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lundi 24 mai 2021

Et après?

 La même chose en pire, sûrement....

                            Sauf si on sort de la logique diabolique instaurée surtout depuis l'assassinat de Begin, la  montée des extrêmes avec Sharon, qui a précipité un peu plus le peuple de Gaza dans les bras du Hamas et droitisé à l'extrême la politique israëlienne, en instrumentalisant la peur, comme l'a bien noté C.Enderlin.  Sauf si on ne change pas de  paradigme au plus vite. Il ne s'agit pas d'une question de "retenue", qui ne s'interroge pas sur les causes de l'évolution de la situation, notamment la colonisation accélérée, depuis longtemps programmée, la judaïsation imposée...      La jeunesse qui monte prépare de nouvelles explosions qui seront des impasses absolues. Un cessez le feu -un de plus- ne fera pas la paix, au grand désespoir de ceux qui des deux côtés ont gardé un peu de raison et parfois militent conjointement. Tant que les soutiens resteront unilatéraux, le feu continuera à couver. A Lod ou ailleurs. Tant que le soutien américain sera toujours aussi conséquent, les voeux de Biden de deux Etats indépendants resteront illusoires. D'ailleurs personne n'y croit plus. Un point de non retour a été atteint. Mais on ne range pas un si vieux et si profond conflit au placard. L'impasse risque de durer, avec des risques nouveaux, d'une autre ampleur. 

                                      Selon l'AFP:  " Saint-Jean-d’Acre, Ramleh, Lod, Haïfa : beaucoup de Palestiniens d’Israël habitant dans les villes mixtes – où cohabitent Juifs et Arabes – manifestent depuis le début des bombardements de la bande de Gaza, ce qui a donné lieu à de violents heurts avec des extrémistes juifs. La ville de Lod a ainsi connu une flambée de violence sans précédent, mettant en péril la coexistence entre les deux communautés. Ces événements révèlent une accumulation des rancœurs envers l'État israélien, accusé d'œuvrer pour évincer progressivement les Arabes de la ville, au profit des "colons juifs".    À Lod, ville située près de Tel Aviv et qui compte 80 000 habitants dont un tiers sont des Palestiniens d'Israël, des manifestants arabes ont été attaqués par des Juifs nationalistes, des synagogues ont été incendiées, des magasins saccagés. Le 11 mai, un manifestant palestinien a été tué par balle. Le 12 mai, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré l'état d'urgence.....                                                                                                                      Khaled Zabareqa est un avocat palestinien, natif de Lod: Nous n’avons aucun problème avec les Juifs qui ne sont pas ultranationalistes. Nous vivons ensemble en bonne entente depuis des dizaines d’années.   Toutefois, les tensions existent depuis plusieurs années déjà dans la ville, en raison de l’arrivée de nouveaux "colons" issus d’un groupe religieux ultranationaliste appelé "Garin Torani". Ceux-ci sont arrivés en 2005 après la décision de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon de les évacuer de la bande de Gaza et des colonies juives de Cisjordanie où ils étaient implantés [NDLR : en 2005, ils étaient estimés à 1 200 familles à Lod].   Avec l’appui de l’État israélien et des autorités locales, ils ont construit des centaines de nouveaux logements dans les quartiers arabes, des écoles, et même une académie prémilitaire.    Au sein de la communauté arabe, nous considérons ces gens comme des colons qui sont venus pour judaïser la ville, c’est-à-dire changer la démographie et faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de Juifs et de moins en moins d’Arabes.    La responsabilité de cette situation incombe en grande partie au maire de Lod, Yair Revivo, qui est un militant du Likoud [droite, NDLR] et ancien chef de campagne de Benjamin Netanyahu. Il a ouvertement soutenu l’arrivée des Juifs religieux et affiché du mépris pour les Arabes.                  ____Yair Revivo a déclaré à plusieurs reprises que la culture arabe était intrinsèquement violente. En 2015, il avait assuré au journal Makor Rishon que l’arrivée de Juifs religieux avait "sauvé" Lod, car elle était menacée de devenir une ville arabe.  Depuis le début des récentes tensions, et les affrontements entre des extrémistes juifs et des Palestiniens, le ressentiment s’est encore accentué envers les membres de Garin Toradin. Khaled Zabareqa poursuit :   "Depuis une dizaine de jours, au plus fort des tensions, ces groupes se baladent dans les quartiers arabes de Lod, parfois armés. Ce qu’on voit comme de la provocation. Dimanche dernier [16 mai], ils sont venus à la grande mosquée de Lod. Cela m’a rendu furieux, je leur ai demandé de partir sur-le-champ. Filmée, la scène a été beaucoup partagée sur les réseaux sociaux. ....Khaled Zabareqa explique :La communauté palestinienne a participé massivement à la grève générale, car ici, nous subissons la même politique d’occupation et d’expropriation que les habitants palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. La seule différence, c’est que l’État israélien a tenté d'expulser ces habitants de leurs maisons de façon brutale, alors que nous, ils essayent de nous pousser hors de la ville de manière plus douce, c’est une expropriation silencieuse....                                                                                                                         .____D'un autre côté, un journaliste du journal d'opposition Haaretz, Gideon Levy, ne fait pas dans la dentelle à l'égard de la politique actuelle se son pays:    "... Cela a été prouvé une fois de plus: Israël est trop fort. Son armée est trop forte. Les Etats-Unis l’ont engraissée pendant des années avec de grandes quantités d’armes sophistiquées – au-delà de ses besoins – et avec un soutien international généralisé, automatique et aveugle. Israël a suralimenté son armée avec des budgets énormes et illimités, au détriment de besoins bien plus importants bien sûr. Et le résultat est maintenant devant vous: comme une oie malheureuse qui a été constamment gavée, Israël n’est plus capable de se restreindre. Le foie farci est devenu malade.    On dit qu’il n’y a pas de pays trop fort, mais Israël prouve que c’est le cas. Une grande partie de ses activités violentes, dans la guerre et dans le maintien de l’occupation, il les mène simplement parce qu’il le peut. Parce qu’il a le pouvoir de les mener à bien, même si elles ne sont pas nécessaires ou utiles.            Lorsqu’une femme âgée et mentalement instable s’est approchée des soldats en Cisjordanie en tenant un petit couteau de cuisine dans sa main faible, et qu’elle était à peine capable de se tenir debout – les soldats ont tiré des rafales sur elle. Un adolescent non armé aurait pu arrêter cette femme, mais les soldats ont vidé leurs chargeurs sur elle. Pourquoi? Pourquoi pas? Ils en étaient capables, alors ils l’ont fait.             Israël traite Gaza exactement comme la vieille femme au poste de contrôle. Israël déploie tout l’arsenal de sa force aérienne sophistiquée, sans vergogne, presque sans inhibitions, sur ce quartier emprisonné, gémissant, appauvri, et y vide toutes ses munitions, la gloire de son industrie de l’armement et celle des États-Unis.            Ce qui a été conçu pour bombarder un réacteur nucléaire en Iran est également bon pour bombarder une planche de surf sur la mer côtière de Gaza. Ce n’est pas nécessaire, – seuls des dommages terribles sont causés aux deux parties – et pourtant il y a 150 avions dans les airs au-dessus de Gaza. Pourquoi? Parce qu’Israël le peut – alors pourquoi pas?                     Israël sème la destruction à une échelle terrifiante. Parfois, il avertit les habitants et leur donne une heure pour sauver tout leur monde, parfois il ne le fait pas. Parce qu’il le peut. Israël fait s’écouler des tours d’habitation et de bureaux comme des châteaux de cartes dans des spectacles effrayants destinés aux yeux et aux oreilles des habitants de Gaza en proie à la panique, mais aussi aux yeux des habitants d’Israël en liesse. Nous avons le pouvoir. Nous l’avons. Regardez comme nous sommes forts. Une démonstration de l’armée de l’air et ce n’est même pas le jour de l’indépendance. Regardez comme Gaza tremble. Regarde comment les tours s’effondrent sur elles-mêmes.          Le fan-club des pilotes dans les médias et dans le public regarde avec stupéfaction, les images de la destruction sont diffusées en boucle sur la télévision israélienne – qui ne montre rien de Gaza à part ses tours qui tombent. Tout cela alors qu’Israël aurait pu se contenter d’un bombardement précis des maisons utilisées ou non par le Hamas, sans détruire 15 étages et 150 destins. Mais pourquoi se donner la peine? Israël peut, les «Forces de défense israéliennes» peuvent, l’Armée de l’air israélienne peut certainement, face au ciel nu et sans défense de Gaza – alors pourquoi pas?       Si Israël avait été un peu moins fort et moins bien armé, il aurait été plus prudent dans ses actions. Ce surplus de puissance donne lieu à un comportement arrogant, belliqueux et barbare, et la force n’est pas seulement la puissance militaire, mais aussi la puissance politique: le monde permet à Israël de faire ce que très peu de pays sont autorisés à faire. C’est aussi un pouvoir destructeur. Cela fait pourrir Israël. Personne ne l’arrêtera, personne ne le punira pour ses actions. Alors pourquoi pas? Il peut faire ce qu’il veut.         Celui qui permet tout cela est un ami d’Israël, exactement de la même manière que le gaveur d’oies est un ami des oies. Lorsque le président américain Joe Biden déclare sans réserve qu’Israël «a le droit de se défendre» – la carte blanche pour détruire est de retour. Bombardez autant que vous le pouvez, chers amis, après tout vous ne faites que vous défendre, et pour cela tout vous est permis. Puis le président prétendument hostile signe un autre chèque pour la fourniture d’armes supplémentaires, qu’Israël utilisera au prochain tour. Merci, amis d’Israël, de le renforcer autant. Il est déjà tellement gonflé. (Article publié dans le quotidien Haaretz le 20 mai 2021; traduction rédaction A l’Encontre) ..."                                                                ____La gauche va-t-elle pouvoir se renouveler et tout reconstruire.   Selon Filiucomme le souligne Alain Frachon dans « Le Monde », « le temps est venu d’internationaliser la question palestinienne ».  __________________________

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