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mardi 8 avril 2025

Fin de la mondialisation?

 Quelle mondialisation du commerce?

       La mondialisation "heureuse", comme disait  Alain Minc ? Celle qui, ouverte aux quatre vents, dans la logique des marchés financiers, devait apporter développement harmonieux et égalité progressive entre les nations, par le respect des règles de l'OMC?


    Très vite, il s'avéra que les règles étaient faussées, que les dérives s'accumulaient.   La voie vers une mondialisation modérée restait à réinventer, à renégocier. Maurice Allais avait bien montré les failles d'un système hyper-financiarisé, inégalitaire et générateur de crises, de pertes d'autonomie, de souveraineté. Dont les classes laborieuses et moyennes américaines, entre autres,  payèrent les frais.. préparant les réactions que l'on voit aujourd'hui. Aves Trump, c'est une réaction brutale, une loi de la jungle, qui va modifier les cartes pour revenir certainement, de gré ou de force, à un nouvel équilibre négocié, encore hypothétiqque...



Point de vue:

          "...En ce mois d'avril 2025, le président américain Donald Trump a annoncé l'instauration de droits de douane sur les importations en provenance de ses rivaux (la Chine) comme de ses alliés les plus fidèles (les pays ouest-européens, Taïwan, la Corée). Certains de ces nouveaux droits de douane (tariff en anglais) dépassent le seuil de 40%. C'est une rupture brutale avec la libéralisation des échanges engagée au niveau mondial il y a près de soixante ans.   Aux États-Unis, les dégâts sociaux (et écologiques) occasionnés par cette mondialisation, la troisième du genre (note), étaient devenus tels que, dès la présidence du démocrate Joe Biden, le gouvernement américain avait commencé à relever les droits de douane tant avec la Chine qu'avec l'Europe. Trop tard et trop peu pour éviter la « tornade Trump ».                                                          Que le nouveau président des États-Unis réussisse ou non son pari, il est d'ores et déjà certain que la troisième mondialisation (1948-2025) est derrière nous. On ne reviendra pas à la situation antérieure. Le lien de confiance entre les États est brisé, y compris au sein de l'Union européenne où chacun est tenté de négocier pour son compte avec Washington.....  Les annonces fracassantes de Donald Trump sont conformes aux attentes de ses électeurs, lesquels appartiennent en grande majorité aux populations ouvrières ou ex-ouvrières de la Rust Belt (la « Ceinture de la Rouille »), de la région des Grands Lacs au centre de l'Atlantique.                                             C'est de cette région que sont sortis pendant la Seconde Guerre mondiale les tanks, les avions et les armements en tous genres qui ont permis aux Soviétiques et aux Anglais de vaincre le IIIe Reich, ainsi qu'aux Américains de vaincre le Japon. C'est aussi de cette région que sont sortis les belles voitures et les équipements électroménagers qui ont fait le bonheur des générations d'après-guerre. Il n'en reste aujourd'hui à peu près rien. Les habitants ruminent leur désespoir, aggravé par l'épidémie des opioïdes (note). D'où leur vote en faveur de Trump qui a surpris les observateurs.À défaut d'être subtil et nuancé, le président américain est un homme d'instinct. Il a bien senti les attentes profondes de ces classes populaires, à la différence de ses rivaux démocrates comme des gouvernants européens, tous partis confondus.                                                                         C'est sans doute ce qui lui vaut d'être qualifié de « populiste » (le mot se traduit en latin par populare : ainsi qualifiait-on dans la Rome antique le parti de... Jules César, un patricien qui, comme l'actuel président, avait su gagner la faveur de la plèbe ; mais là s'arrêtent les similitudes entre les deux personnages !).Il a donc entrepris de revivifier autant que faire se peut la production industrielle nationale et de ne plus abandonner à des rivaux potentiels des biens stratégiques et vitaux (composants microélectroniques par exemple). Y réussira-t-il ? Cela reste à voir.                                                                                                                                                                 Il prend le risque de déstabiliser l'économie mondiale mais peut aussi se targuer d'atouts décisifs comme l'attrait qu'exercent les États-Unis sur les scientifiques, les ingénieurs et les entrepreneurs de Chine, d'Inde, d'Europe et d'ailleurs. En France comme dans le reste de l'Union européenne, les grands patrons l'ont compris et sont moins disposés que jamais à se retirer du pays. Face à l'agressivité décomplexée de leur « allié » américain, les dirigeants de l'Union européenne sont en panique ainsi que le constate le philosophe Marcel Gauchet : « Les Européens ont hélas perdu les moyens intellectuels de penser la réalité. Nous sommes devenus le continent de l’irréalisme politique » (Causeur, 5 avril 2025).                                             À la différence de Donald Trump et des autres hommes d'État, qui servent les intérêts de leur pays avec pragmatisme, les Européens s'obligent, quel que soit le contexte, « à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres ». Il s'agit rien moins que de l'article 206 du traité de Lisbonne, un document à valeur constitutionnelle qui s'impose aux gouvernants de tous les États-membres. Autant dire que l'Union européenne aura du mal à résister à la  « guerre » commerciale engagée par les États-Unis, d'autant qu'elle prétend dans le même temps faire la guerre (pour de vrai) à la Russie... sous réserve de l'agrément du Pentagone et des fournisseurs américains de chasseurs F-35 et de missiles Patriot !    Pour prendre la mesure de la capacité de décision de nos dirigeants, songeons que la suppression du changement d'heure saisonnier (heure d'été, heure d'hiver) a été votée par le Parlement européen en mars 2019. Six ans après, les vingt-sept pays de l'Union n'ont pas encore réussi à s'accorder sur la mise en oeuvre de cette mesure tout à fait anodine et ne requérant pas l'unanimité des États..."   [André Larané]        ____________________

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