjouir du triomphe de ce nationalisme étroit, autour d’un État ? Bien que sioniste, Albert Einstein exprimait ses inquiétudes : « La manière dont je conçois la nature essentielle du judaïsme résiste à l’idée d’un État juif, avec des frontières, une armée et une certaine mesure de pouvoir temporel, quelque modeste qu’il soit. J’ai peur des dégâts internes que cela entraînera sur le judaïsme — et surtout du développement d’un nationalisme étroit dans nos propres rangs […]. Un retour à une nation, au sens politique du terme, équivaudrait à se détourner de la spiritualité de notre communauté, spiritualité à laquelle nous devons le génie de nos prophètes. »                                                                             « Le sionisme n’est pas le corollaire obligatoire, fatal, de la persistance d’une identité juive, remarque Maxime Rodinson ce n’est qu’une option. » Et cette option est critiquable, non seulement comme toute idéologie nationaliste, mais aussi parce que son aboutissement — la création d’un État juif — n’était possible que par la dépossession des Palestiniens. Le sionisme s’est pleinement inscrit — et ce fut l’une des conditions majeures de sa victoire — dans l’aventure coloniale. Ce fut et cela reste sa principale faute....Le dévouement ou l’idéalisme de nombre de militants sionistes n’est pas en cause. Un jeune juif débarqué sur la Terre promise en 1926 pouvait écrire : « Je peux être fier car depuis un an que je suis en Palestine, je me suis débarrassé de la gangue d’impureté de la diaspora et je me suis purifié du mieux possible. Je voulais une patrie. Être un homme comme les autres, égal aux autres, fier comme eux d’être en Palestine. Dès l’instant où mes pieds ont foulé la terre de mes ancêtres, j’ai rompu tout lien avec l’Europe et l’Amérique. » Il changea de nom, se fit appeler Chaïm Shalom et déclara : « Je suis hébreu et mon nom est hébreu car je suis issu du pays des Hébreux. »                                                                                                                                     En dépit d’un credo socialiste — ou parfois à cause de lui —, les sionistes ressemblaient aux colons installés en Algérie ou en Afrique du Sud, convaincus de faire progresser la civilisation face à des populations sauvages. Le sionisme en Palestine, malgré des formes particulières, se rattache au mouvement de colonisation sur deux plans : par son attitude à l’égard des populations « autochtones » ; par sa dépendance à l’égard d’une métropole, la Grande-Bretagne, au moins jusqu’en 1939. D’ailleurs, à l’époque où le colonialisme n’avait pas la connotation négative qu’il a aujourd’hui, Theodor Herzl écrivait à Cecil Rhodes, l’un des conquérants britanniques de l’Afrique australe : « Mon programme est un programme colonial. » Zeev Jabotinsky, le dirigeant du mouvement sioniste révisionniste, pour sa part, se réjouissait : « Dieu merci, nous juifs n’avons rien en commun avec ce que l’on appelle l’“Orient”. Nous devons venir en aide à ceux parmi le peuple qui sont incultes et qui s’inscrivent dans des traditions et des lois spirituelles archaïques orientales. Nous allons en Palestine d’abord pour notre “bien-être” national, ensuite pour en expurger systématiquement toute trace de l’“âme orientale”. »                                                                                                                                   Mordechaï Ben Hillel Ha Cohen, un juif installé à Jérusalem, note : « Nous sommes en Palestine la population la plus civilisée, personne ne peut rivaliser avec nous sur le plan culturel. La plupart des indigènes sont des fellahs et des bédouins ignorant tout de la culture occidentale. Du temps sera encore nécessaire avant qu’ils apprennent à vivre sans rapines, vols et autres forfaits, jusqu’à ce qu’ils éprouvent de la honte devant leur nudité et leurs pieds nus et qu’ils adoptent un mode d’existence où prévaudra la propriété privée, et où il sera nécessaire que des routes soient tracées et les chaussées goudronnées, que les écoles, les maisons de charité et les tribunaux essaiment sans qu’il y ait de corruption. » Mais l’insondable « âme orientale » semble résister à des décennies de civilisation puisque Moshé Katsav, alors président d’Israël, déclare en mai 2001 : « Il existe une immense fracture entre nous [les juifs] et nos ennemis, pas seulement en ce qui concerne les capacités, mais aussi sur le plan de la morale, de la culture, du caractère sacré de la vie et de la conscience […]. Ils sont nos voisins ici, mais on a l’impression qu’à une distance de quelques centaines de mètres il y a des gens qui ne sont pas de notre continent, de notre monde, mais qui finalement appartiennent à une autre galaxie. » Sont-ils humains, ces Palestiniens ?                              À la suite d’émeutes à Jaffa en 1921, une commission d’enquête britannique note que le mouvement ne constituait nullement un pogrom antisémite, mais que les insurgés haïssaient les sionistes, non les juifs. Le Jewish Chronicle, organe des juifs britanniques, s’insurge : « Essayez d’imaginer que les animaux sauvages du parc zoologique sortent de leur cage et tuent quelques-uns des visiteurs, et que la commission chargée d’enquêter sur les circonstances établisse que la raison du drame est que les animaux n’aimaient pas leurs victimes. Comme s’il ne relevait pas du devoir de la direction du zoo de garder les animaux dans leurs cages et de s’assurer qu’elles soient bien fermées. » Quelle franchise ! Frantz Fanon, psychiatre antillais rallié à la révolution algérienne, auteur d’un pamphlet célèbre, Les Damnés de la terre (1961), constate : « Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, au pullulement, au grouillement, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire. »                                                                                                                                                  La conquête de la terre comme le « refoulement » des autochtones confirment la dimension coloniale du mouvement sioniste. L’un de ses cadres reconnaît dès les années 1910 : « La question arabe s’est révélée dans toute son acuité dès le premier achat de terres, lorsque je dus expulser pour la première fois des habitants arabes pour y installer à la place nos frères. Longtemps après continua de résonner à mes oreilles la triste complainte des bédouins rassemblés cette nuit-là autour de la tente des pourparlers, avant qu’ils ne quittent le village de Shamsin […]. J’avais le cœur serré et je compris alors à quel point le Bédouin était attaché à sa terre. » Mètre carré après mètre carré, les colons juifs s’emparent des terres, repoussant les Arabes.  Aucun compromis n’est possible, Ben Gourion en a bien conscience : « Tout le monde considère les relations entre juifs et Arabes comme problématiques. Mais ils ne voient pas tous que cette question est insoluble. Il n’y a pas de solution ! Un gouffre sépare les deux communautés. […] Nous voulons que la Palestine soit notre nation. Les Arabes veulent exactement la même chose. » Israël Zangwill, un proche de Theodor Herzl, explique dans la presse britannique durant la Première Guerre mondiale : « Si l’on pouvait exproprier, avec compensation, les 600 000 Arabes de Palestine, ou si l’on pouvait les amener à émigrer en Arabie, car ils se déplacent facilement [sic !],ce serait la solution de la plus grande difficulté du sionisme. » Herzl avoue dans son journal en 1895 : « Nous devons les exproprier gentiment. Le processus d’expropriation et de déplacement des pauvres doit être accompli à la fois secrètement et avec prudence. » Il sera achevé, sur une grande échelle, en 1948-1949...."   _______

Aucun commentaire: