Ça va jazzer

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jeudi 31 août 2023

Faudrait songer à ralentir...

                   C'est pas moi qui le dis...

            



   Sinon, où allons-nous?...       
                                                      


Afrique, dernier terrain de jeu?

Du moins pour la France

                           La  France-Afrique, c'est fini, disait une ancien Président. C'est ce qu'on pensait naïvement. Elle était moins apparente, c'est tout. L'héritage colonial se poursuivait, mais sous des formes plus soft. Les récentes affaires maliennes, puis nigériennes aujourd'hui, en portent la marque. Il faut dire que d'autres puissances lorgnent vers les intérêts africains...                                                                                  Voici que l"ami" de la France le plus ancien fait défection, le pilier de notre présence là-bas. C'est en fini de la tribu Bongo, de la dictature familiale, selon toute vraisemblance. Le clan Bongo ne vivait pas de peu et profitait bien des faveurs de la compagnie , qui lui rendait bien. Avec Elf Aquitaine, ils se tenaient pas la barbichette. C'était archi-connu. Une connivence durable.     


                       "...Le pacte de corruption date des années 70 et s’appelle le « protocole Guillaumat ». Du nom de ce grand commis de l’Etat, homme du renseignement, nucléocrate et surtout architecte de l’empire pétrolier tricolore. Conséquence directe des chocs pétroliers qui ont vu de petits états africains devenir en quelques mois des magnats de l’or noir, le système consiste à rendre opaques les revenus du pétrole pour alimenter les caisses noires du chef de l’Etat.   Il existe alors trois mécanismes distincts :les « bonus » versés dans la phase exploratoire de la recherche pétrolière, jusqu’à plusieurs dizaines de millions de dollars par an ;les « abonnements », soit la part prélevée sur chaque baril de brut commercialisé, environ un dollar par baril ; les « préfinancements », prêts gagés sur la production à venir, avec la caution d’Elf, sur lesquels sont prélevés de 1 à 3% de commissions en jouant sur des différentiels de taux d’intérêts.Précision : ce système n’a été inventé ni par les Français ni par Omar Bongo, mais par le grand ministre du pétrole saoudien que fut le Sheikh Ahmed Zaki Yamani. Le président du Gabon va avoir l’intelligence d’adapter à son petit pays ce grand système de corruption internationale..." 

                                                                                                                       
Le "pré carré" a pris un nouveau coup. Comment s'étonner de l'animosité des Africains de nos anciennes colonies contre de telles pratiques? Sans compter l'imposition du franc CFA qui joue plutôt à notre avantage. On ne parlera pas des aventures de Bolloré sur son terrain de jeu favori. Mais pas que...                                                                                                                    Bref, tout se passe comme si l'Afrique n'avait jamais eu d'histoire...     
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mercredi 30 août 2023

Gastronomiquement correct?

        Certains n' aiment pas....

                 L'envers du décor....     _______________________________

Certains l'appellent Bibi

 Une aventure plus que périlleuse.

                      On peut le dire: Israël aurait mérité mieux. Cet homme est dangereux et inquiète sérieusement ceux qui dans son pays ont encore un certain sens de la démocratie, avec sa coalition d'extrême-droite que certains redoutaient. Mais pas seulement.                                                                          Depuis des années, il trace son chemin. Un chemin douteux, qui mène le pays à la quasi insurrection. Par ses alliances plus que douteuses, par les contradictions qu'il attise, les alliances qu'il construit, il met la démocratie en péril, prenant un chemin contraire que celui que montrait Rabin avant son assassinat: le sionisme radical inspiré de Jabotinski, l'exploitation du radicalisme, religieux, l'expansionnisme territorial dans le fil des colonisations rampantes depuis des années. Six mois de contestations, impliquant jusqu'à une partie de l'armée, ne sont pas venu à bout de son projet inquiétant, visant aussi à attiser les oppositions internes palestiniennes. Il est à la tête d' "un gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, intégrant des partis d'extrême droite et les ultraorthodoxes, tandis que seulement cinq femmes y siègent." [voir WIKI]


 

                    Point de vue:"   Benyamin Netanyahou, qui multiplie depuis son retour au pouvoir les menaces à destination de l’Iran, du Hezbollah, du Hamas, des Palestinien·nes, de ses ennemis politiques en général et même des magistrats de la Cour suprême d’Israël, est-il un va-t-en guerre ? « En paroles, oui, indiscutablement, affirme un ancien haut fonctionnaire qui l’a bien connu. Il adore les discours et les postures martiales, les interventions menaçantes, comme tous les politiciens populistes. Mais c’est surtout un menteur dépourvu de tout scrupule et dont personne n’ignore plus le degré de corruption : il vient d’ailleurs de démontrer qu’il est capable de sacrifier le sort et la sécurité de son pays à son intérêt personnel. »

BenyaminNétanyahou, qui multiplie depuis son retour au pouvoir les menaces à destination de l’Iran, du Hezbollah, du Hamas, des Palestinien·nes, de ses ennemis politiques en général et même des magistrats de la Cour suprême d’Israël, est-il un va-t-en guerre ? « En paroles, oui, indiscutablement, affirme un ancien haut fonctionnaire qui l’a bien connu. Il adore les discours et les postures martiales, les interventions menaçantes, comme tous les politiciens populistes. Mais c’est surtout un menteur dépourvu de tout scrupule et dont personne n’ignore plus le degré de corruption : il vient d’ailleurs de démontrer qu’il est capable de sacrifier le sort et la sécurité de son pays à son intérêt personnel. »

                                    « Pour le reste, nous voyons désormais chaque jour aux concessions qu’il fait aux deux extrémistes racistes dont il est l’otage volontaire, Ben-Gvir et Smotrich, qu’il a probablement atteint les limites de son habileté politique, poursuit notre interlocuteur. Et qu’il semble même en être conscient. Ce qui expliquerait sa mauvaise mine et peut-être même, au moins en partie, ses problèmes de santé. Il n’est pas si facile, lorsqu’on est, comme lui, drogué au pouvoir et à ses avantages et privilèges depuis des décennies, de découvrir qu’on n’est plus le seul maître de son propre destin et qu’une erreur de décision peut vous coûter votre position, voire, demain, votre liberté. » Aveuglé par sa fuite en avant, Nétanyahou ne voit ni n’entend manifestement plus rien du monde dans lequel il vit. Ses rêves de pouvoir et ses caprices de roitelet ont eu raison de ses légendaires dons de politicien. Une anecdote illustre les dérisoires vanités qui l’habitent et son imprudente cécité devant ses responsabilités historiques face à l’ampleur de la crise dans laquelle se trouve aujourd’hui plongé son pays : une fuite de ses services vient de révéler que sa visite à Emmanuel Macron, en février dernier, avait coûté au gouvernement israélien cinq fois plus cher que le montant normalement affecté à un tel voyage.Pourquoi ?                              Idéologiquement, « Bibi » continue à invoquer de manière insistante l’héritage de son père, Benzion Nétanyahou, secrétaire et disciple de Zeev Jabotinsky, père spirituel de la droite nationaliste israélienne. Il persiste à rêver, avec ses alliés, colons et extrémistes religieux, d’un « Grand Israël », de la Méditerranée au Jourdain, voire jusqu’aux frontières de l’Irak, débarrassé d’un maximum de Palestinien·nes. Militairement, il se place volontiers dans le sillage de son frère aîné, Yonatan, tué à la tête de son commando des forces spéciales lors du raid d’Entebbe, en 1976, qui avait permis de libérer les otages de l’Airbus d’Air France détourné par des terroristes.                            Mais, en réalité, il déteste avoir à prendre des décisions importantes qui relèveraient d’un véritable homme d’État ou d’un chef militaire. Ce qui faisait dire à Barack Obama et à plusieurs de ses conseillers : « C’est un trouillard, il a peur de lancer des guerres, la seule chose qui l’intéresse est de se prémunir contre une défaite politique » (voir le 3e épisode de notre série : « La bombe iranienne, arme de “Bibi” »).                                                                                                      C’est un fait, sa détestation des Palestinien·nes, le mépris dans lequel il les tient ne l’ont pas conduit, contrairement à d’autres dirigeants israéliens, à multiplier les aventures militaires. Même s’il n’hésite pas à recourir à la force et à la violence des armes lorsqu’il s’agit d’intervenir dans la vie quotidienne des habitant·es de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, sans parler des « Arabes israélien·nes », c’est-à-dire des citoyennes et citoyens palestiniens d’Israël.                      « Au cours des vingt dernières années, Nétanyahou a été chef du gouvernement pendant près de 15 ans. Pendant cette période, il y a eu seize affrontements graves entre Israël et les organisations armées islamistes qui contrôlent Gaza et une dizaine d’opérations militaires d’une certaine envergure, depuis “Arc-en-ciel” en 2004 jusqu’à “Bouclier et flèche” en mai dernier », souligne un ancien officier supérieur engagé dans la mobilisation de la société civile contre les projets de la coalition au pouvoir.    « Nétanyahou n’a été à l’origine que de cinq de ces opérations, constate l’ancien officier. Et tout en tenant des propos guerriers contre l’Autorité palestinienne, il a permis au Qatar et à la Turquie d’aider le Hamas, et autorisé l’entrée à Gaza, via l’Égypte, mais aussi via Israël, de carburant, de produits alimentaires, de matériaux de construction, de pièces de rechange, de médicaments et d’équipements médicaux payés par Doha ou Ankara. Le tout en laissant 23 000 résidents de la bande de Gaza entrer chaque jour en Israël pour travailler. »                 Dans cette manœuvre, le Hamas a gagné un – modeste – rebond de sa popularité et surtout une posture avantageuse en vue de la succession du Fatah et de son vieux chef, fourbu et discrédité, Mahmoud Abbas, à la tête de l’Autorité palestinienne. Le bénéfice pour Nétanyahou est double : il conforte, comme représentation des Palestinien·nes, une organisation islamiste a priori rejetée par les alliés d’Israël et une bonne partie de la communauté internationale comme fanatique et terroriste. Facilitant ainsi les frappes contre elle, voire sa liquidation lorsqu’elle sera gênante.   Et il affaiblit par contrecoup le Fatah et l’Autorité palestinienne, qui incarnent encore, tant bien que mal, la disposition au dialogue et à la coexistence avec Israël. Dialogue et coexistence qu’il affecte d’accepter dans les cercles diplomatiques, mais qu’il rejette, en réalité, depuis toujours.          Le gain à long terme pour Israël semble ici très modeste. « Quand j’entends Nétanyahou affirmer que l’opération “Bouclier et flèche” nous a permis de changer l’équation stratégique, sourit un vétéran du renseignement militaire qui a abandonné depuis quelques années son béret vert, je pense immédiatement à la radio de propagande en hébreu que Le Caire avait créée au siècle dernier et qui annonçait : “Nos forces progressent sur tous les fronts”... à la veille de notre victoire totale lors de la guerre des Six Jours. »        « Ce qui est inquiétant, aujourd’hui, pour les responsables de la sécurité du pays, poursuit l’ancien officier, c’est qu’il n’existe ni véritable stratégie, ni même de vision globale pour Gaza. Et que nous avons du mal à agir, même face à une petite organisation comme le Jihad islamique qui n’a pas plus de 9 000 militants actifs, dont 6 000 combattants. »       « En fait, estime dans Haaretz Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignement, on peut dire que le cabinet du sixième gouvernement de Nétanyahou est devenu la principale menace pour la sécurité nationale d’Israël. »   « Il est difficile de dire que le pays affronte une crise constitutionnelle, puisque nous n’avons pas de Constitution, constate un diplomate. Mais puisque Nétanyahou entend s’attaquer aux lois fondamentales qui en tiennent lieu et à la Cour suprême qui veille à leur application, c’est bien à une crise constitutionnelle que nous faisons face aujourd’hui en raison de la faillite morale et de l’irresponsabilité politique de notre premier ministre. »                                                                                                                                     À l’origine de cette situation, il y a en effet la volonté obstinée de Benyamin Nétanyahou d’échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui depuis près de quatre ans pour « corruption », « fraude » et « abus de confiance ». Nées d’une longue présence à la tête du gouvernement, de l’habitude des faveurs et d’un goût croissant pour les privilèges du pouvoir, les relations coupables de Nétanyahou avec le luxe et l’argent facile ont été longuement entretenues par l’assurance de l’impunité. Elles semblent d’ailleurs avoir gagné aussi sa femme et son fils.                                                                                                       En novembre 2019, lors de sa mise en examen par le procureur général d’Israël, Avichaï Mendelblit, qui fut de 2013 à 2016 l’un de ses plus proches collaborateurs, le premier ministre avait, comme à son habitude, tenté avec l’aide dévouée de son entourage de délégitimer la procédure en dénonçant une opération politique montée contre lui par la magistrature avec la complicité de la police, des médias, des intellectuels et de l’opposition. Contraint en juin 2021, après douze années consécutives au pouvoir, d’abandonner ses fonctions au terme d’une campagne centrée sur la dénonciation de la corruption par l’opposition, il est redevenu premier ministre en décembre 2022, à la tête de la coalition la plus à droite de l’histoire du pays, mêlant partis ultraorthodoxes et d’extrême droite, nationalistes, homophobes et racistes.                           La presse rapporte alors que, selon l’accord de coalition, Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux et ancien détenu pour incitation à la violence, a obtenu le ministère des finances et un rôle imprécis au ministère de la défense, lui donnant la haute main sur la vie quotidienne des Palestinien·nes de Cisjordanie et le développement de la colonisation. Chef du parti Force juive, Itamar Ben-Gvir, nouveau ministre de la sécurité publique, ancien délinquant lui aussi, et connu pour ses provocations à l’encontre des Palestinien·nes, est chargé du maintien de l’ordre.                               En échange de ces deux postes clés et de l’engagement du Likoud à « étendre la souveraineté juive à la Judée et à la Samarie », c’est-à-dire à annexer la Cisjordanie, Smotrich et Ben-Gvir auraient promis à Nétanyahou de l’aider à faire voter des textes destinés à placer la Cour suprême sous le contrôle de la Knesset, afin de permettre au premier ministre d’échapper définitivement aux griffes de ses juges qui, en trois ans d’audiences, ont déjà entendu 37 des 341 témoins de l’accusation. Pour l’heure, le premier ministre israélien est inculpé dans trois dossiers de gravité inégale devant le tribunal de district de Jérusalem : Le dossier 1 000, dans lequel il est inculpé de « fraude » et « abus de confiance », porte sur les luxueux cadeaux, d’une valeur de 185 000 euros, reçus de richissimes personnalités, dont le milliardaire australien Arnon Milchan, en échange de faveurs financières ou personnelles.  Le dossier 2 000, dans lequel Nétanyahou est poursuivi pour les mêmes motifs, vise la négociation entamée avec Arnon Mozes, propriétaire du plus grand quotidien payant du pays, Yediot Aharonot, qui lui aurait offert une couverture médiatique favorable en échange d’une loi limitant la diffusion du quotidien gratuit Israël Hayom, favorable au Likoud mais concurrent du Yediot. « Ce dossier est très problématique pour le premier ministre, confiait en novembre 2019 à Mediapart l’ancien procureur d’État adjoint Yehuda Sheffer, car le procureur détient l’enregistrement d’une conversation entre Nétanyahou et Mozes. C’est un document presque incroyable, une preuve accablante qui va stupéfier la cour.   Le dossier 4 000, enfin (« corruption », « fraude » et « abus de confiance », encore), est, selon Yehuda Sheffer, « le plus difficile des trois, car il porte sur les très fortes sommes d’argent » – environ 500 millions de dollars – obtenues par Shaul Elovitch, patron du groupe de télécommunications Bezeq et du site d’information Walla, grâce à la complaisance de Nétanyahou : celui-ci avait bénéficié en contrepartie d’une couverture favorable de Walla.      « À eux seuls, ces trois dossiers, qui révèlent à la fois les goûts de luxe, l’amour de l’argent, le besoin éperdu de soutien médiatique et le cynisme déployé pour l’obtenir, en disent long sur Nétanyahou, sa personnalité et sa conception de la politique et du pouvoir. Mais il y a encore bien pire pour lui, ajoutait Yehuda Sheffer, désormais à la retraite, devenu consultant anticorruption et antiblanchiment pour des entreprises ou des États étrangers. Il y a le dossier 3 000, dans lequel sept de ses proches ont été inculpés. Jusqu’à présent, le premier ministre n’a pas été entendu dans cette affaire mais il aurait dû l’être car tout ce que nous savons désormais semble l’impliquer. Et l’impliquer dans un scandale potentiellement dévastateur. »....[Merci à Mediapart] _________

mardi 29 août 2023

Video-surveillance partout?

On va trop loin....

           Il n'y a pas que moi qui le dis. 

                            Vers une société de surveillance?


         «Plus on est habitué à être observé, moins on est sensible aux atteintes à la vie privée» (A.Rouvroy)

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Retour sur la pauvreté en France

 Un phénomène mal connu, parfois ignoré ou dénié, mais toujours présent.

                             La pauvreté, certes, est une notion relative et en fixer le champ est toujours sujet à caution. On peut la relativiser, mais elle existe bien. Quand, à un moment donné, il devient problématique de vivre décemment, d'assurer un minimum de soins, d'avoir les moyens d'éduquer dignement ses enfants, quand on comte à la fin du mois les quelques euros qui restent en caisse sans avoir vécu de superflu quelconque. Et plus... Même quand on travaille. Car il existe des travailleurs pauvres, souvent dans la précarité et même la grande précarité, surtout depuis la crise de 2010. Un précarité parfois érigée en système. Ce que semble "ignorer" ceux qui sont dans l'aisance la plus grande ou simplement à l'abri du besoin. Ce que pointent et dénoncent maints économistes, à la recherche des causes, et relèvent régulièrement des association caritatives. Des constats sont fait régulièrement, parfois au plus haut niveau, des engagements sont régulièrement annoncés, mais on ne s'attaque pas à la racine du mal, le fonctionnement du système économique qui l'engendre.     


                                         Quelques données techniques permettent de voir que le phénomène de la pauvreté stagne depuis les années 1990: "...selon l'Insee, 2 millions de personnes étaient déjà touchées par la « grande pauvreté » en 2018, c’est-à-dire qu’elles disposaient de revenus inférieurs à 760 € par mois et faisaient l’objet de privations matérielles et sociales sévères (difficultés à se nourrir, à chauffer son logement, à payer son loyer et ses factures, etc.). Dans cette catégorie de « grande pauvreté », un tiers des adultes est au chômage et un tiers est en emploi (ouvriers et personnes travaillant à temps partiel ou de manière discontinue).  Les années 1970 laissaient entrevoir des possibilités d’amélioration de sa condition grâce à un taux de pauvreté qui baissait. Ce n’est plus le cas : les inégalités ne diminuent plus en bas de la hiérarchie des revenus depuis maintenant 40 ans…Conséquence de l’augmentation de la population, le nombre de pauvres a ainsi logiquement augmenté depuis 1980. Quant à la grande pauvreté, seules 10 % des personnes la subissant en sortent au bout de trois ans, le reste demeure en situation de pauvreté matérielle et/ou de privation matérielles et sociales...."                                                    La question de la répartition et de l'impôt n'est pas une donnée marginale. ..« Le problème fondamental [en France], c'est que les milliardaires payent vraiment très peu d'impôts. […] La France est un paradis fiscal pour les ultra-riches. […] Les milliardaires ne payent quasiment aucun impôt sur le revenu parce qu'ils peuvent se payer des dividendes qu'ils gardent dans leurs sociétés holding […].

L'impôt sur la fortune immobilière ne vient pas taxer les très grandes fortunes qui sont surtout investies en titres financiers. Même quand l'ISF existait, il exonérait les très grandes fortunes des milliardaires. Et donc on est dans une situation où si vous regardez les taux effectifs d'imposition pour les 380 ménages aux revenus les plus élevés – donc le 0,001 % – on est à… 2 %. »   On note d’ailleurs que les milliardaires français font la course en tête en matière d’augmentation de leur patrimoine depuis 2009 :..                                    ......Emmanuel Macron entendra-t-il les « revendications » de 200 millionnaires et milliardaires (dont 2 français) de 13 pays réclamant, dans une lettre adressée aux leaders politiques mondiaux présents au forum de Davos de cette année, de les taxer davantage pour aider les plus fragiles ?   « Taxez les ultra-riches et faites-le maintenant. C'est du simple bon sens économique. C'est un investissement pour le bien commun et un avenir meilleur que nous méritons tous, et, en tant que millionnaires, nous voulons faire cet investissement. Qu'est-ce qui (ou qui) vous en empêche ? » ... Bonne conscience ou feu de paille? Cela ne suffirait pas, bien sûr, mais c'est une possibilité qu'avait mis en avant Roosevelt au plus fort de la crise. __________________                                                   

lundi 28 août 2023

Seuls dans la foule

 Juxtaposition  narcissique

                      La solidarité est une valeur en baisse dans nos sociétés, même s'il ne faut pas idéaliser le passé. La règle du chacun pour soi tend à devenir la norme, jusqu'à ne plus connaître ses voisins. Le repli, parfois obsessionnel sur les portables, n'est qu'un symptôme, tout comme le consumérisme sans fin et l'effritement de l'éducation où l'enfant est trop souvent devenu roi. Le "nomadisme" d'aujourd'hui est aussi dans les têtes. C'est l'effet d'un système, bien décrit par Barber.  La consommation de masse n'a rien arrangé, dans une société où l'on dit que le consommateur est "roi".  Nous sommes tous dans le même bateau mais chacun tend à ramer selon ses fantaisies.                                                                                                                                                  L'individualisme n'est pas en soi un défaut, au contraire, dans certaines conditions. Etre soi fortement ne peut être un obstacle pour une sociabilité positive, tempérée par des règles communes. C'est le panurgisme qui est problématique.  Comme le dit J.de Lacretelle: "Une démocratie ne vaut et ne dure que si elle sait refondre constamment dans la communauté l'individualisme qu'elle fait naître"                                                                                     Si les héros des Lettres Persanes se promenaient encore dans la capitale, ils ne manqueraient pas de se demander: comment peut-on être persans parisiens? Ils en auraient le tournis. La vie privée leur paraîtrait étrange. La connexion sans fin et parfois frénétique leur semblerait un mystère...


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dimanche 27 août 2023

O! temps (d'écran...)


 Suspends ton vol...

                                               Bien vu Mamie! 

                                                                                        Libre débat.


Petit survol dominical

__ Reconquête?

__ Domaine réservé

__ Sac de noeuds

__ Bombe anatomique

__ Victoire équatorienne 

__ Paroles, paroles...

__ Ségrégation pondérale?

__ Du berger à la bergère

__ Stratégie darmanienne

__ Pas une révélation

__ C'est à dire jamais...

__ Elle récidive...                                

__ Démocratie israëlienne?

__ Droits humains en question

__ Un Indien sur la lune

__ Conséquences inflationnistes

__ Comme par hasard...                                    ____________________

samedi 26 août 2023

Mécompréhension

        Il n'y a pas que les philosophes qui sont victimes de préjugés.

                              Mais ils le sont particulièrement, quand on ne les lit que fragmentairement ou qu'on ne s'attache qu'à une citation hors contexte. C'est surtout le cas de Nietzsche, rarement respecté dans sa pensée profonde et volontairement "subversive".


           

Les malentendus sont fréquents. Notamment dans l'usage qu'il fait de la notion de "surhomme", tout le contraire de l'homme dominateur...


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EDF (suite..)

Comment retrouver une cohérence?

             Les avatars ruineux d'une aventure initialement prometteuse, quoique discutée...                                                                                            Ce n'est pas la première fois que la politique d'EDF est sous le feu de critiques plus ou moins sévères, de droite comme de gauche, notamment depuis les années 80-90 et le tournant de la financiarisation, de la privatisation, ou, comme disait L.Jospin, de l'"ouverture du capital". Un ancien patron d'EDF, remercié, Marcel Boiteux, s'inquiétait de ce processus, car l'énergie n'est pas une marchandise comme une autre, disait: -"Il ne s’agit plus d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence.(Marcel Boiteux, ex pdg d'EDF :Revue Futuribles de juin 2007)                                                                                                                                                               ___ Le nucléaire surtout est comme un bateau ivre depuis des années, comme il a été maintes fois souligné, même dans les colonnes du Figaro. Il sera dur de redresser la barre, car, après le démantèlement, les échecs d'Areva, les aventures ruineuses de Flamanville, la perte du métier, cruellement constaté aujourd'hui.  Le conjoncture exige un prolongement du nucléaire, qu'on le veuille ou non, et de nouveaux investissements en ce domaine. Mais avec quels moyens humains? La route sera longue et une nouvelle cohérence s'avère nécessaire, au delà des mots et des promesses.                                                                                                                                                  _____Si l'on se fie aux dires de H.Proglio, l'ancien patron de la maison, qui ne dit pas que des bêtises, pour utiliser un euphémisme, il y a de quoi s'interroger, voire de s'inquiéter. Même si tout n'est pas sans doute aussi simple qu'il l'affirme. Même si l'homme s'est souvent montré ambigü. Mais les propos ont le mérite de la clarté. Il faut renverser la vapeur. La logique libérale de Bruxelles a joué à fond, qui a approfondi la crise que nous vivons, ruinant certaines entreprise. L'usine à gaz n'a pas fini de produire ses effets.


           "...La destruction d’EDF, drame absolu, a été structurée, voulue et obtenue. La France a voulu son indépendance énergétique, l’a construite et l’a accompagnée à la fois industriellement et politiquement pendant soixante-dix ans.  En 1946 la France, dans un état difficile, pour ne pas dire plus, était dotée d’un vrai gouvernement – cela arrive de temps en temps par les hasards de l’Histoire – à l’époque gaulliste et communiste. Constat fut fait que ce pays qui avait tellement de défis à remporter se devait de mettre parmi les priorités le sujet de l’énergie. La France n’avait pas beaucoup de ressources propres, pratiquement pas de gaz, pas de pétrole, beaucoup moins de charbon que ses voisins. Elle était donc presque complètement dépendante de ses importations, chose qui n’avait pas échappé à la pertinence des politiques de l’époque. Si nous voulons construire un avenir pour ce pays, lui donner un atout, il faut résoudre ce problème, s’étaient-ils dit.                                                                                                                                                                  Ils s’étaient lancé trois défis : le défi de l’indépendance du pays en matière d’électricité, le défi de la compétitivité du territoire et le défi – communiste – de la construction d’un service public de l’électricité fondé sur des principes simples : l’accès de tous à ce service public, quels que soient la classe sociale et le lieu de résidence, au même prix et avec la même qualité de service. Le réchauffement climatique n’était pas encore une préoccupation à l’époque.  Un peu plus de cinquante ans plus tard, au début du XXIème siècle, la France était exportatrice d’électricité, l’électricité française était deux fois moins chère que l’électricité allemande (et environ deux fois moins chère que la moyenne européenne) et le contrat de service public français faisait figure de réussite exemplaire dans le monde entier. Nous avions remporté un défi auquel nous n’étions pas confrontés au début de la période, celui des émissions de gaz à effet de serre. […]                                                                                                                                                    Mais le monde qui nous entoure bouge. C’est à cette époque que l’on commence à parler de « tournant énergétique », que l’Allemagne se met à zigzaguer et aspire à une Energiewende. Les Allemands avaient en effet de quoi se préoccuper car leur électricité était essentiellement à base de charbon et surtout de lignite, qui est bien pire que le charbon (et auquel ils retournent actuellement d’ailleurs). En matière d’émissions de gaz à effet de serre, il n’y a pas mieux ! L’Allemagne a donc engagé des sommes gigantesques dans le renouvelable. À ce jour l’Allemagne a investi 600 milliards d’euros dans le renouvelable sur les 1 000 milliards d’euros investis par l’ensemble des pays européens. 600 milliards d’euros qui ne servent à rien, qui ont fait exploser les deux grands électriciens : E.ON dans le Nord et RWE dans la région de la Ruhr. Au bord du dépôt de bilan des deux électriciens ont été sauvés par la République fédérale. Prenant conscience de cette grave difficulté et conscients du fait que depuis le début de la République fédérale l’Allemagne avait choisi l’industrie comme vecteur de sa croissance économique, les Allemands ne pouvaient pas supporter l’idée de garder à leur porte un pays, un concurrent, qui disposait d’un atout compétitif tel qu’EDF. Depuis vingt-cinq ou trente ans, l’obsession allemande est de détruire EDF. Ils y ont réussi. Je n’en veux pas aux Allemands, ils ont défendu les intérêts allemands. J’en veux plus aux Français de ne pas avoir défendu la France. […]                                                                                         Quand j’ai pris les rênes d’EDF en 2009 tout le monde considérait, à juste titre, qu’EDF était le chef de file du nucléaire français. […] Tout a à peu près tenu jusqu’à quelques événements qui ont progressivement acté la destruction du système, commencée au moment du gouvernement Jospin avec l’arrêt du Superphénix et l’hystérie de Mme Voynet. En effet les « roses » avaient besoin pour gouverner de l’appui d’un groupuscule qui n’avait comme vecteur de réflexion que l’anti-nucléaire. Et peu à peu on a multiplié les systèmes qui ont progressivement cassé la logique. Je cite simplement la contribution au service public de l’électricité (CSPE), mise en place dès 2003, une taxe énergétique ajoutée directement sur les factures d’électricités des consommateurs d’électricité français. Je me suis battu pour me faire rembourser la CSPE par le gouvernement français. Destinée en principe à la modernisation de l’outil, la CSPE sert en réalité à subventionner les énergies renouvelables : aujourd’hui, 80 % à 90 % de la CSPE part à destination des subventions pour le renouvelable. Le montant, environ 2 milliards par an collectés par EDF sur les factures des abonnés au titre de la CSPE, était ensuite reversé par EDF à l’État qui le distribuait aux heureux bénéficiaires. Et l’État oubliait de rembourser EDF. Je me souviens avoir eu à ce titre plusieurs fonds de roulement augmentés de 2 milliards par an. Quand cela a atteint 6 milliards j’ai décidé d’arrêter de payer l’État. Ce fut un combat acharné qui détournait évidemment des sujets essentiels.                                                                                                                                                      En 2010, sous la pression de Bruxelles, inspirée par qui on sait, la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) a été votée alors que la droite était au gouvernement. La doctrine européenne repose sur un dieu, un veau d’or : la concurrence, le bonheur des peuples par la concurrence. « La liberté par le travail », proclamait-on en des temps tragiques, aujourd’hui, c’est le bonheur par la concurrence … tant il est évident que le monopole fait le malheur des populations ! Des rapports ont été rédigés par des gens très intelligents, tel M. Champsaur qui recommandait de traduire en même temps la réglementation européenne et la loi NOME, laquelle consiste à imposer à EDF de vendre 25 % de sa capacité électronucléaire à ses concurrents sans aucune contrepartie, sans aucune obligation de production. Ces « fournisseurs alternatifs » n’existaient pas mais ils se sont créés. Des traders se sont constitués (Direct énergie, etc.), pour l’essentiel rachetés par Total qui s’est ainsi « verdi ».                                                                          J’ai assisté à ce spectacle, je me suis débattu, j’ai fait part de mon indignation au gouvernement. « La concurrence ! La concurrence ! », fut la seule réponse que j’obtins. De concurrence il n’y en a pas, il n’y a que nous qui produisons. Les autres vendent notre production à nos clients. « La concurrence va faire baisser les prix ! » Non, cela ne va pas faire baisser les prix.                                                                                                                                                                                             Nous avons donc vendu à nos concurrents. On voulait m’imposer 36 euros le mégawatt/heure. Au bout d’un combat homérique j’ai arraché 42 euros, sous les hurlements des concurrents qui n’existaient pas. Le prix de revient (coût complet, y compris les provisions pour démantèlement, renouvellement, etc.) tourne aujourd’hui avec le parc nucléaire existant autour de 60 ou 65 euros. Pourquoi les 36 euros ? C’était le coût sec, le coût direct de production sans aucune prise en compte des provisions pour démantèlement, renouvellement, etc. En obtenant 42 euros j’ai gagné une médaille en chocolat mais personne n’y croyait. « Tu vas dans le mur » m’avait dit mon prédécesseur. Pour obtenir ce prix j’avais été obligé de lâcher le combat sur la réglementation thermique de 2012 (RT2012), dont personne ne se souvient – sauf quelques initiés – qui a privilégié à 100 % le gaz dans toutes les nouvelles constructions. Le tout électrique était balayé, il fallait absolument passer au gaz. On a vu le formidable résultat. Entre temps, évidemment, on a offert Gaz de France (GDF) aux groupes privés afin de les faire bénéficier des atouts de cette soi-disant concurrence. Ils sont morts. Alléluia ! Quand vous assistez à tout ça il y a des moments où vous vous posez des questions en tant que patriote et en tant que citoyen mais vous vous battez quand même. C’est une drogue. […]              Je ne vous parle pas du renouvelable, une industrie de la subvention purement financière. Il y a eu un gigantesque enrichissement sans cause dans le renouvelable, en Europe surtout mais aussi en France. Songez que Direct énergie a été vendue 2,9 milliards d’euros ! Je connaissais les deux promoteurs, ils ont fait une fortune. « Ce n’est pas sans un petit pincement au cœur que je me retire de Direct énergie », m’écrivit l’un des deux, le jour de la vente. « Il y a des chèques qui compensent », lui avais-je répondu. Mais quand en plus l’acheteur a l’audace de faire des campagnes de « com » en prétendant vendre – à nos clients – de l’énergie verte, alors que c’est la nôtre ! …                                      Ce n’est pas tout.  Quand j’arrive dans cette maison, fin 2009, mes équipes sont déstabilisées par la mise en concurrence des barrages. Une loi traduisant une directive européenne impose la mise en appel d’offres des barrages … qui appartiennent à l’État et sont gérés par EDF !  L’utilité des barrages est un stockage d’électricité efficace et compétitif, le seul qui existe. Or les acquéreurs potentiels souhaitent les acheter pour la production d’électricité, pas pour la valeur d’optimisation du système d’électricité. Ce qui est fou ! Nous avons donc désobéi, préférant payer une amende. Quand on fait un excès de vitesse on paye une amende, on se fait retirer des points mais on ne laisse pas la voiture ! Empêcher que soit détruite cette optimisation relève de la désobéissance patriotique ! J’ai eu bien sûr droit à des remontrances et même plus que ça. Ce n’est toujours pas réglé, on ne sait pas comment se sortir de cette loi toujours en vigueur.  

Mais il fallait un peu plus étrangler la bête.  Il est décidé qu’EDF n’a plus le droit de gérer les réseaux qui lui appartiennent. RTE, le transporteur mais aussi un système d’optimisation, devient indépendant. Or qui dit indépendant dit déboussolé. Ce n’est pas une autorité, c’est une mission qui fait partie intégrante d’un système. RTE étant devenue indépendante EDF doit reconstituer sa capacité d’optimisation du système électrique hors RTE. Comme la gangrène, cela s’est étendu aux réseaux de distribution. EDF n’a plus le droit de gérer les réseaux de distribution donc n’a plus accès aux clients. On a fait d’EDF un fournisseur indépendant d’énergie comme on en trouve dans les pays libéraux.              Ma fascination pour l’application scientifique de cette destruction massive n’a pas cessé. On a fracassé ce qui était le système de référence.       Mais on se réjouit : Nous allons construire des éoliennes en mer, c’est formidable ! De plus en plus loin des côtes pour qu’on ne les voie pas. Aujourd’hui c’est 12 kilomètres, bientôt ce sera 32 et dans quelque temps, quand les pêcheurs auront protesté, ce sera 50 kilomètres. Il faudra donc qu’elles soient flottantes car on ne pourra plus les ancrer. Cela devient totalement ruineux, sans parler des risques de tempêtes. Les éoliennes terrestres coûtent moins cher mais on a compris que les gens n’en veulent plus. Ils les saboteront s’il le faut, comme les portiques sur les autoroutes …Nous sommes dans un système devenu fou.                                                                Il ne faut surtout pas exiger du nucléaire la flexibilité qu’on lui impose aujourd’hui. Demander au nucléaire de s’effacer quand les énergies renouvelables – intermittentes et non-programmables – arrivent représente un surcoût gigantesque. Des équipes entières d’ingénieurs d’EDF se sont consacrées à la flexibilisation de la production nucléaire. Le nucléaire est une énergie de base, donc plus on est linéaire et plus l’efficacité et la compétitivité sont importantes. Plus on fait varier la production, plus c’est difficile et coûteux. Or aujourd’hui priorité d’accès est donnée au renouvelable et le nucléaire doit s’adapter. Encore une idée géniale ! […]                                                                                                        Je pense que si l’on devait se donner une priorité ce serait de définir un optimum de production nucléaire auquel on se tienne et d’obtenir une optimisation du système hydro, le reste étant géré comme un complément.  Sur le nucléaire, j’ai prôné, prêché, essayé de convertir mes interlocuteurs à l’idée que rien ne vaut l’extension de la durée de vie du parc existant si on veut que la France continue à bénéficier de cet investissement fabuleux qui a été fait. On sait que les centrales peuvent vivre soixante ans. Les cycles sont de trente ans parce que les composants internes, générateur de vapeur, moteur nucléaire, doivent faire l’objet d’un « échange standard » (par comparaison avec le moteur d’une voiture) au bout de trente ans. Les infrastructures, c’est-à-dire le béton, le radier et la cuve (au-delà du fait qu’on ne sait plus faire des cuves) peuvent vivre facilement soixante ans, deux fois trente ans étant l’optimum. Tous les experts arrivent aujourd’hui à cette conclusion qu’on peut arriver à soixante ans. Les Américains en sont à quatre-vingts ans. D’autre part si on veut étendre la durée de vie du parc il faut réaliser des travaux de modernisation (baptisés « grand carénage ») qui demandent environ 55 milliards d’investissement. Si on les amortit sur les quelques années qui restent de durée de vie légale (actuellement quarante ans) on fait exploser le coût de revient. C’est absurde. La réglementation doit donc permettre à l’opérateur EDF d’amortir sur vingt ou trente ans les travaux de modernisation, donc les 50 ou 60 milliards qu’il faut investir. Et là on aura à coup sûr, en matière de production, l’énergie la plus compétitive d’Europe.                                                                                                                                Mais il faut prévoir l’avenir et le nouveau nucléaire. C’est un autre sujet.  Avons-nous l’argent ? Avons-nous les hommes ? Telles sont aujourd’hui les deux questions qui se posent. L’argent on le trouve. Les hommes c’est beaucoup plus difficile. Nous ne les avons pas. Nous n’avons plus les équipes. Et nous avons perdu le savoir-faire, le tour de main. Non pas l’opérateur, non pas l’architecte ensemblier mais l’ensemble de la filière – tous les génie-civilistes, tous les industriels qui travaillent autour du noyau EDF à la réalisation des centrales – a aujourd’hui beaucoup perdu du fait que nous n’avons plus construit de centrales depuis vingt ans.  Sans doute avons-nous aussi besoin de nouveaux partenaires dans la construction du nouveau nucléaire dans les nouveaux pays d’accès au nucléaire ou de développement du nucléaire : la Turquie, l’Égypte, l’Inde, les pays d’Amérique latine, l’Arabie saoudite ont choisi l’option nucléaire, vont construire des centrales. Certains l’ont déjà fait, tels les Émirats arabes unis (j’entends encore parler de l’échec des émirats, sujet sur lequel je serais intarissable). Mais nous n’avons pas aujourd’hui la capacité de le faire, à moins de nous associer à ceux qui vont construire ces centrales, j’ai nommé les Chinois et les Russes. […] "     _[Merci à Marianne]

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vendredi 25 août 2023

Faut-il s'en étonner?

    Il y a lieu de s'en inquiéter

                       Et d'y remédier sans plus tarder....Le problème est politico-économique.

                                Il n'y a pas que la déforestation, au Brésil ou ailleurs, qui est en cause...

                     Un défi titanesque!  Qui dépasse les simples actions individuelles ....
                                             Aux portes de l'inédit.___________

Vieillir...

 ...L'entrée imperceptible dans le dernier âge de la vie....

                            Ce n'est pas un drame. Juste une phase nécessaire avant l'échéance naturelle. On s'en rend peu compte, d'autant plus que le déni s'exerce à fond et qu'il faut souvent du temps pour s'apercevoir des atteintes subies par le corps et souvent aussi de la lente chute de certaines facultés qui s'émoussent. Le fait de se sentir vieux dépend des personnes, de leur passé mais est aussi, dans une large mesure, est une question de chance. Il y a vieillir et (relativement) bien vieillir. Edgar Morin et quelques autres sont tout de même des exceptions et il est indécent de souhaiter à une personne chère de vivre le plus longtemps possible. C'est en partie exorciser ses propres craintes de la mort. Il y a une "tyrannie du bien vieillir".                           ___Bien vieillir ne dépend pas que de nous et le  business de la vieillesse ne favorise pas le phénomène, qui tend à exclure et à ségréguer, et la tyrannie des normes de la beauté, l'obsession contemporaine du corps toujours jeune et avenant jouent en défaveur de ceux qui voient se développer, parfois avec terreur, les outrages classiques du temps.   A l' époque où les anciens prennent une place inédite, reconsidérer le « bien vieillir » est une vraie urgence, humaine et civilisationnelle. Il y a vieillir et vieillir, la solitude étant un accélérateur de vieillissement, qui n'est pas seulement un processus physique.  Le vieillissement: une notion complexe et multiforme

[Vieux Crétois, photographié par mes soins.]_

                                                             On peut laisser B. Pivot en parler à sa manière:  
« J’aurais pu dire : Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, C’est douloureux, c’est horrible, C’est déprimant, c’est mortel. Mais j’ai préféré « chiant » Parce que c’est un adjectif vigoureux Qui ne fait pas triste. Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance. On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant. On était bien dans sa peau. On se sentait conquérant. Invulnérable. La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante. Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme. Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes….. Des hommes et des femmes dans la force de l’âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge. J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge. Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants. « Avec respect », « En hommage respectueux », « Avec mes sentiments très respectueux ». Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons ! Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus ! Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place… J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!… ? – « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que ». – Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? » – « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. » – « Parce que j’ai les cheveux blancs ? » – « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. » – « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? » – « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. » – « Une question de quoi, alors ? » – « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. » J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre. Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve. Rêver, c’est se souvenir, tant qu’à faire, des heures exquises. C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie. La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce. J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart, soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà. Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps. Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ? Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération. Après nous, le déluge ?… Non, Mozart. " (Bernard Pivot. Les mots de la vie. ] ________________________________________________