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jeudi 24 juillet 2025

Les soucis d'Ursula

Difficile d'être populaire!...

                      Elle a tout le monde sur le dos,  ou presque, et la question de la dette divise. T.Breton a du faire ses valises sur son initiative . Les critiques pleuvent. L'incurie est dénoncée, comme sa verticalité. L'affaire Pfizer n'est pas digérée. Le Pfizergate a laissé des traces. On lui reproche trop de naïvetés et un manque d'audace en ces temps incertains. Elle incarne les travers de l'eurocratie." Comment l’Europe doit-elle réagir aux futurs tarifs douaniers que Donald Trump annonce pour bientôt ? Comment doit-elle réagir à l’avancée technologique que représente DeepSeek, la nouvelle IA chinoise ? Comment doit-elle réagir aux menaces accrues qui pèsent sur sa sécurité et à la nécessité d’accroître ses dépenses de défense ? Comment l’Europe doit-elle réagir à ci et à ça ? L’UE n’est plus aujourd’hui qu’un assemblage politique qui cherche comment répondre le moins mal possible à ce qui se décide ailleurs.Sur les questions de défense, les leaders de l’UE, accompagnés du Royaume-Uni et du patron de l’Otan, se sont réunis en conclave le 3 février pour tenter de bâtir une réponse coordonnée. Pas facile pour l’Europe de la paix, l’un de ses piliers originels, de passer à l’Europe de la guerre.                     L’UE est en retard sur le plan technique, elle manque de financements et remédier à cela prendra beaucoup de temps. Le plus facile est d’acheter du matériel américain, au mieux acquérir des licences américaines et produire avec un seuil minimal d’inputs européens… Pas de quoi se réjouir et même de quoi inquiéter les industriels français de l’armement. ..."                                              L'Europe traverse assurément une de ses crises les plus graves. Plus qu'une crise de confiance.   -Le chemin sera long sur la voie d'un accord renégocié ou d'une refondation/ -Alors qu'en Italie, c'est arrière toute et qu'en périphérie, les replis nationaux, voire nationalistes gagnent du terrain. Le Brexit n'arrange rien            -Si le rêve européen est à réinventer, c'est qu'il a été perdu, voire perverti; transformé en gestion économique néolibérale, en simple marché où la concurrence joue au dépends de la solidarité.  -On attendait Erasme, disait quelqu'un, ce fut Moscovici qui vint.  -Peut-on sauver ou changer le rêve européen et repenser une véritable souveraineté européenne?-Peut-on encore se contenter d' espoir ou d'envolées rhétoriques? allons-nousvers un hiver européen?  -Jean Quatremer, pourtant fervent européiste, met parfois le doigt là où ça fait mal.    



L'union européenne n'est pas une puissance politique. On l'a souvent répété.

         C’est un édifice économico-juridique, où le droit a d’ailleurs été mis au service de l’économie, de manière à bâtir un grand marché dérégulé. L’UE s’est “néolibéralisée” au fil du temps de manière à devenir une petite mondialisation pure et parfaite dans un espace circonscrit. A l’intérieur, tout circule librement, les marchandises, les hommes, les capitaux. Conjointement à cela, tout ce qui vient de l’extérieur entre comme dans du beurre. En Europe, l’idée de frontière est diabolisée et associée au “repli national”. L’Union ne sait d’ailleurs pas vraiment où se situent ses frontières, puisqu’elle s’est construite sur l’idée potentielle d’un élargissement sans fin. Il y a quelques semaines à peine et malgré la multi-crise qu’elle traverse, le président de la Commission Jean-Claude Juncker proposait d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Macédoine et avec l’Albanie…
L’Europe actuelle est un espace liquide, une entité molle et post-polique, totalement inapte à agir dans les domaines régaliens. C’est l’aboutissement des choix qui ont été faits il y a longtemps, au tout début de l’aventure communautaire.
     A l’origine en effet, deux conceptions opposées de l’Europe se sont affrontées en France (la France était alors la locomotive de Europe, presque toutes les initiatives venaient d’elle). La première était une vision intergouvernementale, portée par les gaullistes. Ces derniers souhaitaient bâtir une “Europe puissance”, c’est-à-dire une entité géostratégique indépendante dans grandes puissances de l’époque (les États-Unis et l’URSS), et capable de suivre sa propre voie. Dans les années 1960, il y eut les “plans Fouchet”. L’idée était de créer un “concert des nations européennes”, coopérant étroitement dans le domaine des Affaires étrangères, de la Défense et de l’éducation. Ces plans prévoyaient que les décisions soient prises par des Conseils des ministres dédiés à chaque domaine (Affaires étrangère, Défense et Éducation, donc), c’est à dire par des hommes politiques, des gens responsables devant leurs peuples, non par des techniciens. Par ailleurs, les décisions devaient être prises à l’unanimité, de manière à respecter scrupuleusement la souveraineté de chaque nation (ce qui est la condition nécessaire pour que vive la démocratie dans chaque pays : la souveraineté populaire suppose la souveraineté nationale). En pratique, cela aurait probablement nécessité beaucoup de géométrie variable, car tous les pays n’ont pas les mêmes besoins au même moment ni les mêmes tropismes. La Lituanie et la Grèce ne sont pas confrontées de la même façon à la question migratoire, par exemple. Des groupes de pays, dont la composition aurait sans doute été différente en fonction des sujets traités, auraient pu travailler ensemble sans qu’aucun d’eux ne soit contraint de participer à tout, contrairement à ce qui se passe dans l’Europe de l’uniformité psychorigide que nous connaissons.
    Malheureusement, c’est la deuxième conception de l’Europe, celle des “Pères fondateurs”, celle, pour aller vite, de Jean Monnet, qui s’est imposée. C’est une Europe technique, marchande. Supranationale, aussi, puisqu’il s’agissait clairement, dans l’idée de ses concepteurs, d’effacer les nations (jugées guerrières) et d’ôter aux peuples (jugés tempétueux, irrationnels, trop passionnés) la charge de s’auto-gouverner. On a donc fabriqué un grand espace désincarné, a-démocratique, où seule l’économie semble exister, tout en échappant aux choix des peuples puisque la politique économique qui doit être menée (la même pour tous) est fixée une fois pour toute dans les traités. De plus, on a fait en sorte qu’il s’agisse d’un nain géostratégique, aligné sur la diplomatie américaine et défendu par l’OTAN. L’Allemagne – que son désir de s’ancrer définitivement à l’Ouest rendait amoureuse des États-Unis – a d’ailleurs une responsabilité particulière dans l’affaire. En effet, suite à l’échec des plans Fouchet au niveau de l’Europe des Six, de Gaulle s’est tourné vers le chancelier Adenauer et lui a proposé de faire affaire à deux. Ce fut le Traité de l’Élysée. Hélas, les parlementaires allemands ont voté au Bundestag un préambule unilatéral à ce traité, qui le vidait de sa substance. Dans ce préambule, il était acté que l’Allemagne privilégierait quoi qu’il arrive son engagement auprès de l’OTAN.Bref, si l’Europe se trouve totalement désarmée face à la question migratoire, c’est parce qu’il s’agit d’une question politique, pas d’une question technique. Et parce qu’elle relève du régalien, cependant que les Européens ont fait le choix de considérer qu’on était entré dans la post-histoire, et que ce type de sujets n’existait plus. La Commission essaie bien de trouver des solutions, mais ça ne fonctionne pas. Elle propose des quotas de migrants par pays, en bonne représentante de ce qu’Alain Supiot appelle « la gouvernance par les nombres ». Elle fait des règles de trois, élabore des indicateurs et dessine des diagrammes en bâton, mais elle ignore tout du réel et de ses contingences. Ce n’est, après tout, qu’une administration et, de surcroît, l’administration d’un non-Etat.
     Je veux dire que l’Europe n’est pas un monde vierge et plane sur lequel il suffit d’appliquer des formules mathématiques. C’est un continent composé de pays très divers, avec des histoires, des traditions, des positions géographiques différentes.
    Des trajectoires démographiques différentes également. Il y a, dans le Monde diplomatique du mois de juin, un dossier remarquable sur la question démographique en Europe. Sa lecture éclaire beaucoup de chose. On y découvre que dans ce domaine, les Vingt-huit ne sont pas logés à la même enseigne, loin de là. Un groupe de pays se trouve dans une situation particulièrement difficile, celui composé des pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Entre une fécondité en berne, une mortalité qui a bondi après la chute de Mur de Berlin et, surtout, l’exode massif d’actifs qui partent chercher du travail à l’Ouest, les PECO se dépeuplent dans des proportions qui donnent le vertige. De quoi générer une angoisse existentielle profonde, une phobie de la « disparition ethnique » évidemment peu propice à l’accueil serein de populations étrangères.
Du coup, on comprend mieux le succès de ces droites conservatrices et anti-immigration à l’Est, du parti de Viktor Orban en Hongrie au PIS en Pologne, en passant par l’ANO de Andrej Babis en Tchéquie. Même la Slovénie, située sur l’ancienne “route des Balkans”, est désormais touchée. Et l’on se doute que ces pays ne céderont pas, qu’ils refuseront de se conformer aux quotas d’accueil de la Commission. De toute façon, il semble évident que les réfugiés ne souhaitent pas s’y installer non plus. L’an dernier, la BBC a consacré un reportage aux réfugiés arbitrairement “relocalisés” dans les pays Baltes. Confrontés à la difficulté de trouver un logement, un travail et au mauvais accueil qui leur est fait, beaucoup repartent dès qu’ils le peuvent. Évidemment.

      
Le Monde a trouvé la solution ! Dans un édito publié après la réunion des ministres de l’Intérieur des Vingt-Huit à Luxembourg (5 juin), on peut lire ceci : « Selon un rapport récent du think-tank européen European Stability Initiative, quatre pays, l’Allemagne, la France, l’Italie et la Grèce, ont concentré en 2017 près des trois quarts (72 %) des demandes d’asile (…). Ces quatre pays ont un intérêt prioritaire à réformer et à harmoniser le droit d’asile, et à négocier des accords de réadmission avec les pays d’origine, en particulier les pays africains dont les ressortissants ne peuvent pas prétendre à un statut de réfugié ». On y est : un groupe circonscrit de pays ayant intérêt à travailler ensemble sur un sujet particulier, pourraient s’atteler à une tâche commune, en mode “coopération intergouvernementale”. C’est d’ailleurs ce que dit Hubert Védrine dans une récente interview : « on peut prendre des initiatives nouvelles avec un nombre restreint de partenaires. S’il y a un domaine où les pays membres devraient agir de façon volontaire, coordonnée et rapide, c’est pour doter Schengen de vraies frontières (…) il faut que les ministres de la Justice, de l’Intérieur, des différents pays travaillent ensemble ». Les ministres, donc. Pas les technocraties “indépendantes” qui ne rendent de comptes à personne.

     Reste un problème de taille : là où il faudrait une coopération étroite entre pays, le long processus d’intégration économico-juridique qui a prévalu jusque-là a créé de la divergence, de la méfiance voire de l’animosité. Le partage d’une monnaie unique par des pays dont les structures économiques n’ont strictement rien à voir, a généré une compétition féroce et une course à la déflation salariale dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne favorise pas l’amitié entre les peuples. Entre la Grèce et l’Italie d’un côté, l’Allemagne de l’autre, ce n’est pas l’amour fou. Le traitement quasi-injurieux réservé par la presse allemande à la question italienne il y a quelques jours en a à nouveau témoigné. L’Union européenne, le marché et la monnaie unique, sont en train de détruire toute forme de cohésion en Europe.
    Je disais à l’instant que la manière dont on a construit l’Europe en a fait un simple marché, stratégiquement inféodé aux États-Unis et habitué à vivre sous leur aile. Les Américains eux-mêmes ont beaucoup fait, d’ailleurs, pour que le projet supranational de Monnet s’épanouisse et que l’idée d’Europe politique des gaullistes soit enterré : ils ne voulaient pas d’une Europe indépendante, et souhaitaient au contraire qu’elle soit leur pion. Pendant la Guerre froide, ils lui ont assigné le rôle de rempart contre le communisme. A la fin de celle-ci, ils ont considéré que l’UE élargie jouerait le rôle utile de “pôle d’attraction” pour un maximum de pays de l’Est, les détachant ainsi de l’orbite russe.
     Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, les Européens ont parfois l’impression que les États-Unis les “lâchent”. C’est particulièrement vrai de l’Allemagne, qui est habituée, depuis la fin de la guerre (et même si les relations se sont beaucoup refroidies sous Schröder autour de la question irakienne) à ce que les Américains soient à ses côté. Ce sont eux qui ont initié la réforme monétaire de 1948 ayant abouti à la création Deutschemark, laquelle a précédé la fondation de la République fédérale d’Allemagne en 1949. C’est George Bush qui, après la chute du Mur de Berlin, a soutenu avec le plus de vigueur le projet de Kohl de réunifier le pays au pas de charge, cependant que les voisins européens de Bonn demeuraient sceptiques. C’est sur Washington que le pays d’Angela Merkel compte aujourd’hui pour sa sécurité, lui que son histoire particulière a conduit à opter pour le pacifisme et qui ne dispose pas des mêmes moyens de se défendre que la France ou la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, la République fédérale ne cesse d’essuyer des reproches de la part de Donald Trump, que ce soit au sujet de ses excédents commerciaux jugés excessifs, ou de sa trop faible participation financière à l’OTAN. Elle se trouve prise au dépourvu et traverse une sorte de crise existentielle.
     Et ce sont bien les excédents allemands que Trump a dans le viseur, lorsqu’il décide de prendre quelques mesures protectionniste vis à vis de l’Europe. Ces excédents sont dans le collimateur du Trésor américain depuis des années, et jugés propres à déstabiliser l’économie mondiale. Le fait est que ces excédents ont été obtenus parce que l’Allemagne mène une politique économique mercantiliste et de “tout-à-l’export”. Ceci la rend très dépendantes de ses clients, parmi lesquelles les États-Unis, et Trump le sait. Il mise sur la division des Européens et sur une probable volonté allemande de temporiser, afin que les prochaines marchandises taxées par Washington ne soient pas les berlines allemandes. A-t-il raison ou son attitude va-t-elle au contraire ressouder les Européens ? On en saura plus après le sommet du G7.
Dans votre dernier livre, avec David Cayla, vous pronostiquez la fin de l’UE. Cette perspective se rapproche-t-elle selon vous ? L’UE n’a-t-elle au contraire pas prouvé qu’elle pouvait survivre, même sans le soutien des citoyens ?...            _________________________________

lundi 21 juillet 2025

La potion de l'abbé Bayrou

Il va falloir faire pénitence

            Culpabilisation  et injonctions                                                                                                                                                                               La fête et finie. Nous voilà prévenus.  La "vérité" sort de la bouche notre provisoire Premier Ministre. Comme s'il n'y avait pas amplement matière à débattre. Dette et culpabilité ont partie liée  (Schuld  en allemand...) Que vient faire ici la morale?          __ Comme si en ce domaine les constats étaient clairs, les solutions, évidentes. Comme s'il n'y avait pas de présupposés. Notre donneur de leçon fait comme s'il n'avait pas été depuis longtemps conseiller du Prince, ayant ses entées à l'Elysée en toutes circonstances. " Voici donc un homme politique qui, disposant d’un accès sans doute privilégié à la vérité, se décidait à éclairer des Français inconscients, abrutis par leur dépendance à l’argent public et à la redistribution sociale. La France serait « accro » à la dépense publique et si indolente que ses habitants refuseraient de travailler suffisamment. Alors, la dette augmenterait, tenez-vous bien, de « 5 000 euros par seconde ». Un chiffre illustré par un inquiétant sablier menant inexorablement à un scénario à la Grèce, longuement – mais confusément – rappelé par le premier ministre.François Bayrou s’est comporté comme un père de la nation sage faisant la leçon à des enfants se vautrant dans les délices de Capoue. Dans un long et pénible exposé, il a expliqué comment les Français devaient se montrer plus disciplinés dans leur consommation de médicaments, de scanners ou d’avis médicaux ou comment il leur fallait travailler davantage...."   


                             Il y a lieu sans aucun doute de remettre beaucoup beaucoup de choses à plat, mais avec mesure et circonspection, sans compromettre l'avenir. Pénaliser la santé ou l'éducation, par exemple, c'est préparer un avenir encore plus sombre. 
Une austérité  aurait forcément des effets forcément récessifs. Le risque est à prendre en compte. On a vu après la crise de 2008....les effets pendant plusieurs années. L'obsession de la dette masque de nombreuses analyses sur ses causes profondes et anciennes, qu'il importe de faire. La désindustrialisation organisée de notre pays n'est pas une cause mineure. Les dépenses sociales sont surtout mises en cause, ce qui n'étonne guère. Une   chute de consommation drastique ne serait pas sans conséquences sur les caisses de l'Etat, enclenchant un cercle vicieux L'urgence est dans l'investissement..           Les causes de cette "faillite" mérite examen, même si les choses sont complexes. Mais il importe d'arrêter d'affoler un public qu'il faudrait d'abord éduquer en cs matières complexes. L'économie n'est pas une science. Si "les caisses sont vides", il faudrait s'interroger sur les causses profondes.                                                                                                     Le testament est amer. Il faut éteindre les lampions. Lfalaise serait devant nous... Mais comment sortir du grand paradoxe?                                                                                                                                             La dictature des marchés  existe aussi.     François Bayrou, agrégé de lettres classiques, aurait été bien inspiré de relire son ouvrage « Du Contrat social », publié en 1762. Que nous dit l’illustre Genevois ? Que l’un des maux des hommes en société est l’inégalité sociale – qu’il traite longuement dans son « Discours sur l’origine de l’inégalité » (1755). Et que pour y remédier, il faut conclure un « contrat », une sorte de pacte, donc, entre les citoyens qui leur permette de mettre sur pied un régime jugé légitime.

     Que signifie « légitime » ? Qu’il soit jugé suffisamment juste, précisément, pour mériter quelques efforts. Rousseau croit que l’homme à l’état de nature (non gouverné par un Etat, donc) est plus libre qu’en société. Pour qu’une société soit par lui acceptable et acceptée, il faut donc que certaines conditions soient réunies. Ce sont elles qui le convaincront d’abandonner la poursuite de son seul bien-être au profit de l’intérêt général – Rousseau parle de passer sous la « suprême direction de la volonté générale ».     Parmi ces conditions, l’une est majeure : le sentiment de travailler à l’égalité entre les hommes. Pas une égalité strictement comptable ou mathématique, mais une égalité de droit, qui donne le sentiment que tous les citoyens contribuent équitablement devant la loi. « Chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous », écrit Rousseau.  Or, dans son discours d’austérité François Bayrou n’a pas donné le sentiment que « la condition est égale pour tous ». Il a certes évoqué une « contribution de solidarité » qui serait acquittée par les Français « les plus fortunés ». Mais pas un réel accroissement de leur fiscalité, qui pourrait passer par une taxe, comme celle proposée par l’économiste Gabriel Zucman et soutenue par pas moins de sept prix Nobel d’économie.                                    A un moment où l’on apprend que le taux de pauvreté en France n’a jamais été aussi élevé depuis trente ans, au moment où notre pays ressemble de plus en plus à un pays d’héritiers, comment est-il possible qu’un Premier ministre pense acceptable de supprimer deux jours fériés quand les plus privilégiés sont épargnés ? Que quelqu’un offre « Du Contrat social » à François Bayrou comme lecture d’été !       


                                                                                                                                                                   
  Point de vue:  "...François Bayrou avait décidé de sortir les grands mots pour ses annonces budgétaires attendues depuis plusieurs semaines. Les Français auraient « rendez-vous avec eux-mêmes ». Son intervention, soigneusement préparée par une salve de fuites dans les médias, était ainsi présentée comme un « moment de vérité ».   Voici donc un homme politique qui, disposant d’un accès sans doute privilégié à la vérité, se décidait à éclairer des Français inconscients, abrutis par leur dépendance à l’argent public et à la redistribution sociale. La France serait « accro » à la dépense publique et si indolente que ses habitants refuseraient de travailler suffisamment. Alors, la dette augmenterait, tenez-vous bien, de « 5 000 euros par seconde ». Un chiffre illustré par un inquiétant sablier menant inexorablement à un scénario à la Grèce, longuement – mais confusément – rappelé par le premier ministre.   François Bayrou s’est comporté comme un père de la nation sage faisant la leçon à des enfants se vautrant dans les délices de Capoue. Dans un long et pénible exposé, il a expliqué comment les Français devaient se montrer plus disciplinés dans leur consommation de médicaments, de scanners ou d’avis médicaux ou comment il leur fallait travailler davantage.                                                                                                                    François Bayrou faisait comme s’il n’était responsable de rien. C’était le retour de la fameuse « pédagogie » qui était jadis l’obsession du macronisme lorsqu’il fustigeait les anciens gouvernements. Mais le problème, c’est que François Bayrou ne peut pas faire comme si lui et son parti n’avaient pas été membres de la majorité présidentielle qui exerce le pouvoir depuis 2017.                                                   Et c’est bien pour cela que ce « moment de vérité » n’était qu’une gigantesque supercherie. Un tour de passe-passe qui vise à culpabiliser les Français pour effacer la responsabilité des politiques menées jusqu’ici. Aussi la vérité prononcée par François Bayrou avait-elle un goût de mensonge.       Amélie de Montchalin, ministre déléguée au budget, avait, dans Les Échos du 14 juillet, vendu la mèche en donnant aux ministères contraints de faire face aux coupes budgétaires ce conseil pour faire passer la pilule : « Il y a une histoire à raconter. » Loin de l’exigence de vérité, le premier ministre s’est bien employé avant tout à raconter une histoire. Celle d’un pays vivant sur le budget public dans l’insouciance sous le regard effrayé des politiques « responsables » désireux de redresser les comptes publics.                         Mais cette histoire ne résiste pas à l’analyse, même la plus hâtive. Le macronisme, dont François Bayrou n’est plus que la queue de comète, est au pouvoir depuis 2017. Lui-même recyclage des politiques précédentes, il ne peut plus aujourd’hui échapper à son bilan. D’ailleurs, l’ironie était qu’en faisant la leçon au pays, le maire de Pau décrivait l’échec de la politique qu’il avait jusqu’ici soutenue.                                                                                                                      Lors de son entrée à l’Élysée, Emmanuel Macron avait promis d’en finir avec les déficits par une recette miracle : les réformes. Celles que, prétendument, la France avait si longtemps refusé de mettre en œuvre allaient donner un coup de fouet à la croissance en relançant la productivité. Grâce à la baisse des impôts et à l’affaiblissement des travailleurs, les entreprises françaises allaient enfin être compétitives, faire des bénéfices, les investir dans les nouvelles technologies, réaliser des gains de productivité, créer des emplois bien payés. Alors, les caisses de l’État allaient se remplir et le déficit se réduire.                                                                                 Huit ans plus tard, le bilan est que la croissance française stagne. Le PIB devrait, si tout se passe comme prévu par la Banque de France, augmenter de 0,6 % cette année. Les prévisionnistes de l’hôtel de Toulouse prévoient un « rebond » vers le potentiel de croissance, c’est-à-dire vers 1,2 %, en 2027. Ce niveau potentiel n’a pas bougé depuis huit ans, malgré les réformes au pas de charge et les baisses d’impôts sur le capital. Et pour cause : la productivité du pays s’est affaissée depuis cinq ans.                                                                                                                       La vérité, c’est donc que tous les objectifs fixés par Emmanuel Macron ont été manqués. La baisse du chômage a été acquise non par de nouveaux gains de productivité, mais par des emplois subventionnés et peu productifs. Le produit de l’érosion des salaires et des baisses d’impôts n’est pas venu alimenter la croissance. Bref, le rêve de ruissellement a échoué.    Résultat : la réalité est inverse de celle rêvée par le macronisme. Ce n’est pas l’activité qui est venue remplir les caisses de l’État, ce sont les caisses de l’État qui soutiennent à bout de bras un capitalisme français défaillant. Le récent rapport du Sénat a évalué ce soutien à 211 milliards d’euros par an, soit davantage que les 170 milliards d’euros de déficit public en 2024. Et ce sont les plus fragiles qui ont payé ce soutien : c’est ce que traduisent les chiffres alarmants de l’Insee sur la croissance des inégalités et de la pauvreté.                                               Et c’est là l’éléphant dans la pièce, que les discours moralisateurs du premier ministre visent à cacher : la politique d’aide aux entreprises n’est pas rentable, elle ne permet pas de générer une croissance suffisante pour combler le déficit public. Dès lors, ces aides creusent les déficits.                   À côté de ce manque à gagner, le « trou » de la Sécurité sociale (15 milliards d’euros) est un détail insignifiant. Ce dont François Bayrou ne parle pas, c’est que le même pays qui est censé être devenu le plus attractif du monde sous les applaudissements de la majorité est aussi celui qui est dans une situation financière critique. Ces deux faits ne sont pas indépendants : ils sont liés. Pour obtenir cette attractivité qui ne sert à rien, on a réduit la croissance potentielle du pays.                                                           La bonne politique, celle qui s’appuierait sur la « vérité », consisterait donc à modifier cette politique défaillante. Mais il n’en est pas question. Les réactions au rapport du Sénat ont montré que cette dépense publique était considérée comme intouchable. Le capital français a réussi à faire du budget sa propriété et toute remise en cause est jugée dangereuse et impensable, alors même que les résultats de cette politique sont un désastre.                                                                                                           En réalité, l’État a été capté par les intérêts privés qui, pour préserver cette manne, dirigent la responsabilité des déficits sur la redistribution sociale. C’est bien pour cette raison que cette politique n’est jamais remise en cause : c’est une politique de classe qui dirige l’argent vers le capital. Aussi François Bayrou a-t-il un peu lourdement évincé l’obstacle en proposant « moins de subventions » contre « plus de liberté ». Mais comme il n’y a rien de concret sur la baisse des subventions (il n’y a pas de chiffrage annoncé), et comme la « liberté » ne créera pas de profits, alors il n’y aura surtout que davantage de pouvoir pour le capital. Et cela sera fait par ordonnances.                                                                                                              La vérité, c’est que le premier ministre a repris les vieilles rengaines de sa génération politique, celle qui a si évidemment échoué sur tout et créé la situation dans laquelle le pays se trouve. Les mesures annoncées sont navrantes. « L’année blanche » est le niveau zéro de l’action publique, c’est transformer en loi l’inexistence de la politique économique ; le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois est un retour à l’ère Sarkozy, les économies sur les collectivités locales un retour au quinquennat Hollande. Et, pour faire bonne mesure, on a retrouvé les vieilles chansons macronistes, façon café du commerce : l’innovation, l’intelligence artificielle et la « simplification ».                                                                                                     Et toujours, le travail, par ailleurs célébré comme une « valeur centrale », est ciblé. L’annonce d’une énième réforme de l’assurance-chômage, de la suppression de deux jours fériés est un nouveau mauvais coup pour les travailleurs. Ce n’est pas un détail. Un des points de l’échec des politiques menées jusqu’ici est qu’on a subventionné les emplois les moins qualifiés : on a donc favorisé une production moins productive et moins rémunératrice. Plus le chômage baisse, plus la pauvreté augmente, puisque la croissance des profits doit dépasser celle du PIB. Voilà la source du « désenchantement »
 des travailleurs dont le premier ministre s’est lamenté. Et sa réponse a été d’aggraver encore la situation.   "     ______________

mardi 24 juin 2025

Aller voir ailleurs

 Petite leçon de voyage 

                     De l'injonction au choix

                               Je voyage, donc je suis....Il apparaît que le voyage de loisirs, depuis une bonne cinquantaine d'années, devient la norme dans les pays développés, du moins pour les franges de population possédant des ressources suffisantes, bénéficiant de prix tendanciellement en baisse. En 2024,  on dénombrait 1,4 milliard d’arrivées de touristes internationaux dans le monde, là où on en comptait 60 millions en 1968. Bien que très concentrée géographiquement (95 % des touristes visitent moins de 5 % de la planète selon l’Organisation Mondiale du Tourisme) et socialement (à échelle mondiale, entre 90 et 80 % de la population mondiale n’a jamais pris l’avion), le désir de voyager est devenu omniprésent dans beaucoup d’imaginaires. Hélas, l’industrie qui le porte est très coûteuse pour l’environnement : en 2019, elle était à l’origine de 8,8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, dont 70 % sont dû à la mobilité des touristes. Au vu des crises environnementales, sociales et géopolitiques, faut-il arrêter de voyager ?


            La question mérite réflexion pour Rodolphe Christin, sociologue et auteur de Peut-on voyager encore ? Réflexions pour se rapprocher du monde (Ecosociété, 2025), qui était l’invité du dernier Bookclub d’Usbek & Rica ce samedi 14 juin à la librairie Les Sauvages à Marseille. À travers une critique de l’industrie touristique et de notre boulimie du déplacement, l’auteur y invitait à adopter une approche sobre du voyage. Il esquisse un futur où l’on cesserait de considérer que les vacances vont de pair avec le fait de partir, se réappropriant au passage notre capacité à décider ce que l’on fait de notre temps libre. "
                  L'aventure touristique est-elle en voie de décin?                                                                                                                  On aura beau dire, comme Jean Mistler "Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux", on n'échappe pas au fait de la pulsion de l'évasion, du tropisme de l'ailleurs, du plaisir de la découverte de nouveaux lieux aussi. Mais avec le temps et la hausse du niveau de vie, cette fringale de nouveauté est devenue bien souvent l'effet d'un conditionnement marchand, parfois d'un impératif moutonnier, qui tend à concentrer de plus en plus de personnes dans les mêmes endroits dits 'incontournables". Le voyageurisme, encouragé par la baisse des coûts des transports et du développement de l'industrie touristique est vite et trop souvent devenu une fin en soi, à tel point qu'il faudrait réinventer le sens du voyage, de l'étonnement, de la découverte de manière plus créative, moins moutonnière. Certains lieux, certains pays et villes soufrent d'un excès de fréquentations (Cancun, Venise, Machu Pichu, Annecy, Barcelone, Bréhat...) au point qu'il fallu parfois contingenter la fréquentation. L'Espagne et la Grèce souffrent parfois de surpopulation locale donc  de sous-hydratation critique, de hausse des prix de l'habitat au détriment des autochtones. Au point d'engendrer des réactions négatives de leur part. On atteint parfois des limites. Comme ici. Malgré le charme et le plaisir...   Même si la notion de surtourisme peut parfois être un concept ambigu

             D'exceptionnel qu'il était, le voyage est passé dans le registre des biens de consommation ordinaires, pour une masse de plus grande de personnes de tous continents.
      Il s'est généralisé, banalisé. low-costé. Partir n'est plus tout à fait partir. Le charme est largement rompu. Je me souviens d'un bref voyage (rare à l'époque pour un fils de paysan vosgien que j'étais) au bord de la Méditerranée; ce fut un enchantement durable, que n'a pas produit un périple récent en Islande, malgré son intérêt. Le sur-tourisme n'affecte pas que certaines îles grecques...Certains ont décidé de prendre du temps pour explorer leur propre région, avec d'autres moyens.

  Le voyage est devenu un produit d' appel, certains pays jouant sur le tourisme  pour gonfler leur PIB. Pas toujours avec discernement.
   Au risque de réduire le tourisme à des déplacements de foules grégaires qui ne voient rien ou presque, qui ne retiendront que quelques pixels embarqués ou quelques selfies, pour témoigner qu'"on y était".
   Voyage normalisé, voyages-spectacle, voyage banalisé, vite oublié, avant de préparer le suivant sur catalogue au papier glacé.
    Le low-cost et la guerre des voyagistes  a encouragé la tendance, comme le fast food a banalisé et dénaturé la nourriture. Tant qu'il y aura du pétrole....
     Le voyage de découvertes, lent, peu programmé, dans des lieux non courus, qui laissent des traces indélébiles, est devenu de plus en plus rare .
     Faire l'éloge du dépaysement vrai, de la découverte authentique, des rencontres non programmées est devenu de moins en moins fréquent. Ce dépaysement qui change en profondeur l'intériorité et renouvelle le regard. L'écotourisme est possible.
      Un peu de tourisme, ça va....Mais on semble avoir dépassé le seuil de la déraison touristique.
          Mais les déferlantes touristiques dans les mêmes lieux en même temps vont tuer le tourisme.
 Et les incidences de ce phénomènes sur le milieu, urbain et/ou naturel, commencent à poser bien des problèmes, même au Machu Pichu, où l'on parle de contingenter la fréquentation, dans certains villes où le problème de l'eau devient crucial, dans d'autres, où l'hyper-fréquentation, festive ou non, perturbe fortement la vie locale, modifie le prix du foncier, entraîne indirectement  l' "exode" de populations, comme à Barcelone , à Venise ou à Dubrovnik. A  Amsterdam, c'est les "festivités" nocturnes qui gâchent tout.
   Si, dans une certaine mesure, il peut être bénéfique économiquement, comme en Tunisie, il peut aussi se révéler catastrophique très rapidement. Les cohortes de visiteurs pressés sortis en rang des bateaux de croisière, sans discontinuer les jours d'été, auront-elles raison des plus beaux sites de Santorin, dont les rues principales sont investies à prix d'or par les marchands de produits de luxe?...
       Il faut réapprendre à voyager, non comme hier, mais selon des formules à réinventer.
                Retrouver le plaisir durable et profond de la découverte, loin de la saturation des tours-operators vendeurs de produits finis, où la surprise doit être bannie, où le confort doit être assuré, où l'on achète d'abord "un prix". Low cost, low plaisir...
   Le Routard ne fait même plus rêver.
        Comment retrouver, à contre-sens des tendances frénétiquement consommatrices, le sens du voyage rare et de qualité. 
  Il ne s'agit plus de suivre les injonctions du voyager pas cher, mais de retrouver le sens de l'étonnement et de la découverte. Avec désir et lenteur. Parcimonieusement.
    Des voyages qui forment à la vie et ouvrent à soi-même, comme disait le vieux Montaigne qui a parcouru une partie de l'Europe... à cheval.                                                                                                            Mais pourquoi, disait Pascal, avons-nous tant de mal à ne pas pouvoir  rester un peu en repos?...       _________________________

lundi 16 juin 2025

PS: naufrage en cours

 Dans le bourbier ambiant

         On aurait pu s'attendre à des initiatives un peu innovantes et courageuses pour aider à sortir le pays d' une impasse institutionnelle grave, mais c'est la cacophonie et la zizanie qui dominent. Retour au vieux clivages, comme lors du congrès de Rennes, par exemple, en rappelant un autre? Un parti devenu inaudible. Les querelle sont dévastatrices, alors que les échéances et les dangers pressent. Les échecs se succèdent, sous l'effet des vieux tropismes.  Un force qui comptaient, mais dont les éléphants compliquent un nouvel envol?                                                                                                                                                                              Il y a peu, on écrivait: Jaurès, reviens! ils sont devenus fous...

                                                Mais jusqu'où descendra ce qui reste du PS? Il touche le fond. Tué par ses divisions. Cela n'étonnera pas ceux qui suivent son chemin chaotique, depuis les années Mitterrand où il avait le vent en poupe. Assez vite, ce parti composite fut travaillé par des forces antagonistes et malgré une unité de façade, connut des divisions qui éclatèrent surtout au moment des congrès, notamment celui de Rennes. Le réformisme mou de certains devait aboutir à des ralliement "contre-nature", à l'ère macronienne notamment. Il ne reste que des lambeaux d'un parti qui a épousé, au plus haut niveau, les thèses néo-libérales. Jusqu'aux guerres picrocholines d'aujourd'hui. Alors qu'on attendait de lui plus que quelques lois sociales. Une vraie réforme des institutions. Des dérives qui ont fait le jeu des forces les plus conservatrices, voire de l'extrême-droite, comme on le voit dans le Nord ouvrier. Un descente aux enfers qui ne désespère pas seulement les militants qui restent...                                                                                                                     Comme beaucoup le remarquaient depuis des années: l'effacement de la gauche, son progressif mais inéluctable recul, sa dissolution dans la  pensée néolibérale sous prétexte d'adaptation et de "modernité", l'oubli de ses valeurs et de ses engagements, jusqu'à ceux des notions de service public et de justice sociale...voilà pourquoi notamment pourquoi de plus en plus de personnes ne se reconnaissent plus dans ce qui reste d'un PS moribond et d'un PC exsangue.           ___Depuis les années 83, ce fut une longue dérive, de compromissions en compromissions, d'abandons en renoncements ..avec le souci d'un vague réformisme ou d'un néo-keynésianisme timide et occasionnel, souvent plus verbal qu'effectif. La notion même de socialisme semble avoir disparu de l'horizon.           Il faut dire que le terme est galvaudé.       Quel socialisme? Il y a le mot et la chose...Les "socialistes" d'aujourd'hui furent au mieux de bons gestionnaires d'un système qui accentuait les inégalités, générait plus de précarité. On comprend le recul massif de ceux qui n'osent même plus arborer les étiquettes traditionnelles.

De Jaurès à Lamy, quel rapport?
     Juste un mot....
La réponse viendrait-il de l'intérieur? Il n'y a pas si longtemps, M.Valls, héritier du deloro-rocardisme, avançait cette proposition, qui eut le don de faire réagir vivement Mme Aubry, qui doit être autant socialiste que le pape est mormon:
" Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer : le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé ; il renvoie à des conceptions du XIXe siècle."
     Constat d'un autre courant, en forme d' aveu: " Le PS n'existe plus, ni en attaque, ni en défense (…) Le Parti socialiste est devenu un parc à moutons. » Estimant que « le Parti socialiste est dans un état comateux » et que sur « le plan du rassemblement de la gauche, il n’a pas du tout joué son rôle », il plaide pour un sursaut .." (Henri Emmanuelli).  Sursaut nécessaire ou retour aux sources? D'autres se libèrent: "Le gouvernement n’a plus rien de socialiste".
   A l'extérieur, C.Duflot fait le constat du vide: "  pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Je fais le triste constat que c'est aussi cela qui a été sanctionné par les Français dimanche, une politique où le verbe et la "com" sont plus que les actes»   
     Il y a déjà quelques années, Eric Dupin invitait la gauche à sortir du coma, faisant l'analyse de son effacement  et proposait quelques pistes pour sa possible reconstruction. On attend le début de l'ombre du moindre petit tournant. L'autoroute néolibérale est de conduite si aisée...
   Coma dépassé ou décès?
N'a-t-on pas affaire à une doctrine morte?
           Où est passé le socialisme, celui qui avait encore un sens pour beaucoup?
 .Celui du Président n'est plus qu'un vernis. Un socialiste modernisé, ripolinisé, à la mode St Germain. L'héritier du deloro-rocardisme est au commande.
      _____________________________ Depuis Jaurès, l'eau a coulé sous les ponts.. et avant lui déjà cette notion vivante faisait débat en Europe dans les divers mouvements ouvriers et les courants qui les soutenaient.
.                Le mot socialisme a déjà une longue histoire et a connu bien des variantes, le point commun étant "de prôner une organisation sociale et économique allant dans le sens d'une plus grande justice, celle-ci supposant une égalité des conditions, ou du moins une réduction des inégalités. Plus largement, le socialisme peut être défini comme une tendance politique, historiquement marquée à gauche, dont le principe de base est l'aspiration à un monde meilleur, fondé sur une organisation sociale harmonieuse et sur la lutte contre les injustices..."
             Un mot souvent  galvaudé, qu'on peut ramener à un petit dénominateur commun partagé" Le socialisme est l'ambition de construire une société où la naissance, l'argent, la propriété ne soient pas les seuls déterminants.
Il est possible de construire une société basée sur la connaissance, où chacun puisse réaliser ses potentialités humaines dans un cadre collectif, une société où chacun puisse vivre décemment, être créatif et libre. Pour s'appeler socialiste il faut ne pas avoir renoncé à certaines priorités, priorités à la connaissance, à l'échange, au travail organisé sans l'obligatoire subordination qui caractérise le salariat , il ne faut pas avoir renoncé à choisir la citoyenneté contre la sujétion.
Sans l' objectif de résoudre les problèmes les plus criants, sans l'objectif jugé utopique de contribuer à une amélioration de la vie de tous et de toutes, il n'y a plus de progrès possible, il ne reste que" la régression compétitive". La compétition féroce à tous les niveaux qui exige que tout, les biens et les services soient produits au moindre coût. Le moindre coût du travail c' est la misère du plus grand nombre pour une production standardisée, de mauvaise qualité. Cette production et ce travail "compétitif" assurent à la finance mondialisée les moyens de régner et de décider de la vie des humains, de faire une entreprise là, d'en ouvrir une autre là-bas.
        Sur la base de ces exigences, il y eut dans l'histoire des tendances très diverses et le mot ne manque pas d'ambiguïté.
     Le PS semblant avoir perdu sa substance et étant devenu un parti de notables et de fonctionnaires, de gestionnaires (honnêtes ou non) des affaires courantes, épousant les choix politico-économiques du néolibéralisme, avec un zeste de social. Maastricht l'a achevé.
             Il est censé représenter une partie de la gauche...
 Mais quelle gauche?..On assiste à la dérive  d'un idéal et d'une pratique politique, surtout depuis les année 80. On peut situer l' acte de décès final en 1983:la tournant de la rigueur, avec l'ouverture inconditionnelle à la mondialisation financière et la mise en chantier de privatisations en chaîne:
    Mitterrand fait le choix de rester au sein du Système monétaire européen (SME), et de réduire le différentiel d'inflation (et de hausse des salaires) français vis-à-vis du partenaire allemand, qui pèse sur la compétitivité du pays et la valeur de sa monnaie sur le marché des changes.
Face à la crise et à la menace d’une déroute économique, le président doit revenir sur ses engagements économiques de début de mandat. Pierre Bérégovoy, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget du gouvernement Laurent Fabius, ouvre la voie à un processus de privatisations après les nationalisations de début de mandat. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique étatisé et adopte davantage un fonctionnement d'économie sociale de marché....
    Sous la poussée des forces néoconservatrices reaganiennes et thatcherienne,  s'inspirant de Hayek et de Friedman, pour faire "moderne", une sorte d'ordo libéralisme à la Kohl s'est installé en quelque sorteen question en Europe.....comme en Allemagne. Un modèle finalement contesté.
          Des responsables du PS vont aujourd'hui plus loin dans la déréglementation et la soumission au marché. C'est ainsi que récemment  on a entendu, faisant du sous-Merkel,  le chantre de l'OMC, Pascal Lamy, prôner des petits boulots en dessous du Smic, faisant se dresser Madame Parisot. Un comble!
    Comme beaucoup le disent, le PS a abandonné la classe ouvrière, les plus modestes, se situant même parfois à la pointe de la  libèralisation du monde.   
 Le  (social)- libéralisme, cette "troisième voie", s'est épanoui. Les éléphants de Maastricht ont encore pignon sur rue.
   Bref, l'état des lieux est consternant, après une  histoire des gauches vivantes et variées, Terra Nova représentant la pointe la plus visible de cette adaptation mimétique à l'air du temps.
        La gauche française serait  devenue une droite qui ne s'assume pas
Faut-il  faire appel au docteur Marx,  pour réanimer le malade?
En sachant que les partis sont à l'image d'une société.
Il reste à  changer de modèle économique, à restaurer une démocratie vivante, à refonder une citoyenneté responsable.
         Une forme de  socialisme cohérent, dans un seul pays, peut-il encore advenir dans une économie mondialisée et financiarisée, une Europe soumise aux contraintes libérales, avec un peuple idéologiquement résigné?         
       That is the question..._______
                  ___*  Benoît Hamon lui-même, porte-parole du PS, fait ce constat, dans son dernier livre:
...« Au sein de l’Union européenne, le Parti socialiste européen (PSE) est historiquement associé, par le compromis qui le lie à la démocratie chrétienne, à la stratégie de libéralisation du marché intérieur et à ses conséquences sur les droits sociaux et les services publics. Ce sont des gouvernements socialistes qui ont négocié les plans d’austérité voulus par l’Union européenne et le Fonds monétaire international [FMI]. En Espagne, au Portugal et en Grèce bien sûr, la contestation des plans d’austérité prend pour cible le FMI et la Commission européenne, mais aussi les gouvernements socialistes nationaux. (…) Une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m’y résigne pas..."
                           __ *  ___Jean-Pierre Chevènement fut un des rares à dénoncer très tôt les dérives d'une social-démocratie agenouillée devant la loi des marchés.
La gauche s’est ralliée au néolibéralisme, à la désindustrialisation et à l’euro fort et a signé ainsi la fin de sa spécificité.
"Cet idéal d’émancipation culturelle et morale de l’individu a fini par détrôner dans les années 1980, tant dans l’esprit des dirigeants de la gauche que dans les aspirations du cœur de son électorat, les considérations économiques et sociales traditionnelles rapidement devenues « archaïques » à l’heure des restructurations industrielles et de la dérégulation de l’économie. Des demandes non plus sociales mais « sociétales » se sont alors rapidement déployées dans les programmes politiques des partis de gauche des années 1980-90 : nouveaux droits, respect de la « différence », valorisation de la diversité… L’horizon des luttes s’est peu à peu déplacé. C’est désormais l’individu dans ses identités multiples qui doit être émancipé, et non plus le travailleur ou le salarié dans son rapport à la production. Ainsi, par exemple, le triptyque du Parti socialiste français des années 1970 (« nationalisation, planification, autogestion ») qui résumait bien son époque a-t-il été remplacé dans les années 1980-90, par un autre, implicite mais omniprésent : « individu, minorités, diversité ».
Au-delà de cet aspect culturel, le socialisme européen s’est plus généralement engagé tête baissée dans l’impasse libérale en abandonnant, soit qu’il l’a cru irréalisable soit qu’il l’a cru réalisé, son projet historique. Illusion encore renforcée au lendemain de la chute du Mur de Berlin en 1989 avec la disparition du vieil ennemi communiste. La social-démocratie aurait finalement épuisé son destin historique, la voie particulière qu’elle a historiquement incarnée ayant triomphé. Le réformisme comme méthode (plutôt que la révolution), la régulation de l’économie de marché comme programme (plutôt que l’appropriation collective des moyens de production) et la démocratie politique comme cadre d’exercice du pouvoir (plutôt que la dictature du prolétariat) s’imposant définitivement à gauche.

Mais ce faisant, le socialisme n’a pas su résister aux sirènes du libéralisme ; il en a même parfois volontairement épousé les contours, dans le cas du social-libéralisme. Il a adopté si ce n’est l’idée libérale, qu’il continue à dénoncer avec virulence, du moins son contenu matérialiste et consumériste, voué au culte de la croissance pour elle-même à coup de dérégulation, de flexibilité et de privatisation, mais aussi son projet culturel tout entier forgé autour de l’individu et de ses droits sans cesse étendus, et bien évidemment son programme politique qui privilégie les formes institutionnelles de la représentation et de la préservation des intérêts individuels au détriment d’une ouverture plus collective, plus égalitaire, plus démocratique (participative dirait-on aujourd’hui) du champ politique et social.

De la sorte, les socialistes, sociaux-démocrates et autres travaillistes européens ont largement ignoré la question, pourtant constitutive de leur 
ethos, de la répartition des richesses et de l’équilibre entre capital et travail. Ils ont littéralement abandonné le terrain de la lutte pour l’égalité au profit d’une promotion de la « diversité » qu’ils ont érigée en valeur. Ils ont aussi délaissé la notion fondamentale de solidarité en autorisant une politique généreuse d’accès à l’Etat social à de nouveaux ayants droit sans toujours exiger un quelconque devoir en retour de leur part. En négligeant de repenser le rôle de l’Etat pour l’adapter à son temps, ils ont laissé le slogan authentiquement néolibéral de Ronald Reagan, « l’Etat comme problème plutôt que comme solution », devenir le principe directeur de la réforme des politiques publiques. Ils ont oublié que le but de la vie sociale ne pouvait se résumer à un pur matérialisme, de la même manière qu’ils ont laissé faire les libéraux lorsque ceux-ci ont vu dans les nouvelles aspirations démocratiques et les nouvelles formes de la participation à la vie politique une menace plutôt qu’une chance pour les sociétés contemporaines. Bref, ils ont capitulé.
.."                                                                         Point de vue.__