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mardi 26 mars 2024

L'élan d'Elon

 


      L'homme-fusée?                                                                                                                                                                        Mais une fusée peut aussi exploser en vol...  Un libertarien pur sucre ou un chien fou dans le domaine du néocapitalisme numérique tous azimuts. Un drôle de citoyen, qui reste dans l'esprit des grands aventuriers de la Silicon Valley, tout en voulant les dépasser. Un "visionnaire" un peu fou, qui n'hésite pas à sacrifier sur l'autel de la technologie sans frein les idéaux sociaux et démocratiques. Utopiste à ses heures, positiviste comme pas un, il croit en l'avenir radieux de l'humanité libérée de toutes contraintes.  Un temps collaborateur de Trump, très proche de l'aile républicaine, il avoue ses choix: "...Adepte du courant libertarien, il est hostile à l'existence de syndicats dans les entreprises. En , il accueille très froidement la proposition de Bernie Sanders d'augmenter la taxation des grandes fortunes.  Il critique régulièrement la politique du président Joe Biden et notamment son âge (79 ans) pour l'exercice du pouvoir présidentiel en déclarant « Il existe déjà des conditions d’âge minimum pour la Chambre, le Sénat et la présidence. Réciproquement, il devrait y avoir aussi des limites d’âge maximum ». D'une manière globale, il déplore la gérontocratie en ajoutant « Je pense que nous avons déjà un problème assez sérieux avec la gérontocratie, où les dirigeants de tant de pays sont extrêmement âgés. Pour qu’une démocratie fonctionne, les dirigeants se doivent être en contact avec la majorité  de la population »    


                                                                                                     
Son idéologie est affichée, prête à se faire le relais de fake news qui arrangent ses intérêts. Il imagine pendant longtemps la Silicon Valley comme une sorte de "terre promise" Sa volonté de sauver le monde, ses rêves quasi christiques peuvent faire sourire plus d'un scientifique.. L'"innovation disruptive" est son moteur. il "serait « l’ADN » de l’entrepreneur à succès au tournant du XXIe siècle, et la carrière de Musk l’illustrerait de manière exemplaire. Or il s’agit, rien de moins, et tous secteurs confondus, de détruire : par l’introduction – parmi les stratégies possibles – d’idées, de concepts, de technologies ou de méthodes industrielles en contradiction plus ou moins radicale avec l’ordre existant, et de les exploiter sans ménagement pour faire vaciller le statu quo. Cette personnification du mythe de l’entrepreneur incréé et créateur se retrouve dans la pensée spontanée de l’innovation et son modèle linéaire (de l’idée-étincelle à l’application sur le marché), copié-collé dans les readers, les livres de recettes et les cours de savoir-vivre entrepreneurial en business school. La destruction créatrice schumpétérienne est l’horizon désiré d’une économie capitaliste animée par l’« ouragan permanent » de la rupture. Les start-ups, les compagnies et les simulacres de compagnies créées ou cofondées par Musk en fournissent autant de cas d’étude. PayPal ? Détruire l’industrie bancaire par la généralisation d’un procédé de paiement en ligne. SpaceX ? Détruire le complexe militaro-industriel de l’astronautique par le développement de lanceurs à bas coût et en partie recyclables. Tesla ? Détruire les mastodontes de Detroit qui n’ont toujours pas pris le pli de la voiture électrique et autonome. Solar City ? Détruire l’industrie des combustibles fossiles par une généralisation de l’accès à l’énergie solaire. Détruire, par la bande ou frontalement, et par le contrôle de l’ensemble d’une production intégrée verticalement, de la chaîne logistique jusqu’à la livraison des services. Ce principe de la « full-stack start-up  » est répliqué à l’envi. La chronologie des percées technologiques disruptives de Musk est désormais bien établie. L’ennui est que, linéaire et a posteriori, ce grand récit donne à croire qu’il déploie une sorte de master plan latent. Or la carrière dont la trame est aujourd’hui stabilisée n’a pas été sans échecs ni ajustements, et c’est aussi un ressort de son aura. Musk n’est certes pas parti de rien. Ces ruptures technologiques exploitent un fonds commun de savoirs, de process industriels, d’infrastructures et de ressources publiques accessibles sous certaines conditions pour parvenir à des objectifs marchands. D’abord, Zip2, première start-up que Musk crée en 1995 à Palo Alto avec son frère, et rachetée par Compaq en 1999 pour intégrer le moteur de recherche AltaVista : l’annuaire/portail en ligne tire parti d’informations largement publiques, et bénéficie des abonnements au service souscrits par les entreprises locales et la presse. Une fenêtre d’opportunité s’ouvre ainsi, le programmeur Musk travaille à partir des codes disponibles et vend la bonne solution au bon moment. De même la start-up X.com que Musk a fusionnée en 2000 avec une autre, Confinity, à l’origine de PayPal, met en scène un sens stratégique du placement « mafieux » : les génies du codage s’engouffrent dans la brèche de la « nouvelle économie », avant l’explosion de la bulle des sociétés dot.com. L’expérience est de courte durée. Musk quitte avec profit PayPal – qui a survécu au krach et est racheté par eBay en 2002. C’est alors que, multimillionnaire désœuvré, il fonde une nouvelle start-up, cette fois investie dans l’industrie spatiale. Space Exploration Technologies Corp. promet le développement de lanceurs low cost pour banaliser l’accès à l’espace et, à terme, sa « colonisation » sur Mars. Là encore, il a fallu démontrer les techniques, convaincre les investisseurs et faire taire les sceptiques. Il a fallu, surtout, s’inviter dans la cour de compagnies aussi installées et tentaculaires que Boeing et Lockheed Martin, et gagner la confiance des gate-keepers de la NASA. Le défi que représente Tesla n’est pas moins difficile. Bâtir à partir de zéro une entreprise qui promet de rompre avec le business as usual d’une industrie structurée autour de grandes marques et d’habitudes de consommation d’énergies fossiles, par le développement d’autos électriques de haut de gamme, à l’apparence d’Aston Martin, à peu près autonomes, alimentées par une énergie verte et livrée gratuitement via le réseau de stations maison, à des prix jugés attractifs, et le tout sous couvert d’une croissance industrielle soutenable et respectueuse de l’environnement..."  
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